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BLANCHIMENT DE 8 TOM D-E:S, FILS ET COTONS DE TOUT GENRE,
RenDu plus facile et plus général, au moyen des nouvelles découvertes ; avec la méthode de décolorer et de ramener à un état de blancheur parfait toutes les toiles peintes ou imprimées ; suivi des procédés les plus
_Sürs pour blanchir les soies et les laines, et des décou- vertes faites par l’Auteur dans l’art de blanchir les papiers ; orné de neuf grandes planches 27-40. repré- sentant tous les ustensiles et les différentes manipula- tions du blanchiment : ouvrage élémentaire composé en faveur des fabricans , des bianchisseurs , des teintu- riers , des imprimeurs en toiles et des papetiers ;
_Par PAJOT-nErs-CHARMES, ancien inspecteur des manufactures.
MER MST Chez A. J. DUGOUR #rr DURAND, Libraires, | Rue et Hôtel Serpente.
Ax VI pe ra RépPuBrique ( 1798 ).
OBSERVATIONS
PO R ÉCL LME NT A TOHOELS.
Sr l'illustre chimiste suédois Scelle qui a reconnu le premier dans l’acide muriatique oxigéné, dont on lui dévoit déjà la découverte, la propriété d’en- lever les couleurs des végétaux , s’est acquis les plus granüs droits à la recon- noissance générale , le célèbre chimiste français Berthoilet ne s’en est pas moins rendu digne par l’empressement avec lequel il a exercé son génie sur un objet d’un aussi grand intérêt pour le com- merce des toiles et fils. Les différens mémoires qu'il a publiés à ce sujet, notamment celui inséré dans le tome IT des Annales de Chimie ; l'application savante qu’il y fait de cet acide à la décoloration des diverses substances vé- gétales employées comme matières pre- mières dans les fabriques; le développe- ment sur-tout que la prospérité de ces mêmes établissemens lui a fait envisager comme nécessaire et très-propre en outre à exciter l’émulation parmi les‘entrepre-
2 OZ3SERVATIONKS
neurs , ont bientôt donné lieu à des résultats plus ou moins flaiteurs que l’annonce d’un procédé aussi utile devoit naturellement faire prévoir. De toutes parts les personnes initiées dans les opé- rations chimiques et les amateurs éclairés des arts ont été consultés par les parties intéressées à l’emploi d’un moyen aussi précieux. Les heureux résultats qui ont couronné leurs travaux à cet égard, en honorant leur zèle, ont ajouté ainsi à la gloire de leur guide dans cette nou- velle carrière.
Les connoissances que j’avois acquises sur les inconvéniens attachés à la len- teur du blanchiment ordinaire , les avan- tages inappréciables que j’entrevoyois dans la substitution de la méthode pro- posée par Berthollet , la nouvelle vie qu’alloient en recevoir les manufactures de toiles et de fils, lPactivité des né- gociations et spéculations qu’elle pou- voit faire naître , etc., le désir enfin de m'instruire et de pouvoir ensuite con- iribuer à la propagation d’une décou- verte qui nous promettoit tout à la fois “une augmentation et dans nos richesses et dans nos jouissances, m’engagèrent à vérifier par moi-même le procédé in-
PRÉLIMINAIRE S. 3
diqué dans les Annales de Chimie. Mon intention ; après avoir réussi en mon particulier, étoit de proposer avec plus d'assurance cette nouvelle manière de blanchir aux fabricans ,; marchands et blanchisseurs de mon inspection auxquels ce genre d'industrie pouvoit convenir et de leur donner , en conséquence de mes essais, tous les renseignemens qui dépendroient de moi; mais bientôt je reconnus qu’envain cette méthode seroit annoncée et préconisée , qu’elle seroit même dans peu oubliée ou livrée seule- ment à des mains en quelque sorte pri- vilégiées , si elle n’étoit rendue plus économique ; BOIRE dangereuse , plus détaillée dans ce qu’on appelle les mani- pulations ‘ou les tours dé main, plus facile en même tems, et tout à la fois plus à la portée de louvrier le moins instruit et le plus neuf dans les opé- rations chimiques ; 5 Car je savois que rarement les maîtres se.donnent.la peine ou ont le tems d’opérer par eux-mêmes; je savois qu’ils se reposent pour l’ordi- maire, en fait de mains d'œuvres, sur des personnes de confiance. Je m'étudiai dès lors à rendre la découverte du blan- chiment par l’acide muriatique oxigéné ,
À 2
A OBSERV. PRÉLIMINAIRES,
d’une utilité plus générale. Assez heu- reux pour avoir obtenu quelques succès , je vais tächer de décrire dans cet ou- vrage les procédés à l’aide desquels je me les suis procurés.
Je rendrai compte des difficultés prin- cipales que j’ai éprouvées en opérant ainsi qu’il est prescrit dans le mémoire que j'ai cité, et que son auteur n’auroit pas manqué de lever, s’il eût été à même de travailler en grand et par lui-même. Je donnerai les moyens que j’ai cru devoir substituer à plusieurs de ceux qui y sont indiqués. Enfin je ferai connoître avec la plus grande exactitude les différentes mains d'œuvres indispensables pour pros curer aux diverses marchandises en lin, chanvre et coton mélangés ou non de ces mêmes matières, un blanc parfait et égal à ceux reconnus tels jusqu’à présent dans le commerce, et désignés en France sous.les noms de blanc de Troyes, Rouen, Senlis , etc.
1,7: Au À T EF AT
BLANCHIMENT 6) DÉS ÉOILESS II:S vante
y se .* . . ? ? = Par l'acide muriatique oxigéné (2), rendu d’un usage plus facile et général.
CHAPITRE PREMIER.
Difficultés que présente ; à des personnes non exercées, la méthode annoncée dans le tome II des Annales de Chimie,
) we des premières difficultés pour opérer ainsi qu'il est enseigné par la planche jointe au mémoire indiqué, c’est de trouver dans
(1) Cet ouvrage devoit être publié en 237091 ( vieux style) par l'administration générale du commerce ; mais sa suppression arrivée dans le cours de la même année a été un obstacle à sa publication. Depuis, les circonstances) n’ont point été favorables à l’auteur pour faire: paroitre. le résuitat de ses essais sur cette nouvelle manière de: blanchir. d
(2) Pour lintelligence des termes chimiques employés dans cèt ouvrage’, on trouvera à la fin une table expli- cative de l'ancienne et de la nouvelle nomenclature à. laquelle ces termes ont rapport,
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6 BLANCHIMENT
les départemens des fourneaux semblables à celui qui est dessiné. On ne pourroit guères se les y procurer qu’en les À Li venir de Paris où on les fabrique spécialement; et à supposer même qu’on put en trouver Gans les départemens ou les y faire exécuter, ces fourneaux, selon moi, auroient les incon- véniens d’être chers, de n’être propres qu’à un seul vase distillatoire , de ne pas permeitre de voir ce qui se passe dans le vase , de chauffer trop vite le matras, et de rendre une partie des luts difficiles à tenir ; enfin, ils ne garantissent pas toujours des suites d’une ab- sorption de l’eau du tonneau dans le vase in- termédiaire, malgré le tube de sûreté qui yest adapté, pour peu que la chaleur ne soit pas soutenue et forcée sur-tout vers la fin de la distillation , que l’on n'ait pas eu soin de remuer souvent l’asitateur pour concentrer promptement le gaz, ou que les tubes de communication soient de trop petit diamêtre. 2°. Quelle adresse et précaution ne faut-il pas pouriplacer convenablement le'tube de verre coudé communiquant d’une part avec le matras:, et de l’autre avec le-vase”inter- médiaire? Le moindre choc, soit en soignant les luts, soit en mettant du charbon dans le fourneau, etc., suflit pour casser ce tube , et quelquefois, par contre-coup, celui commu- fiquant au tonneau. Quel désagrément alors Iôrsque l'appareil est monté, et que la distil- lation, va son train ! Ce même accident peut arriver chaque fois que l’on pose le tube, ou qu'il est enlevé pour nettoyer et vuider le matras. Ajoutez encore le dérangement et
DES TOILZÆES, FILS , elc. 7
renouvellement fréquens tant des bouchons de liége qui sont rongés par le gaz et l’acide qui passent , que des luts qui les enveloppent ou les garnissent. Quels soins, quelle vigilance d’ailleurs n’exige pas cette suite de luts, tant du matras que du vaisseau intermédiaire !
3°. Le tonneau pneumatique n’ayant point de couvercle, outre qu'il s'échappe beaucoup de gaz pendant le cours et sur-tout vers la fin de l'opération, c’est qu'il est impossible pour lors de demeurer quelque temps dans l'atelier où l’on distille, sans en être vivement, on peut dire, cruellement incommodé..
4°. Ce n’est pas une petite besogne que de faire des bordures aux cuvettes pour retenir et concentrer, comme il'le faut, le gaz. Le mémoire cité ne s’expliquant pomt sur la manière de les faire ou ajuster, laisse à cet égard dans l'incertitude , et les pérsonnes qui ne se doutent pas &e limportance de la par- faite clôture de ces cuvettes, sont exposées à faire des bévues à ce sujet.
5°. Quelle longueur dans l'opération n'’en- traîne pas toute ceite succession de lessives et d’immersions indiquées dans le mémoire dont il s’agit, ét indispensables, en suivant la méthode de: distiller qui y est prescrite.
6°. La manière de composer les luts, et sur-tout ceux convenaäbles à cette distillation, n'étant point expliquée, quelqu'un qui ne sait pas les faire, ou ne peut s’en procurer, se trouve dans un embarras d’autant plus grand, s'il habite la campagne, que les apothicaires ou pharmaciens qui y sont établis, les seules personnes auprès desquelles on peut s’en
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Ô 128 L'AIN CHAIMENT
approvisionner, non-seulement n’en sont pour- . vus suffisamment pour pouvoir en céder, mais même ne sont pas toujours très-complaisans à ce sujet: |
7°. Enfin, j'aireconnu par moi-même que, indépendamment des difficultés détaillées ci- dessus , celle de. voir les luts se soutenir en bon état pendant tout le cours. de la distilla- tion , et la difficulté non moins grande de soutenir les dangers des immersions , sont seules plus que capables de rebuter et éloigner à jamais la personne la plus zélée ou la plus opiniâtre dans cette sorte de travail.
Telles sont les principales difficultés aux- quelles se trouvera exposé quiconque, chi- miste ou non, qui voudra suivre en grand et à la lettre le procédé du blanchiment prescrit dans le tome Il des Annales de Chimie. I étoit donc très essentiel de pouvoir les dimi- nuer, ou plutôt encore de les faire dispa- roître , sans quoi cette importante découverte auroit été , en quelque sorte, nulle pour l'art auquel elle appartient particulièrement. On va voir, par le détail des moyens que j'ai employés, si je suis parvenu à rendre l’appli- cation et la pratique.de ce nouveau procédé, beaucoup plus avantageuse, et à la portée des personnes les moins instruites dans les mani- pulations chimiques,
DE'S 27 © EILIEIS ÿ F IALS 1 etc. * c@
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Moyens substitués à ceux mentionnés dans
le chapitre, précédent.
Je vais d’abord donner la description du fourneau dont je me suis servi dans le prin- cipe , et dont j'ai cherché à tirer le plus d’uti- lité possible, sans occasionner plus de dépense dans: sachant an dit:
Une simple, barique de hauteur conve- nable , où quatre bouts de chevrons assem- blés en forme de cage (voyez pl. 1, fig. 1et2) supportent le fourneau construitdessus.L'’âtre est disposé sur des planches garnies de tuiles posées sur un lit d'argile, Les murs ou côtés sont construits en briques liées aussi avec de l'argille, Ce fourneau seroit,également bon et solide , peut-être mème plus léger, s’il étoit garni eu plâtre, à l'instar de ceux portatifs dont on.se sert. si communément. dans la plu- part des ménages de Paris, et avec lesquels il a beaucoup.de rapport, en ce qui concerne son bâti formé de chevrons. Il est ordinai- rement double, et doit l'être en effet, .si l’on veut opérer un peu grandement; en consé- quence , il est séparé dans,.son milieu par une cloison. Sur le devant, sont deux ouver- tures carrées et rondes à volonté, propres à recevoir chacune.une capsule carrée ou cylin- drique et à rehords ; plate ou bombée par son fond. Sur le derrière et au niveau de ladite
10 TB &L'AUN C HÉIIM EN ve
capsule, s'élève un évent ou tuyau qui con- duit la chaleur et vapeur du charbon allumé dans un réchaud ou sur une grille portative, de dessous ‘et d’autour des capsules, dans une espèce de réservoir qui, disposé de quel- ques pouces au-dessus de ces dernières, sert à y placer un bassin de tôle, à rebord, de forme carrée longue, que l’on remplit de sel marin ou muriate de souüde, à la haüteur d’un ponce et demi ; et destiné à y être desséché pendant la distillation’; ce qui fait nommer ‘cette espèce'de bassin ; /4 sé£herie. À deux de ses extrémités opposées sont distribuées de petites ventouses que l’on ouvre et ferme selon le besoin, pour lé passage de la chaleur ou de la fumée, et qui en sont d’ailleurs comme autant de registres. Dans le vuide formé sur le derrière de ce fourneau et sous la sécherie, sont placées, parure ouverture qui se ferme sur le côté, des caïsses ou boëtes de tôle, qui contiennent les mélanges de müriate de soude et de manganèse prêts et préparés d’avance. Ils s’y maintiennent secs, et Sont destinés à être versés la veille au soîr dans les vaisseaux distatoires; 4er | ét L'ouverture par : laquelle on ‘introduit le réchaud , et qui 68 trouve aussi sur.le côté du fourneau, s'élève un peu moins que le dessous desdites Capsules, qui, soutenues par leurs rebords"au niveau du dessus du four- neau , ont néanmoins leur fond posé sur un petit verguillon. Cette ouverture se ferme, pendant la distillation, par’une tôle ou un registre quelconque , qui ne permet d’accès à l’air de dehors , que par sa partie infé-
DES DB LES," x $ sl, Cetc. 1i
riéure. Ce fourneau , comme l’on voit , est portatif, et, par celamême, susceptible d’être placé dans télle partié du laboratôire , suivant les nouvelles dispositions qu’on se propose de de lui donner. | 4 Si, pour un usage particulier et'sans avoir égard à la dépense, on croyoit devoir pré- férer des fourneaux en terre cuite, je con- seillerois alors de faire emploi de ceux à che- minées sur le côté et sans dôme, tels qu’il s’en fabrique beaucoup depuis quelque temps à Paris, chez Laffineur, rue Mazarine ; leur rebord, plat et au niveau de cette cheminée, permet l’assietté des'capsules, et la cheminée, pratiquée en avant, facilite lé tirage du char- bon ou du bois, qui se pose, ainsi que dans les autres fourneaux à dôme , sur un foyer exprès garni de son cendrier. Ce fourneau est de forme ronde, portatif, moins coûteux, et n'a paru d’ailleurs beaucoup plus commode pour le travail, que celui indiqué dans les an- nales. On en fait, au surplus, de telle gran- deur que l’on désire. 20 S
2% Au lieu de matras , de flacon interméz diaire , de tubes communiquant du matras avec le vase intermédiaire, et de celui - ci avec le tonneau , j'ai substitué une cornue tubulée , à laquelle j'ai adapté une allonge recourbée en: verre ‘ou en plomb , dont le bec est pose ‘et Intté sur un petit support de piomb , en forme d’entonnoir , lequel est ajusté au bout d’un tuyau de pareil métal, coude à l’extrémité 6pposée , plongée dans le tonneau, et remplace, dans ce dernier , le tube de verre. Ce tuyau, ainsi que l’allonge,
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peuvent aussi être en terre. cuite , façon de grès , Ou mieux encore , en porcelaine.
Au lieu de cornue et d’allonge en verre ou plomb, je me suis servi, avec non moinset même plus d'avantage , d’un ballon ou flacon tubulé sur l’épaulement. Dessus le col du ballon ou flacon, s’appose un tuyau à collet, formant tout à-la-fois allonge et tube. J'in- diquerai plus bas la manière de disposer cet appareil.
3°. Le tonneau pneumatique , auquel j’ajuste un couvercle, est divisé en trois parties, par deux faux fonds, maintenus sur le tonneau lui-même, par le moyen de son évasement, ou sur un cercle ou des taquets assujétis avec des chevilles. Je donnerai pareïllement en son lieu la manière de fixer et disposer les faux fonds, ainsi que d’autres espècesde cuvettes, qui ne seront pas sans convenance ou com- imnodité. Lu
4°. J'ai diminué considérablement les les- sives et immersions : on verra au chapitre, qui traitera de ces ohjets, par quel moyen je suis parvenu à réduire ces. opérations im - portantes.
5°... J'indiquerai tout à l’heure la manière de composer deux luts , dont je me suis bien trouvé : l’un avec le tourteau de graine de lin ; l’autre, connu en chimie, sous le,nom de lut gras. Ce dernier m'a paru préférable, quoique plus cher et plus difficile à faire.
6°. Au moyen de la suppression du, vase intermédiaire, de la substitution d’une cornue ou flacon tubulé au matras, et de l’allonge recourbée,.ou des tuyaux .de plomb qui en
DES TOLLES, FILS, etc. 13
font l’office , aux tubes de verre ; une fois que cette même allonge est bien luttée, et
» ainsi que j'en donnerai la manière plus bas,
l’on n’est nullement gèné par les luts , puis- qu'il ne s’en trouve qu’un à soigner , savoir celui du bec de l’allonge, posé sur le tube qui passe dans le tonneau , ou bien le lut du tube de plomb, posant sur le col du fla- con. Ce lut renouvelé fraîchement , si l’on veut , à chaque distillation , pour peu qu’on ait d'attention à bien l’appliquer , ne manque jamais. Dès-lors on est maître de son temps pour les opérations des léssives et des immer- sions. L’on verra, par la suite, comment je suis parvenu à me garantir du danger des immersions. |
Il est facile de s’appercevoir déjà combien l'appareil que j'indique est susceptible d’être moins génant. Cependant comme il importe que les personnes de là campagne , que j'ai principalement en vue dans cet ouvrage , et qui seront dans le cas d’y avoir recours , ne soient nullement exposées à se voir arrêter en la moindre chose ; je vais entrer dans les plus grands détails , touchant sa disposition : je commencerai par la composition des luts,
14 H:B'LAIN cHuÎMEN Er
CD APP TIRISES Op TA! Composition des Luis.
Lut gras ; ce que je vais dire de ce ut particulier , est extrait en partie de la chimie raisonnée de faumé. J'ai cru devoir seule- ment y ajouter quelques observations utiles aux personnes non exercées. sis
On prend la quantité qu’on veut d’une bonne argile grise ou bleue, celle à Foulon est ex- cellente , je m’en suis toujours bien trouvé; celles de Gentilly et de Vanvres près Paris, sont aussi très-bonnes. On la fait sécher en forme de galettes, et pour plus de prompti- tude, dans un four, après que le pain en a été retiré; on, réduit ensuite ces galeites en poudre fine qu'on passe au tamis de soie ; alors on met dans un mortier de fer ou de cuivre une certaine quantité de cette argile à laquelle on ajoute une suffisante dose d'huile de lin cuite ;. on pile fortement ce mélange et long-temps, jusqu’à ce qu'il ne s’y trouve plus le moindre grumeau, qu'il :soit d’une couleur égale et qu’il forme une pâte un peu solide et tenace , qui n’adhère cependant point aux mains. C'est ce qu’on nomme le lut gras.
On peut préparer d’ayance beaucoup de ce lut et en avoir ainsi en provision, sur-tout lorsqu'on travaille en grand et continuelle- ment. Celui qui est fait depuis une année est plus liant et vaut mieux ; mais il faut le
DES TOTLIES, FILS, etc. 15
conserver à la cave dans un pot de grès bouché avec un couvercle. Lorsqu'il est de- venu trop sec pour être maniable, on le re- nouvelle facilement en le chauffant d’abord, en le pilant ensuite au mortier de fer , et y ajoutant ce qu'il convient d'huile de lin cuite. |
Le lut qui a servi à une distillation , peut servir à une autre, après que les parties brû- lées ou décomposées en ont été enlevées. On reconnoît ces parties viciées à la couleur blanche ou jaunâtre , séche et cassante que le lut prend à ces endroits. Un lut repétri n’en devient que plus liant et plus tenace. On bonifie aïnsi le vieux lt gras, ou celui
ui a déjà servi, en le mêlant avec du lut neuf, Il est bien essentiel sur-tout que celui qui a été brûlé soit rejeté de ce mélange, autrement ce lut ne pourroit sécher comme il faut, et loin d’être doux et liant, il seroit rude, court, et happeroit continuellement aux doïsts, en se déchirant.
Lorsqu'on n’en a qu’une petite quantité à repétrir ou mêler, on peut s'éviter la peine de la battre au pilon , la main la corroye aussi bien, en la pressant et divisant entre les doïsts. Pour cet effet, on prend une por- tion du noyau de ce lut déjà pétri dans le mortier et imbibé d’huile, qu’on plonge dans le vase qui contient la terre pilée et tamisée, la couche de térre dont ce noyau se charge est pétrie de suite avec la maïn ; en conti- nuant successivement cette manipulation, l’on a bientôt un roûleau de terre plus où moins gros que l’on ne cesse de presser fortement ,
16 B L' AN C'HIMENT
de rouler et, allonger , soit entre ses doigts, soit entre les paumes des mains, et ce, jusqu’à ce qu’en le pliant, l’on s’apperçoive qu'il ne se casse ou ne se gerce pas dans le tournant de son pli.
S'il arrivoit que ce lut devint trop mol par une surabondance d'huile, et qu’on ne püt le corriger par défaut d’arsile, il aura bientôt acquis de la fermeté en le laissant exposé au grand air sur du parchemin ou une as- siette, ilne faut pas le poser sur du papier, car ce dernier est très-difficile à en être détaché entièrement , et s’il en restoit des parcelles, il seroit à craindre qu’incorporées dans le mélange, elles ne nuisissent à la parfaite ad- hésion du lut, ou ne permissent le passage de la liqueur par l’espèce de vuide ou de pore qu’y formeroit le débris de ce papier; il est à remarquer au surplus que ce lut ne sauroit être trop lisse et uni, et ne doit faire sentir en le maniant ou corroyant, aucun corps étranger tel que sable, paille, grumeau de terre non mêlée, etc. susceptible d’en em- pêcher l’intime liaison.
J'insiste beaucoup sur la perfection de ce lut, parce qu’il est l'ame de la distillation.
Quant à l'huile de lin cuite, voici comme elle se fait. On met dans une bassine ou cas- serole propre de cuivre, de terre ou de fer, deux livres d’huile de lin ordinaire avec trois onces de litharge rouge réduite en poudre fine, on la passe au tamis de soie comme la terre ; on verse cette litharge sur l'huile contenue. dans la bassine, on l’y remue bien
avec une spatule, on place ensuite le vase sur
DR SAT L'LE/8, PULLS, etc. 1%
sur le feu, on le chauffe d’abord légèrement, et en augmentant assez la chaleur pour que l’huile puisse dissoudre la litharge , on agite de moment à autre le mélange, qui dans le commencement prend une couleur rouge bri- quetée , avecune spatule de bois ou un bâton, jusqu’à ce que la litharge soit entièrement dissoute ; alors on Ôôte le vaisseau du feu, on le laisse un peu refroidir et on conserve dans une cruche bien bouchée avec un bou- chon de liège, l’huile qu’il contient; c’est ce qu’on appelle l'huile de lin cuite qui sert à faire le lut gras dont je viens de parler.
Lorsque cette huile qui, est noirâtre après sa cuisson, est bien faite, elle se fige dans le vase qui la renferme, aussitôt qu’elle est froide ; si vous voulez la transvaser, il suffit de la mettre près du feu pour qu’elle soit fluide. Pour s’éviter la peine de la chauffer, on peut la placer, aussitôt qu'elle est faite, dans une assiette ou autre vase plat, si mieux l’on ne préfère de la laisser dans la bassine même où elle a été cuite ; rarement il devient utile de la chauffer pour s’en servir , les doigts en détachent et prennent facilement ce qui est nécessaire pour les besoins courans.
On observera que le vaisseau dans lequel on fait cuire l’huile doit être haut de bord ; car aussitôt que celle-ci sent un peu la cha- leur, elle est susceptible de monter fortement et de s'élever hors du vase, si l’on n’y prend attention. Lorsqu'on s’en apperçoit, ou tire sur-le-champ le vase hors du feu, en soufflant dessus et remuant fortement le mélange avec la spatule que lon enlève et plonge parin-
18 BLANCHIMERKT
tervalle, on parvient à en arrêter l’ébullition ; quand l'huile a donné ainsi deux à trois bouillons à différentes reprises, on peut être assuré qu’elle aura la consistance requise pour former un bon lut gras; en refroidissant, elle se fige pour lors, comme il a déjà été dit, en consistance d’emplâtre, et conserve une couleur noire tirant sur le brun.
A l’égard du lut fait avec le tourteau de graine de lin, voici comme l’on doit s’y prendre :
On commence par casser et écraser le tour- teau à coups de pilon dans un mortier de fer ou cuivre, après quoi on le passe au tra- vers d’un tamis de soie. On fait de l’amidon à consistance de colle, on en prend un peu que l’on saupoudre avec de la farine de tour- teau, on repétrit ensuite ce mélange dans une assiette ou dans les mains, on le tourne et retourne en l’écrasant et pressant fortement , et on ajoute toujours de la farine , jusqu’à ce qu’on ne sente dans la masse de ce mé- lange absolument aucun grumeau, et que la consistance en soit égale dans toutes ses par- ties, à peu près telle que celle du lut gras, quand il est bien roulé et échauffé dans les mains, après quoi on le met dans une as- siette ou bole de boïs recouvert qu’on met à la cave pour le besoin. On a soin, comme avec le lut gras, de ne pas l’envelopper de papier , mais bien de parchemin, si l’on veut.
Ce lut se sèche et durcit beaucoup à l’ex- térieur qui reste intact sur la place où il est appliqué, mais il se décompose plus vite
?
DES TOILES, FILS, eic. 19 que le lut gras, à raison de la propriété qu'il a particulièrement de se raccornir ou se re- tirer par la grande chaleur. Il prend en cet état, par une suite de l’action des acides, une couleur jaune, alors ilne paroît plus bon à rien, et il faut le renouveler.
L'on fait aussi un très-bon lut avec parties égales de farine d’amendes, de graine de lin, et d’amidon pétris ensemble, ce dernier, bien entendu, doit être cuit à consistance de colle.
À ces différens luts, on peut ajouter encore celui fait avec du blanc d’œuf et de la chaux, qui a la propriété de durcir considérablement.
De tous ces luts, celui auquel j'ai donné constamment la préférence, et que l’on aura toujours en vue dans cet ouvrage, c’est le lut gras. Celui du blanc d’œuf et de la chaux, retenu par un linge et une ficelle , peut très- bien lui servir d’enveloppe (1).
Les luts gras empâtent singulièrement les mains en les maniant ou pétrissant, toute- fois on peut facilement enlever celui qui y est resté attaché. Il ne s’agitque delaver les mains dans de l’eau de savon ou de la lessive chaude, après se les être frottées , si l’on veut, avec du papier gris non collé, auquel ne manque pas de s’en fixer la plus grande partie.
(1) Faujas de Saint-Fond , dans son ouvrage intitulé : Voyage en Ecosse, etc., fait mention du lut suivant, qu'il tient du célèbre Black écossais. Ce chimiste le con- sidéroit comme imperméable à toutes espèces de gaz.
Ce lut est composé simplement de la pâte d'amande telle qu’elle est lorsqu’on en a extrait l’huile ; on la délaye avec un peu d’eau dans laquelle on a dissout de la colle forte : on peut à toute rigueur se passer de colle.
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29 BLANCHIMENT
C'ÉT'A PIPD REA Disposition de l’appareil distillatoire.
On peut se servir, ainsi qu'il a déjà été dit, de cornues, de flacons ou de balons tubu- lés. Il ne se présente aucun embarras pour la disposition des flacons ou balons semblables, La jonction du col où tube communiquant au tonneau est le seul objet qui exige du soin. On verra plus bas la manière de réunir ces deux parties au moyen du seul lut interposé.
L'usage de la cornue demandant plus d’at- tention par rapport à sa forme et à l’appli- cation des allonges, les détails qui suivent mettront à même de prévenir les accidens.
Lorsque les cornues sont neuves et qu’elles n’ont pas encore été luttées à une allonge, il est à propos ou de frotter d’un peu de cire tiède l’endroit où l’on veut appliquer le lut, c’est-à-dire le bec de la cornue , ainsi que la
artie du col que doit embrasser l’entonnoir * l’allonge , ou d’y laisser sécher un peu de colle de farine ou d’amidon. Sans cette pré- caution le lut ne s’y appliqueroit que diffi- cilement; il glisseroit et rouleroit dessus le verre, bien loin de s’y coller.
On a soin ensuite de fixer autour du bec de la cornue un bourrelet de lut un peu plus gros qu’on ne l'estime, pour remplir l’allonge à l'endroit où elle sera arrêtée , afin que, par l'effet du-passage forcé de cette allonge, le lut s’étende et s’y applique plus intimement;
ME SM O LE ER 94 M ELS, Etc. 2%
il.en sera ainsi pour le bourrelet de lut qui doit remplir et garnir le vuide de l'extrémité de lPallonge à son entonnoir sur le col de la cornue. Cette observation est des plus essen- tielles , afin que les deux pièces n’en fassent en quelque sorte plus qu’une, par une suite de la compression du lut.
Pour apposer facilement et commodément ces luts, on tient d’une main la cornue par son bec, sa panse tournée de manière qu'elle ne touche ni s'appuie contre quoi que ce soit, attendu que le moindre choc en cette partie Ja plus mince de toutes, suffit pour la casser.
Auparavant d'appliquer les luts, on aura l’attention d'introduire le bec de la cornue dans l’allonge , et de repairer avec du lut ow de la cire, etc., sur l’allonge, l’endroit où le bec de la cornue touche intérieurement celle-ci; et sur la cornue , celui où l’allonge la touche pareillement par le bord de son en- tonnoir. Au moyen de ces indices, on peut mesurer aisément et à l’œil la grosseur dont on doit faire les bourrelets de lut, en plaçant ensuite les deux vaisseaux l’un vers l’autre, aux positions respectives où elles doivent être fixées. Enfin , on les soude ensemble, en fai- sant avancer l’allonge recourbée sur le col de la cornue que l’on tient fermement par sa tubulure, en appuyant la main sur la partie qui l’avoisine, si la cornue est petite ; cepen- dant on la tient par son coude si cette pièce est volumineuse , ou si l’allonge est longue et trop lourde. On a la plus grande attention de ne tourner celle-ci en l’y pous- sant, qu'autant qu'il est nécessaire et très-.
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52 BLANCHIMENT légèrement, crainte de déranget®les luts. Si Ja chose étoit possible, sans la tourner, ce n’en seroit que mieux. On fait entrer le bec de la cornue jusqu’à ce qu’il ne puisse plus faire obéir le lut, et qu'il soit à-peu-près aux repaires indiqués sur l’allonge du côté du bec. Pour lors on couche le lut qui fait bourrelet autour du bord de l’allonge, tant sur cette dernière que sur le col de la cornue., après V’avoir enfoncé d’avance le plus fermement possible dans l’entre-deux, et l’étendant et adoucissant sur les deux parties de la cornue (pour lors en l'air), afin d’éviter jusqu’au plus petit .interstice entre le verre et le lut. ‘Il est bon même d’enduire ensuite: celui-ci, avec le doist, d’une légère couche d'huile de lin cuite. De cette manière , non:seulement le lut est plus uni, plus glacé, mais encore cette huile, en s’épaississant par l’évaporation, forme une espèce de vernis ou pellicule: qui maintient le lut et s’oppose d'autant aux ger- cures qui pourroient se découvrir dans le tra- vail. Quand dans le cours ou après la distil- lation le lut de cette jointure paroît trop sec, on y remet une couche d’huile cuite.
Au surplus , lorsqu'on étend le ut sur l’allonge ét le col de la cornue , on tient l'assemblage de l’une et l’autre pièce par l’al- longe , la voute de la cornue se trouvant alors en l'air. | 54
Au lieu de lutter l’allongse sur la: cornue simplement à son bec et à l'endroit de son col où l’entonnoir de l’allonge la touche, on pourroit y appliquer du lut dans toute la lon- gueur comprise entre les deux parties; mais
DÉS:TOILES, FILS; etc. 23 CE
j'ai éprouvé que ces deux endroits bien garnis sont suffisans. Une cornue ainsi lutée ne fait plus qu’un seul et même corps avec son allonge ; et pour peu qu'on y prenne atten- tion, ce lut n’a pas besoin d'être renouvelé ; du moins c’est très-rare, avant un ou deux mois de service.
Le tube sur lequel pose l’allongse recourbée pendant la distillation, et par lequel ie gaz s’introduit dans le tonneau , est, comme je l'ai dit ci dessus, tout en plomb. S'il n’est pas coulé, il doit être soisneusement soudé à soudure forte; et dans la crainte que cette dernière vienne à manquer , il est encore à propos de l’enduir d’une couche de cire jaune, goudron ou brai sec fondu-
Dans l’origine de mes esssais, je fs faire ces tubes de la même grosseur de ceux ordi- naires des baromèêtres. Depuis, jai pris le parti de les commander de huit à neuf lignes, et je ne me suis pas appercu que la distilla- tion en allât moins bien. Le plus grand dia- mêtre m'a paru même un avantage, en Ce que d’un côté le gaz paroît s’échapper avec plus de facilité, et que de l’autre il semble aussi s'opposer d'avantage à une absorption.
La partie du tube soudée comme il a été dit, qui s’avance jusques sous le rebord de la cuvette inférieure du tonneau; doit être pliée avec attention et en arrondissant, aupa- ravant de l’enduire de cire ou de goudron, et pour ne pas déranger d’ailleurs la soudure qui, de préférence, doit être laissée sur le côté de la courbure. Il faut, en outre, boucher l’ori- fice du tube ayec un petit morceau de papier B 4
24 BLANCHIMENT lorsqu'on l’enduit, crainte qu’il ne s’y intro- duise de la cire ; on n’oublie pas de retirer ce bouchon de papier quand le tube est enduit. I] n’est, au reste , absolument nécessaire d’en- duire que la partie renfermée dans le ton- neau, attendu que si, dans celle supérieure, il se présentoit une issue au gaz, on pourroit aisément la boucher ou avec de la cire amollie, ou avec du lut.
Quant à l’extrémité de ce tube sur laquelle doit poser le bec de l’allonge, elle doit être terminée en forme d’un petit entonnoir, afin , non-seulement, d’y faire reposer celle-ci plus convenablement, et à la demande des becs plus ou moins gros de l’une ou l’autre allonge, mais encore y asseoir plus facilement le seul lut qu’on ait à soigner dans le cours de l’ope- ration. Ce lut ne se dérange jamais, pour peu qu'on ait soin de bien le presser tant sur les parois intérieures de ce petit entonnoir, que sur le verre ou le plomb de l’allonge, en l’adoucissant et l’y unissant le plus possible, et que ce lut aussi ait toutes les qualités re-
uises et énoncées plus haut.
J'ai déjà fait observer qu’on pouvoit se dis- penser d'employer des cornues et des allonges, en se servant tout simplement d’un balon ou flacon tubulé (même d’une bouteille à vin en cas de besoin, pourvu que le cul de celle-ci soit très-mince ou chauffé fort doucement ). Sur l’orifice ou tubulure de ces vaisseaux est adapté un tube de plomb recourbé en consé- quence, et d’une grosseur proportionnée. Ce moyen est, à la vérité, très-avantageux et économique , mais il faut avoir l'attention de
DES TOILES, FILS, etc. 25
faire souder ce tube, s’il est en plomp laminé dans les parties, sur-toutau-dessous du flacon, susceptibles de s’échauffer un peu avant la fin de la distillation; d’en faire souder, dis je, sans soudure , c’est à-dire, en en fondant les deux bords l’un sur l’autre , attendu qu’à la longue la soudure, quoique forte, et dans laquelle il entre toujours une certaine quan- tité d’étain , est susceptible d’être rongée suc- cessivement par l’acide muriatique oxigéné, lequel, quoique chaud, ne paroît pas atta- quer le plomb sous forme métallique d’une ma- nière bien sensible.
Mais peut-être conviendroit - il mieux de faire couler d’un seul jet un tel tuyau , ainsi que les allonges, à moins qu’on eût plutôt la commodité d’en faire faire en terre cuite, façon de grès ou porcelaine : cette dernière matière seroit moins perméable. On pourroit se servir avec plus d'avantage d’un gros tube de verre commun qu’on couderoit facilement sur les charbons ardens et qui s'adapteroit sur le flacon tubulé , de même que celui en plomb ; mais le danger de sa casse et la diffi- culté de s’en procurer dans le besoin, joints à sa cherté me l’a fait rejeter ainsi que ceux en terre.
Afin que le tuyau qui s'adapte au col du flacon tubulé s’y applique avec justesse, et de manière à s'opposer à toute espèce d’extra- vasion du gaz muriatique oxigéné, on le garnit de lut, de telle sorte qu'il ne puisse être introduit dans le col sans en repousser une partie vers son coilet, et le bord renversé du col du flaçon , sur la jointure desquels on
26 BLANCHIMENT
appose ensuite un cordon de lut qui ferme de nouveau toute issue à la vapeur qui pour- roit se filtrer entre deux. Enfin, l’on enve- loppe tout ce lut extérieur d’une couche d'huile de lin cuite, et l’appareil distillatoire est pour lors bien disposé.
Si on faisoit usage de tuyau de verre , il seroit possible de ne pas se servir de lut en aucune manière , parce qu’en usant à l’émeril, ainsi qu'on doit le faire pour la tubulure, et en bouchant la partie qui s’introduit dans le lut du flacon, celui-ci seroit fermé herméti- quement. Il en seroit de même. du tube de grès, si la pâte en étoit assez fine.
Quant à la tubulure que j'ai recommandée tant sur le flacon que sur le balon , elle sert non seulement à introduire les matières , si on a assujetti et luté d'avance le tuyau de plomb, mais encore à donner accès à l’air extérieur dans le vase , si par hazard l’on s’appercevoit d’une absorption, c’est-à-dire si l’eau par un défaut de chaleur soutenue et réglée convena- blement et qui à l’instant forme une espèce de vuide, montoit du tonneau pneumatique dans le flacon , quoique dansce cas il n’y eût aucun danger à craindre pour sa casse, quand même il seroit très-chaud tel qu’à la fin de la distil- lation. J'ai fait tout exprès: cette épreuve plusieurs fois et toujours sans accident; la liqueur s’échauffe insensiblement le long des parois de l’ailonge qu’elle parcourt lorsqu'on se sert de cette dernière , et de celles du col de la cornue, avant d'y pénétrer et se mêler avec celle intérieure ; d’un autre côté si l’on se sert du flacon tubulé et du tube, l’eau re-
DEN € IE Sn 9 FH MS L Hielc. 27
montant dans ce dernier et tombant au milieu de celle contenue dans le vase, n’en touche jamais directement les bords avant d'y être mélangée ; au reste, si l’on appréhende la moindre absorption, il suffira d’enlever le bouchon et de le remettredans la tubulure l’ins- tant d’après la prise d’air atmosphérique. Au défaut de bouchon de verre on peut se servir de bouchon de liége que l’on lute soigneu- Sement autour de la tubulure, si l’on craint qu'il ne transpire un peu de vapeur, la tu- bulure n’étant point quelquefois parfaitement ronde.
En ce qui concerne les tonneaux pneuma- tiques, voicila manière d’employer et assujétir les faux fonds: ( Voyez planche première , fig. 1et2;etplancheIX , fig. 1,2,3,4,5et6).
On prend un cercle ordinaire de barique , que l’on dresse à la plane du côté qui doit porter le fond , et on le fixe tout autour du tonneau a%ec des chevilles qui ne doivent pas traverser tout - à - fait les douves. On place dessus ce cercle le-faux fond, raffermi et :ras- semblé par deux barres qui le pénètrent à mi- bois et à queue d’aronde ; on le fixe ensuite sur ce même cercle avec des chevilles s2m- blables , que l’on a soin de faire pénétrer une partie du fond, et qui de cette manière l’empèchent de retourner et se relever. Ajnrès quoi on bouche les vuides qui se trouvent itout autour avec du braï sec ou de la poix ve rsée chaude. Toutefois l’on a eu l'attention ar1pa- ravant de placer l’arbre - tournant , traversé de ses bras, sous chaque faux fond; ils y sont fixés dans une mortaise , par le movyer: de
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deux chevilles qui les empêchent de vaciller ou s’en échapper. On ne place le tube de plomb sur lequel s’appuie l’allonge, que lors- que le premier fond est arrêté invariablement, et après avoir fait sur le bord dudit fond l’é- chancrure convenable pour y passer le coude de ce tube, on bouche ou calfate les bords de cette échancrure avec de la poix fondue, en la garnissant préliminairement d’étoupes ou de filasses, ainsi qu'il convient, s’il restoit trop d'intervalle.
Au lieu du cercle de bois sur lequel porte d’une manière plus solide chaque fond , on peut se contenter de cheviller seulement de distance à autre des bouts de taquets de trois pouces ; ou mieux encore, si l’on veut s’en donner la peine, on ajuste les faux fonds de manière qu'ils puissent porter simplement sur l'inclinaison des douves , qui naturellement s'opposent à leur descente. Cette manière se- roit certainement plus prompte, et n’est pas absolument difficile.
On calfateroit ensuite les entre-deux après avoir placé de distance en distance des che- villes de retenue pour que les fonds ne soient pas sujets à se déranger.
Afin que le tube ne soit pas exposé à avoir des positions différentes , on le repaire sur le bord de l’entonnoir , qui le termine à une extrémité , de telle sorte qu’on puisse recon- noître sur quel sens il doit être tourné, pour. que sa partie coudée se trouve la mieux placée sous le faux fond inférieur ; il est même à propos de l’arrêter dans l’entre-deux de cha- que fond par deux chevilles à têtes inclinées
DES TOLLES, MILS, <etc. 29
sur lui ; on a soin de les enlever lors du pla- cement définitif de chacun de ces fonds.
Le premier fond ou celui inférieur placé et arrêté, l’on passe le second bras de l’agi- tateur , on le cheville et l’on place et fixe le deuxième fond pour lequel on se gourverne tout ainsi qu’il vient d’être dit pour le premier.
Une attention particulière à avoir, c'est de placer les deux fonds de telle sorte que les trous de communication se trouvent vis-à-vis et en sens opposé, c’est-à-dire l’un d’un côté, l’autre de l’autre; cette disposition est néces- saire pour que le gaz ait le temps de se con- centrer dans une partie, ayant de s’échapper - dans l’autre. L’on observera pareiïllement de diriger le coude du tube de plomb à l’extré- mité opposée au tuyau de communication du. premier au deuxième fond , si l’on ne se sert que d’un vase distillatoire, ousi l’on s’en sertde deux ou plusieurs, pour chaque tonneau, tou- jours à l’extrémité opposée, et à la plus grande et plus égale distance du même tuyau.
Si au lieu de faux fonds , l’on estime plus convenable d’avoir des cuvettes, voici comme il est à propos d’en faire les rebords et les fixer ensuite d’une manière invariable. ( Voyez pl. IX , fg.1,2,3,4,$çet6).
On peut faire les rebords de deux façons, ou avec des petites douyes que l’on assujétit comme celles des baquets ordinaires , avec des cercles en boïs et sans osier, mais agrafées par les deux extrémités ; ou avec des bois de tamis que l’on attache autour des fonds de ces cuyettes , avec des chevilles de bois à tête,
30 PB L°A N:C AH I MEN Tv:
L'une et l’autre méthodes sont bonnes ; la seconde a seulement les avantages suivans , de tenir moins de place dans le tonneau, et d’être plus à la portée d’un chacun. Si l’on fait usage de celle-ci, on doit songer à faire les pointes des chevilles un peu plus grosses que le corps, afin qu’entrant avec force dans le fond de la cuvette, percée à ce sujet sur sa circonférence, au moyen d’une vrille , elles soient moins susceptibles de s’en échapper, et d’en laisser relâcher les bordures. Quant à la jonction des deux bouts de cette même bordure , on, parvient à l’opérer solidement
en les faisant traverser l’un sur l’autre par
des liens d’osier plat, ou de tout autre bois liant , à la manière dont le sont ies petites boîtes de sapin qui nous viennent de la Suisse, ou tout bonnement avec deux chevilles à tête que l’on arrête en-dedans, après avoir enfoncé des coins dans la pointe qui déborde. En ce qui est du vuide qui peut se trouver tout au- tour de la bordure , on le remplit en-dessous et en-dessus avec du mastic de vitrier , que l’on polit bien avec de l'huile. Ce mastic est très-bon quand on fait l’acide muriatique sans potasse ; mais il se détruit bientôt si l’on met de celle-ci dans l’eau du tonneau ; dans ce cas, on doit goudronner ou calfater l’inté- térieur et les bouts joints des bords de ces cuvettes , ainsi qu'il a déjà été expliqué ci- dessus.
La méthode de faire des cuvettes en forme
de baquets , avec des douves et des cercles, a
l'avantage de bien clore celles-ci sur les bords, et de ne point exiger un calfatage particuliers
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DES TOILES, FILS, etc. 31
Enfin, au lieu de cuvettes proprement dites, on peut se contenter seulement de fonds sans rebords, pourvu cependant que celui de dessus déborde de quelques pouces de. chaque côté celui de dessous, afin que les bulles du gaz soient forcées , dans leur ascension, de frapper successivement chaque fond , et s’y arrêter un instant. L'essentiel pour lors est de terir bien clos le trou du tonneau , que l’on garnit, au trou de l’arbre de l’agitateur , d'une douille pour retenir le gaz , et empêcher qu'il ne s’extravase en partie par le jour qui pourroit se trouver autour dudit arbre, que l’on garnit toutefois de linge imbibé dans la lessive. Cette méthode, outre sa commodité, demande moins d’embarras dans sa disposition, mais elle né- cessite de remuer plus souvent l’agitateur , pour faciliter davantage l’absorption du gaz dans l’eau ; j'indique , au reste , toutes les manières que j'ai pratiquées : C’est aux per- sonnes intéressées, à consulter à ce sujet leur adresse, ou la facilité qu’elles ont de donner la préférence à l’une sur l’autre.
Vient ensuite la manière de fixer les cn- vettes dans le tonneau: elle est des plus sim- ples , et ne consiste qu’à placer des tasseaux de trois pouces environ de longueur sous cha- cure des deux barres d'assemblage de ces cu- vettes , et de les y fixer avec des chevilles de bois de chène à tête. Ces barres qui, placées sur les cuvettes , les traversent à m1i- bois et à queue d’aronde, sont posées sur les tasseaux de telle sorte, que les trous percés au centre de chacune de ces cuvettes , pour recevoir l'arbre de l’'agitateur , soient correspondans
39 BLANCHIMENT
entr’eux ; on les empêche de tourner où de s’élever, au moyen de semblables chevilles de bois, que l’on enfonce dessus et à côté des- dites barres d'assemblage.
On a l’attention , ainsi que je l’ai déjà re- commandé à l'égard des faux fonds, de placer d'avance l'arbre tournant, pour savoir s’il ne sera pas gêné dans son jeu : il est bon même de ne point fixer les deux cuvettes ni les deux faux fonds , si l’on se sert de ces derniers, avant d’avoir vérifié le mouvement libre de l’agitateur , sans quoi on courroit risque d’être obligé de les déplacer en tout ou en partie , pour remédier à ce qui pourroit gèner.
D’après le détail dans lequel je viens d’en- trer , l’on voit que mes tonneaux n’ont que deux faux fonds ou deux cuvettes. Je crois devoir conseiller de ne pas en mettre davan- tage, attendu que j'ai remarqué que trois cu- vettes nécessitant une plus grande hauteur, la distillation en devenoit d'autant plus labo- rieuse , sur-tout lorsque je me servois de vase intermédiaire. 1°. Les luts avoient plus de peine à résister à la pression de la vapeur; 2°. elle ne se dégageoit point aussi vite, ce qui allongeoit l’opération; il vaut donc mieux avoir des tonneaux moins hauts, et dont en revanche le diamêtre et l’évasement com- pensent le défaut en hauteur; je m’en suis tou- jours bien trouvé. Les proportions dans les- quelles il m'a paru que l’on pouvoit se ren- fermer avec avantage pour un petit attelier ordinaire, sont celles d’un pied et demi de hauteur, sur trente-deux pouces de diamètre
par
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DES TOILES, FILS, etc. 33
par bas , et trente-six pouces par en haut; le tout dans œuvre.
Quant à l’espèce de hois dont doivent être construits les tonneaux, elle m’a paru à peu près indifférente. Je me suis servi du sapin, du chêne et du châtaignier , sans m’apperce- voir que l’un ou l’autre apportât aucun incon- vénient à la qualité ou propriété de la liqueur, si ce n’est lors de la première et seconde dis- tillation , le desré de force s’en trouvant un peu altéré par une suite de l’imbibition des bois. On peut donc se servir de celui que l’on a le plus à sa portée ou commodité. J’obser- verai cependant que les grandes pièces à huile qui nous viennent du Languedoc, et qui sont presque toutes de bois de châtaigsnier , si on les coupe en deux, sont très-convenables pour faire des tonneaux; elles ont même un avar- tage sur le chêne et le sapin , c’est qu’étant bien frettées de cercles de fer et de cercles de bois, et bien garnis dans leurs fonds et leurs joins, elles ont toujours les douves ren- flées par l'huile dont elles sont imprésnées ; par conséquent elles ne sont pas sujettes à se dessécher , quelque long que soit le téms pen- dant lequel on cesse de s’en servir, pourvu qu'elles soient dans un atelier fermé , biem diftérentes en cela des baquets de sapin, qui doivent ; pour ainsi dire, être toujours pleins d’eau; le chènese relâche moins promptement.
On observera encore, au sujet du sapin, de rejeter celui blanc ét connu sous le nom de femelle, en ce qu'il laisse transader l’eau comme une éponge. Le sapin mâle et rouge seroit d’ailleurs le bois à préférer par rap-
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port à sa moindre altération par la liqueur, à raison sans doute de Îla résine qui lui est propre. Au surplus , si l’on ne peut éviter Vemploi du sapin femelle ou de tout autre bois aussi spongieux en le couvrant tant inté- rieurement qu’extérieurement d’une ou deux bonnes couches de céruse, l’eau n’est plus dans le cas de filtrer, l’acide muriatique oxi- géné odorant n’attaquant cette couleur en aucune manière ; j'ai été dans le cas de l’éprou- ver à ma grande satisfaction, ou s’il l’attaque, ce n’est que par une longue suite de tems et très-insensiblement. On pourroit aussi uti- lement verser de la pôix fondue ou du goudron sur toute partie de bois qui auroit le même défaut. Un mêlange de cire jaune et de résine seroit encore excellent pour enduiretout l’inté- rieur du tonneau, même les cuvettes et le moulnet,
Outre les deux faux fonds ou cuvettes dont nous venons de parler, chaque tonneau doit avoir aussi son couvercle échancré sur la cir- conférence, pour laisser passer les tubes , et être percé en outre au milieu pour le passage de l'arbre de Pagitateur ; plus deux autres trous selon la position du tonneau; l’un de ces deux derniers trous plus grand que l’autre est des- tiné à recevoir un entonnoir pour emplir d’eau le tonneau, l’autre trou est destiné à l’échap- pement de l'air intérieur , lorsqu'on verse cette eau. Le couvercle fixé avec des clous ou mieux encore avec des chevilles, est collé ensuite avec des bandes de papier sur sa jonc- tion au tonneau.
Aulieu du tonneau pneumatique en boïs,
DES TOILES, FILS, etc. 35
on pourroit se servir plus avantageusement de semblables vaisseaux en pierre, en grès, eu plomb laminé ou coulé, ou en ciment de Loriot ; c’est aux propriétaires à comparer la durée qu'ils peuvent s’en promettre avec la dépense qu'ils nécessitent. Dans le cas où l’on feroit usage de vaisseaux de plomb, il faudroit garnir lessoudures d’une ou plusieurs couches de blanc de Céruse, de mastic de vitrier ou de résine ou brai mélangé de cire jaune. J’ai éprouvé ces préservatifs de la des- truction de la soudure, ils sont très-bons.
Comme il est à propos de se rendre compte de la hauteur et de la quantité de l’eau con- tenue dans le tonneau, l’on adapte et fixe tout contre sa paroi extérieure un tube de verre dont le coude entre dans le tonneau percé à cinq à six lignes près de son fond ; on garnit par avance de lut cette partie que l’on fait entrer avec force; on range et unit ensuite le lut rejetté en dehors, tant sur le tube que sur le tonneau.
Enfin commeil est essentiel de pouvoir con- noître de tems à autre la force de la liqueur et en soutirer au besoin , je me suis serviavec utilité pour cet effet d’une champelure de cuivre , enduite de plusieurs couches de blanc de Céruse ; par le moyen de son robinet elle permet de ne prendre de Peau qu’en très-pe- tite quantité. Elle a de plus l'avantage de faciliter le remplissage des cruches de grès pour acide nitrique dans lesquelles on peut con- server la liqueur lorsqu'on en à de reste et qu'on préfère d’en avoir à l’avance et toujours en réserve. Ë
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Quandil s’agit desoutirerl’eauacidulée, avee abondance et promptitude, on peut se servir pour lors d’une ou plusieurs champelures de bois qui debitent séparément ou à-la-fois dans des baquets à ce destinés; mais il convient qu’elles ne soient fermées que par des bou- chons de liége, ceux de bois étant sujets, quoique garnis de filasse, à faire fendre les champelures , par une suite de leur gonfle- ment; il est même très-rare qu’elles ne suin- tent pas plus ou moins , si elles ne sont très-exactement tournées.
A l’égard des vaisseaux intermédiaires in- diqués dans les Annales de chimie, au cas que l’on veuille absolument s’en servir, il est à propos de ne pas employer de bouchons de liése pour en fermer les orifices et en même tems soutenir les tubes, Ces bouchons sus- ceptibles de se dégrader promptement par l’action corrosive du gaz, exposent et les luis et les bouchons à se déranger souvent, ainsi que les tubes qui les traversent. Voici dans l’origine de mes essais comment j'ai suppléé à ces bouchons, lorsque les tubulures étoient d’un diamètre plus grand que ceux des tubes ; je fs faire des bouchons de verre avec oreilles sur les côtés ; je les usai à l’émeril sur les tubulures même, ils étoient percés au milieu entre les deux oreilles et de part en part d’un trou propre à passer seulement un tube de verre ou de plomb. Ce tube étoit re- couvert d’une couche de lut assez épaisse pour qu'il ne püt traverser le trou sans former un bourrelet que jerecouchoiïs et unis- sois tant sur le bord de l’orifice que sur le
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tube lui-même. Au reste si l’on est embarrassé
our user les bouchons, on peut garnir de ut les tubulures et y introduire à force les bouchons, si mieux l’on ne préfère dans le eas d’un léger interstice de les chauffer un peu et les tremper ainsi dans de la cire vierge chaude, ensuite les enfoncer à force dans la tubulure dont on achève de remplir les petis vuides s’il en reste ou les bouillons s’il s’en découvre, avec de la même cire fondue qu’on y verse avec une Cuillier. Au lieu de lut on peut aussi se servir de. cire jaune pour fixer le tube de sûreté ; la même opération doit avoir lieu pour. le tube de verre ou de plomb qui com- munique du tonneau au vase intermédiaire. Des bouchons et tubes ainsi lutés , le sont en quelque /sorte pour toujours : car la cire une fois po , ils-sont inébranlables.
S1 l’on est à même d’ordonner la forme des vases intermédiaires, on fera bien d’en recom- mander les orifices d’un diamètre propre à y Jaisser, passer seulement les tubes dont on a à faire usage , il suffit alors , en les introduisant, qu'ils soient enduits d'une couche de lut pour qu'ils soient solidement fixés, il faut aussi que les cçollets ou bords couchés de ces orifices soient assez larges pour y porterle cordon de lutquel’on pourroit y appliquer contre le tube.
Peut-être ne seroit-il, pas ‘impossible non plus que.des ouvriers adroits,, tels qu'il s’en tronve.beaucoup dans leg yerreries à gobelet, exécutassent-des cornues-.tubulées avec un bec recourbé en forme d’allonge. De semblables vaisseaux seroient.-sinsulièrement commodes. Au surplus des flacons tuhulés, ainsi que
J
53 BLAKGCHIMENT
l’indiquent les fig. 1 et 2 de la pl. IX, peu- vent être substitués aux cornues avec le plus grand avantage. Dans mes derniers travaux sur le blanchiment je les ai toujours préférés, ils m'ont paru plus commodes et moins chers et en outre moins casuele. | Comme il importe de connoître la manière d’user à l’émeril soit les bouchons.dont on vient de parler, soit ceux des cornues tubulées, flacons ou bouteilles dont on peut avoir besoin, les bouchons se vendant pour lordinaire tout bruts dans la plupart des verreries où il n’y a pas detailleurs, par conséquent dans V’impossibilité de servir à leur destination, je vais indiquer le moyen dont je me suis servi. L'outil que j’avoïs fait construire à ce sujet ( voyez la planche IT, figure à) rie con- sistoit qu'en une espèce de tenäïlle ou étau dont les mâchoires tiennent en réspect la patte ou les oreilles du bouchon, et dont le manche retenu dans l’œil d’un virebrequin, reçoit et communique le mouvement de rotation que la main imprime à ce dernier. 8) Lesorificesdes cornues, flacons, etc. n’étant pas strictement ronds non plus que leurs bou- ehons, afin de les dégrossir ou en enlever les premières aspérités, l’on substitue au bou- chon de vérre, une espèce de bouchon de fer qui tient liéu de mandrin et que l’on rem- place par°le bouchon lui-même quand le dégrossi du verre-est fait. On peut se servir d’abord de’ grès ordinaire cassé , pilé et passé au tamis de crin, on lui fait succéder le sable fin que l’on passe ensuite à nn tamis plus serré, ou bien l’on commence ‘d’abord
DES'ToILEeS, rrxs!, etc. 359
par le sable, sa piqüre ayant atteint lé verre par tout, on donne quelques touches d’émeril passé au tamis de soie très-serré, si l’on ne peut l'avoir lotioné. En cas de difficulté de se procurer le sable ou le grès, on peut*se servir d’émeril de différens grains. On a soin toutefois de mouiller de tems à autre le bouchon avant de lé couvrir de sable, ou d’en répandre d’une main et avec une cuillier sur la tubulure entre celle-ci et le bouchon, tandis que de l’autre main of fait tourner le virebrequin. On a l’attention pareillement de mouiller lorsque l’on s’apper- coit que le grès on sable est trop pâteux ét que le roulement du bouchon sur le verre de la tubulure ne se fait plus qu’avec secousse et inégalité , il y auroit danger autrement de casser la tubulure ou le vase lui-même.
Cette manière d’user les bouchons est assez expéditive, un quart d'heure ou une demi- heure au plus suffisent pour chaque bouchon; mais il faut être deux personnes pour tra- vailler plus rapidement, l’un tourne et l’autre met le sable, etc.
rs Tes dl 8 1 c'OR _ Préparation des Matières.
Non seulement il importe aux personnes qui desirent se livrer à cette nouvelle mé- thode de blanchir par l'acide muriatique oxi- géné , de connoître la manière de disposer l'appareil distillatoire avec le plus grand avan-
40 BLANCHIMENT
tage possible, mais encore il leur est très- essentiel de préparer convenablement les ma- tières propres à produire cet acide, et qui sont, comme l’on säit, le muriate de soude, le manganèse et l’acide sulfurique, ou sim- plement l'acide muriatique et le manganèse. Mais ce dernier mélange est moins à la dis- position d’un chacun, il est d’ailleurs sus- ceptible de devenir dispendieux si l’établis- sement n’est pas à portée de la fabrique de cet acide. Je ne parlerai donc avec détail que du premier mélange. Je me contenterai seulement de dire, à l’avantage du second, qu’on ne risque point, en l’employant, de casser les vases distillatoires, par une suite de la dessication et de l’encroutement des matières; mais qu'aussi beaucoup de personnes pour- roient être fatiguées de la vapeur quis’exhale en versant r’acide muriatique , et gène sur-tout la respiration. D'ailleurs il est moins facile de se procurer de l’acide muriatique que de V’acide sulfurique, la fabrication de ce der+ nier étant plus commune et répandue davan- tage sur le territoire de la république.
Au surplus les proportions du mélange d'acide muriatique et de manganèse dont je me suis bien trouyé, sont de,cinq onces et demie à six onces de manganèse cristallisé, pour une livre d'acide, c’est-à-dire environ deux livres et demie de manganèse pour sept livres d’acide muriatique à vingt-cinq degrés. C’est la proportion convenable pour le tonneau pneumatique dont la capacité a été énoncée plus haut. |
Le muriate de soude gris, séché sur larsé-
DES #TONLES,® MIL S:, Letc. 44
cherie du fourneau dont il a déjà été parlé, sur une tôle ou dans un vase quelconque, remué d’ailleurs de tems à autre jusqu’à ce qu’il ne fume plus et paroisse blanc de sé-. cheresse , doit être pilé et passé au tamis de crin passablement fin; il est essentiel qu’il soit ainsi , afin qu'il puisse se mêler plus intimement avec le manganèse , sans quoi l'acide sulfurique ne pourroit le décomposer avec autant de facilité, il en résulteroit de plus une moindre quantité de gaz. Le vase distillatoire venant en outre à s’échauffer fortement sur la fin de la distillation , il se- roit à craindre que le sel grossier qui auroit été mis dans le vaisseau , tombant plutôt au fond que le manganèse, n’y formât une croûte «qui le mettroif en danger d’être cassé.
Ce que l’on vient de dire pour le muriate de soude gris, doit avoir lieu pareillement pour le muriate de soude blanc. .
Le manganèse doit être pareillement pilé très-fin et passé au même tamis que le muriate. On recomnoît la bonne qualité de cette subs- tance minérale , à celle qui est cristalisée en aiguilles «brillantes, fines et peu adhérentes entre elles. Ce n’est pas que toute autre ne produisit peut-être autant d’oxigène , mais celui cristallisé est à préférer : car outre qu’il est plus facile à casser et à piler, c’est qu'il est aussi pour l'ordinaire plus pur et moins difficile à être purgé des quartz, spath, etc. avec lesquels le manganèse est susceptible d’être mélangé, d’un autre côté cette icris- tallisation. lui fait offrir plus de surface à l’action de lacide. ë
42 BLANCHIMENKT
Le muriate de soude blanc ne m’a pas paru devoir être préféré au muriate de soude gris ; il est vrai qu'il contient moins d’ordures, mais 1l est tout aussi humide et plus cher. Le muriate de soude gris au contraire , outre qu'il est bien moins cher, c’est qu'il est allié à une certaine quantité de muriate à base terreuse qui lâchant son acide à une certaine chaleur telle que celle qui existe sur la fin de la distillation, permeten conséquence d’user moins d’acide sulfurique pour décomposer le muriate de soude.
L’acide sulfurique, si on l’achète rectifñié dans les fabriques , doit marquer à l’aréomètre pour sels et acides de Mossy, qui est celui que je citerai toujours dans le cours de ce mémoire, au moins 60 degrés sous zéro.Comme l’on est obligé de l’étendre de son poids d’eau, ce qui lui fait marquer alors environ 36 à 40 degrés, si l’on étoit à même de le faire soi-nfême à ce degré ou de se le procurer tel sur les lieux , c’est-à-dire non rectifé, sans être obligé de s’en procurer au déhors, ce seroit vraiment à préférer, ainsi que le dit fort bien Berthollet, vu d’une part qu’il seroit tout prêt à servir, et que de l’autre, il seroit moins coûtéux à raison des frais que nécessite sa rectilication et de ceux de son transport.
Si donc l’on se sert d’acide sulfurique rec- tifié, il est à propos d’observer qu'il faut verser l’acide, sur l’eau et non cette dernière sur l’acide, à cause de la chaleur et sur-tout de l’effervescence qui en résulte à l'instant de son jet; elle est beaucoup moïndre dans
DES TORLES, HPHUb y detc: 43
le premier cas; on pourra au surplus, quand il s'agira de faire le mélange de ces deux liqueurs , verser l'acide nécessaire sur l’eau, doucement et le long des paroïs du verre, à deux ou trois reprises différentes et à quel- ques minutes d'intervalle, en-ayant soin ce- pendant de tourner le visage, crainte des éclaboussures qui peuvent s'élever dans ie mo- ment. Comme l’union de ces deux liqueurs avec l'acide sulfurique et de l’eau, produit en très-peu de tems au vase qui les contient, une chaleur telle qu’on ne peut endurer la main sur sa partie inférieure, ilest à propos de ne la faire que dans des vases de grès ou de terre bien cuite, avec anses et bec, sil est possible de s’en procurer de cette sorte, afin de pouvoir les soulever et verser la liqueur facilement, lorsqu'il est tems de l’introduire dans les vaisseaux distillatoires sur le mélange de muriate et de manganèse. On peut se servir aussi de vases de terre ordinaire, mais ils sont plus: faciles à être pénétrés par l’acide qui les feuillete et décompose à la longue.
Les proportions d’après lesquelles je con- seillerois de travailler pour opérer plus vite en économisant le tems , sont quatre livres de muriate de soude, vingt onces de man- ganèse cristallisée ; il faut moins de .celui-ci que de celui qui ne le seroit pas (1), et qua- rante-quatre onces d’acide sulfurique à soi- xante degrés, sur trois livres un quart d’eau.
(1) Le meilleur se tire du duché de Deux-Ponts , d’un endroit nommé Æ/ombourg ; il nous vient ordinairement tout épluché de roche quartz , etc.
44 BLANCHIMENT Quelquefois je n’ai employé que quarante
onces d’eau, et je ne m'en suis pas mal trouvé pour cela. Ces proportions sont pour un tonneau contenant quatorze seaux d’eau, cha- cun de la contenence de seize pintes de Paris, et mises dans une cornue d’un pied de hau- teur sous le .collet de la tubulure, sur huit pouces de largeur ou de diamètre à son ven- tre (1). J’observerai en outre que les cornues les plus élevées sont à préférer, en ce que leur voute et par suite leur col sont moins susceptibles de s’échauffer, et les luts;, par cela même moins sujets à être décomposés ou gercés ; les flacons ou ballons tubulés doivent avoir à peu près les mêmes proportions. Au lieu de verre-blanc,, on peut se servir, avec presque autant d'avantage, du gros verre à bouteille ; quoique moins transparent , il Pest toujours assez pour voir ce qui s’y passe. Seu- Âement le cul qu’il faut avoir soin de choisir mince en s'échauffant, seroit plus susceptible dé se décomposer et changer en porcelaine de Réaumur, si le muriate de soude venoit à s’encroûter et lorsqu’entre lesparois du verreet le muriate il n'existe aucune humidité. Malgré cette altération, le service n’en est pas moins le même. | | del C’est sans doute ici le cas de parler de l'essai que j'ai fait pour produire l’acide sul- furique sans l’intermède du nitre ,; et de décrire l'espèce d’appareïl dont je me suis
(1) Cette hauteur est nécessaire afin qu’il en reste au moins un tiers ou un quart de vuide pour y loger la par- tie de la matière boursouflée parune suite de l’effervescence.
DES TOILES!,, FILS, etc. 45 servi: il consistoit en une cruche ou pot de grès percé à son fond, et dont le col com- muniquoit à deux petits bailons'de verre à deux goulots enfilés l’un dans l’autre et remplis à moitié d’eau; sous chaque ballon étoit du charbon allumé pour mettre l’eau en vapo- risation, sous le pot de.grès étoit pareillement du feu pour fondre et enflammer le soufre qui étoit mis dans le pot par le trou opposé au goulot. Ce trou qui aspire dans le pot l'air extérieur pour la combustion du soufre , étoit bouché d’un couvercle percé de trous à l'instar des têtes d’arrosoir. : :
Le soufre ainsi enflammé remplit bientôt de sa vapeur nuageuse et blanchâtre la ca- pacité libre des ballons. Rencontrant celle de l’eau , elle se combine avec celle-e1 et retombe en goutte acidulée sur l’eau inférieure avec laquelle la vapeur du soufre en roulant dessus quelque temps, se combine peut-être aussi jus- qu’à un certain point. La preuve d’ailleurs que cette eau condensée s’est combinée avec la vapeur du soufre qui l'a acidulée , c’est que cette même vapeur rêçue en goutte au déhors de ce dernier ballon, par le secours de l’allonge recourbée qui lui étoit adaptée, en sort à l’état d'acide, rougissant la teinture de tournesol, etconcentrée, fait effervescence avec les alkalis. La même chose a lieu avec l’eau des ballons. Deux fois j'ai répété cette expérience, et deux fois elle m’a réussi; je n'étois presque point incommodé de cette distillation.
J’ai essayé aussi de brüler, du soufre et chauffer de l’eau dans deux vases séparés,
46 JB: LAN IC HE MIENN GE À lesquels communiquoient à un troisième. Les deux vapeurs combinées ensemble dans le vase de réception ont encore produit par leur con- densation ure eau donnant les mêmes indices d’acidité que celle ci-dessus,
Du soufre a été brülé dans un vase de terre , sa vapeur communiquée dans une cruche de grès dans laquelle venoit d’être versée de l’eau presque bouillante, les résula tats ont été les mêmes que ceux ci-dessus.
Peut-être que si ces expériences étoient répétées en grand et dans un appareil con- venable, avec une plus longue suite de ballons et des fourneaux appropriés pour l’économie et leur objet, le succès à cet égard seroit plus complet. Je me propose bien de reprendre un jour cette opération, et m’empresserai de faire part au public, ainsi que je le fais aujourd’hui, de mes succès, si j’ai le bonheur d'en avoir.
CÉAÏP.T LR E NT Distillation.
Il est deux manières de faire l’acide muria- tique oxigéné, avec odeur ou sans odeur ; comme elles ont l’une et l’autre leurs avan- tages et leurs inconveniens, je vais indiquer ces deux méthodes, én commençant par celle avec odeur.
Il faut d’abord supposer le couvercle du tonneau fixé avec des chevilles , et collé sur
son pourtour avec des bandes de papier; l’on
DES TOILES, FILS, etc. 47
se sert , à cet effet, de colle de farine, de pré- férence à celle d’amidon , parce qu’elle est plus tenace.
L’on a dû remplir aussi d’eau de rivière, avant ou après la mise de ces bandes de pa- pier, que l’on renouvelle d’ailleurs peu sou- vent, les tonneaux, dont les proportions ont été conseillés plus haut, jusqu’à la hauteur de seize pouces environ, c’est - à - dire à un pouce ou deux pouces moins du bord, ce que l’on peut reconnoître facilement à une marque faite le long du tube indicateur , placé au de- hors du tonneau. Chaque pouce , au reste, a été évalué pour le tonneau indiqué , contenir à-peu-près un seau d'eau de dix-huit pintes, de deux livres chacune.
Toutefois, lorsqu'on remplit le tonneau collé sur la jointure de son couvercle, soit qu'il soit monté à cuvettes à bord, soit à faux fond , il est important que le petit trou, percé sur le couvercle, non loin de celui réservé pour l’en- tonnoir, soit débouché, afin de laisser échapper l'air intérieur , remplacé par l’eau. Il est d’au- tant plus essentiel , ne fut-ce qu’un simple trou de vrille, que, dans le cas sur-tout des ton- neaux à faux fonds, le jet de l’eau versée étant ‘presque toujours continu, et, pour ainsidire, à plein entonnoir ; une fois Le premier fond rem- pli, si l’air contenu au - dessus du second, ne trouvoit une issue , l’eau qu’on voudroit con- ünuer d'introduire , seroit susceptible d’être repoussée et rejetée , soit à travers les bandes de papier, soit le long de l’arbre de l’agita- teur , etc.
Le tonneau rempli d’eau à la hauteur néces-
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saire, on place la cornue dans sa capsule, en mettant sur le fond de celle-ci un demi-pouce tout au plus de sable fin ou de cendre sèche ta- misée, et ajustant le becde son allonge sur l’en- tonnoix du tube de plomb ; onachève ensuite de fixer la cornue, en mettant tout autour le sable nécessaire pour remplir le vuide qui se trouve entre elle et la capsule , et ce dans toute la hauteur de cette dernière ; puis avec un en- tonnoir de verre , de plomb, de bois, ou un simple cornet de papier , les uns ou les autres secs , l’on introduit par la tubulure de la cor- nue, au moyen d’une cuillier, le muriate, et le manganèse mélangés d'avance le plus éga- lement possible ; ce mélange est bon lorsqu'il est noirâtre dans toute sa masse , et qu’en le remuant et retournant, l’on n’apperçoit plus aucune veine blanche du muriate de soude.
Après l'introduction du mélange de muriate etmanganèse dansla cornue, on a grande atten. tion de nettoyer scrupuleusement le bouchon et la tubulure , afin qu’une fois l’acide sulfu- rique versé, aucune vapeur ne puisse s’échap- per; il faut donc que la tubulure et le bouchon, mouillés d'avance, ferment, en quelque sorte, hermétiquement , car la moindre odeur suffi- roit pour faire retarder l’opération, en rendant d’ailleurs l’atelier très-incommode, par lo- deur d'acide muriatique oxigéné qui s’y répan- droit, et le rempliroit très-promptement.
Le nettoyement de la tubulure de la cornue ou du flacon, fini, car ce que je dis ici pour l’un convient à l’autre vaisseau, on lute comme il faut le bec de l’allonge sur l’eñton- noir de plomb : pour cet effet, on éRr en
ons
naE MOLLESRPILS, etc. 49
long un morceau de lut, qu’on roule entre ses doigts: on l’applique en tournant sur le bec de l’allonge, et en le pressant fortement, tant sur la paroi de l’entonnoir , que sur celle du bec de l’allonge, et finissant par l’amincir et adoucir de chaque côté, puis on unit le tout avec le doigt trempé dans l'huile de lin cuite. Pour l'ordinaire, lorsqu'on est en cours de distillation et de travail réglé , l’on remplit d’eau le tonneau ou les tonneaux; on met en place les vases distillatoires , on les lute sur le tube de plomb , et introduit le mélange de muriate et de manganèse, la veille au soir du jour où l’on doit distiller , après avoir net- toyé et vuidé les mêmes vaisseaux de leur ré- sidus (1). Au moyen de ce travail préparatoire, le jour où l’on doit distiller, l’on n’a plus le matin, en commençant ia journée, qu'à verser l'acide sulfurique, qui, pendant la nuit, a eu le temps de se refroidir dans les vases de terre ou de grès, où il a été mélangé d’avance avec l’eau. Ce n’est pas qu’il ne fût avantageux de le verser encore tiède, après avoir rafraîchi dans l’eau le vase qui contient le mélange ; mais il seroit à craindre que l’on ne püût juger comme ïl faut son degré de tiédeur , et que le vaisseau à distiller ne virit à en être surpris, et, en conséquence , cassé ou félé. Il scroit possible aussi, pour avancer d'au- tant la distillation , de verser l’acide sulfurique le soir, même après l'introduction du mélange de muriate et manganèse ; mais il seroit à
(1) On doit toujours être muni d’une certaine quantité
de vases distillatoires pour pouvoir les disposer d’ayance à la distillation du lendemain,
$o BLANCHIMENT
craindre que le lut venant à se déranger dans la nuit, la plus grande partie du gaz, pro- venant de la distillation , ne se perdît, si dans l'intervalle, l'opération n’étoit surveillée; cette marche ne conviendroit, à la vérité, que dans un établissement très - actif, dont les travaux se suivroient le jour comme la nuit.
Quant à l’acide sulfurique , on l’introduit à l’aide d’un entonnoir de verre ou de plomb, assez doucement, toutefois pour que l’air qui s'échappe du flacon ou ballon , n’en fasse pas rejaillir des gouttes sur le visage ou les mains de celui qui le verse ; l’acide versé, l’on ferme aussitôt la tubulure , en tournant et pressant un peu le bouchon.
Si l'acide a été versé tiède, le muriate bien sec, bien mélangé, et l’acide sulfurique pas plus étendue d'eau qu’il convient, le manga- nèse d’ailleurs de bonne qualité, au bout de deux à trois minutes , l’on entend les bulles se dégager dans le tonneau par le tube de plomb: sinon, ce n’est guères qu’au bout d'un bon quart d'heure, et un peu lentement. Dans l’un ou l’autre cas, et quelques instans après le versement de l’acide, l’on met un réchaud de charbon, lésèrement allume, sous la capsule.
Une demi-heure après environ le versement de l’acide, il se fait une effervescence consi- dérable , qui s’élève quelquefois jusques dans le col de la cornue , si cette dernière est ux peu petite pour sa charge ; les bulles de cette écume sont larges et recouvertes d’une espèce de pellicule que forme le mélange, entraîné par une suite de la violente fermentation qui a lieu pour lors. Cette intumescence dure à-
DES TOLLES, #ITIS, etc. Sy
peu-près deux heures , et c'est le moment où les bulles, que forme le gaz acide muriatique oxigéné, en se développant dans Peau, se dé- gagent avec le plus d’abondance; elles se suc-
oO, A 3 d , + | cèdent même aveu une telle rapidité , qu’on n’en peut distinguer les intervailes, et-qu’elles produisent dans le tonneau un roulement con- tinuel , lequel dure très -souvent de trois à quatre heures, selon que le feu est bien gou- verné , et que le mélange du muriate et du manganèse , joignant d’ailleurs les qualités re- quises., a été fait plus intimement , etc. Ce roulement est ordinaïfement si suivi, et pro- duit une telle agitation à l’eau , qu’il devient presque inutile de remuer l’agitateur.
On ne doit renouveler le feu qu’au bout de deux heures, quand même il seroit éteint dans l'intervalle ; après ce, on n’en remet qu’au bout d’une heure et demie, puis au bout d’une heure , et ainsi de suite, toujours sans l’aug- menter sensiblement ; il suffit, pour lors, de l’entretenir : on le force seulement pendant les deux dernières heures de la distillation, c’est- à-dire qu’on n'attend pas qu’il soit tombé tout- à- fait pour recharger de charbon le réchaud. On le rapproche toutefois de la capsule, lors de la dernière heure , en l’élevant sur des bri- ques. J’observerai, à l’ésard du réchaud , que la grille ne doit pas en être trop ouverte, le charbon s’useroit trop .vîte. Quoique l’intu- mescence du mélange soit passée , la rapidité des bulles ne continue pas moins encore pen- dant long-temps, par une suite de l’efferves- cence qui a constamentlieu;ilest vrai que celle- ci va toujours en diminuant, puisqu’à la fin de
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52 BLiLANCHIMENT
la distillation , les bouillons qui s’élèvent de l’in- térieur du mélange au - dessus de la liqueur, n’y paroissent plus que par intervalle, quoi- que celle-ci soit passée à l’ébullition par la force de la chaleur, qui a dù aller en augmen- tant et insensiblement. Elle est même telle, que huiït à neuf heures après l'opération com- mencée, la main ne peut être endurée qu'avec peine près de la tubulure de la cornue et sur son col (il en est de même pour tout autre vase distillatoire), tandis qu’au bout de quatre à six heures, les mê places sont à peine tièdes. Au reste, la distillation d’une ou plu- sieurs cornues , ou flacons, dans un seul ton- neau , d’après les doses indiquées, est ordi- nairement de onze à douze heures , et même moins ; on reconnoît qu'elle est à-peu-près finie, ou qu'il est temps de l’arrêter , lorsque les bulles s’échappent lentement et avec très- peu de bruit dans le tonneau; ce léger bruit devient même un indice de la concentration du gaz et de l’espèce de saturation de l’eau. Souvent pour entendre les bulles, il faut mettre l'oreille contre la douve. D’ailleurs l’allonge de la cornue commence à s’échauffer; son lut, sur le col, s’amollit aussi un peu. On s’apperçoit encore que la distillation doit être arrêtée au long balancement de l’eau dans le tube d’in- dication , placé hors du tonneau, et aussi dans celui de sûreté , lorsqu'on se sert de vase in termédiaire.
Si l’on ne s’en tenoit aux indices ci- dessus pour cesser la distillation, non seulement l’on perdroït son tems et du combustible, mais encore l’on ne distilleroit que de l’eau, qui,
DES TOILES; FILS; etc. 655
lorsqu'on se sert de vase intermédiaire , agit tellement, par son ressort et sa vapeur chaude, sur l’eau qui y est contenue, qu’elle est forcée de sortir, comme dans les éolipiles par un jet et tout au haut du tube de sûreté : elle sorti- roit même entièrement de cette manière, SL l’on n’y remédioit sur-le-champ, en dimi- nuant ou retirant le feu, en rafraîchissant d’un linge mouillé le col de la cornue et son allonge ; et mieux encore , en enlevant un instant le bouchon de la tubulure.
Aussitôt la distillation arrêtée, on retire la liqueur du tonneau, et on la transvase dans les baquets ou autres vaisseaux propres à re- cevoir les marchandises qui y sont rangées d'avance. Si l’on ne peut s’en servir sur le moment, on peut laisser la liqueur dans de tonneau , sans craindre qu’elle perde sensi- blement sa vertu; il suffit que le couvercle et ses jointures soient bien lutés avec des bandes de papier collé : on a soin aussi que la douille que traverse l'arbre de l’agitateur au milieu de ce couvercle , le soit pareillement. On peut aussi la tirer dans des bouteilles de grès, pro- pres à mettre de l’acide nitrique , et que l’on bouche bien avec du liège, enduit d’unscerdon de lut sur sa jonction ; par ce moyen, on-con- serve cette liqueur pour l'instant du besoin. J’en ai ainsi conservé plusieurs mois sans qu’elle ait perdu de sa qualité. |
C'est ici le cas d’observer que si l’on veut que la liqueur du haut du tonneau soit égale à celle du fond , et ne pas retarder la distilla- tion susceptible d’être prolongée ainsi inutile- ment vingt-quatre heureset Piuspee us effet de
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la concentration du gaz dans le fond du ton- neau, et la resistance qu’elle oppose alors à son introduction, ce qui contribue singulièrement à accroître la chaleur de la cornue ou du flacon , je n’ai pas trouvé demeilleur moyen que de tirer de la liqueur soit dans des cruches de grès , soit dans des baquets à immersion, remplis de marchandises | et ce après un tems limité et des épreuves réitérées de la bonne qualité de l’eau. Au bout de huit heures de chauffe je soutirois un quart du tonneau, un second quart deux heures après, un au- tre’quart après dix heures et demie à onze heures de chauffe, enfin, le reste après douze heures de distillation en la finissant.
La liqueur retirée entièrement du tonneau, on remplit celui ci d’eau sur-le-champ , ou au moius à cinq à six pouces au-dessus du coude du‘tube’de plomb; autrement le gaz qui con- tinue de s'échapper du vase distillatoire, et qui n'éprouve alors aucune résistance , pour- roit'attaquer letonneau.
On doit retirer le feu de dessous la capsule, lorsque la distillation est finie , non-seulement pourempêcher l'effet des vapeurs gazeuses qui contimuër#t encore foiblement de s’echapper , d'agir ainsi que nous venons de le dire , sur les paroïs du tonneau , maïs encore pour dis-
osér ”les cornues ou flacons à recevoir plus d’eau tiède, qu’on y introduit ensuite par la tubulure , soit jusqu’au col de la cornue, soit jusqu’à celui du flacon ; on ne doit pas crain- drede mettre trop d’eau : plus chaude on peut l'introduire , mieux vaut; on peut aussi la verser tiède, ce qui revient au même lorsque
DES TOILES, FILS, etc. 55
Ja liqueur du vase à distiller est encore bien chaude ; l’essentiel est qu’elle n’y soit pas versée froide, crainte de féler la cornue par les jets qu’elle fait en tombant. On délute ensuite, si l’on veut, l’allonge de dessus le tube de plomb , et afin qu’il ne s'échappe pas de vapeur dans l'atelier, on applique un mor- ceau de lut ou un bouchon au bec de cette allonge ; le bain de sable permettant facilement l'enlèvement et le retour en place fixe de la cornue , ainsi que la mise du bouchon, ou du Jut au bec de l’allonge , en soutenant celle-ci d’une main, tandis que de l’autre on la bouche.
Cependant comme sur la fin de l’opération les luts qui soudent l’allonge à la cornue sont un peu amollis, il seroit plus prudent delaiïsser le tout en place sur le tube de plomb, crainte de déranger les luts. Ce danger est plus srand lorsque les allonges sont en plomb, vu la plus grande lourdeur de ces dernières qui fatiguent davantage sur les luts.
Si l’on était pressé de passer sur-le-cham à une nouvelle distillation ,\ on retireroit du fourneau la cornue ou leflacon avec sa capsule, et on lui en substitueroït un autre, que l’on auroit préparé d’avance pendant la première distillation ; ce qui nécessisteroit alors un double équipage.
Lorsque le vase distillatoire est froid ou tiède , on remue, on agite en même tems toute la matière , en soutenant la cornue , si c'en est une , d’une main sous son cul, et de l’autre par son col ; on Ôte ensuite la tubu- lure avec la main qui soutenoit son col, et on la renverse promptement, en M , à dif-
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férentes reprises, le résidu sur la tubulure pour en faciliter la sortie. On tient pour lors la cornue d’une main par son col, et on ap- puie l’autre lésèrement sur le tour de sa panse
our l’empêcher de vaciller. Les vaisseaux dans lesquels on transvase les eaux et la ma- tière des résidus des vases distiilatoires doivent être en grès ou terre, ou en plomb, plutôt qu’en bois , à moins que ces derniers ne soient des bariques à huile |, moins sujettes à se des- sécher dans la partie qui s’élève au-dessus de la liqueur ; autrement on court risque d’en perdre une grande partie chaque, fois qu’on y en transvase.
Il est plus à propos de dégager les cornues ou flacons lorsqu'ils sont encore tièdes , ce qui a lieu le lendemain matin par une suite de la chaleur du bain de sable, que lorsqu'ils sont tout-à-fait froids, et crainte de la cristallisation du sulfate de soude , dont il faudroit alors fon- dre les gros cristaux avec de l’eau chaude, s'ils ne pouvoient passer par latubure. Néanmoins ce cas n’est susceptible d'arriver que lorsqu’on n’a pas mis assez d’eau, et que l’on a attendu plusieurs jours à transvaser les résidus. Il en seroit de même que pour le sulfate de soude, à l’ésard des espèces de croûtes que forme le muriate mal pilé , mal séché ou mal mélangé ; pour celui-ci on ne peut le détacher du fond de la cornue qu’à force d’eau chaude, versée à différentes reprises successives. Il est essentiel au surpius de ne laïsser aucune croûte n1 dé- pôt de muriate ou de matières dans les vases que l’on vuide, à moins que l’un ou l’autre ue soit mobile : auquel cas il y a moins ou
DÉSFMOTLES LTÉE RS etc. 87
pas de danger à courir. Mais alors si l’on est pressé de se servir de ces mêmes vases sans les avoir entièrement dégagés, on a l’at- tention de ranger sur le côté les croûtes ou matières en dépôt ; elles y sont moins exposées au coup de feu , laissent à l’acide sulfurique que l’on doit verser , plus de facilité pour pénétrer autour et les imbiber.
Afin que l’odeur , qui s’exhale des vases à distiller lorsqu'on les dégage de leurs résidus, n’incommode pas , on peut y verser d'avance une lécère eau de lessive, même celle de rebut : l’odeur est arrêtée à l'instant. Ce ver- sement peut avoir lieu après la distillation finie, et suppléer l’eau ordinaire dont on a coutume d'étendre le marc des cornues ou flicons. Dans le moment du jet de ces eaux lixiviellesil se fait une vive effervescence : on ne doit donc les verser qu’à différentes re- prises , et attendre que l’écume qui s’est élevée soit tombée , au moins en grande partie.
L’acide muriatique oxigéné, fait de cette manière , a une odeur des plus vives et des plus pénétrantes, que l’on ne peut respirer quelques instans sans risquer d’être fortement incommodé de la toux la plus opiniâtre : elle est même telle quelquefois que l’on tombe- roit à la renverse et sans connoissance, si l’on s’obstinoit à vouloir continuer de travailler, le nez sur cette odeur. Les rhumes de cer- veau , de poitrine , le mal de tête, le pico- tement des yeux , le saignement de nez, l’aga- cement des dents , des douleurs dans les reins, dans les lombes, dans les muscles des cuisses,
_€t même le crachement de sang, sont les in-
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commodités ordinaires auxquelles l’on doit s'aitendre si l’on veut faire usage de l'acide muriatique Gxigéné avec odeur, et tel qu’il est prescrit dans les annales de chimie ; il est impossible même que l’on résiste plusieurs jours de suite à un métier aussi destructeur de la santé , siles luts ne sont pas bien soignés, et si les baquets d’immersion ne sont pas cou- verts et placés dans un atelier où règne un grand courant d'air. Je suis persuadé, au surplus, qu’il n’est peut-être personne qui ait été dans le cas d’éprouver autant de mal que moi à ce sujet, attendu l'espèce d’entêtement que je mettois à vouloir perfec- tionner ou plutôt rendré d’une facilité plus générale , commode et utile cette sorte de blanchiment ; il n’est pas jusqu'aux alimens que je prenois que je ne fusse forcé de rendre, par la forte expectoration à laquelle j’étois exposé, sans pouvoir en outre reposer pen- dant des quarante-huit heures de suite, cra- chant et rendant continuellement des eaux âcres et piquantes, des yeux et du nez, en telle abondance, sur-tout par les yeux, que j'étois quelquefois cinq ou six heures sans pouvoir les ouvrir, tant les nerfs en étoient affoiblis. Ma situation , dans de tels momens, étoit si désagréable que je ne pouvois rester couché un moment sur le dos, et très-peu de tems sur le côté. La meilleure de toutes les positions étoit de se tenir debout ; mais j'étois bientôt obligé de m’asseoir ou de me coucher, par les douleurs que je ressentois en toussant, dans les muscles du dos , des reins et des çuisses.
DES TOILES, rx ms, etc. 59 La difficulté ou plutôt l'impossibilité de ré- sister long-temps à un travail aussi pénible, m'avoit fait inventer un masque de carton avec des yeux de verre, qui me permettoit , jusqu’à un certain point, de travailler pen- dant quelque tems le nez sur les baquets d’immersions , de retourner, presser et tordre les marchandises sans crainte d’incommodité bien grave. Je me servois, par fois, aussi d’un mouchoir mouillé ou imprégné d’eau de les- sive , que j'attachois au tour de ma tête pour me préserver le nez et la bouche de toute odeur ; mais l’un et l’autre de ces moyens n’é- toient, pour ainsi dire, que des palliatifs. Comme ïl est très-essentiel de se pré- server de semblables accidens , ou au moins d'en diminuer la force, on sera peut-être bien aise de savoir que j'ai remarqué , avec plaisir, que du suc de réglisse noir, que je suçois et machois, auparavant d’être exposé à respirer aucune vapeur, produisoit presque toujours un bon effet, tel que celui de di- minuer la toux, et par fois de m’en préserver ; aussi j'avois la plus grande attention d'en sucer , quand j'appréhendois de respirer du gaz , en usant d’ailleurs ou de mon mouchoir mouillé ou de mon masque. | Du sucre fondu dans de l’eau tiède ou froide , et bu lentement et à petite gorgée, appaisoit aussi beaucoup la toux , maïs ce n’é- toit qu’à la longue; celle tiède étoit un peu plutôt efficace. J'e faisois aussi par fois usage d’une boisson de lait. Néanmoins lassé de souffrir et de ne pou: voir poursuivre mes essais de blanchiment
60 IBLANCHIMENT
aussi commodément que je le désirois , j'ai cherché à faire de l'acide sans odeur , sans cependant trop le renchérir. Voici le pro- cédé qui im’a réussi le mieux : il consiste seu- lement à mettre sur la quantité d’eau indiquée pour chaque tonneau un quarteron tout au plus de carbonate de potasse ou de soude par chaque livre de muriate de soude qui a été mise dans le mélange des compositions. Cette quantité sufhit pour arrêter absolument l’odeur de l’acide, et permettre de travailler, le visage découvert, sur la liqueur dont l’odeur est ainsi neutralisée, sans risquer d’en être nullement incommodé. On peut disposer son eau à cet effet de deux manières, ou en faisant fondre d'avance sa potasse clarifiée que l’on verse dans le réservoir d’eau destinée à en remplir les tonneaux , ou à ne la verser simplement dans ces derniers que lorsqu'elle est fondue, clarifiée et tamisée séparément , et que l’on remplit les tonneaux ; cette dernière manière est à préférer. Pour cet effet, après être fon- due à courte eau, on la jette à différentes re- prises au commencement et à la fin du remplis- sage. Ces précautions sont sur-tout à prendre quand le tonneau a des faux fonds, parce qu'’alors cette eau de potasse se mélange moins vite. J’observerai ici que les faux fonds, bien loin d'être placés horizontalement doi- vent être un peu inclinés du côté du trou de communication par où se dégage le gaz d’un fond à l’autre. Cette inclinaison empêche qu’il ne reste de la liqueur lorsqu’on la soutire ; ce qui pourroit arriver sans une pente décidée vers le trou de communication, ;
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DES TOTLES, rMÂLS;letc 6
Toutefois si l’on veut faire d'avance une eau de potasse ou de soude propre à en remplir les tonneaux , elle doit être étendue de manière qu’elle ne marque pas au-delà d’un degré sous zéro de l’aréomètre de Mossy déjà cité; mais cette disposition devient em- barrassante et demande plus de soin et de baquets, et par conséquent d'emplacement,
& sans pour cela m'avoir paru devoir être pré- * férée à celle de verser directement, comme
il a été dit de la potasse fondue à courte eau.
Il arrive cependant quelquefois que les dernières eaux soutirées ont un peu d’o- deur , ou parce que les agitateurs n’ont pas été remués assez souvent ou parce que les sels tendent toujours à se précipiter au fond du tonneau. Pour éviter cet inconvénient, on peut réserver une partie de son eau de po- tasse, environ un quarteron ou demi-quar- teron , que l’on ne transvase dans le tonneau, qu’une demi-heure avant d’arrêter la distilla- tion ; on remue alors l’agitateur , et les eaux supérieures sortent de même que les autres, sans odeur , la combinaison s’en faisant sur le champ. Le même effet a lieu si l’on jette cette eau de potasse dans les bouteilles ou vases, qui servent à soutirer l’eau, il suffit d’y verser quelques verres de lessive , et de couvrir et boucher de suite le vaisseau. Afin
. que la potasse fondue séparément et que l’on
jette dans le tonneau en le remplissant d’eau, ne soit pas exposée à rester en partie sur les fonds au préjudice de l’eau inférieure, on la verse dans des tuyaux en plomb ou en bois (fig. 11 et 12, planche première), qui
62 BLANCHIMENT
d’un bout reposent au moyen d’un collet sur chaque fond après les avoir traversés , et de l'autre ont leur orifice ou embouchure sur le couvercle du tonneau ; par cet expédient l’on est sûr que la potasse qui doit être versée dans l’entre-deux de chaque fond, y sera spécialement déposée ; d’un autre côté comme les eaux supérieures sont descendues insen- siblement par une suite du soutirage de la
liqueur sous les cuvettesinférieures, et qu’elles :
finissent par s’y charger des sels qui leur manquent, et qui y sont toujours plus ou moins en dépôt tant à raison de leur pesan- teur propre que du peu d’eau qui reste tou- jours au fond du tonneau , et qui finit par s’en souler , l’on a soin de ne verser sur le premier fond, c’est-à-dire sur celui du tonneau même, que les quatre sixièmes de la potasse , on réserve les deux autres sixièmes pour la deuxième cuvette ou le premier faux- fond , et on ne les verse dans le tonneau qu’en finissant de l’emplir , ou après l’avoir- rempli entièrement, ce qui est à-peu-près in- différent.
Au surplus l'attention pour la distillation de l’un et l’autre acide est la même , ainsi que les doses de chaque matière ; la différence existe dans leur odeur et aussi dans leurs effets, ce que l’on verra en son lieu. Leur couleur est absolument la même. Celle à po- tasse a seulement quelque fois un œil moins limpide, sur-tout les premières potées à cause du dépôt des sels qui sont remués par un effet de la rapidité avec laquelle elles sortent du tonneau : la même chose arrive lorsque
DES tTouLrrs, Mrs, etc. ‘63
le baquet a été fraîchement peint , auquel cas la liqueur décompose la peinture , s'empare de l'huile, et sort ainsi sous l’apparence d’une eau savonneuse ou laiteuse.
Au lieu de verser , ainsi que je viens de le dire, de la potasse dans le tonneau, je me suis servi maintes fois du moyen suivant. Pour éteindre le montant de la liqueur versée dans le bac à immersion , je jettois sim- plement l’eau qui tenoit dissoute ma potasse dans un ou deux seaux , je la dispersois de suite sur la surface de la liqueur con- tenue dans le bac, et cette aspersion suf- fisoit pour arrêter l’odeur suffoquante qu’ex- hale le gaz acide muriatique ; souvent je me suis aussi servi avec non moins d'avantage de la craie en poudre.
Au reste je ne me suis décidé à faire cette nouvelle liqueur sans odeur, qu'après avoir vérifié maintes fois que de la manière et aux doses indiquées dans les Annallesde Chimie, il étoit impossible de résister long-temps aux difficultés qui en étoient le résultat. On fini- roit même, je pense par renoncer à cette mé- thode de blanchir, si l’on vouloit opiniâtre- ment s'obstiner à la suivre à ia lettre, de préférence à celle que j'indique ou toute au- tre analogue.
Une observation particulière que je ferai ici, c'est de ne pas onblier de remuer ou tourner l’agitateur plusieurs fois de suite au moins tous les quarts d'heure ou demi-heures, pour favoriser davantage l’absorption du gaz dans l’eau, et détruire plus facilement toute odeur de l'acide par sa combinaison avec la
64 BLANCHIMENT
potasse. Autrement dans le cas de l’un ou l’autre acide , le gaz logé sous le premier fond ou la première cuvette pässe trop tôt dans la deuxième : on ne doit chercher à l’y faire passer que lorsque l’eau contenue sous la première est jugée en être en quelque sorte saturée.
Il est encore à remarquer que lorsqu'une fois l'on a adopté un tonneau pour faire l’une de ces liqueurs , on ne doit pas le changer pour en faire tantôt de l’une tantôt de l’autre, parce que rien ne détruit davantage le ton- neau et l’agitateur. Lorsqu’au contraire on se sert toujours du même tonneau pour la même liqueur , l’on ne s’apperçoit presqu’en aucune mamière de l’action de l’acide muria- tique.
J’observerai enfin que l’on peut augmenter à volonté la force de la liqueur , en mettant moins d’eau dans les tonneaux, ainsi que l’annonce Berthollet. J’en ai fait plusieurs fois entre dix et douze degrés de concentration à l’aréomètre de Mossy ; elle avoit en cet état un œil jaune citron bien décidé, tirant un peu sur le verd : cette liqueur étoit sans
potasse et destinée pour des usages particu- liers.
CHAPITRE
DES TOILES, FILS, etc. 65
F
LC He ile Be Mo biix NUARL Des Lessives.
La manière de faire les lessives n’est point indifférente tant pour l’économie du temps que pour celle de l’alkali. Voici celle que je conseille de pratiquer d’après monexpérience,
ue l’on m'a assuré depuis être ceile en usage dans l’Irlande ; tout le monde sait que le blanc des toiles qui viennent de cette Île est très.es- timé. Je me suis au surplus toujours très-bien trouvé de l’emploi de la méthode que je vais expliquer.
- Sur une espèce de champagne en fer formé de deux ou trois cercles concentriques assem- blés par des traverses de même métal ( voyez planche IT, fioure 1, 2, 5et 4) et posé sur le fond d’une chaudière scellée à demeure pour l’économie du combustible , sont couchés par plis et lits tant les toiles que fils, etc. lors-
_ qu’on a de ces diverses marchandises à lessiver, . lestoiles doivent toujours être placées au fond. La chaudière chargée, on y verse de l’eau aikaline à un degré et demi-sous zéro de l’aréomètre , et en quantité suffisante pour que tous les objets couchés dans la chaudière soient baïgnés et couverts au moins d’un pouce ou deux , sans être trop foulés. On peut aussi verser l’eau hxivielle à fur et mesure du char- gement. Cette méthode me paroïitroît préfé- rable, si l’on ne craignoït pas trop le tasse-
.* = re - , ! ment des pièces. Afin que cellés-ci nes élè-
66 BLANCHIMENKT
vent point trop et au-dessus de la lessive , un plateau en forme de couvercle est disposé sur la chaudière : il sert en même temps à conte- nir la chaleur et à empêcher qu’il ne tombe sur les toiles des ordures, soit des toits, soit d'autre part.
On juge que les pièces sont bonnes à re- tirer de la lessive, lorsque cette dernière, sous le couvercle et au milieu du niveau, est chaude au point de ne pouvoir y tenir la main ou qu’elle frémit sur le pourtour de la chau- dière, ce que l’on reconnoît par les bulles blanches qui s’en échappent et en sont ren- voyées vers le milieu. Il n’est pas nécessaire que la lessive bouillonne, l’essentiel est qu’elle soit assez forte, abondante, chaude, et qu’elle pénètre ou imbibe en outre comme il faut les marchandises qui y sont soumises. Sou- vent même après que les dernières étoient dé- cruées et égalisées, je me contentois entre deux immersions de les plonger quelques minutes dans de la lessive, bien éloignée d’avoir la chaleur indiquée ; les toiles et les bas que je baignoïs ainsi n’en blanchissoient pas moins bien.
Afin d’avoir une donnée qui éclaire sur le temps, employé à un bouillon de lessive , je préviens que trois milie six cens pintes d’eau Lixivielle dansunechaudière ainsi montée sont chaudes au point de bouillir dans l’espace de irois quarts d'heure au plus , et que si on fai- soit usage du charbon de terre , il faudroit uu tiers moins de ce combustible que si on employoit du bois.
Lorsqu'il s’astt de retirer les marchandises
DESTOILES, FILS:, etc. 67
de la chauüière , on lève les cordes ou chaînes fixées au cercle extérieur de la champagse, on en passe les anneaux au crochet d’une grue ou poteau placé sur le côté de la chaudière , en la faisant ensuite tourner on transporte toute la cuvée placée sur la champagne, lors- qu'elle a égoûté pendant le temps nécessaire au-dessus de ladite chaudière , sur des che- vrons placés au-dessus des baquets destinés à recevoir cette même champagne et la portion de lessive qui peut encore s’en égoûter ; après cela on retire les toiles, etc. successivement pour les presser ou les tordre et les rincer ensuite à la rivière, si le propriétaire en a la commodité , ou être fouléesà cet effet s’il aun moulin à sa disposition, et ce toutes les fois qu’elles sortent de la lessive ou de son-bouil- lon , suivant la mature des marchandises : car l’on se doute bien que des toiies , bas et fils, ne peuvent être traités de la même manière.
Comme il est essentiel de perdre le moins possible de lessive pour les usages dont je parle , 1l convient de tordre ou presser ces objets avant de les rincer. On peut se servir avantaseusement pour les toiles ( voyez pl. IX , fig. 9) d'en crochet fixé et d’une mani- velle ou croix de boïs, auquel est adapté un autre crochet semblable mais mobile avec la croisée , disposés l’un et l’autre aux deux bonts des baquets destinés à recevoir l’égoût des lessives , entre lesquels crochets l’on passe.et repasse à différentes fois une longueur:déter- minée des pièces de toiles, si leur totalité me peut l'être en une seule.
Quant aux fils, ïls se pressent et tordent
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65 BLANCHTIMENT
à la cheville ; les bas pourroient bien l'être également, mais il vaut mieux pour ceux de coton , les tordre séparément et à la main , à moins que l’on ait l'avantage d’une presse pour l’une et l’autre marchandise, ce qui est moins pénible , plus expéditif et fatigue en outre beaucoup inoïns les marchandises.
Afin d'économiser le feu pour la fonte de l’aikali qu’en emploie lors des lessives neuves ; aussitôt que la vieille a été enlevée de la chau- diere , ce qui peut se faire ou par le secours d’un syphon ou celui d’une champelure ; d’a- près la commodité du local ; on a soin d’y verser de suite la quantité d’eau nécessaire avec la potasse ou soude en nature, cassée en petits morceaux, si l’on n’a pas de son sel, qu’on y fait fondre ainsi pour le lende- main ; la chaleur de la chaudière et de son âÂtre, pour peu qu’il y ait encore du feu et qu’on ait fermé les registres du fourneau et en ayant le soin de couvrir la chaudière de son couvercle, est suffisante pour fondre pen- dant la nuit l’alkali qu’on y a mis le soir: On a l’attention auparavant d’y jeter la potasse, de la réduire en morceaux à-peu-près gros comme des noix , sur-tout lorsqu’elie est aussi dure que celle connue sous le nom de potasse L'Fe dont les pains ont la dureté des pierres, et que l’on ne peut briser facilement qu’à coups de masse sur un pavé de grès , de même que la soude d'Espagne.
La manière de passer les toiles ou autre marchandises au bouillon de lessives, ainsi que je viens de l’exposer, convient particu- lièrement pour des travaux en grand; mais
DÉS TOILES,' FILS, etc. 69
quand on ne s’adonne à blanchir que les bas, bonnets , fils, etc. sans toiles, on peut se servir avec tout autant d'avantage d’une simple chaudière disposée dans l’encognure d’une cheminée , avec un tourniquet ou treuil au- dessus ( voyez planche IT, fig. 4, 5 et 6). Pour l’économie du combustible , elle peut aussi être maçonnée et avoir de plus à l'instar de la grande chaudière ci dessus , une ceinture pour user les vieilles lessives, ne fut-elle que de quatre pouces de hauteur sur autant de profondeur.
Une lessive neuve qui a déjà servi à une toile , n’est pas à rejeter pour cela; comme elle perd un peu de son énergie, à raison de la crasse avec laquelle elle s’est combinée , en l’extrayant de la toile , on la restaure en lui ajoutant un tiers ou un quart de mère lessive prise au réservoir , elle supplée d’ailleurs à celle qui manque par l’ésoût, la presse et le retors ou rinçage de la toile au sortir de la chaudière. On doit jeter au surplus la pre- mière, bouillie deux fois, sur marchandises bises , parce qu'alors la quantité de matières extractives ou de crasses dont elle s’est char- gée, l’a en quelque sorte usée en la rendant en outre noire et visqueuse , elle le devient même par fois au point qu'elle se forme en gelée ou comme du lait caillé lorsqu'elle ré- froidit.
Communement la seconde lessive pour les mêmes objets décrués peut servir trois à quatre fois, en ayant soin de la rafraichir chaque fois depuis le quart jusqu’au tiers de lessive neuve, après quoi on la jette comme les autres
70 Br ANCHIMENT
au dépot; la troisième et quatrième lessives peu- vent servir aussi plusieurs fois, mais sans en ajouter de nouvelles, car elles prennent peu de couleur. En les goûtant,. on s’apperçoit au surplus facilesuent si elles ont un goût encore salin qui pique ou affecte la langue d’une manière sensible. Bien des personnes, les femmes sur-tout, celles blanchisseuses de profession, reconnoissent si une lessive con- serve encore de la force, en la faisant glisser entre leurs doists, elles jugent ainsi de leur qualité, selon qu’elles sont plus ou moins grasses ou glissantes, toutefois l’on peut s’as- surer , jusqu’à un certain point, de la qualité des deux premières lessives, sur-tout en ayant recours à l’aréomètre ; lorsqu'elles marqueront trois degrés sous zéro, à coup sûr, elles sont trop chargées de matières extractives , et elles ne produiroient alors aucun autre effet sur les marchandises que de les roussir en pure perte de temps. On fera bien de soutenir au même degré de force , soit par la restauration soit par la rénovation, les deux ou trois premières lessives données aux mêmes toiles ou fils, sauf à les diminuer ensuite d’un tiers ou d’un quart, attendu qu’une fois que Îa toile ou fil est ésalisé dans sa couleur, ce qui doit arriver à la seconde immersion au plus dans la liqueur, on peut employer uti- lement des lessives d'autant moins fortes, qu'il ne leur reste presque plus d’ordures à enlever et qu'il ne s’agit, pour ainsi dire, que de les éclaircir , en achevant de détacher le peu qui reste fixé dans l’intérieur du tissu ou
du fl.
DES TOLLES, YrL'S,., elic. 7È
Les vieilles lessives usées retirées des chau- dières, sont mises avec celles du même genre provenant des ésoutages, dans des réservoirs à ce destinés, pour s’en servir lorsqu'il s'agira d’attremper les toiles ou fils ou de leur enlever à l’une son parement , et à l’autre la crasse produite par la filature. A l’ésard des lessives provenant soit de la presse, soit du tordage des marchandises , sielles ne sont pas trop colorées, elles sont, comme toutes les autres, rejointes de suite à celles dont elles sont extraites.
Aussitôt un bouillon fait, si la lessive est bonne , seroit-elle restaurée ou non, au cas qu'on soit pressé d’en faire une seconde, l’on peut y procéder sur-le-champ afin de profiter de sa chaleur ; mais pour cela il faudroit avoir une seconde champagne que l’on pré- pareroit et chargeroit d’avance ; cependant si l’on n’avoit que quelques objets à passer en lessive, on pourroit les plonger de suite dans le même bain, sans le restaurer , ni même sans le réchauffer , il suffroiït de tenir la chau- dière couverte et de laisser la marchandise assez de temps pour bien être pénétrée de lessive. Je me suis souvent fort bien trouvé de cette manière de lessiver des toiles, bas ou fils, etc. en petite quantité, et sans même me servir de champagne. On doit observer, toutes les fois qu’on sort celles-ci chargées, de sonder dans le bain avec un bâton, crainte qu'il ne soit tombé des petits objets que l’on pourroit oublier, ils risqneroient d’être brûlés, si on y remettoit ensuite dessus , la champasne
chargée de nouveau. E 4
72 BLANCHIMENT
On remarquera aussi qu'il est rare qu’une pièce à laquelle on a fait subir deux lessives neuves et successives, même lorsqu'elle est bise , éprouve quelque bon effet de celles qu'on tenteroit de donner en sus. La troi- sième qu'on essayeroit de lui donner avec l'espoir qu’elle en tireroit encore beaucoup d'ordures , ne feroit presque rien et seroit à peine colorée. Quelquefois même on re- marque cet effet sur la seconde lessive quoi- que forte. |
Une attention très-importante, c’est d’avoir ses lessives mères toujours claires et limpides autant qu'il est possible, on s’en gouverne mieux d’après les couleurs dont elles se char- gent, lorsqu'on y passe des marchandises. En conséquence les baquets dans lésquels on les dépose doivent être en sapin, attendu que ceux en chène ou châtaignier, quelque bien passés à la chaux qu'ils puissent être, la co- lorent toujours à la longue plus ou moins. IL est vrai que des lessives moims colorées sont à peu près indifférentes pour les deux ou trois premières que reçoivent des piècès bises. Mais il n’en est pas de même lors qu’une fois celles-ci sont égales dans leur couleur : et qu’il ne s’agit plus que de les éclaircir, il est des plus essentiels alors pour l’économie du temps et de la main-d’œnvre que les eaux lessivées soient les plus claires et limpides possible.
Au surplus une mére lessive ou lessive neuve est bonne toutes les fois qu’elle marque à l’aréomètre un degré et demi sous zéro, j'ai remarqué qu'il n’est pas nécessaire qu'elle
DES TOTLES,/FPrIÉS\, etc. 03
soit plus forte ; à un plus haut degré , elle se- roit bientôt aussi sale ou colorée que celle qui l’est moins, et il est inutile de gâter de Ja lessive, mal à propos, comme aussideroussir les marchandises, ces dernières en étant d’au- tant plus difficiles à laver, rincer ou dégorger. On doit même prendre soin de les rincer après Ja lessive , jusqu’à ce que l’eau, si on la passe au foulon , en sorte très-claire , ou si au con- traire on les expose à un cours d’eau, on ne les en retire qu'après avoir reconnu par-ci, par-là, si l’eau qui est exprimée aux endroits tords est aussi très-claire, sans quoi et ainsi que je le ferai remarquer , les pièces mal dégorgsées courroiïent le risque de jaunir, bien loin de blanchir dans le baquet à immersion, de devenir même d’un roux fort tenace et fort désagréable soit par place, si le désor- gement s’est fait ainsi, soit dans la totalité, s'il a été entièrement négligé.
On peut augmenter l’activité de l’alkali fixe ou de la potasse, en jettant au fond de la chaudière, où on la met dissoudre, le tiers ou le quart de son poids en chaux bien cuite et bien blanche et de la meilleure qualité que l’on enferme dans un sac ou nouet de linge. De cette manière , la terre calcaire est moins susceptible de troubler la lessive, ou s’il s’en échappe , elle tombe au fond du vaisseau lorsque la liqueur se refroidit. On pourroit encore faire fondre la chaux séparément , en tirer le lait, et y fondre dedans la potasse, comme dans de l’eau pure ; cette manière se- roit préférable. Il est inutile, pour ainsi dire, ‘de mettre de la chaux avec les potasses
74 Br AN-CHIMæeN.r étrangères ; il paroit qu'il y en.a bien peu qui nen contiennent pius ou moins, sur-tout celles du Nord et aussi celles de l'Amérique.
L'emploi de la chaux m’a semblé au reste produire plus d'effet dans le commencement du blanchissage qu’à la fin, les différentes opérations que les marchandises ont déja subies, la causticité des lessives, les: petits grains de terres calcaires qui pourroïent s’y trouver, malgré les précautions, seroient dans le cas de dégrader davantage le tissu, sur-tout lors du retordage ou de la presse. L'usage de la chaux m'a paru devoir être d’au- tant moins à négliger dans le principe que j'ai cru remarquer que les pièces en acqué- roient plutôt un blanc décidé.
Comme il peut arriver que les chaudières à lessives soient dans le cas de se relâcher à l'endroit de leur couture, et que souvent, loin des chaudronniers, l’on se trouve embar- rassé, j'ai pensé qu’on seroit bien aise de con- noître le moyen suivant d'arrêter la filtration de l'eau ou de la lessive. Il consiste à dé- tremper de la chaux, éteinte à l’air et passée au tamis de soie, dans une petite quantité de fromage blanc, dit à la pie; on l'y remue sans cesse , et on ajoute successivement de la chaux jusqu’à ce que le mélange commence à acquérir une certaine consistance ; l'endroit malade étant bien essuyé, on y applique de suite ce mastic, bien fermement, en l’éten- dant et adoucissant sur les bords le mieux que l’on peut. Bientôt le mastic se durcit, et l’on continue de faire usage dela chaudière comme
O L L] . LU LA auparavant. L’on bouche, ainsi avec facilité
DES TOILES," FILS, ‘etc. 75
toute espèce de petit trou sans démonter la chaudière.
Du levain auquel on mêle , comme ci-des- sus, de la chaux éteinte à l’air et tamisée, peut être employé aussi utilement. J’ai eu oc- casion de me servir de ces deux mastics , il ne semble pas que les sels exercent dessus aucune action , ou si cela est, ce n’est que d’une ma- nière peu sensible,
Comme i] peut être avantageux dans certains endroits aulieu d'employer la potasse, des'ap- provisionner par préférence de salin, lequel, actuellement que les droits de péage sont supprimés, peut revenir à un tiers meilleur marché que ci-devant ; je vais enseigner la manière de le calciner ou lui enlever sa partie colorante avec laquelle il est combiné. Un four ordinaire de boulangerie peut aisément tenir lieu, au moins provisoirement, de four à calciner; on le chauffe en conséquence, comme si l’on avoit à cuire du pain, en ayant soin seulement de ranger le bois sur lun des côtés, pour que la partie de l’âtre qui reste libre, soit bien échauffée par la flamme qui reverbère et circule dessus. On jette ensuite le salin roux sur la partie vuide de lâtre du four , pourquoi l’on se sert d’une pelle quelconque ; même de la pelle à en- fourner le pain. On peut en mettre sans crainte deux à trois pouces de hauteur sur toute la surface de l’âtre libre jusques et près de cinq à sx pouces de la gueule, et afin que le charbon du menu bois tombe dessus le moins possible, en pétillant, rou- lant ou s’éboulant, on place du côté du salin
76 BrAwCcHaMaeX r
de grosses et longues buches , ou les plus gros paremens de fagots, si ce sont de ces derniers que l’on destine pour la chauffe. On a l'attention de remuer, retourner et sil- lonner souvent le salin dans le commencement; on peut très-bien se servir pour cela de la patte coudée du fourgon. La précaution de remuer souvent lesalin est des plusessentielles, afin qu'il s'attache le moins possible au pavé du four, autrement on courroit le risque de ce qu’on appele, en termes de lart, la ÿu- sion aqueuse. I] est des salins qui d’abord qu'ils sentent le feu, pétillent plus ou moins : cela ne doit pas étonner, ce pétillement n’est autre chose que la décrépitation du muriate de soude ou du sulfate de potasse qui se trouve presque toujours dans toute espèce de salin de cendres ; quelquefois aussi c’est une suite de leur sophistication, ceux de Lorraine y sont plus sujets que d’autres. On continue de chauffer de plus en plus le four et de remuer le salin jusqu’à ce qu’il ne fume plus et que de noir ou fuligineux qu’il devient d’abord, il commence à devenir blanc dans toutes ses parties. tant dessus que dessous ct dans son intéricur.
On notera que lorsqu'on enfourne le salin, le four ne doit guëres être plus chaud que pourcuire le pain ; si même on a à s’en servir, on le peut avec avantage quand le pain est défourné, le four étant déjà échauffé, il faut moins de bois pour le porter au degré con- venable pour la calcination.
Autant comme il est possible , une fois que le salin blanchit, l’on soutient le feu
DES /T O LENS 9 © ILES + etc. 77
sans l’augmenter , et l’on a très-grand soin d'empêcher que par une trop vive chaleur, il ne se forme ce qu'on appelle des grumeaux ou gateaux que l’on a lattention au surplus de casser ou rompre en petits morceaux avec le crochet du fourgon, car le dedans de ces gateaux risqueroit, quoique blancs en déhors, d’être encore noir, ce qui dans la dissolu- tion rendroit l’eau colorée , et nuiroït à l'effet de lalessive qu'ilest important d’avoir toujours des plus claires et des plus limpides, attendu que le salin mal caiciné ou non calciné donne à l’eau qui le dissout une couleur jaune noi- râtre semblable à celle d’une vieille lessive très-chargée, comme celles qui ont servi des premières -aux toiles ou fils.
Quand le salin paroît blanc par-tout et qu'il semble rouge :à certains endroits lors- qu’on le retourne | alors il est temps de le retirer du four; onabat donc doucement le feu, et on ne le soutient que pour voir clair à défourner. Puis avec le rable, sion en a fait faire exprès, ou le croc du fourgon, on l’attire à la gueule et on le jette dans des caisses de pierre de tôle, ou dans des chau- dières ou marmites de fonte assez grandes _pôur contenir la fournée. On laisse retomber
le feu jusqu’au point convenable, si l'on a une seconde fournée à faire , et on s’y prend de la même manière, avec l’aitention seule- ment de remuer plus promptement le sel dans le commencement de cette seconde mise, parce que l’âtre est toujours un peu plus chaud que lors de la première fournée. Enfin au- tant qu’on peut, on tâche de préserver le
78 B LAN C HSM EN salin des charbons qui s’échappent du bois en pétillant, quoiqu'ils ne doivent pas in- uiéter absolument , parce qu’ils nagent sur la surface de l’eau de la chaudière dans ia- quelle on ie fait fondre lorsqu'il est calciné, et on les enlève alors aisément avec l’écume qui ynage aussi et qu'il fournit ordinairement, inais en moindre quantité que la potasse pro- prement dite, en ce qu’il ne subit point un feu aussi violent qui décompose toujours plus ou moins ce sel, mélangé souvent de terre calcaire , etc. ou autre, avec lequel on ie cai- cine , soit pour ajouter à sa causticité , soit pour gagner sur le poids. Le charbon et l’es- sence du salin dissout ne sont pas cependant à rejeter, on a soim au contraire de les dé- poser sur un linge placé dans un tamis au dessus des baquets ou réservoirs à lessives neuves ou mères. Comme l’une et l’autre subs- tance contiennent encore ‘un peu de sel, on. verse dessus de l’eau à plusieurs reprises, enfin on les jette dans le four à la première fournée. '
Si l’on a bien soigné la calcination de sen salin , il ne reste pas de croûtes sur le pavé du four ; mais quand il y en auroit , le four en seroit pas moins bon pour cuire le pain. La différence seroïit qu'aux endroits des croûtes , il seroit plus inégal ou moins uni. Au reste, on retirera facilement les croûtes ou avec un marteau quand elles sont encore tièdes , ou même avec le rable quand le four est froid et que le salin a ‘attiré un peu l'humidité de l'air, pour lôrs le moindre choc suffit pour détacher tous les morceaux qui
DES TOILES, FILS, etc. 7ÿ pourroient être restés collés au pavé du four. (1)
_ Le salin perd de douze à quinze pour cent lorsqu'on le réduit en potasse, selon qu'il est plus où moins humide au moment où on l’enfourne. |
La manière de calciner le salin que je viens de décrire , est, comme l’on voit, à la portée des personnes des deux sexes. J’ai vu une femme à qui j'ai montré cette manière de calciner, s’en acquitter à merveille. Dans un four de la contenance de deux boisseaux de bled pesant chacun vingt-cinq livres, l’or peut calciner facilement cent livres de salin dans trois à quatre heures, en une seule four- née et sans qu'il‘en coûte plus de douze à quinze sols de boïs ou fagots tels que ceux avec lesquels on cuit le païr.
Après avoir donné la Connoissance de la manière dont on peut calciner le salin, il ne sera peut-être pas indifférent d'indiquer celle d’en faire avec les’ vieilles lessives, usées, hors de service, et qui ne sont bonnes autre- ment qu’à jetter déhors: Voici comme je con- seille de sy “prendre : ‘au lieu de cou-
(x) J’ai eu occasion en l'an II de la République, de m'occuper particulièrement.de la recherche de certaines substances propres à faire de Palkali par l’incinération. Ceiui du marc ou des rafles de raïsin m'a paru entr’äütres devoir fixer l'attention des personnes’qui se livient à la fabrication de la potasse. Jai en conséquence inséré à la fin de cet ouvrage les deux; mémoires que j’adressai dans le-tems aux diftérens comités de la Convention dationale, chargés d’exciter spécialement le zèle des citoyens vers les moyens les plus propres à äpprovisionner les ateliers de salpètre de l’alkali végétal qui leur étoit nécessaire.
80 B L'AIN CH IMMEN T vrir de maçonnerie l’espace qui reste au-
dessus des anses de la chaudière à iessive ,
scellée à demeure , comme je l’ai dit plus haut , il faut faire rapporter depuis les oreilles jusqu’au haut de la chaudière une ceinture ou contre-chaudière , formant un canal tout au tour. La chaleur qu’éprouve ce canal , léché continuellement par la flamme.et rempli de vieilles lessives, les réduira promptement par la forte évaporation qu’elle occasionnera. Cette eau ainsi évaporée et bien épaissie , sera versée dans une chaudière ou marmite de fonte , disposée en conséquence sur un four à calciner, construit exprès ( Voyez à la plan- chellf, les fig.7, 8,0, 10 et 11.) ; car il faut bien prendre garde de laisser dessécher tout- à-fait dans les ceintures l’eau de lessive qu’on y jettera ; c'en seroit assez , le cuivre n'étant plus mouillé , pour le brüler ou l’oxider. Les lessives réduites à pellicule dans les évaporatoires désignées , sont, ainsi qu'il a déja été dit , transportées dans la chaudière de fonte , où elles seront réduites à siccité, sans aucune crainte de casser ladite chau- dière , sur-tout si-elle esten fonte grise douce, leur résidu y est remué le plus souvent possi- ble , sur-tout vers la fin de la dessication , afin de l'empêcher de s’y attacher, ce qui dans ce dernier cas forceroit peut-être alors pour l'en retirer de l’y casser à coups de ciseaux et de marteaux, à moins qu’on ne voulüt ou eût le temps d’aitendre qu'il s’emparât assez de l'humidité de l'air, ou de l’eau dont on pourroit foiblement l’asperger, pour qu’il pût céder sans grande résistance. Afin
DES TOILES,-FILS, etc. 61
Afin de profiter dans tous les temps de la chaleur de l’évaporatoire , l’on aura l’atten- tion de le heu de lessive, aussitôt que celle réduite jusqu’à pellicule en aura été retirée, et dans le cas où il n’y auroit plus de lessive à évaporer , on y mettroit de l’eau ordinaire pour empêcher le cuivre de fondre, sauf à la retirer dans le besoin avec un syphon ou par le moyen d’une champelure.
L'on peut encore très-utilement mettre à profit la chaleur qui se perd dans le tuyau de la cheminée au sortir de la chaudière à lessive , il ne s’agit que de disposer entre celle-ci et le même tuyau une autre chau- dière, destinée principalement à évaporer les vieilles lessives qui, après avoir obtenu un certain degré de concentration, seroient trans- vasées dans la ceinture de la chaudière indi- quée ci-dessus, à l’effet d'y subir la réduction nécessaire , pour delà être versées en dernier lieu dans la chaudière ou marmite de fonte, où elles doivent acquérir la consistance du salin. Ces diverses chaudières peuvent être établies d’une manière très-proftable.
CHEAP: E FE RyE:. V D IL
Préparation à donner aux diverses mar- chandises.
La préparation à donner à la toile avant son immersion dans l’acide muriatique oxi- géné, consiste, 1°. à la faire tremper douze heures environ dans l’eau , pour en dissoudre
F
82 BLANCHIMENT et détacher l’apprêt ou parement, lequel n’est pour l'ordinaire que de la colle de firine ou de l’amidon. Si c’est dans un baquet qu’on la fait tremper , elle doit y être bien libre, cou- chée par plis, et couverte d’eau. Si c’est dans un ruisseau ou une rivière, elle doit être exposée au courant , après l’avoir fait atta- cher à un piquet placé à cet effet. Il seroit beaucoup mieux de former une espèce de ré- servoir garni en planches tout au tour , etdans le fond, afin que les toiles qui y nageroient _ne fussent pas exposées à s’accrocher , ni se sälir. On y feroit entrer et sortir l’eau par le moyen de deux écluses. Les toiles ainsi trern- pées pendant le temps convénable, on les enlève plis par plis, puis on les presse, où tord à la manivelle semblable à celle de la chaudière ( fis. 9, pl. IX), ou bien si l’on ei a le temps, on lui donne celui de s’ésoûter elle-même sur un chevalet. Quant aux toiles contenues dans des baquets, comme l’eau en devient fort chargée et toute rousse , il ne se- roit pas mal de les remettre en nouvelle eau, pour lès y piétiner jusqu’à ce que l’éau en sorte à-peu-près claire. On ne sauroit d’ail- leurs prendre trop de soin pour en faire dé- tacher tout le parement. La toile en devient plus disposée dans l'opération suivante , à s’ouvrir et se débarrasser des parties extrac- üves qui la colorent. Un moulin à foulon se- roit au surplus préférable pour ces sortes de dégorsemens: _ La seconde opération que doit subir la toile après son déparément, c’est la macération, qui consiste à la faire tremper dans de la
oo mm mt à des me eue ne € Ce ne Ce ES Sn En om nn 0 à — — qe mn te me ee ti Re re le comte rt
DES TOILES," FILS, etc. 83
vieille lessive , pour ainsi dire usée, mise de côté et en réserve pour cet usage. Dans les baquets à macération , les pièces sont aussi couchées par plis , non-seulement pour qu’elles tiennent moins de place, mais aussi pour qu'elles soient moins froissées , et que la ma- cération s’en fasse plus également. On fait ensorte que la lessive surpasse la toile , etafin que celle-ci ne s'élève pas , on met dessus des planches chargées exprès; ou mieux encore on dispose ces dernières de telle sorte que, sans presser les toiles , elles s'opposent seu- lement à ce qu'il ne s’en élève point au- dessus de la liqueur. Aïnsi rangées, on les laisse séjourner dans cette vieille lessive quarante-huit heures au moins , même en été, et sans rien craindre. Pour plus de sureté ce- pendant , on se gourverne selon la chaleur de l'atmosphère. On reconnoît que la macéra- tion se détérmine et produit son effet, quand la lessive se couvre d’une infinité de bulles blanches , qu’elle commence à renvoyer une odeur fétide, et que la toile , tant au-des- sus que dessous et dans son milieu et pour- tour , est d’une belle couleur rousse-jaunâtre, de grise ou noire qu’elle étoit auparavant sont immersion. Du moins est-ce ainsi que celles de Picardie sont presque toutes, attendu le rouissase des lins sur les prés , 'où les ordurès bien loin de s’en détacher commé dans le rouissage à l’eau , s’y fixent et s’y colorent encore davantage. Cette macération est accé- lérée , si l’on se sert de vieille lessive chaude , telle que celle qu’on rejette des chaudières. On ne sauroit croiré combien la macération Era
84 BLANCHIMENT
dansles vieilleslessives, ainsi souvernée avance la toile, elle fait autant que deux lessives de coulage ou de bouillon; ce qui écono- mise, comme l’on voit , le temps, le feu et la main-d’œuvre.
Au lieu de macérer les toiles dans de vieilles lessives , je me suis servi quelquefois avec avantage d’un bain froid d’eau ou de lait de chaux, les toiles grises au sortir du déparement et quelquefois même sans avoir subi cette pré- paration , y ont été plongées ; après y avoir resté seulement cinq à six heures, elles en sont sorties d’un jaune roux, et disposées à bien s'ouvrir à l’action des lessives.
Afin que les pièces mises à macérer ne soient pas trop pressées contre le fond des ba- quets , on peut y mettre des claies d’osiers blancs ou de simples bâtons croisés et dé-
ouillés de leurécorce:il en est de même pour celles mises à se déparementer. Cette première opération n'a lieu que pour ménager davantage les lessives , car quand onest pressé, l’enlève- ment de l’apprèt , c’est-à-dire de la salive des fileuses et de la colle des tisserands , se fait également dans de la vieille lessive , lorsque la toile subit la macération.
La toile macérée au point où on la veut, on la retire après avoir soutiré la lessive, on la tord ou presse comme il a déja été dit, et on la rince à la rivière ou dans un baquet en l'y piétinant jusqu’à ce que l’eau qu’on y verse à fur et mesure, en sorte claire, ou mieux encore on la passe au foulon, si on en a un à sa disposition. ( Voyez les plans et dé- tails de celui représenté dans Les planches IV
DES TOTTL ES, FES, etc. 85
et V.) Au sortir du foulon, du baquet, etc. on la laisse égoûter sur elle-même après l’a- voir déposée sur umchantier propre à cela, où on la presse encore, ou tord à la manivelle, de manière qu’elle ne soit que moite ou hu- mide , la trop grande quantité d’eau dont elle seroit imbue affoibliroit l’action de l’acide muriatique oxigéné. |
Si l’on n’avoit pas l’avantage d’un foulon, mais seulement celui d’un cours d’eau, on pourroit hâter le lavage de ces sortes de pièces , en les battant sur un pont établi à fleur-de-l’eau , avec des battes de teinturiers , qui sont des espèces de fléaux très-propres pour cela.
Il est à propos de veiller à ce que les ba- quets ou autres vases de bois dans lesquels on fait tremper et macérer les diverses marchan- dises soient exempts de toutes gercures ou éclats, autrement elles risqueroïent d’être dé- chirées par l’effet de leur soulèvement, qu’oc- casionne le gonflement produit par la fermen- tation.
Ce que nous venons de dire par rapport aux toiles de lin ou de chanvre, doit être appliqué à celles mêlées de coton, en proportionnant d’ailleurs la durée du déparement et de la macération à la grossièreté ou finesse de leur tissu.
Une attention particulière lors du rinçage ou dégorgeage des toiles au sortir du dépare- ment ou de la macération , et même des pre- mières lessives ou bouillons , c’est de les bien frotter avec du savon noir , et ensuite les dé- gorger sur-tout dans Ja longueur SE ie li-
06 BLANCHIMENT sières ; cette partie du tissu étant toujours
plus serrée que le reste, demande à être très-assouplie pour être plus ouverte à l’action des lessives et des acides. Sans cette précau- tion , il faudroit peut-être, lors des diverses mains-d’œuvres, les frotter à la main séparé- ment , elles retarderoïent donc ainsi le blan- chiment en exigeant quelques bains de plus, autrement on courroit le risŒue de voir ces parties d’un blanc moins décidé que les au- tres. Le rinçage et le désorgeage bien faits dans l’origine peuvent influer beaucoup sur la beauté et l'égalité du blanc, en même temps que sur son accélération. Au sur- plus le savonnage sur toute la pièce après la dernière lessive et le rinçage et dégsorgease, jusqu’à eau claire, ne peut qu'être très- avantageux , principalement aux fines toiles. On ne doit donc pas craindre de recomman- der cette manipulation particuliètæ tant après la macération qu'après la dernière lessive, le blanc qui en résulte par suite de cette dou- ble opération n’en est toujours que plus bril- lant et plus solide.
Il est bon d’ajouter qu’il seroit aussi très- utile de procéder avec la même attention au dégorgement ou rinçage des toiles après cha- que lessive ou bouillon qu’elles subissent. Cette main-d'œuvre , bien exécutée , influe, plus qu’on ne pense, sur la solidité du beau de plusieurs des toiles dont la qualité est répu- tée dans Ie commerce : je ne citerai entr’autres que celles dites de Laval, qui, après leurs apprêts, présentent le plus beau blanc de lait, mais qui ont le défaut de ne plus le conserver,
DES: 'OLXL EST, OU I8S 3 ' etc. 07
aussitôt qu’elles ont été lavées par les con- sommateurs. Ce défaut est attribué particu- hHèrement à ce que les marchandises sont ex- posées sur les prés, sans être auparavant pur- gées comme il faut des parties extractives dé- tachées par les lessives.
J’oubliois de dire que pour numéroter et marquer les toiles , on peut employer de la sanguine mouillée , ainsi que du moir de fumée, broyé à l’huile, mais la sanguine tracée sur une place humide , est plus expé- ditive et non moins tenace et indélébile.
Les fils de lin et chanvre, les bas, mitaines et gants des mêmes substances, subissent ainsi que les toiles, les deux préparations du trem- page dans l’eau et la vieille lessive ; on leur apporte les mêmes soins. Les fils retors et les bas et gants, exigent seulement plus de temps que les fils simples, pour venir dans la lessive au point désiré, à cause de la fermeté de leur tissu, qui s’enfle considérablement, et s'oppose ainsi et par la roideur qu’il acquiert, à la sortie de la crasse ou de la mal-propreté, suite de la filature ou des opérations que les objets ont subies depuis.
La première chose à faire lorsqu'on a des fils, c'est d’en faire les chantaines à tous les écheveaux , grands ou petits ; car il est beau- coup d’endroits où les fileuses ne les arrêtent seulement pas. Comme le fil mouillé s’enfle près de moitié de son voiume, il est à propos de relâcher toutes les chantaines faites, de manière qu’à cet endroit l’écheveau roule très-librement ; s’il se trouvoit serré , il y au- roit à craindre que le blanc n’y fùt pas égal.
F
85 BLANCHIMENT
Une personne peut arrêteret relâcher les chan- taines à cent livres de fil par jour. Cette occu- pation est d’ailleurs plutôt celle des femmes que des hommes.
Les chantaines faites, on passe une ficelle au travers de deux à trois écheveaux, selon leur plus ou moins de grosseur, ensuite à la
uantité des nœuds que l’on fait sur l’un des deux bouts ou sur les deux, indépendamment de celui qui les réunit, on reconnoît , en en tenant note sur le régistre de recette, les per- sonnes à qui ils appartiennent. La réunion de plusieurs écheveaux assemblés par une ficelle, s’appellent pante (Voyez pl. II, fig. 11). On tient aussi compte du poids du fil et du nombre de pantes , tant de celui qui est uni, que de celui retors, ou simplement viré. Ces diffé- rentes remarques doivent se faire, au reste, sur le régistre aussitôt que la marchandise est arrivée, crainte d’oubli ou de méprise. On doit être non moins attentif à désigner les toiles par le nom du propriétaire , sa qualité, son numéro et son poids.
Les ficelles pour pantes doivent être dé- bouillies d'avance, tant pour en ôter le pare- ment que le cordier y met dans la vue de les lisser ou lustrer , que pour les assouplir et les empêcher dese replier ou se tordre sur elles- mêmes, quand elles viennent à sentir la cha- leur des lessives. Ces ficelles peuvent servir long-temps pour le même usage.
Le-trempage à l’eau pour les fils, est moins long que pour les toiles, parce qu’il n’y a pas de paremens à dissoudre, mais seulement la crasse ou poussière qu’y a fixée la filature. On
DES TOILLES, FILS ‘Etc. 89
range les fils lits par lits dans les baquets à iremper , et on a soin de coucher au-dessus de chaque pante les ficelles qui en réunissent les écheveaux, afin de n’être point embarrassé pour les retirer. Il est bon aussi de ranger de suite les objets qui appartiennent aux mêmes personnes. On a l’attention , en outre, de mettre au fond du baquet, ainsi qu’on le doit faire à l'égard des toiles, une espèce de claie, pour que les fils du fond , tassés par ceux su- périeurs , soient environnés d’eau ; les fils fins doivent toujours être placés les derniers ; et afin qu'aucun ne s’élève et soit continuelle- ment baigné, on les charge ou d’un couvercle troué , ou de planches disposées en consé- quence. On peut aussi faire tremper les fils comme les toiles , en les exposant au cours de l’eau ; mais, pour cela , il faut en passer les pantes dans des bâtons plongés et fixés sous l’eau.
Les fils restés sept à huit heures dans l’eau, en sont retirés facilement , en soutirant l’eau des baquets : on les tord à la cheville ou on les presse après Les avoir rincés, s’il convient, en eau claire. |
On les range ensuite , ainsi que nous avons dit pour le trempage à l’eau, lit par lit croisé, dans les baquets de macération, ou bien si on en a la place et commodité, on les suspend sur des bâtons : mais il leur faut, de cette ma- nière , plus detemps à macérer ou s’échauffer ; cependant ils deviennent d’une couleur plus égale. Lorsqu'on les juge bien décrués , ainsi que nous l’avons observé pour les toiles , on les retire tors à la cheville ou presse, on les rince
9° B LAN CHIMEN:T
ou lave en eau claire, et retord une deuxième fois , ou on les laisse s’égouiter d'eux-mêmes, en les suspendant par les pantes. Lorsqu'on tord à la cheville , il faut avoir soin de tordre les pantes trois fois dans leur pourtour, en tirant à soi auparavant et le plus également possible , pour en redresser et ranger les fils. Cette opération est d’ailleurs nécessaire pour bien essuyer les écheveaux dans toutes leurs parties. La précaution de redresser les fils sur la cheville, est sur-tout indispensable pour les fils retors qui, sitôt qu'ils sentent la cha- leur, s’y recoquillent. Si on les laissoit ainsi, il seroit à craindre que le blanc ne devint pas égal dans les parties ainsi tortillées sur elles- mêmes. |
Au lieu de tordre les fils à la cheville, ce qui exige beaucoup de temps, il seroit bien inieux d’en exprimer les eaux et la crasse, soit au battoir, soit à la presse. Les fils seroiïent moins susceptibles d’être endommagés.
Quant à la durée de la macération du fil, il faut en général moins de temps que pour celle des toiles, vü la facilté que le fil a de plus que ces dernières, pour s’ouvrir et se dé- gorger de ses ordures. Cela dépend , en outre, de sa finesse ou qualité, de la température de l’air et de la bonte de la lessive.
A l'égard des bas, gants et mitaines, ils sont aussi long-temps, pour ne pas dire plus, que les toiles, à éprouver comme il faut la ma- cération : on se comportera , en conséquence du serré de leur tissu, et des autres données détaillées plus haut.
Le fil de coton, de même que le fil de lin,
DES TOILES, FILS, elc. OL doit être mis en pante, puis trempe à l’eau: on le range, si c’est dans des baquets, par lit croisé. Le coton est très - difficile à s’imbiber d’eau; il se tasse d’ailleurs plus difficilement que le fil de lin, qui est moins veule ; aussi surmonte -t-1l toujours l’eau , quelque soin que l’on prenne pour l’en empêcher, à moins que l’on ne le charge ainsi qu'il a été dit pour le lin ; le coton rangé par lit croisé et chargé, on emplit d’eau les baquets qui , ainsi que ceux pour les toiles , devroient être carrés ; Pune et l’autre marchandise y seroit disposée plus convenablement.
Và sa difficulté à s’imbiber d’eau, difficulté qu’il tient d’une certaine huile, dont il est plus ou moins imprégné naturellement, le co- ton doit rester à tremper dans l’eau au moins autant que les toïles. Quoi qu'il ne paroïsse pas mal-propre, néanmoins il s’en désage tou- jours des ordures qui roussissent un peu l’eau. Le trempage est aussi une économie de lessive ; car si l’on essayoit de mettre le coton d’abord en lessive, comme je le dirai tout à l’heure, n'étant point imbibé d'avance, il ne pourroit en tenir dans la chaudière qu’une petite quantité.
Après vingt-quatre heures au moins d’im- mersion , on retire le coton, et on le tord ou presse après l’avoir rincé en eau ciaire, si on le croit convenable. On ne peut guères le laisser égoutter sur lui-même, à moins qu’on n’en soit pas pressé, car il est très-long-temps, quoique suspendu, à se débarrasser ainsi natu- rellement de son eau.
On ne fait pas subir de macération au coton : apres son trempage à l’eau, on lui donne
92 BLANCHIMENT
un bouillon de lessive ; une bonne eau de sa- von noir pourroit quelquefois remplacer la lessive ; mais celle - ci est toujours plus effi- cace , et il n’est pas nécessaire qu’elle passe trois quarts de degrés sous zéro. Au reste, l’eau de savon noir n’est pas à négliger pour les fils gâtés par l’huile des /ennys ou mé- caniques à filer , caril en est dont les fileuses prennent si peu de soin en graissant les bro- ches, que les aiguilles ou bobines de fil qui y sont dévuidées, sont presque toutes tachées d’une huile noire et épaisse, qu’il est bon de frotter , préliminairement à la lessive, d’une bonne eau desavon noir. Autrement ses taches ont la plus grande peine à disparoître : on les voitencore quelquefois, malgré ce soin, sur les pantes même après le blanchissage. J’obser- verai que si Je recommande de préférence le savon noir, c'est qu'outre qu'il est plus actif que le blanc, il ne s’y trouve pas de ces pe- tites pierres ou grains dont se trouve quel- quefois rempli le savon blanc , et qui sont susceptibles de déchirer ou la marchandise ou les mains. Il est vrai que le savon noir a plus d’odeur, mais celle-ci se dissipe à tra- vers les lessives et immersions.
Les bonnets, bas, chaussons , mitaines et gants de coton, s’accouplent aussitôt arrivés, et se marquent avec des fils retors, qui tra- versent chaque couple, sur lesquels on fait plus ou moins de nœuds, et dont on tient note sur le résistre , ainsi qu'il a été dit au sujet des fils, comme aussi de la quantité des couples et de leur qualité, comme bas unis, à côte, etc. m'taines unies, à jour, etc.
DES TOÏILES, FILS, etc. 9
Ces marchandises marquées et accouplées toujours du côté de leur ouverture , ne sont pas mises à tremper dans l’eau pure, mais, au contraire, dans une bonne eau de savon verd ou noir , la plus chaude possible, afin que les barres noires et huileuses, et la crasse ou mal-propreté dont elles sont toujours plus ou moins salies au sortir des métiers, ou des façons qui en sont la suite , soient plus faciles à s’en détacher , en les frottant avec les mains.
Au soriir de l’eau de savon , les bas ou bonnets, etc. sont rincés et désorgés en eau claire , puis retors à la maïn; ils ne peuvent l'être autrement, à moins de passer sous une presse, sans risquer de faire sauter ou échapper des mailles. | ‘
Après le savonnage , rinçage et retordage, on peut passer de suite les divers objets dans les baquets à immersion ; cependant ils y opè- rent beaucoup mieux quand ils ont subi pré- liminairement un bouillon de lessive.
En ce qui concerne des lins et chanvres que lon voudroit blanchir en filasses , il faut d’a- bord leur donner une lessive , attendu la dif- ficulté de leur faire subir en cet état la ma- cération , quoique cependant cela ne füt pas impossible , en les mettant par poignées sé- parées dans des filets à ce destinés. On couche donc lit par lit les différentes liasses sur le fond de la chaudière , couverte d’une claie, sur laquelle on a étendu une grosse toile. On les mêle le moins que l’on peut, en ayant soim. de faire un pli léger sur elle - même à la tête de chaque liasse ou poignée : on les presse et tord de même et à la main, comme les bas.
94 BLzANCHI-MENT
Pour les rincer et laver , il faut aussi que ce soit à la main, en tenant chaque poignée par la tête, que l’on plonge et replonge, en les mouvant en tous sens. Du moins c’est ainsi que j'ai cru devoir m'y prendre dans les essais que j'en ai faits. |
Il est à remarquer que les eaux usées et hors de service de l’acide mnriatique oxigéné in- odore , peuvent servir d’eau de lessive, si elles sont assez concentrées pour marquer à l’aréo- mètre un degré sous zéro. Je m'en suis servi quelquefois avec avantage lors des derniers bouillons, même des seconds, pour des objets de coton. Cette liqueur n’en étoit pas moins apte à se colorer et.se charger des parties ex- tractives des fils et toiles , malgré l’acide avec lequel la potasse paroît y être combinée ; il est à croire même qu'elle n’y est que légère- rhent , et qu’une forte chaleur en fait dissiper l’acide ; ce que j'ai cru en effet observer dans des évaporations séparées.
er agen à VO cr PE Us ea A 2 Des premières immersions.
Les premières comme les dernières immer- sions peuventse donner avec l’acide sans odeur fait dans la proportion de potasse indiquée ; mais dans le cas où cette proportion seroit outre-passée, on ne ‘doit faire que les deux premières immersions. Dans tousles cas, c'est avec l’acide sans odeur qu’elles doivent tou- jours être faites, parce que cette liqueur agit
DES TOYLES, MILLE etc. 96
avec plus de promptitude et d'égalité ; nous dirons plus bas la raison pour laquelle dans le cas d’une plus grande prôportion de po- tasse , on ne doit s’en tenir qu'aux deux pre- mières immersions faites à l'acide muriatique oxigéné inodore.
Lors donc qu’il s’agit de faire les immer- sions , si l’atelier est disposé de manière que la cuve ou bac qui y est destiné , puisse se ranger sous les champelures des tonneaux pneumatiques (voyez planche, fig. 1 et2), on y fait couler l'acide muriatique qu’ils con- tiennent, jusqu’à la hauteur nécessaire pour que les toiles qui ÿ sont pliées par plis égaux en soient couvertes au moins de deux à trois pouces ; si non on soutire la liqueuravec des seaux , où on l’ÿ conduit par le moyen de tuyaux dé bois ou de plomb, en cas que ladite cuve ou bac soit placé à derneure par rapport à l'écoulement de la liqueur épuisée et hors de service. Quant à ce qui reste dans le ton- neaü et dont on juge la quantité des seaux par les degrés du tubé indicateur, après avoir retiré le bac mobile sur des roulettes, et si la liqueur est jugée finie , on peut au cas que l'on n’en ait plus besoin , la soutirer dans des bouteilles de grès qui ont servi où sont destinées à contenir de l'acide nitrique ; en- fin on laisse s'achever la distillation. Je ferai seulement remarquer qu’en soutirant ainsi l'acide , la distillation se ranime quoïque sans ur plus grand feu, parce que le gaz qui s’é- chappe des vaisseaux distillatoirs éprouve moins de résistance pour traverser la colonne d’éau qui est diminueé de tout ce que l’on a
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tiré. C’est mème le moyen, comme je l'ai déjà fait observer, de rendre la liqueur de la deuxième cuvette égale à celle de la première, car autrement il existe toujours entr'elles une différence qui néanmoins s’évanouit prompte- ment quand toute la liqueur contenue dans le tonneau est soutirée à-la-fois et transvasée de suite dans le même vaisseau à immersion.
Maintenant voici comment on fait subir aux toiles l’action de l’acide muriatique oxigéné :
1°, Au-dessus du baquet à immersion est
lacé un treuil ou Eat de teinturier ; 2°. les toiles, s’il y en a plusieurs cousues ou attachées avec des cordons au bout l’un de l’autre, de telle sorte qu’elles forment ,en- semble une espèce de grand anneau, sont passées dessus le treuil successivement , s’en- levant d’un côté et retombant de l’autre ; elles reçoivent ainsi dans toute leur longueur l'effet de l’acide ; tandis qu’un ouvrier à la mami- velle les fait tourner doucement , un autre en face des toiles a soin de les attirer avec la main en les prenant par les lisières , et faire plonger à fur et mesure dans la liqueur, on peut aussi employer pour cette opération le secours de deux bâtons ronds écorcés afin de ne pas risquer de déchirer ni tacher les pièces. La personne qui s’en sert a soin d’empècher les toiles de se plier et de les tenir toujours ouvertes selon toute leur largeur, pour qu’elles se replongent ainsi dans la cuve.
Cette manière de tourner doit avoir lieu pendant une demi-heure ; passé ce temps , il est rare que la liqueur n’ait pas fait tout ce qu’elle doit faire pour égaliser la toile. On la
retire
DES TOILES, FILS; etc. 07
retire alors de dessus le treuil , et on la laisse plongée dans l’acide encore un quart-d’heure au bout duquel on la repasse de nouveau sur le moulinet et on la replonge et laisse reposer dans la liqueur jusqu’à ce qu’on la retire, ce qui peut se faire tout de suite , si l’eau n'agit plus sur la toile , et sielle se montre encore bonne pour opérer sur de nouvelles pièces, ce dont l’on s’assure bientôt, soit par l’expé- rience qui donne le coup-d’œil nécessaire pour en juger par Comparaison avec toute autre toile, soit par l’épreuve de l’indigo ou de la cochenille, indiquée dans Les Annales de Chi- mie et dont je parlerai plus bas.
Si la liqueur ne conserve pas assez de force pour des toiles neuves ou bises, mais assez pour des toiles plus atteintes ou destinées à des dernières immersions , ce que l’on ne tardera pas non plus à reconnoître par l’expérience , ou si elle peut servir à passer des bas ou fils de coton seulement, on les y passera sur-le- champ , après avoir retors les toiles à la ma- nivelle au-dessus du baquet, afin de ne pas perdre l'acide dont elles sont imbues et leur donner d’ailleurs tous l’essui nécessaire pour passer au bouillon. Toutes fois au sortir du retordage , on les range plis par plis sur une civière ou table propre, pour de là les porter etranger de même dans la chaudière à lessive.
Si, après avoir recconnu que l’acide muria- tique oxiséné n'agit plus sur les toiles, on n’est pas pressé de les faire bouillir ; et si l’on n'a plus rien à soumettre à la liqueur, on les retire du treuil et on les fait replonger dans le baquet jusqu’à ce qu’on se dispose À les pas-
98 BLANCHIMENT
ser aux bouillons ; cette prolongation de bains ne pouvant jamais nuire et ne faisant qu’é- puiser plus complettement l’acide. Efin quand cette liqueur sera tout-à-fait usée, on la jette ou on la met de réserve pour les objets dont il sera parlé plus bas : on notera que cette première eau se colore ordinairement d’un jaune roux.
Le bac à immersion doit être carré ou au moins à pans coupés ou arrondis comme les baïsnoires ; les toiles s'y rangent beaucoup mieux.» Ils doivent avoir un peu plus de cinq quarts de long , par rapport aux toiles de cette dimension, sur trois quarts de lar- geur ; quant à la hauteur elle sera propor- tionnée à la quantité ou à la longueur des
ièces qu’on y fera passer à-la-fois et au vo- ume de la liqueur qui doit y être versée en conséquence.
Les toiles mélangées de coton ou tout coton étant succeptible de subir plus vite l’action de l’acide que les toiles tout fil, et parmi les unes ou les autres , les fines plus prompte- ment que les grosses, il convient, quand lex- périence aura démontré la couleur qu’auront dû prendre les espèces de toiles et qu’elles ne seront plus dans le cas de changer dans la li- queur , de les retirer ; les toiles restantes en vaudront d'autant plus qu’elles se trouveront moins gênées et nageront dans un plus grand volume d’eau.
Au lieu de passer les toiles sur un treuil ou moulinet, ainsi quil vient d’être dit, ce qui exige le temps et la présence de deux per- sonnes , l’on pourroit disposer d’ayance les
DES TOILES, FILS, etc. 99
toiles sur un chassis d’une aune de largeur et garni de chevilles à tête (voyez planche VITT, fig. 1 et2) pour y passer autant d’anneaux attachés sur la lisière à chaque aune des toiles, lesquelles ainsi suspendues en zig zag , non- seulement tiendroient peu de place dans le bac, mais même y deviendroient bien égales, subissant fort librement l’action de Pacide qui ‘ surpasseroit en conséquence les lisières de {a toile. Au moyen d’une poulie sur laquelle passeroit la corde à laquelle aboutiroiïent et se- roient nouées, celles qui y suspendroiïent le chassis. On retireroit facilement ce dernier chargé de ses toiles pour les laisser égoutter au-dessus dudit bac ou d’un autre destiné à cela. Après avoir retiré le chassis du bac, on yen plongeroit un second garni d'avance , si la liqueur étoit encore assez forte , si non on se gouverneroit comme il a été dit ci-dessus.
À l’ésard des fils de lin et de chanvre, bas, mitäineset gants , etc. des mêmes substances, voici comment l’on peut s’y prendre.
Sur une cuve à immersion ( voyez planche IX , fig.7 et 8 ) sont placés des bâtons écorcés sur lesquels on passe les écheveaux de fils, les couples de bas, de bonnets, mitaines, etc. ; après que l’açide y est introduit , on tourne successivement chaque pante ou couple de bas , etc. en mettant dans l’eau la partie qui étoit sur le bâton , on va ainsi de l’un à Paute bâton et on revient successivement aux fils qui ont été tournés les premiers ; on a soin de bien les étaler en les retournant ; afin qu'ils présentent plus de surface à la liqueur. Au lieu de tourner ainsi les pans sur chaque bi-
2
100 BLANCHIMENT
ton, il seroit possible que ces derniers fussent disposés de manière qu’en en tournant un, tous les autres qui correspondroiïent entre eux par une corde nouée ou autre mécanique, tournassent aussi. Ce moyen seroit moins long et moins gênant ou fatiguant pour l’ouvricr.
Au surplus il seroit à propos que les baquets d'immersion pour les fils fussent de forme carrée autant qu'il seroit possible , afin qu’il y püt terur davantage de pantes et que l’entre- deux de chaque bâton fût à-peu-près espacé de la même manière pour user également le bain , si ce n’est près des bords où la distance entre les paroïs et les fils pourroiït être moins considérable. |
Comme la liqueur est susceptible de perdre plus vite son gaz, à raison de ses surfaces , 1} seroit peut-être plus à propos d’avoir des bacs plutôt hauts et étroits que larges, afin de l’y retenir plus long-temps ; et attendu qu'il est essentiel que la liqueur agisse avec le plus d'égalité possible sur les fils , au lieu de la verser dans les baquets où ils sont disposés et rangés sur des bâtons, il seroit plus avanta- geux de la faire remonter insensiblement jus- qu’au haut des pantes ou des bâtons , ce que l’on obtiendroit sans peine au moyen d’un ou plusieurs tuyaux de plomb ou de bois, dont les coudes avanceroient sur le milieu du fond du baquet, lesquels tuyaux fixés le long des parois intérieures du baquet seroïent garnis à leurextrémité d’un entonnoir en bois ou plomb pour y verser la liqueur; lors du jet de celle- ci, on auroit grand soin de tenir couverts ces entonnoirs,.
DES. TOILES,: PILS,HetC. 401
Telles seroient ou pourroient être les mé- thodes à employer pour faire subir aux fils l'action de l'acide muriatique oxigéné, lors- qu’on en a une certaine quantité ; mais lors- qu’au contraire on en a peu ou que l'on ne s’en occupe que par petites parties , alors des fonds d’osier blanc à anses (voyez planche II, figure 2 et 3) sur lesquels on en met plusieurs les uns au-dessus des autres, dans un baquet rond ou quarré en chène ou sapin n’nnporte, deviennent suffisans. Sur chaque fond on couche un seullit de panteset on a l’attention qu’il soit couvert de liqueur au moins d’un pouce ou deux et de les y retonrner sans dessus dessous au bout d’un quart-d’heure et ensuite d’une demi-heure. Enfin après une heure d'immersion l’on peut le retirer s’il est éga- lement atteint, et en remettre de nouveaux si l’eau est encore bonne ; en un mot on se gouverne à cet égard ainsi qu’il a déjà été dit; on remarque cependant que les eaux peuvent
aroître avoir quelque vertu d’après l'épreuve de la cochenille ou du bleu d’indigo, mais pas assez pour blanchir ; ces eaux alors sont réservées ou pour des espèces d’apprêt dont nous parlerons plus bas , ou jetées si on n’en pressent pas l'emploi , ou mises de côté comme il sera recommandé en parlant des toiles, pour les usages que je dirai; toutes fois la couleur que prend l’eau qui a servi à la première im- mersion des fils et bas de lin ou chanvre, est jaune roux de même que celle qui a servi aux toiles.
Les fils de coton roux ou blanc se trempent etretournent dans l’acide muriatique oxigéné
102 BLANCHIMENT
de la même manière que les fils de lin et de chanvre, c’est-à-dire, sur des bâtons ou dans des paniers, avec cette différence ce- pendant qu'ils demandent à être retournés moitié moins souvent. Une bonne demi-heure suflit pour la première immersion , après ce temps on les retire et on remet de nouveaux fils si la liqueur est encore bonne , étant très- rare qu’une liqueur neuve dans laquelle on ne met que du coton ne puisse servir plusieurs fois. Cette liqueur ne change pas de couleur d’une manière bien sensible,
Les bas, bonnets, gants, mitaines et chaus- sons de coton pourroient fort bien être traités, quant à l’immersion, de même que le fil de lin ou coton; mais comme ces objets qui sont légers et volumineux exigent beaucoup de place et ne sont pas susceptibles de’s’entasser les uns sur les autres, il est bon de les ranger séparément et par lits dans des baquets, n’1m- porte de quelle forme ronde ou quarrée, quoi- que cette dernière soit plus commode et à préférer. On les y couche lit par lit sur des fonds d’osier écorcé, garnis, conune ila été déjà dit, de quatre anses sur lesquelles sont posés d’autres fonds. On ne peut guères en mettre plus de trois dans un baquet. Comme les objets placés sur le fond supérieur pour- roient surnager, Ce qui les exposeroit à de- venir inégaux, un dernier fonds ou un panier à rebords peut être posé dessus, pourvu qu'il soit assez juste pour presser un peu le baquet, et s'opposer ainsi au soulèvement de la mar- chandise. Deux outroisrangs de lits debonnets, bas , etc. suffisent sur chaque fonds.
miss “TO LS, ÉIAS etc. : "hO5
On reconnoît aisément quand les bas ou bonnets de coton ont bien fait dans la pre- mière liqueur , il ne s’agit que de les présenter au jour , ils n’y doivent pas paroître ou très- peu, piqués de taches opaques plus ou moins rousses suivant l’espèce du coton.
Les bas de coton à coins retournés sont plus difficiles à blanchir dans ces parties là, il faut avoir l’attention, chaque fois qu’on les met dans la liqueur, de les bien ouvrir , car ils sont fort sujets à se replier sur eux-mêmes, et lors d’une seconde immersion il est même avantageux de les retourner sens dessus dessous.
Ce qui est dit ici pour les bas de coton, a lieu semblablement et d’une manière bien plus marquée, sur les bas de fil dont tout le corps de la jambe est à côtes. Les doigts des gants sont aussi plus difficiles à blanchir à leur extrémité , parce qu’en cette partie le tissu y est plus serré. Il est même prudent de retourner ces sortes de bas plusieurs fois dans le cours de l’immersion ; c’est pourquoi on fera très-bien de les placer toujours sur le premier rang de chaque fond, ou sur le fond supérieur. Les bas et autres marchandises or- dinaires de coton restent dans la liqueur sans étrerctournéspendantleur immersion, attendu qu’elles sont plus veules et spongieuses ; on peut les laisser dans la liqueur environ une heure. Le coton travaille est plus difficile à être pénétré que le simple fil. Au moyen de cordes qui passent dans les anses du der- nier fonds qui porte les autres, on les enlève ainsi très-facilement par le secours d’une pou-
G 4
104 BLANCHIMENT
Le , on les laisse ésonter au dessus du baquet, puis on presse les pièces séparément et à la main, ou le tout ensemble, par une mécani- que , si l’on en a une disponible.
Si l'acide est encore bon, on y remet de nouveaux bas déjà atteints ou non atteints; mais ces derniers doivent être mis en moindre quantité que ceux qui le sont en partie ; si la liqueur est usée , elle est réservée, ainsi
u’il a été recommandé.
L'observation que nous avons faite au sujet des bonnets, bas, etc. de coton dont on peut reconnoître par leur présentation au jour le travail plus ou moins parfait de lacide, est applicable aussi aux bas et mitaines de fil de lin ; mais d’après ce qui a été dit, ces mar- chandises sont beaucoup plus dures et diffi- ciles à rendre égales, en ce que quelque lache que soit la maille , celle-ci enfle toujours considérablement et au point de rendre le bas roide «t inflexible, en sorte que le tissu ainsi gonilé et serré est très-difficile à péné- trer , et que le blanc n’en est pour ainsi dire que superficiel ; aussi convient-il mieux , lors- qu’on veut avoir des bas bien blanchis, que le fil en ait été décrué au moins avant le tissage , il en devient plus disposé à s’ouvrir et à s’y laisser imbiber par l’acide. Les bas - de fil tout bis et sans être ce qu’on appelle décrués ou purgés de leur première crasse, offrent un ouvrage fort ingrat, et bien plus encore quand ils sont à côtes ou qu’ils en ont seulement les coins, ils sont alors exposés à être d’un blanc vergeté ou inégal.
En général les objets de bonneterie en fil
MEL. TOILES,. EILS etc. Ho
de lin ou chanvre, doivent rester dans la liqueur au moins moitié plus de temps que tous les autres, c’est-à-dire deux à trois heu- res, car ce n’est qu'à la longue que lacide agit dessus, les pénètre , et que l’on parvient à les égaliser. On ne doit même leur donner de lessive que quand ils sont 4 peu près égaux en couleur. Si par hasard ils ne viennent pas unis à une première eau, on leur en donne une seconde, et toujours une assez forte, où ils restent un temps suffisant pour en éprouver l'effet et sans l’intermède des lessives. Cette observation doit avoir lieu également pour toutes autres pièces telles que toiles de lin ou bas de coton etc. Dans le même cas le même travail doit avoir lieu.
À l’ésard des filasses ou bottes de.lin ou chanvre et leurs étoupes , elles se blanchissent comme les bas et bonnets, c’est-à-dire en les rangeant par lit autant qu'il est possible, mais peu épais, attendu que les brins ou fi- lamens ont naturellement de grandes dispo- sitions à se tenir entrelacés et serrés. Les fi- lasses se blanchissenttrès-promptement, c’est- a-dire à une ou deux immersions de moins que les fils moyens. L’on observera cepen- dant qu’elles ne doivent être blanchies qu’a- près être espadées et avantle serançage, parce
qu’il faudroit toujours les savonner après le
blanchiment, vû qu’elles restent collées et serrées en séchant, ce que l’on ne peut guères éviter ; il résulteroit autrement beaucoup de déchet. Des filasses ainsi blanchies puis seran: cées paroissent à l’œil aussi belles et lustrées que de la soie blanche.
106 BLANCHIM ENT
Il est à remarquer que de l’étoupe de lin ou de chanvre provenant de filasse aïnsi blan- chie, ou bail séparément, coupée, si elle est encore trop longue, puis cardée, ressemble singulièrement alors à du coton de Siam que l’on sait être le plus court et le plus commun des cotons du commerce. Quand elle est bien cardée on ne peut en connoître la diffférence. Il n’est pas possible non plus de le distinguer à la filature. J’ai eu occasion d’en faire tisser sur un bout de toile, on l’auroit pris pour du véritable coton. J’ai eu occasion pa- reillement d’en faire employer pour mèches de chandelle, sans qu’on se soit apperçu d’une différence sensible par la lumière ou la clarté. Il seroit sans contredit bien intéressant de connoître tout le parti que l’on pourroit re- tirer de cette application de l’acide muria-
tique oxigéné au profit du commerce.
GA PE TC DE
Quantité des lessives et immersions , tant premières qu’intermédiaires.
La quantité d’immersions pour les toiles de lin ou de chanvre , se réduit pour l’ordinaire à trois pour les toiles fines comme celles de Hollande, les batistes, etc. à cinq pour les toiles de ménage et à sept pour les toiles plus srossières. Cependant il peut arriver qu’on donne une immersion de plus à chacune de ces espèces de toiles, selon les accidens qui ont pu subvenir par rapport et à la qualité
DES TOTE RS", rt msi, elc. #07
Ge leur tissu plus ou moins serré, et à la teinture des fils qui s’y trouvent parsemeés , sur-tout parmi celles connues à Laval sous le nom de toiles brindelées. Ce nom leur vient des brins de fil, teints, dit-on, par le commerçant en cette marchandise, qui la colore exprès pour la rendre plus pesante et, sous ce rapport, plus avantageuse à la verte. Les fils de ces toiles brindelées ne blan- chissent jamais suivant la méthode ordinaire ; d’où l’on peut juger de l’avantage que pro- cureroit la nouvelle , en facilitant la mise dans le commerce de ces mêmes toiles , qui quoique fines, et égalant par la beauté et la fleur de leur blanc celles de Flandres, d'Irlande et de Silésie, avec lesquelles elles vont de concurrence , en sont néanmoins _ rejetées sévèrement à raison de leur brinde- lure , défaut qui leur fait subir dans le prix une baisse au moins de vingt pour cent.
D’après le nombre d’immersions indiqué, l’on voit que les lessives peuvent se réduire à deux pour les toiles fines, à quatre pour les toiles de ménage, et à six pour celles srossières, le tout considéré d’ailleurs pour beau blanc ; car s’il ne falloit que le blanc bourgeois ou de ménage, l’on pourroit re- trancher une lessive et une immersion pour chaque espèce de toile; d’où il suit que pour le mi- blanc, on peut ne leur donner qu’une immersion ou deux pour les fines, deux ou trois pour les moyennes, et trois ou quatre pour les dernières qnalités.
Quantaux toiles de coton mêmeles plus ordi-
108 BLANCHIMENT
naires, il ne faut pas plus de quatre immer- sions et trois lessives ; pour celles mêlées de coton et fil de lin ou chanvre, il ne faut pas faire attention au coton, mais seulement au fil qui reste toujours en. arrière; néanmoins elles viennent plus vîte que si elles étoient toutes de fil de lin , vûù que le coton avec lequel ces derniers sont alliés, y rend l’acide plus perméable. Communément il ne faut pas plus de cinq immersions et six lessives aux toiles les plus grossières de ce genre. Il en sera à peu près de même pour les toiles ouvrées dont les fils sont moins serrés et plus dégagés les uns des autres, par un effet de la façon du travail ou des dessins qui y sont tissus. La
Les fils de lin et de chanvre se comporten à peu près comme les toiles, c’est-à-dire que pour les fils fins, il ne faut pas plus de trois immersions et deuxlessives pour les fiis moyens de quatre à cinq, et les fils unis ou retors, l’un et l’autre de qualité grossière , de six à sept immersions ; d’où il résulte que pour le fil, trois ou quatre lessives suffisent , et cinq ou six pour les fils unis, grossiers, et six et demie pour les fils retors de semblable qualité; ces derniers fils exigeant plus de soin et de main-d'œuvre, sont d’ailleurs plus difi- ciles de pénétration.
A l’écard des gants et bas en fils de lin et chanvre, ils suivent à peu prés les mêmes proportions avec une demi- lessive et une immersion de plus selon leur qualité, le serré de leur tissu, et l'inégalité de leur fil. Il en est de même des bas à côtes ou à coins re-
ur
DES TOILES, FILS, etlc. 109
tournés , auxquels il faut quelquefois ajouter une immersion. Ils suivent cependant le même rapport que la toile mêlée de coton, lorsqu'ils en sonteux-mêmes mélangés, à une immersion ou demi-lessive près qu’on donne en sus, à raison du fil de lin qui s’enflant lorsqu'il est mouillé, en devient toujours un peu plus tardif lorsqu'il est travaillé au métier. Au reste les fils'unis blanchissent plus vite que la toile, en tant que plus libres, plus isolés, moins pressés, se laissant par conséquent beaucoup lus facilement atteindre et entamer par la Mess, si l’on en excepte seulement le fil retors. Mais cette facilité dans le blanchi- ment est bien compensée par le soin qu’il exige, pour ne pas le mouiller ou casser. Trois immersions suffisent pour blanchir le fil de coton le plus grossier, tel que celui filé pour mêches de chandelles ; par con- séquent il n’en faut que deux pour les fils ordinaires avec les lessives proportionnées , et en considérant toujours le beau blanc. Il n'importe que le coton soit roux ou qu’il tire sur le blanc, quoique ce dernier, qui est plus mal-propre naturellement, paroisse devoir plutôt bianchir que le jaune, obtienne souvent plus tard le degré de blancheur convenable. Il ne faut pas davantage de trois immer- sions aux gants, mitaines, chaussons, bon- nets et bas de coton, par fois l’on peut s’en tenir à deux, cela dépend de leur qualité et du serré de leur tissu. On voit d’après cela que les lessives ne peuvent passer le nombre de deux pour les marchandises les plus ordinaires; il est facile en conséquence
110 BEANCHIMENT
de se régler pour un demi-blanc, mais il est rare que l’on en fasse en ce qui est du coton.
J’observerai que par demi-lessive, j'entends une lessive forte seulement d’un degré au plus pour les fils et toiles, et de demi-degré ou trois quarts pour le coton , siles lessives sont
neuves ; dans le cas contraire, on se sert.
de lessives non restaurées et qui ont déjà servi. Et en ce qui est des immersions , il reste entendu ou que c’estune liqueur étendue du quart de son poids d’eau , ou que c'en est une qui a déjà servi au premier blanc et qui est encore assez forte pour l’objet déjà blanchi que l’on doit y replonger.
Lorsque l’acide muriatique sans odeur est bien fait, on voit avec plaisir , au bout d’un quart d'heure d’immersion des fils, s’en élever une mousse blanche et comme savonneuse, C’est un bon signe de son travail; il est bien rare alors que des pièces trempées dans une liqueur qui produit un tel effet, ne pren- nent pas une couleur égale.
Je ferai remarquer au surplus qu’il n’est pas nécessaire de faire sécher les marchan- dises avant leur immersion dans la lessive ou la liqueur , il suffit seulement qu’elles soient bien retorses et dégagées de leur eau, au point de ne conserver que de la moiteur. L'on peut donc sans autre danger que celui d’affoiblir ainsid’une manière très-peu sensible la liqueur, les y plonger de suite après leur rinçage ou retordage de la lessive.
De même on peut plonger dans la lessive les objets sortant de la liqueur, après que celle-ci en a été fortement exprimée, sans
&
DES TOILES, FILS, Æ@tic. 111 s’assujettir à les rincer à chaque fois, quoique peut être cela convint mieux ; mais pour moins d’embarras et de perte de temps, je conseille de s’en dispenser lorsqu'on est pressé. Le seul risque que l’on court, seroit d’affoiblir ou neutraliser un peu la lessive qui, par ce moyen, sert à moins de bouillons. Il est bon de dire au surplus que si l’on se sert de les- sive ainsi neutralisée , quoiqu’elle ne soit pas chargéeen couleur , ce qui estsujet à tromper, à moins qu'on ne la goûte pour s’en assurer, les marchandises en sortent teintes couleur de nankin, et l’on est tout étonné qu'elles n'aient pas blanchi, quoique trempées dans une liqueur neuve etforte; elle n’y fait au con- traire que se charger davantage de cette teinte nankin ; mais cet événement n’a lieu, comme je viens de dire, que lorsque la lessive est tout-à-fait épuisée et neutralisée par la fré- quence des bouillons et de la quantité des objets qui y ont été plongés au sortir des fortes liqueurs. Ordinairement il n’arrive que lorsque la lessive a servi cinq à six fois sans être restaurée. Nous indiquerons plus bas le remède convenable à cet accident,
Je terminerai ce chapitre en faisant observer combien il est utile de rincer et faire désorger les marchandises aussitôt qu’elles ont subi leur lessive, c’est-à-dire, quelques minutes après avoir pris leur évent; elles sont dans ce moment plus ouvertes dans leur tissu , et plus disposées à laisser sortir les ordures que la lessive en a détachées.
Quant aux fils, on doit observer en les rinçant de ne point les tenir supendus par la
112 BLANCHIMENT
corde de la pante, mais au contraire passer
la main dans tous les écheveaux, et les tour- ner en les tenant ainsi dans l’eau. Le fil, ainsi manié , se dégorge mieux , se tasse moins sur lui même et se mêle moins. Si l’on est à dis- position d’une rivière ou d’un ruisseau, il scra beancoup plus court de les passer toutes sur un bâton et deles tenir suspendues dans l’eau. On fixe les bâtons dans un panier d’osier pour que les fils, qui pourroïent se détacher en les retournant et plaçant et déplaçant, ne soient pas dans le cas d’être emportés par 1e fil de l’eau. Ce moyen seroit beaucoup plus expeditif et moins embarrassant.
CHAT VIT TETE
Quantité de fils de lin et coton blanchis à chaqueimmersion, et couleurs que prennent ces substances.
La quantité de livres de fil de lin ou de |
chanvre que l’on peut passer dans un bain. composé de toute la liqueur inodere d’un ba- quet d’après les doses et proportions indi- quées plus haut , s’estime de soixante à soixante douze livres pour la première im- mersion ,; et à quatre-vingt pour la seconde et les suivantes. Afin de se guider d’après cette donnée pour les toiles qu’on a à plonger
dans la liqueur, on a soin de les péser d’a-
vance et auparavant de les tremper, pour leur enlever le parement. Cette quantité est sus- ceptible d’ailleurs de variation selon la qua-
| lité
.
DES TOILES, FILS, etC. 113 lité des fils; on n’a eu égard ici qu'au fil moyen.
En ce qui concerne le coton , on peut en passer sur une semblable dose de liqueur , de quatre-vingt à quatre vingt-dix liv. de qualité moyenne , pour la première immersion , et une centaine à la seconde. On se réglera en conséquence pour les autres objets, comme bas , bonnets , gants, etc.
Il vaut mieux, au surplus, mettre un peu moins de marchandises, et les retirer plus atteintes, plus égales et plus blanches ; les im- mersions qui suivront produiront plus d’effet.…
Les eaux des immersions qui ont servi à du coton, deviennent lésèrement chargées , elles. tirent seulement dans lorisine un peu sur l’ambre ; mais les dernières ne changent point, elles restent claires et limpides. La même observation est applicable aux deux acides oxigénés , soit avec odeur , soit sans odeur.
Attendu qu’il est essentiel d’avoir des points de remarque pour connoître les progrès du blanchiment , je vais indiquer la nuance de couleurs que prennent les pièces lors de chaque immersion dans l’acide muriatique exigéné inodore fait dans les proportions indi-
uées. La première immersion donne au fil ou à la toile une couleur rougeâtre, tirant un peu sur le jaune ; la seconde une couleur tirant sur le jaune roux; la troisième sur le jaune blanchâtre ; la quatrième sur le blanc tirant lésèrement sur le roux , et à la cin- quième et sixième le blanc s’éclaircit de plus en plus. elles sont à peu près les nuances
114 BLANCHIMENT
que prennent les marchandises grossières, car celles fines passent souvent dès la première im- mersion à la seconde ou troisième couleur.
Lorsque la liqueur est fortement concentrée dans la potasse , telle que celle désignée dans les annales de Chimie, sous le nom de Ja- velle, alors les objets prennent du premier abord et sans lessive préparatoire la troisième couleur. Maïs, comme je l’ai observé , il est difficile de ‘les blanchir davantage sans faire usage d’acide sulfurique, pour enlever la lessive dont elles sont chargées. On remar- quera au surplus que pour obtenir ainsi ce ton de couleur , il suffit que cette lessive soit étendue d’eau au point de marquer deux à trois degrés seulement à l’aréomètre, de dix bnit a vingt qu’elle pouvoit marquer après sa confection et sa distillation.
Il est des personnes qui n’aiment pas la cou- leur que prend le fil au sortir de la première immersion , on la fait donc retomber promp- tement, en trempant la marchandise dans de la lessive froide ou chaude. Celle-ci produit plus vite son effet : en la rinçant et séchant ensuite , elle retient la couleur grise, blan- che, plus ou moins foncée, selon la nuance
u’elle avoit reçue. Beaucoup de marchands préfèrent cette couleur grise ou retombée, par rapport à la vente qui en devient plus facile sur certains marchés.
Quant au brillant que donne le blanc par- fait , il est bien peu de personnes dans les départemens qui s’en soucient ou paroissent le rechercher exclusivement. 1°. Ce préjugé s’est malheureusenent établi contre la promptitude
DES TOLLES,OF12S,/etc. 1136
du blanc dont il s’agit ici; 2°. on est tonjours persuadé , soit qu’on blanchisse de la manière indiquée ou sur les prés , quand la marchan- dise a atteint le dernier degré de blancheur,
welle ne doit pas être d’une aussi bonne lurée que toute autre de même qualité mais moins blanche; on la croit toujours pourrie ou brûlée , ce qui, dans l’une ou l’antre mé- thode de blanchir , fait accorder la préférence aux toiles et fils de lin , même aux objets de coton , qui étant blancs , conservent néan- moins , sous un Certain aspect , un petit coup d’œil tirant sur le blond fade ou le grisâtre.
C’est encore par une suite de ce préjugé que dans beaucoup de pays, les femmes de la campagne sur-tout, préfèrent d’avoir du linge seulement décrué , soit à l’usage de leur corps ou de leur maison, soit même pour leur coëffure. |
On se conformera donc , en conséquence des demandes des commissionnaires ou pro- priétaires , en augmentant ou diminuant les lessives et les immersions.
Au reste, on peut considérer comme cer tain que dès qu’une marchandise ne colore plussensiblement la lessive neuve, c’est qu’elle est atteinte entièrement : alors toutes opéra- tions de lessives ou d’immersions subséquentes seroient en pure perte , sauf l’immersion né- cessaire pour enlever la dernière lessive, si on juge qu'un simple rinçage à grande eau ne soit pas suffisant. | À
Je remarquerai cependant que du fil blan- chi par l'acide muriatique oxigéné peut se tisser beaucoup plus lestement et prompte-
Us 6
116 BLANCHIMENT
ment que celui blanchi sur les prés à égale qualité , il casse moins, et convient par cela même davantage aux chaïnes ; celui destiné pour trame se frappe aussi beaucoup mieux , sans sortir du pas où il est lancé. Je tiens cette observation précieuse de fabricans impartiaux et sans préventions , à qui javois blanchi de cette manière du fil pour en faire de la toile à mouchoir.
Auparavant de terminer ce chapitre, j’ob- serverai que la concurrence de l’ancienne et de la nouvelle méthode de blanchir peut-être infiniment avantageuse ; car quelle que soit la célérité du blanchiment produit par lPacide muriatique oxigéné, il ne seroit guêres pos- sible dans un grand établissement de l’adop- ter , à l’exclusion de la mise sur les prés, sans se consumer en frais onéreux d'ateliers et d’outils etc. Je conseillerois donc de ne réserver l’entier blanchimeut sans l’usage des prés qu’aux toiles qui ne sont destinées qu’à recevoir des demi ou trois-quarts de blanc, et de finir celles qui doivent être poussées plus loin , et jusqu’au blanc parfait, par leur exposition sur les prés. Au moyen de cet arrangement, le travail de chaque sorte de blanc se trouvera distribué de manière à être très-prompt , et acquérir le degré de perfec- tion qui lui convient d’une manière écono- mique pour l'entrepreneur , sous les rapports du temps, de largent et des bras; le haut prix que peut supporter une pièce d’un blanc parfait et de fine qualité, devant compenser le prix des pièces ordinaires destinées à un service courant.
DES TOILES, FILS, etc. 117
GRH A. PARMI 'E -"X FT: Premiers apprêéts.
L'on est dans l’usage assez ordinairement, pour faire ressortir le blanc des marchandises, de leur donner certains apprêts ; les toiles fines , les fils retors ou à coudre, les bas, gants , etc. de fil ou coton sont celles à qui on le donne plus particulièrement. Voici donc comment il convient de s’y prendre quand ces divers objets ont subi la dernière immersion. 1°. Les toiles ,. elles sont d’abord pressées ou retorses comme de coutume au sortir de l'acide muriatique , puis on leur donne un baïn d’acide sulfurique dont l’eau marque de deux degrés et demis à trois de- grés à l’aréomètre de Mossy. Les Irlandais qui emploient cet acide de préférence à ce- Jui du lait pour le blanchiment de leurs toiles composent leur bain de cent parties d’eau sur une d’acide. Cette proportion lui donne le goût d’une forte limonade. | à
Les blanchisseurs de France, tels que ceux de Mayenne et environs, qui ont l’usage de passer leurs toiles à l'acide sulfurique, ont coutume de composer leur bain de soixante pots d’eau sur un pot d'acide sulfurique du commerce , et ils y laissent leurs toiles pen- dant toute une nuit. On peut se servir du bain froid , mais celui chaud est plus efficace et plus prompt. Il paroït d’ailleurs faire res- sortir davantage le bianc. Si l’on crovyoit de- voir se servir d'un bain chaud, il seroit inu-
FES
119 BLANCHIMENT
tile qu’il surpassât le degré convenable pour y pouvoir tenir {a main. Mais il seroit à pro- pos alors de verser l'acide sulfurique, soit quand l’eau chaude serait versée dansle bain, soit dans l’un des seaux d’eau froide qui ser- viroit à étendre le bain ou le rafraîchir au sortir de lachaudière dans laquelle on en a fait chauffer l’eau. Cet acide doit être versé dou- cement et avec précaution , crainte des écla- boussures ; et on doit avoir la plus grande at- tention de bien le mélanger avec l’eau , afin
u’il se trouve répandu le plus également pos- sible dans toute sa masse.
On lessive les toiles et autres objets qui sont passés dans le bain une bonne demi- heure ou une heure, n'importe , et sans en devoir rien appréhender, J’en ai même laissé douze à quinze heures sans le moindre ac- cident. On a soin que le bain , chaud ou froid, soif couvert , principalement pour qu'il ne tombe pas d’ordures susceptibles de produire
uelques taches ou couleurs par le contact de l’acidedubain.Ilfautaussiquelesmarchandises ne soient pas trop pressées: moins elles le sont, plutôt l'acide produira son effet, et moins par conséquent elles seront susceptibles d’y rester.
Au sortir du bain, les toiles doivent être soumises à la presse ou retorses , et mises de suite en grande eau et pendant long-temps, c’est-à-dire jusqu'à ce qu’en les tordant par- cipar-là, et posant la langue sur la partie exprimée , l’on n’y sente aucun goût d’acide, Dans le cas contraire , on le laisseroit tremper de nouveau s1 c’est en eau courante, ou en nou- velle eau , si on la mettoit dans des baquets.
DES TOLLES, FYIES, etc. 119
Les toiles bonnes à retirer, après être pres- sées, retorses ou exprimées à la manivelle ow au crochet des teinturiers indiqué ci-dessus,
sont passées de suite au bleu, s’il en est be- soin. Le coup-d’œil de bleu peut leur . être donné de deux manières , ou ert les passant dans une eau chaude ou froide de savon blanc dans laquelle on a délayé un peu d’in- digo fin , trempé d’avance et renfermé dans un nouet de linge , ou bien on se contente de plonger seulement la toile dans uue eau de savon blanc, sans bleu d'aucune espèce, lors- qu’elle est encore un peu acidulée. Dans le dernier cas , l’acide léger dont est imprégné la toile , développe sur le champ dans le bain une légère teinte de bleu de Prusse, due aux particules de fer qui se trouvent combinées avec l’alkali du savon. Cette teinte se distribue
très-ésalement sur toute la pièce. J’obser- verai que je me suis toujours servi pour ce dernier genre de bleu du savon blanc mar- bré ou veiné. Comme il faut une certaine ex- périence pour faire usage de cette seconde méthode de passer au bleu, qui cependant est économique, je conseille de se servir d’a- bord de la première, jusqu’à ce que l’on se soit assuré de la seconde de manière à ne pas se tromper.
Les toiles bien exprimées sont mises ensuite à sécher dessus des cordes (1) tendues sur des piquets ou sur des perches disposées convena- blement dans des séchoirs couverts ; lesdites
(1) Les cordes peuvent être de chanvre; mais celles de crin sont prélérables,
H 4
120 BiLANCHIMENT
toiles sont retenues par des chevilles de bois, ainsi qu'en usent les blanchisseuses de linge or- dinaire , ou passées sur des perches écorcées et et garnies de toile grossière , pour que la mar- chandise ne soit pas exposée à être tachée. Du reste, il paroît assez indifférent qu’elle sèche à l’ombre ou au soleil. GA
Quant aux toiles ordinaires et celles gros- sières, pour lesquelles il ne faut qu’un blanc bourgeois, on ne leur donne jamais de bleu, à moins qu'il ne soit demandé. Dans tous les cas , comme 1l est des plus essentiel que le bleu soit donné avec le plus d'égalité possible, on a soin de passer les pièces sur. un moulinet placé au-dessus de la cuve destinée à ce tout exprès.
Les fils de lin ou coton, etc. s'apprêtent comme il vient d’être expliqué pour les toiles; en ce qui est du bain d'acide sulfurique , ils peuvent y étre plongés, posés sur des bâtons, ou ainsi qu’il va être dit pour le bain de bleu; on pourroit se dispenser de les y retourner, par- ce que les bâtons sont fixés dans la cuvé sous le niveau de la liqueur, ou bien on les y couche Ut par lit dans des paniers à fonds et tour d’o- sier blanc ou écorcé.On observera que le même bain d’acide sulfurique peut servir à passer touies sortes d'objets, quoi qu’à la longue ilne laisse pas que de prendre une légère teinte ambrée ; néanmoins il est possible d’en con- tinuer l’usage sans danger jusqu’à ce qu'il soit épuisé, sauf à le restaurer de temps à autre, en ajoutant la quantité d’acide nécessaire pour lui donner la vertu et la force qui lui man- quent. Dans le cas cependant où le bain
DES TOILES, FILS, etc. 121
d’acide prendroit une couleur par trop forinée, il deviendroit alors très-convenable de la re- nouveler entièrement.
Les fils de lin et coton sont aussi plongés dans le bain de bleu , après avoir été passés sur des bâtons ; mais afin que la distribution de cet apprêt s’en fasse avec égalité, on re- tourne les écheveaux une ou plusieurs fois de haut en bas. On peut aussi les presser à la main , mais en moindre quantité et avec moins d'économie de temps.
Toutes sortes de bois peuvent être employés à - peu - près indiféremment pour former les cuves de bleu ou d’acide sulfurique , sans crainte de tacher les marchandises : j’ai em- ployé avec un égal succès le chêne , le châ- taionier , le bois blanc'et le sapin : ce dernier cependant seroït toujours:à préférer, si l’on en avoit la facilité ; on doit être bien attentif qu'il n'y ait aucun clou, et avant de plonger les pièces dans l’un ou l’autre bein, de bien en remuer l’eau colorée ou acidulée, afin que le bleu ou l’acide soient lé plus également dis- tribués. À |
Les bas, bonnets, gants, etc. de filetcoton, exigent une main d'œuvre particulière ; après le bain d’acide sulfurique ; et avant de les passer au bleu, il est toujours à propos de leur donner:une bonne eau chaude de savon blanc, dans laquelle on les frotte vivement, pour achever de leur enlever les taches d'huile ou de graisse du métier, qui auroient pu ré- sister, soit au savon noir ou verd qu'on leur a donné dans le principe du blanchiment, soit à l’effet des lessives, car il est très-rare
“
122 BLANCHIMENT
qu’il ne reste pas de semblables taches sur une paire ou l’autre, attendu que la crasse des mains, dont sont couvertes presque toutes les pièces de bonneterie ou de tricots au sortir du métier, empêchent souvent de s’en apper- cevoir. L'acide muriatique oxigéné ayant d’ail- leurs peu ou point d’action sur les corps grais- seux ou huileux, c’est en vain qu’on y plon- geroit les différens objets ainsi tachés.
Au sortir du savon , les bas, gants, etc. sont mis à tremper dans une eau claire pour y être dégersés : après quoi on les soumet à la presse ou tord à la main, pour les pas- ser à une lésère eau de bleu. On peut se servir de la deuxième méthode de donner le bleu , indiquée plus haut , c’est-à-dire au sortir de l’acide , si d’ailleurs les marchan-
dises n’ont aucune tache qu'il soit essentiel de
faire disparoître préliminairement ; au reste, quand elles sont passées au bleu , on les presse ou tord à la main, et on les met sécher sur des cordes, avec l’attention de les tourner à l’en- vers, crainte d’en salir l'endroit: on doit même prendre cette précaution avant de les passer au bleu et au sortir de l’eau de savon.
Pour ce qui est du fil de lin ou coton, afin
qu'il sèche plus promptement , on en défait les partes et sépare les écheveaux: c’est le plus sûr moyen d'éviter le mélange ou l’entrelace- ment des fils et leur rupture ; ce qui ne man- queroit pas d'arriver pius où moins, sur-tout à l'égard des fils simples , si on attendoit, pour les séparer , qu’ils fussent ainsi séchés. Cette opération se fait après qu'ils ont été pressés ou retors au sortir de la dernière
Re
DES TOILES, FILS, etC. 193
main d'œuvre. Il seroit assez temps néan- moins de le faire quand ils sont à moitié secs. C'est même en cet état de demi - sécheresse qu’il convient d’en étendre et égaliser les éche- veaux.
Voici une manière de redresser et remettre en leur premier état les fiis fins sur. tout, qui, par une suite des opérations du b'anchiment, auroient été mêlés au point de risquer d’être cassés, si l’on vouloit s’obstiner à les redresser sans faire usage du moyen dont je vais parler, lequel ne consiste tout bonnement qu'à en étendre chaque écheveau séparément et lé- gèrement dans l’eau. En les y tournant et re- tournant , et étendant ensuite avec la main, les fils ne sont pas long -temps à se ranger et se redresser moilement sans obstacle et sans donner sujet d’en craindre la casse.
Si par hasard le fil étoit sec et trop mêlé pour être en cet état dévuidé ou bobiné, soit pour chaînes, soit pour trames ou autrement, alors en les frottant légèrement d’huile de lin par-ci par-là , rien de plus efficace pour les démèêler ; c’est ainsi qu’on en use pour la soie brouillée. L'application de cette méthode aux fils, a réussi aussi parfaitement,
Il faut bien se donner de garde de savonner des objets de couleur , tels qu’indiennes et autres étoffes de fil ou coton, teintes ou im- primées, dans les eaux de savon qui ont servi à savonner des pièces sortant d’une forte li- queur d'acide «:muriatique oxigéné , quand même elles auroient passé dans l’intervalle en un bain d’acide sulfurique ; car cette eau de savon ne manque pas d'acquérir la propriété
124 BLANCHIMENT
de blanchir et de colorer , à moins qu’au sortir de lacide muriatique, les marchandises qui doivent être sayonnées ne soient long - temps dégorgées à eau claire. J’ai eu occasion plu- sieurs fois d’être surpris de cet événement. J’ai remarqué même souvent que des pièces qui, au sortir de la liqueur, avoient subi un bain d’acide sulfurique , retenoient encore assez d'acide muriatique , pour prendre un coup -d’œil tirant sur le jaunâtre, même après avoir été passées au bleu d’indigo. Ce dernier prenoit quelquefois cette teinte dans l’inter- valle de vingt-quatre à trente heures. -
Pour éviter cet inconvenient , il faut non seulement bien dégorger la pièce après sa der- nière immersion , mais encore lui faire subir une lésère eau de savon ou de lessive, dont on a soin pareillement de la bien purger.
On doit au surplus avoir l’attention de com- poser son bain à bleu d’indigo de manière qu'on ne soit pas dans le cas de le restaurer pour passer le même objet : on courroit au- trement le risque de le voir teint de différentes nuarices.
On court beaucoup moins de danger en fai- sant usage de bleu d’azur , dont les teintes diverses sont toutes préparées d’avance, et se vendent ainsi distinctes et séparées. Toutefois dans l’emploi de l’un ou l’autre bleu , il faut avoir le soin de plonger les objets dans le bain au moment où les couleurs y sont sus- pendues , et ne les y laisser, en outre, que le temps nécessaire pour s’en imbiber.
J’ai recommandé de conserver les eaux d’im- mersions , lorsqu'elles étoient trop foibles pour
DES ‘TOTLES,-MIDS, etc. . 95
æsir sensiblement sur les pièces même déjà blanchies ; c’est ici le cas d'en faire usage, c’est-à-dire après les apprêts du sayon, pour les objets auxquels on le donne sans les passer au bleu; car tout le monde ne se soucie pas de ce dernier apprêt, attendu qu'il grisaille un peu tout ce qui n’est pas d’un blanc bien atteint. Après l’eau de savon et son dégorge- ment , les marchandises bien pressées sont donc jetées dans les eaux d’immersions con- servées , où elles ne tardent pas à y prendre un œil clair, qui produit le meilleur effet. Après y être restées une demi-heure , on les presse et porte à sécher , comme il a été prescrit.
On remarquera encore que les mêmes eaux de réserve, quoique épuisées, sont très-bonnes pour dégorger et rincer de leur lessive les fils et bas lorsqu'ils sont déjà blancs. Autant qu’on ne les destine pas à d’autre usage, on doit les préférer à l’eau ordinaire ; les objets s’y dé- gorgent beaucoup plus vite, et y acquièrent même un certain coup-d’œil de blanc.
Il est des personnes qui veulent dans leurs marchandises un certain apprêt proprement dit, lequel procure , à celles sur-tout qui sont creuses, un air de fermeté et une main qu’elles n’auroient pas étant pliées ; on peut parvenir à leur en donner de plus ou moins durabie. La première manière consiste à faire sécher sans presque tordre , et à en hâter le plus Dr la dessiccation ; cet apprêt, comme
‘on voit, est des plus innocens , mais il se dissipe à force de manier la marchandise, ou aussitôt qu’elle a été portée ou qu’on s’en est servi une seule fois. Le deuxième apprèt, qui
126 BLANCHIMENXKT
est permanent jusqu’au lavage, consiste, comme
tout lé monde sait , à incorporer de l’amidon avec le bleu d’azur, pour les objets qui en sont
susceptibles , ou sans bleu pour ceux qui ne
doivent pas y être passés. La dose en varie sui- vant la qualité et espèce des marchandisses, ou le désir des propriétaires. ]
Il est aussi certains objets anxquels on donne une plus ou moins grande apparence de fer- meté, par un apprêt de colle de poisson ou de gomme arabique , que l’on mêle avec l’a- midon après les avoir fait bouillir séparément.
Il en est encore quelques-uns , tels que les linons, que l’on apprête souvent avec de l’eau de riz.
Ces différentes marchandises subissent en- suite le cylindrage à chaud , au moyen de quoi eiles peuvent se maintenir fermement.
Comme rien de ce qui peut contribuer à diminuer ou accélérer les mains d’œuvre, ne peut être indifférent, je vais décrire ici une machine avec laquelle les Anglois , qui em sont les inventeurs, savonnent leur linge fin: elle consiste en une espèce de batte à baie (voyez pl. IT, fig. 15et16), percée de quatre trous , dans lesquels sont passés autant de chevilles en bois blanc, rondes par leur ex- trémité et dans leur longueur : elles sont plus ou moins longues , selon la profondeur des baquets dans lesquels elles sont destinées à agir ; le manche de cette espèce de batte porte à son extrémité une poignée en forme de Ÿ, avec laquelle on agit et remue en différens sens les chevilles ci-dessus, qui meuvent en conséquence , les bas et autres menus linges
DES TOILES, FuLS, (ctc. de?
déposés dans le baquet qui contient l’eau de savon. Ce moussoir ou patouillard mû tantôt d’un côté, tantôt d’un autre, est très-com- mode pour faire écumer le savon, et en im- prégner le linge d’une manière expéditive. J’ai pensé que l’application d’une semblable machine pourroit être faite facilement aux bas, gants , etc. de fl de coton ou de lin, et autres objets que l’on auroïit à blanchir ou décolorer , tels que ceux que j’indiquerai plus bas. Je me suis laissé dire par la femme angloise, à qui j'ai vu faire usage de cette machine, qu’en Angleterre il en existoit d’a- nalogues et proportionnées en conséquence pour des lessives ordinaires ou de linge com- mun , même que ces sortes de moussoirs, éta- blis en grand , étoient mûs par des chevaux, et à l’aide d’un engrenage. Si la chose est pos- sible , il seroit à propos de la tenter. C'est pourquoi j'ai cru devoir transcrire à-peu près l’idée de la simple machine, telle que je l’ai vue exécutée.
Il en sera de même de la machine à can- nelure, dont on fait usage pareïllement en An- gleterre pour frotter le gros linge , qui con- siste tout simplement en deux madriers ou fortes planches cannelées, dont celle de dessus est la seule mobile. Le mouvement qu’elle pro- cure à la toile passée entre-deux, faisant mous- ser le savon ou la lessive , dont elle se trouve imprégnée , ou dans lesquels elle est plongée, contribue à en faire sortir les crasses ou or- dures.
Les Anglois se servent encore avantageuse- ment pour dégorger les toiles de deux cylindres
1286 UP v AIN Cc x MEN Tr °
cannelés, roulant l’un sur l’autre à l’aide d’unë manivelle et au-dessus de l’eau, entre lesquels. cylindres sont passées à-la-fois plusieurs toiles attachées par leurs extrémités et formant de” longs anneaux. Plusieurs tours entre les cy- lindres , dont celui inférieur est absolument recouvert d’eau , suffisent pour nettoyer et. pe les toiles des saletés qu'en a détachées a lessive.
Je n'ai point cru devoir donner le dessin de ces deux machines , qui sont exécutées avec succès tant à Saint-Denis qu’à Beauvais.
Ci A PETER ER DT. Derniers appréts.
Les toiles blanchies par l’acide muriatique oxigéné étant abandonnées àelles-mêmes dans le cours du blanchiment sont sujettes par la nature de leur fil et de leur tissu , à se gonfler et crisper ; par conséquent à diminuer d’au- nage sur-tout dans la dimension de la lon- sueur ; il est estentiel, non-seulement pour ne pas perdre cet aunage , mais encore pour rendre la toile plus quarrée; plus douce et plus égale dans son grain , de lui donner l’apprèt convenable pour la rétablir dans son premier état de longueur et dans sa qualité. A cet effet le genre d'apprêt nécessaire se donne par le moyen d’un rouloir (voyez planche VI, figure 1 et2}). On appelle ainsi un bâti léger de charpente traversé à sa partie superieure dans le sens de sa largeur par plusieurs barres lé-
gères
DES TOILES, FILS, €tC. 129 gères fixées très-près l’une de l’autre , et pré- cédées et suivies d’un tendoir à crémaillère , entre lesquelles barres et tendoir l’on fait
asser les toiles à apprêter et équarrir, pour de h les enrouler sur un cylindre de bois d’orme mû par le secours d’un engrénage à l’aide d’une manivelle à laquelle sont appliqués un ou deux hommes, selon la force de tension donnée à la marchandise ; l’apprêt du rouloir est suscepti- ble d’être donné à chaud ou à froid , à la pièce sèche ou mouillée. Seche et froide, si l’on ne veut qu’adoucir son grain et la rétablir dans les dimensions premières; mouiilée et chaude, lorsqu'il s’agit non-seulement de l’allonger , mais encore de la sécher dans le même temps, Indépendamment du tirage que la toile subit sur sa longueur , la personne qui la conduit pour son enroulement sur le cylindre, a soin de l’étirer par les lisières, de même que celle qui la fixe sur le cylindre même, où elle doit rester au moins vingt-quatre heures, temps qu’il faut pour en effacer les plis ou rides et maintenir le retour de ses dimensions. Les rouleaux ou cylindres doivent être enveloppés de toiles pour ne pas salir les pièces blanches roulées dessus, et l’on met une tôle remplie de braise sous les toiles pour les sécher ou re- passer , lorsqu'il s’agit de les sécher tout à-la- fois en les roulant. | Lorsqu'on veut seulement effacer les plis de la toile en li conservant son grain, on la passe successivement sur sept rouleaux de bois disposés les uns sur les autres , de telle ma- _nière qu’en en tournant un, les six autres sur les quelles est enroulée. la toile, tournent
1 €
190 BLANCEHEIMENT aussi. C’est au septième rouleau inférieur qu’on adapte la manivelle que fait tourner une séule personne. Je n'ai point dessiné cette machine exécutée dans plusieurs fabriques et ateliers d’appréteurs.
Lorsqu’il s’agit d’écraser le grain de la toile ou de la glacer, on la fait passer alors à la calendre chaude ( voyez planche VIT, figure: I, 2et5) qui consiste en un bâtis solide de charpente , dans lequel se meut un cylindre dé cuivre jaune , entretenu à certaïn dégré de chaleur , par le moyen de boulets ou barreaux deferrousis d'avance àun fourneau particulier. Ce cylindre est disposé entre deux autres cy- lHindres d’un diamètre double et en bois de noyer. Avant d’arriverà ces cylindres, la toile est passée tant dans l’entre-deux de plusieurs barres |; que sur un tendoir à crémaillère ; cette machine est pour l’ordinaire mise en mouvement par un cheval; cependant il en est quelques-unes qui sont müûes à force de bras, maïs elles sont moins expéditives. Dans Vunet l’autre cas, soit qu’elles soient destinées à agir à froid, soit à chaud ( cette dernière méthode est préférable ), c’est toujours par un engrénage particulier que cette machine est mise en jeu. Afin de se procurer un peu plus de tension et pour effacer plus sûrement les plis, lorsque la pièce passe sous le cylindre chaud qui la repasse ; on l’asperge d’eau lé- sèrement et à fur et mesure , au moyen d’un pétrt bafaïi de bruyère. Qu.
On se sert'encôre dans certaines blanchisse- riés de calendre à coffre plus ou moins char- gé ; en se promerant comme l’on sait sur des
DES TOILES,-FIELS; etc. 131
cylindres de bois autour desquels sont en- roulées les toiles. Cette machine qui est mûe ordinairement par l’eau ou un cheval, n’é- crase pas le grain, ou du moins très-peu, mais allonge l’aunage ; toutefois elle sup- pose toujours un rouloir à froid et à sec pour disposer les pièces sur les cylindres La calen- dre à coffre est nécessaire aussi lorsque l’on veut tabizer des marchandises, c’est-à-dire leur faire jouer la moëre. On obtient aisément ce dernier apprêt en enroulant les plis un peu en zig zag.
Voici encore une manière de sécher les toiles, fort en usage chez les marchands lin- sers; elle est des plus simples, elle consiste tout bonnement en une plaque ou feuille de cuivre rouge ou jaune, placée sur un trépied en fer et sous laquelle on dispose un bassin de charbon ou braïse ailumée ; la toile passée sur cette tôle échauffée, y séche à fur et me- sure et très-promptement. Cette méthode équi- vaut à un repassage , et peut suppléer au cy- lindre et au rouloir pour sécher, mais non pour rétablir l’aunage ; elle peut convenir au reste parfaitement à sécher les bas, bonnets, mouchoirs, etc. ou à les repasser; on a soin de tenir cette tôle toujours des plus propres, pour ne pas exposer lés marchandises à en êtresalies.
Ilne suffit pas d’avoir indiqué les différentes manières d’équarrir et sécher les toiles , il faut dire aussi comment se rangent et se préparent les fils au sortir de la perche sur laquelle on les a fait sécher. La préparation qu’on leur donne tend à leur enlever, savoir pour les fils uuis la rudesse qu'ils présentent toujours dans
2
152 BLANCHIMENT
leur maniement lorsqu'ils sont secs. On y par: vient facilement en secouant chaque écheveau ou sur la cheville ou sur la main, après les avoir froissés entre les mains ou battus sur le maillet. Cette opération est sur-tout nécessaire pour les écheveaux de fil retors, disposés, comme il a été dit, à se recoquiller et à ne pas conserver leur longueur première ; on peut cependant la leur restituer très-promptement et commodément au moyen d’une espèce de rames ( voyez planche VIIT, figure 3 et 4 )sur le travers desquelles sont passés et étendus les écheveaux ; l’une des traverses mobiles est re- Jevée et fixée à l’aide de chevilles que l’on fait entrer dans l’un des trous disposés en zig zag à peu de distance les uns des autres sur les montans de la rame; on conçoit donc que chaque écheveau mouillé et tors passé ensuite sur les traverses haut et bas, est tendu aïnsi pendant un certain temps, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il soit sec et forcé de garder la longueur qui lui est procurée par cette tension : inais cette dernière préparation ne se fait commu- nément qu'aux fils retors ou à coudre, qu'on a soin au reste d’étaler le plus possible sur la traverse, soit pour en accélérer la dessiccation par une moindre épaisseur.
Les écheveaux de fils unis, divisés commeon l’a dit ci dessus, sont ensuite noués au milieu et rangés par vingt ou par quarteron en une trousse traversée par un semblable écheveau qui les lie et les assemble ; du moins c’est ainsi que se rendent les fils unis , dans certains dé- partemens, par le blanchisseur au marchand ou fabricant.
DES TOILES, FILS, etc. 135
Quant aux fils retors en deux ou plusieurs bouts, on les tourne en spirale sur eux-mêmes, et afin qu'ils soient bien serrés, cette opération se fait à la cheville ( voyez planche 1], figure 12 ); c’est ce que l’on nomme plier en carotte; on range aussi de cette manière les fils simples pour ressarcir , etc.
À l’égard des bas, bonnets, etc. de fil ou coton , aussitôt secs on les visite pour en re- prendre les mailles ou les raccoûtrer, car il est très-rare sur-tout pour les ouvrages légers tels que les has, qu’en passant dans les diver- ses mains d’œuvre que l’on a mentionnées, il n’y aitpas, soit à l’un ou à l’autre objet, quelque maille d’échappée. Ce n’est pas qu’il y ait rien à appréhender, si le coton est filé à la main, mais la plupart de ceux filés à la mécanique, et que l’on emploie de préférence pour les objets de commerce , sont filés très-inégale- ment, souvent même beaucoup de pièces sont fabriquées à l’instar des bonneteries anglaises, à deux fils au lieu de trois , ce qui diminue encore leur solidité.
Les bas, gants, etc. visités , retournés et raccoûtrés s’il y a lieu, sont disposés de suite es par paire , pliés en deux ou trois, selon . leur longueur, puis rangés par qualité, façon
et dimension , par sixain ou demi-couzaine , après avoir été repassés si on l'exige ; ensuite ils sont mis à la presse, on les enveloppe de papier bleu ou blanc, avec feuille et étiquette.
Pour l'ordinaire ces derniers apprêts ne se donnent qu’autant que le marchand ou com- missionnaire les demande, autrement on rend ces espèces de marchandises ce ue
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sont séchées, même sans les retourner, de . crainte qu’elles ne soient salies dans le trans- port. Il est encore des endroits où les bas sont mis à la forme pour y sécher, et afin qu'ils recouvrent les dimensions diminuées par une suite du blanchunent ( car le propre des objets tissés sur les métiers est de se froncer ou fou- ler un peu lorsqu'ils sont mouillés) on ne met guères qu’une paire de bas sur chaque forme ; afin qu’ils ne soient pas susceptibles de se retirer en séchant , on les fixe dessus et à l'entrée du bas avec des clous d’épingles quand il y a été tendu à la volonté. Autant qu’ii se peut, les formes doivent être faites en boïs de hêtre et d’une seule pièce, afin que les bas ne soient pas exposfs à être déchirés par les jointures des deux morceaux, le pied et la jambe | qui souvent composent les formes. Les arrètes doivent encore être soigneusement abattues. pour éviter les mêmes accidents de déchirure dont il vient d’être parlé.
On grille aussi les bas, soit de fil, soit de coton. On se sert à cette fin d’un fer rouge que l’on passe dessus le bas dressé en consé- quence sur la forme. Cette préparation n’a lieu toutefois qu'auparavant le dernier bain de la lessive et d'immersion , par rapport à la couleur rousse que donne cette main d'œuvre et qu’il s’agit de faire disparoître.
Au grillage on substitue quelquefoisle flam- bage qui consiste à passer la forme, revêtue de ses pièces, au-dessus d’une lampe à esprit de vin.
Ces apprêts particuliers ne sont donnés qu'aux bas dont on desire que le tissu paroisse
DESITOEL LES) PLLS,. etc. -j455
très-uni et le blanc très-brillant, à l’instar des marchandises de ce genre qui nous viennent d'Angleterre.
Après avoir indiqué la manière d’appréter, équarrir et sécher les toiles , je vais passer à celle de les plier. Cette opération se fait ordinairement à la baguette, parce qu’elle est fort expéditive , et en même temps que la marchandise est pliée très-proprement.
Presque toutes les toiles se plient en deux, selon leur lonsueur (voyez pl. IT, fig. 7). Pour cet effet , l’un des bouts est passé sur un rouleau mobile , suspendu d’avance à chaque extrémité par une corde fixée au plancher de latelier ; ce bout est jetté de l’autre côté du rouleau, et l’ouvrier conti- nue de faire le pli qu’il a commencé , en jetant ce qu'il a plié également au-dessus de ce rouleau ; la pièce se plie ainsi de suite jus- qu’à la fin. On a soin qu'elle tombe ou soit re- çue sur un marche-pié ou théâtre , afin qu’elle ne soit pas exposée à être foulée ni salie,
La toile , ainsi pliée en deux , est portée sur une table, ( voyez même planche, fig. 8 et9.) pour y être pliée en cet état sur elle- même par plis égaux et réguliers. On prend avec la toile même la longueur du pli que l’on veut faire , on la porte sur deux barres de fer, plates , fixées de chaque côté sur la table , et percées de différens trous pour y placer les montants qui déterminent {a lon- gueur des plis , puis avec une première ba- guette qui s'appuie sur les deux montants la toile est jetée par dessus ladite baguette ; on la reporte jusqu’à la seconde qui doit former
L 4
136 BLANCHIMENT
le pli opposé ; on met en cet endroit une première baguette pour former de ce côté le remier pli , on reporte cette même toile jus-
qu’à l’autre bout, on place au second pli une
seconde baguette ; on revient à l’autre extré-
mité, et l’on fait la même chose alternative- ment jusqu’à la fin de la pièce, en retirant les baguettes premièrement mises : iln’en faut que quatre à cinq pour chaque côté ; elles sont de fer poli et de la grosseur du petit doigt. Les verges montantes, placées dans les écrans des barres de fer plat, doivent être suffisam-
ment élevées pour contenir tous les plis
qu’exige la longueur de la toile. On pro- portionne d’ailleurs la longueur de ces plis à l’étendue et au volume que l’on présume de- voir prendre la pièce lorsqu'elle sera pliée ;
l'expérience à bientôt indiqué ce que l’on doit
faire à ce sujet. | _ À cette opération , succède la presse, siles
pièces en sont jugées susceptibles par rapport à leur volume ou la facilité de leur appoin-
tage.
Au sortir de la presse, quand la pièce, soit
simple soit double , est pliée par plis égaux’,
on fait retomber en dedans tous les plis de
ladite pièce de chaque côté : ce qui fait,
comme l’on voit, un premier pli général ;
on rejoint ensuite l’un sur l’autre les deux
dos de ces plis, que l’on appointe et retient,
ainsi que l'on va voir, d’où l’on juge que la
pièce doit être pliée assez longuement pour
pouvoir fournir ainsi à trois plis. On appointe
et retient ce dernier pli, (voyez planche II,
fig. 10,) qui est celui du milieu , au moyen
BES TOILES,) "Mr LS, etc. #37
d’une ficelle , plus ou moins grosse, selon la qualité de la pièce de toile. On traverse avec une aiguille ou carrelet, les revers des deux premiers plis, et on les assujettit de suite par des nœuds dessus et dessous , tant sur le côté que sur la face du pli. La pièce ainsi con- tenue, on enjolive cet appointage par des bouffettes en fil d’or pour les marchandises fines , comme toiles, batistes et mousse- lines ; des bouffettes de soie de diverses cou- leurs pour les toiles plus communes. Quant aux toiles grossières , on se contente d’y pas- ser sur le devant du pli de sunples bouts de ficelle que l’on noue pour les contenir.
J’ajouterai ici que les toiles perdent en longueur , par suite du blanchiment , en- viron une aune à une aune un quart sur vingt-cinq , selon leur qualité; on leur res- titue cet aunage par les derniers apprèts dont _on vient de parler. |
A l’égard de la perte en poids que subissent les fils, elle dépend beaucoup du degré de rouissage du lin , suivant qu'il est plus ou moins parfait. Les fils de lin de Flandres et d'Artois , par exemple , rouis à l’eau , ne per- dent pas au-delà de vingt pour cent, tandis que ceux de Picardie, dont le rouissage à l’eau , bien loin de laver suffisamment le fil, ajoute au contraire une crasse produite par les terres sur lesquelles il repose à celle qui se détache à ta longue par la macération qu'a -subie son écorce, perdent plus d’un quart de leur poids, généralement parlant: Les fils sros- siers perdentnaturellement plus que toutautre. En général , la perte peut en être estimée
138 : BLAN CHI MENT
de vingt-cinq à trente du cent, et de dix-. huit à vingt-cinq pour ceux de moyenne. qualité. Quant aux fils de coton, le déchet ne s'élève guères au-delà de trois à quatre pour cent. Les toiles de coton peuvent perdre da- vantage en proportion , par rapport au pare- ment qui produit un poids de plus , et qu’il faut d’abord dissoudre et enlever du tissu, avant de se préparer à le décolorer ou blan- chir.
Après avoir traité des apprêts ordinaires où. français , j’ai pensé qu’on verroit avec intérêt quelques détails concernant le grillage par- ticulièrement employé par les Anglais pour les étoffes légères de coton. Chacun sait que les mousselinettes et mousselines rayées , unies, mouchetées , etc. sont d'autant plus belles qu’elles sont moins mousseuses ou cou- vertes de duvet. Aussi les Anglais, qui pour- tant ont l'attention de n’employer que des cotons dont les soïes sont lonoues, ont-ils le plus grand soin de les rendre rases le plus possible ; c'est ce que l’on remarque sur-tout dans leurs ouvrages en coton de bonneterie ou de tissage façonnés ou unis, et dont la fleur de blanc ressort d’autant plus que la surface de l’étoffe ‘est plus rase ou moins couverte de cette lésère mousse, que l’on re- masque sur toutes les pièces de coton au sortir du métier. |
J’ai donc présumé que l’on apprendroit avec plaisir comment s’y prennent les fabri- cans anglais pour faire disparoître toute cette mousse qui, sur une belle et fine pièce, nuit sin- gulièrement à la réflexion et à l’éclat du blanc
DES TOILES, FILS, etc. 139
qu’elle a reçus. J’ai dessiné en conséquence la machine à griller qui sert à cet apprêt. ( On peut la consulter planche VIIT, fg. 8, 6, 7 et 10. )1li me suffit de dire ici qu'après avoir cousu les mousselines aux toiles gros- sières d'étoupes qui sont clouées sur les deux rouleaux à manivelle, et les avoir bien tendues , on les frotte avecla brosse pour en relever le poil à griller ; on ne passe celle-ci ordinairement qu’une ou deux fois, puis sur la surface supérieure de la toile , qui doit toujours être l’endroit de la pièce, on promène promptement et lésèrementune barre de fer coudée et plus ou moins rouge ; cette barre, suivant son dégsré de chaleur , est passée deux à trois fois sur le même endroit; après l’avoir promenée rapidement sur une lisière , on la ramène insensiblement vers l’autre. Quand le duvet de cette première avalée est bien ras, ce que l’on observe en regardant la toile dans le sens de sa largeur et longueur au niveau de sa surface, on tend une nouvelle avalée de la pièce que l'on déroule à cet effet , puis on procède à son grillage.
Les toiles qui ont deux faces sont grillées des deux côtés, mais plus promptement et lésèrement sur le côté d’envers, c’est-à-dire, on y porte beancoup moins d’attention.
Il faut au moins deux à trois fers dont l’un chauffe, tandis que l’un grille avec l’autre ; on à sur-tout la précaution de les bien es- suyer chaque fois avant de s’en servir sur un chiffon ou sur du grès d’un grain fin, et au sor- tir du fourneau où on les met chauffer. Cétte
140 BLANCHIMENT
attention est recommandée par la crainte
w’il ne se rencontre sur cet instrument quel- que corps gras, ou de la suie, etc. qui pour- roit , en s’enflammant, brüler ou percer la toile. Ces fers peuvent être chauffés indiffé- remment avec de la tourbe, du charbon de terre , tout comme avec du bois.
La toile de coton ou mousseline , que l’on rend ainsi rase et unie , prend aussitôt cet apprèt par lequel commence toujours le blan- chiment, prend, dis je, une teinte rousse, seniblabie à celle que recoit le linge sur lequel on a laisse réposer trop long temps un fer à repasser un peu chaud. Mais cette couleur : disparoît souvent à la première ou à la seconde immersion, sans aucune lessive intermédiaire.
Ce que l’on fait ici à l’égard des toiles de. coton ou mousselines peut avoir également lieu pour les toiles toutes de lin ou de chan- yre, quoique moins susceptibles d’être cou- vertes de duvet par une suite de la longueur des brins qui composent leurs fils.
Ii est très- possible pareillement d’user du même procédé envers les bas, bonnets ou autres ouvrages de bonneterie fine en coton, susceptibles d’être recherchés par leur beau blanc, qui séduit toujours le consommateur, lequel pour l'ordinaire sans s’occuper de la qualité de la marchandise, paroît lui pré- férer le coup d’œil qui la pare. Toutefois, ainsi que je l’ai déja indiqué , le mécanisme qui dispose les ouvrages de bonneterie à recevoir le grillage doit être différent de celui des toiles et approprié d’ailleurs à la forme de l’objet à raser. |
() \ DES TOTLES,"7rX LS, etc. #42
Il est encore une manière de griller lestoiles de coton et les mousselines, je veux parler du grillage à l’esprit-de-vin ; mais par cette mé- thode on ne grille jamais aussi ras ni aussi ésalement qu'avec le fer rouge , elle est d’ail- leurs beaucoup moins expéditive. Cependant comme elle peut être utile et applicable à certains genres de toiles où marchandises, l’on peut consulter la planche VI, fig. 1 et 2, où j ai décrit la machine dont on peut se servir à cet effet. Je dirai seulement qu’au lieu de la cuvette qui contient la braise , on en doit disposer une qui contiendra une suite de mêches à esprit-de-vin ; j'ajouterai de plus qu’un homme suffit pour soigner et conduire tant cette méthode que la première , et que l’esprit-de-vin dont on se servira peut être mêlé jusqu’à une certaine dose.ayec de l’eau- de-vie.
_—
CAP PORC EURE XL V: Des liqueurs d’épreuve.
J'entends parliqueurs d’épreuve toutes celles colorées, tirées des végétaux par décoction ou fermentation, qui, mélangées avecl’acide mu- riatique oxigéné sont plus ou moins attérées, selon que l’une ou l’autre liqueur est plus ou moins concentrée. Ces liqueurs végétales, sui- vantle degré de destruction qu’elles en reçoi- vent, servent à en faire connoître l’énergie et à juger sur-tout de l’emploi qu’on peut encore faire de l'acide muriatique , quand préparé
142 BLANCHIMENF-T | d’après les proportions qui ont été indiquées, il a déja servi à un ou plusieurs bains ; ce
n’est pas qu’on ne püt rendre cet acide plus :
concentré , en mettant moins d’eau dans les baquets ou tonneaux, ou en augmentant les doses des ingrédiens. Mais quel avantage en résulteroit-il , si ce n’est dans les cas du trans- port ou pour blanchir promptement des toiles grossières ou autres objets de semblable qua- lité, telles que des pièces à torchons , des fi- celles , cordonnets , etc. dont l’on ne crain-
\
droit point d’altérer le tissu : car pour toute
autre marchandise de fine qualité , il est tou- jours prudent d’étendre l'acide dans de cer- taires proportions, pour s’en servir,
- Une dissolution d’une partie d’indigo par huit parties d'acide sulfurique est indiquée particulièrement par Berthollet pour avoir été mise en usage par de Croisille , à Rouen. Cette préparation ne diffère de celle du bleu de Saxe qu’en ce que Île dernier se fait avec une partie d’indiso sur quatre d’acide sulfurique. L'une ou l’autre composition peut se digérer dans un matras ou simplement dans une fiole à médecine, soit au bain-marie , soit sur des cendres chaudes ou à un bain de sable. Au bout de quelques heures une partie de lPindigo broyé et passé d’avance au tamis de soie est dissoute , on verse dans un vase par- ticulier , doucement et par inclinaison, la par-
tie dissoute de ce bleu très-foncé et très-épais,
ensuite après l'avoir étendue d’eau, jusqu’à ce qu’elle marque un degré sous zéro à l’aréo- mètre de Mossy , l’on a une liqueur d’épreuve
dont trois parties seront décolorées par la sep-
DES TOILES, FILS, etc. 143
tième ou huitième partie d'acide muriatique oxigéné composé ainsi qu'il a été dit. Ladite liqueur peut être mesurée dans le couvercle de l’étui de l’aréomètre , puis versée dans un cylindre de-verre , gradué et posé sur un pied ( voyez pl. IX , fig. 10, 11 ).
J'ai cru devoir indiquer ici l’espèce de me- sure dont je me servois dans cette épreuve, vu que le dégré de la liqueur n’est souvent plus le même, lorsqu'on vient à verser lacide oxigéné dans un vase d’une ouverture diffé- rente. Il est donc essentiel de se servir cons- tamment de la même mesure.
On observera que l’acide muriatique oxi- géné peut agir eflicicement pour second bain sur des objets de fil déjà atteints, ou des objets de coton en premier baïin , de- puis le moment où il faut, pour décolorer trois parties de bleu, une seule demi-partie d’acide , jusqu’à celui où il faut une partie en- ère de ce dernier pour décolorer trois de bleu. Lorsque le baïu est autant affoibli , il ne convient plus , pour aïnsi dire, qu'aux apprêts.
Cependant si l’on en a en certaine quan- tité , on peut le destiner à y faire tremper et préparer , au cas que l’on en ait le temps, des marchandises même bises ou écrues ; car quoique lacide soit assez affoibli pour ne pas paroître devoir blanchir, néanmoins il ne laisse pas que d’agir à la longue, tant que le bleu de la liqueur d’épreuve se décolore, ayant remarqué maïntes fois que quélque foible que soit la préparation qu’en recçoive alors la pièce, le blanc de celle-ci ne laisse
144 -BrancHimenr
as que d’en avancer d’une manière plus sen sible , lorsqu’elle est nouvellement soumise à une liqueur neuve et forte. Il ne faut donc pas rejeter cette eau , quand même il en fau- droit une mesure pour décolorer une sem- blable mesure du bleu d’indiso , que l’on jettera dessus ; car c’est ainsi qu’il faut l’é-
rouver et le tâter, quand une fois elle est affoibli au point que trois parties de bleu sont décolorées par une d’acide ; d’où l’on voit que l’on ne sauroiït être trop attentif à épuiser entièrement les eaux, il en résulte .un vrai bénéfice dans un cours de blanchi- ment réglé.
Lorsque la liqueur du bain n’agit plus sur la liqueur d’épreuve , elle ne contient plus alors d’acide muriatique oxigéné , quoiqu’elle conserve encore une odeur particulière qui n’est point désagréable, ce n’est plus alors que de l’acide muriatique ordinaire, étendu d’eau, si l’on a à éprouver un bain d'acide mu- riatique oxigéné odorant ; si, au contraire, l’eau à examiner provient d’un bain d’acide muriatique oxigéné inodore , elle contient de plus la combinaison de cet acide avec de la potasse. Dans l’un ou l’autre cas, l’eau en doit être rejetée, si on ne lui connoît pas d'emploi particulier, on ne se soucie pas d’en faire ; si non on la réserve ou pour ie rinçage des objets déjà blancs sortant de lessive, ainsi qu’il a déjà été chservé, et auxquelles elle paroît convenir de préférence à l’eau ordi- naire , ou on la réserve pour un nouveau tonneau de liqueur au cas que sa couleur ne
soit pas trop chargée. La
DES *TORLES, FIST, etc. 445
La teinture de cochenille peut être em- ployée pour liqueur d’épreuve, ainsi qu’il en est fait mention dans les annales de chimie, avec. autant de succès que le bleu de Saxe; elle se faitmême plus simplement, puisqu'il ne s’agit que d’en faire bouillir un peu la graine écrasée dans un mortier de verre ou de marbre, ou si l’on veut encore , en la pres- sant fortement avec les doigts. On la filtre ensuite à travers un linge ou du papier gris, sur lequel l'on se contente de la transvaser légèrement et par inclinaison , pour que les coques soient séparées de la liqueur.
Il faut deux parties de teinture de coche- nille étendue d’eau à demi-degré sous zéro, pour être décolorées en jaune par deux parties d'acide muriatique inodore au même degré que celui nécessaire pour décolorer le bleu d’'indigo décrit et étendu comme dessus.
On peut faire remarquer ici que la liqueur de javelle violette et concentrée à quatre degrés de potasse sous zéro, n’exige pas plus de parties pour décolorer trois parties de bleu décrit plus haut qu'il ne faut de parties d’acide muriatique oxigéné pour décolorer la même quantité de bleu ; cependant la liquenr de javelle blanchit plus également et promp- tement.
La teinture de tournesol peut encore être employée avec autant d'avantage que la co- chenille, elle se prépare de la même manière. Enfin il n’est point jusqu’à la teinture de betterave et au vin lui-même , que l’on ne puisse employer aussi cemmodément , faute d’autres teintures végétales sous main ;
146 BLANCHIMENT
les jus de cassis et de groseilles sont aussi susceptibles de donner les mêmes indices.
Quant aux couleurs que prennent les di- verses teintures, je vais les indiquer.
Le. bleu de Saxe ou la dissolution d’indigo par l’acide sulfurique, tire sur le jaune plus ou moins fauve, soit avec l’acide muriatique‘oxi- séné odorant, soit avec celui inodore. Sa teinte devient d'autant plus foncée, que le bleu lui-même est plus intense.
La teinture ou décoction de cochenille , prend une couleur merde-d’oie. |
Celle du vin rouge de Macon, prend la couleur opale ; celle de tournesol devient lé- sèrement ambrée avec l’un ‘ou l’autre acide muriatique, préparé aïnsi que je l’ai recom- mandé ; j'ai observé néanmoins qu’elle ne change pas avec la liqueur dite lessive de javelle, qui cependant fait lésèrement effer- vescence avec le vinaigre.
Il sera très-facile au surplus de se régler pour toutes autres teintures dont on se trou- veroit plus à portée de faire usage, soit bois, soit racines, d’après les proportions que j’ai énoncées pour la cochenille et pour l’indigo.
À l'égard de ce dernier, voici une autre: manière de le préparer sans le secours du feu.
Après avoir versé dans une bouteille de ‘grès ou de terre , la quantité d’acide sulfu- rique convenable, l’on verse lindigo bien | pilé et passé au tamis de soie, que l’on ne | cesse d’agiter. de la main fortement pendant une heure, temps suffisant pour que les gru- | meaux d’indigo qui se sont formés lors de son.
DES TOILESS, DEA LS, Etc. 147
introduction, tant par le contact de l’acide,
u’autour des parois de la bouteille ou à la surface de l’acide, soient entièrement disparus. Il se fait pendant cetté agitation de la liqueur une forte effervescence. L’indiso bien re- mué et pénétré d’acide ne tarde pas à être dissout ; mais pour l’ordinaire , ce n’est qu’au bout d’une demi-heure qu’il l’est complète- ment. Cette proportion de temps est détermi- née par celle de deux onces d’indigo et une livre d’acide sulfurique, On peut si l’on veut, ajouter à cette quantité d'acide un demi-verre d’eau: Je me suis assuré que cette dernière liqueur donnoit à l’acide une plus prompte action sur le bleu.
2e Re nn
CS AP HMRTE °X; V.
Moyens de remédier aux accidens survenus dans le cours du blanchiment.
‘ Les accidens susceptibles d’arriver dans le cours du blanchiment, peuvent se distinguer en accidens de cistillations , en accidens de lessives et d’immersions, et en accidens d’ap- préts. Je vais parcourir ces trois classes d’ac- cidens et indiquerai en même tems les moyens d'y porter remède.
Accidens de distillation, Le principal acci- cident susceptible d’interromprela distillation, c’est lorsque les luts de l’ailonge laissent échapper le gaz. Le plus: court parti alors, pour ne pas souffrir long-temps de l'acide qui s'exale, et que l’on ne peut parvenir à
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148 BLANCHIMENT
retenir que très-difficilement, presque tou: jours pour très-peu de temps et imparfaite- ment, par une suite de sa grande expan- sion , le plus court parti, dis-je, à moins que la distillation ne tire à sa fin, est d’ôter sur- le-champ le feu de dessous la capsule de la cornue, de laisser cette dernière se réfroïdir quelque temps, en l’élevant un peu sur son bain de sable qui s’écoule dessous. S'il n’est pas possible de l’enlever du fourneau avec sa capsule, parce que celle-ci y seroit trop serrée ou trop chaude pour cet effet, on délute l’allonge de dessus l’entonnoir du tuyau de plomb, on bouche ensuite l’ouver- ture de ce tuyau avec un bouchon de liége ou de mortier pour qu'il ne s’évapore point de gaz du tonneau, puis on enlève la cornue et on la pose doucement sur des coussinets de paille, ou sur des torchons pliés en plu- sieurs doubles, après quoi tenant bien forte- ment la cornue par son col, près du pli, on délute entièrement l’allonge en la tournant et tirant à SOI ; aussi-tôt on ferme l’orifice du col de cette cornue avec un bouchon de liége , mais pas assez serré pour qu’il ne s’é- chappe pas un tant soit peu de gaz, crainte d’explosion. On peut au reste soulever légère- ment le bouchon de Ia tubulure. Cette pré- caution est nécessaire par rapport à la grande expansion du gaz acide muriatique. On en- lève ensuite les luts vieux, tant de l’allonge
ue de la cornue, on nétoye bien les places sur lesquelles ils étoient appliqués, pour pou- voir y en rasseoir de nouveaux, après en avoir soigneusement enleyé l’humidité avec un
DES TOLLES, MrËs!, etc. 149
linge ou une éponge, etc. Si les luts quoi- qu'enlevés sont encore bons, on les repétrit et corroye de suite, en y ajoutant, s'il est besoin, un peu d’huiïle cuite; ou bien on les mêle avec des luts neufs, si on a été obligé d’en retrancher une partie brülée ou décom- posée, ce que l’on reconnoît, pour le lut gras, à la couleur blanche ou rougeâtre qu'il acquiert et à la facilité avec laquelle il se rompt, attendu qu'il a perdu le gluten qui lui donnoit cette longueur et cette viscosité qui faisoit sa bonté.
A l’égard des luts de gâteau de graine de lin , il faut presque toujours les renouveler en entier, sur-tout celui intérieur, parce que la chaleur le fait trop durcir pour pouvoir le repétrir aisément. On reconnoît qu’il est décomposé à la couleur jaune qu’il acquiertet à la retraite qu’il prend en communiquant de la chaleur.
Les luts pétris en consistance convenable, et placés à propos, ainsi qu’il est dit dans le chapitre IV, on fixe l’allonge , après toute- fois avoir retiré le bouchon qui étoit au bec de la cornue et en avoir mis un au bec de J’allonge , afin que, pendant sa mise, l’on ne soit pas incommodé de la vapeur, qui d’ailleurs se condense par une suite de la fraîcheur de cette même allonge, dans cette partie. On place ensuite en son lieu et sur le fourneau ladite cornue , on débouche l’al- longe, on la lute sur le tuyau de plomb, on remet le feu sous la capsule et la distil- lation reprend bien vîte comme à l'ordinaire. Cette opération est fort délicate , elle demande
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à être faite très-promptement , et il faut avoir grand soin, en plaçant les luts et l’allonge, de se ranger toujours au-dessus du courant d’air pour se garantir de la vapeur.
Si l’accident que l’on vient d’exposer a lieu sur la fin de la distillation , comme il peut ar- river quelque fois par une suite de la trop grande chaleur qui ramollit les luts, il suffit pour lors d’ôter le feu de dessous la capsule et bientôt la distillation cesse, sur-tout si l’on a soin de condenser le gaz en appliquant prudemment des linges mouillés, tant sur le bec de la cornue que sur le corps de l’allonge.
On’ seroit à l’abri de ces inconveniens, si dans les verreries où l’on s’occupe: prin- cipalement de la fabrication des vaisseaux de chimie, l’on pouvoit faire des cornues avec des cols recourbés en forme d’allonge. Toutefois l’on peut avec avantage suppléer à ces sortes de vases en faisant usage, ainsi
ue je l’ai déjà dit à l’égard des flacons ou des balons tubulés, de tuyau de plomb cons- struit de manière à tenir lieu d’allonge (1). Si par hazard le Iut qui lui est adapté venoit à manquer, on laisse filtrer le gaz; en rap- p'iquant aussi-tôt du lut neuf sur la join- ture ; on vient à bout assez facilement de le contenir. Au lieu de tuyau de plomb, on peut substituer plus commodément encore, au danger près de la casse, un tuyau de verre, dont le bout qui doit être appliqué sur
(1) Ce dernier moyen m’a paru préférable à tous autres, vu qu'il ne faut qu’un peu d’attention dans le lut, et que jamais on ne court les dangers auxquels expose l’usage des cornues. |
DES TOrLES!, -r1ÉS1I etc. A5
le flacon ou balon tubulé seroit usé à l’émeril. Par ce moyen, il n’y auroit aucun lut à ap- pliquer , et par conséquent aucun danger à craindre touchant la filtration dir saz, de l’é- chappement duquel on s’apperçoit facilement à l’odeur en général, qui se répand dans l’a- telier, et à celle qui se fait ressentir parti- culièrement quand on porte le nez sur les vases où le lut. Mais comme il peut résulter des accidens graves de cette derrière manière de reconnoître l’endroit où le lut est fêlé, si l’on n’agit pas avec la plus grande précau- tion , il est plus prudent de porter au tour du lut soupconné, un flacon d’ammoniaque débouché. À l’instant de sa présentation il se forme une fumée blanche qui décèle bientôt Pendroit défectueux. Il fatit toutefois que le flacon soit présenté au-dessus du courant d'air qui règne au tour du lut ou dans la- telier, sans quoi l’on pourroit déranger un Jut qui seroit bon, pour un mauvais.
D'un autre côté, si, dans le cours de la distillation et par défaut d’un feu soutenu, la liqueur du tonneau, par une suite de son absorption, remontoit dans le vase dis- tillatoire , il faut au moment que l’on s’en apperçoit, déboucher pour un moment, ainsi que j'ai déjà eu occasion d'en parler, la tubulure du flacon, à l'instant l’ab- sorption cesse. Cependant si, faute de s’en être apperçu à temps, l’eau étoit remontée au point de remplir en partie Ja cornue ou le flacon, ( câr'ïl ne $e remiplit jamaïs entière- ment) la distillation se trouvYeroït arrêtée par ‘une suite de la fraîchenr de lPéau-et-de sa
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152 BLANCHIMENT
trop grande quantité. Le plus court parti est de repomper l’excès d’eau qui se trouve pour lors dans le vase distillatoire, à l’aide d’une pompe de verre ou d’un syphon, et de ré- chauffer ensuite le même vase, après avoir transvasé l’eau qui en a été retirée , si on le juge à propos, dans le tonneau pneumatique.
u surplus, pour peu que la distillation soit bien suivie , jamais on n’est exposé à un sem- blable accident.
Accidens dans les Lessives et immersions. Je range dans la même classe les accidens pro- venant de ces deux opérations, parce qu'ils ne peuveut, pour ainsi dire, avoir lieu que par le concours de l’une et l’autre.
Une marchandise quelconque mal dégorgée de sa lessive et mise de suite dans l’acide mu- riatique oxigéné , y devient presqu'aussitôt d’une jolie couleur de nankin, dans les plis sur tout, ou par tache , lorsque certains en- droits n’ont pas été rinçés suffisamment , où bien la couleur est générale, si le tout a été mal rincé.
Le semblable accident arrive s’il est tombé de la suie sur le linge ou fil : la différence est seulement dans la couleur qui tire davantage sur le brun. Ces deux couleurs sont. suscep- tibles de se foncer de plus en plus, si l’on n'y remédie aussitôt qu’on s’en apperçoit, et au- paravant que les objets qui en sont teints, ne subissent d’autres bains de lessive ou d’acide muriatique oxigéne. NEA . L'on doit s'attendre au même accident, si les marchandises , quoique déjà blanches lors de leur immersion , ont resté trop lons-temps
DE6 TOLLES, - Hi IES, etc. 199
dans la liqueur : cela ne manque pas d’arriver, sur -tout si les objets qu’on laisse tremper , même dans une eau foible, y sont mis le soir pour y passer la nuit, le lendemain on les retrouve jaunes ou chargés de lessive.
Ce que l’on vient de dire concernant la cou- leur nankin , a lieu également, soit à l’égard des objets, quoique blancs , passés dans une lessive usée ou qui a servi plusieurs fois à enr recevoir de suite au sortir d’une eau d’acide muriatique forte , sans un rinçage préalable ; soit à l'égard desdits objets, plongés dans une nouvelle ou semblable eau acide au sortir de ladite lessive usée, même après en avoir été convenablement rincés. C’est ici le cas de faire remarquer qu’une lessive peut être usée, par une suite de sa combinaison avec l'acide muriatique , dont les objets qu’on y plonge sont encore imbibés , quoique pressés ou tors au sortir de leurs immersions, et cependant mar- quer à l’aréomètre un degré de force.
Le seul moyen de remédier à ces accidens, consiste à faire une légère eau sulfurique , chaude ou froide n’importe, la chaude toute- fois opère plus promptement. On y trempe les marchandises tachées ou teintes, ainsi qu'il vient d’être dit, l’espace de quelques minutes ou d’un quart-d’heure , selon que la couleur se trouve plus ou moins foncée, par une suite des lessives ou immersions plus ou moins ré- pétées, et on la voit disparoître presqu'aussitôt avec plaisir. Au lieu de faire exprès une eau sulfurique , celle qui a servi aux apprêts peut très-bien servir; l’une et l’autre ne doivent pas être plus fortes qu'il n’a été indiqué , à moins
154 BLANCHIMENT
ue les objets soient considérablement chargés de couleur , et qu’on en ait une grande quan- tité à passer à-la - fois ; au reste, on éprouve les eaux d’apprêts à l’aréomètre, et si elles ne sont pas assez fortes par une suite de leur ser- vice , on les restaure en y versant la quantité d’acide nécessaire pour les amener au taux de force convenable. On a soin, chaque fois qu'on verse de nouvel acide, de le bien mêler à l’eau avec laquelle on l’allie, et toujours auparavant d’y plonger aucune marchandise.
On observera ici que quoique les fiïs et les toiles, etc. se trouvent chargés d’une couleur étrangère , suite des accidens indiqués ; lun ou l’autre article n’en sont pas moins le plus souvent bien blancs en - dessous : c’est même une preuve que l'acide muriatique a bien opéré , en faisant remonter ainsi la lessive ; mais ces sortes d’accidens sont difficiles à re- connoître sur des objets encore bis ou sim- plement écrués ; dans ce dernier cas, l’inal- tération de la couleur bise peut seule faire soupconner le besoin de se servir d’acide sul- furique , sur-tout quard la lessive et l’acide muriatique , dont l’on a fait usage, sont nul- lement usés.
Accidens d’apprêéts : Si en passant des pièces dans l’eau de savon, après leur immersion dans | l'acide sulfurique, elles se trouvent encore trop acidulées, ou si au lieu de les faire désorger, | on les plonge de suite, au sortir de cet acide, | dans une eau de sayon : celle-ci est sujette à tourner ou se décomposer sur le-champ , et on voit avec peine la surface des toiles, bas, etc. chargée d’une infinité de petites taches d'huile
HS Tour 28, 0WNIÉS, “etc. 245
_en forme de flocons, d’un œil jaunâtre , et fort tenaces sur-tout sur les bas et autres objets de coton, parce qu’elles s’incorporent, pour ainsi dire, avec le duvet ou dans les mailles du tissu. Le grand layage ou rinçage peut seulement les faire tomber. |
Voici un accident dont je parlerai particu- lièrement, parce qu'il peut arriver à un chacun, celui de poser par mégarde des bas ou autres objets blancs, qui ont recu leurs premiers ap- prèts de savon , sur des articles qui auroient été exposés à la vapeur du souffre. Des bas que j'avois posés sur des gazes souffrées , et qui avoient ainsi passé la nuit, sont devenus, dans l'intervalle, tout roux du côté du contact: on auroit dit qu’ils auroient été brûlés ou mar- qués d’un fer chaud. Cette couleur due sans doute à la combinaison de l’acide sulfureux volatil avec l’alkali de savon, dont pouvoient être encore imprégnés jusqu’à un certain point les bas, a disparu sur-le-champ en l’exposant à l’action de l’acide muriatique oxigéné odo- rant, puis dans un bain léger d'acide sulfu- rique.
Tout sel avec excès d’acide , tel que celui d’oseille , enlève aussi facilement les taches de rousseur dont on vient de parler. Toutefois on ne peut convenablement l’employer , il est trop cher; mais le résidu des cornues, c'’est- à-dire l’eau qui tient en dissolution le résidu de la distillation de Pacide muriatique oxigéné, est très-bonne et peut lui être substituée avec avantage à chaud ou à froid , peut faire dis- paroïître ces sortes de teintures fort tenaces et nullement susceptibles de s’affoiblir par le sa-
156 BLANCHIMENT
vonnage ou les lessives auxquelles elles ré- sistent.
C'H°APP'I T FETE V'E
Manière de faire disparoître les taches de rouille, de goudron, fruits, vin, etc.
Lorsque les taches de rouille sont petites, on peut les enlever facilement avec du sel d’o- seille piié et écrasé sur la tache même, que l’on arrose ou imbibe ensuite d’un peu d’eau, ou bien l’on trempe la partie tachée dans une dissolution de ce même sel : bientôt elle s’af- foiblit et ne paroît plus; on finit par rincer bien proprement cette même partie. L’acide sulfurique peut suppléer utilement le sel d’o- seille, Berthollet semble l'indiquer dans son mémoire ; et jai vérifié, avec succès, que quoique les taches pénètrent le tissu des deux côtés, quelques largeurs qu’elles aient, si elles sont trempées dans un bain d’acide sulfurique tiède ou froid, au sortir du bain d’acide mu- riatique, on les voit disparoître insensiblement. Si Le tissu est bien serré, l’acide opère plus len- tement.
Quant aux taches de rouille que l’on apper- coit souvent sur la largeur des bas de fil ou coton , et qui proviennent des aiguilles des métiers , elles s’effacent pour l’ordinaire aux apprêts, c’est-à-dire dans le bain d’acide sul- furique ; il en est de même pour les taches de rouille occasionnées sur la largeur des toiles par les rots ou battans à broches de fer. En général
DES TOILES, FILS, etc. 157
lus une tache de rouille est ancienne , plus elle est tenace et difficile à s’effacer ; néan- moins avec le temps elle disparoît.
Il arrive souvent que les toiles sont tachées de goudron, parce qu’elles ontété transportées dans des bateaux et posées sur des planches dont le braï a été échauffé au soleil, ou sur des cordes nouvellement soudronnées ; en peu de temps on peut enlever ces taches, soit en les frottant ou savonnant , en quelque sorte, avec de l’huile d'olive, ce qui fait soulever le sou- dron , soit mieux encore en tenant la partie tachée plongée dans l’esprit-de-vin , dont on peut aussi facilement l’imbiber , si on le juge plus convenable. Ce dernier moyen est bien moins efhicace que le premier : il opère en occa- sionnant la dissolution du goudron.
A l'égard des taches de vin, de cidre et de fruits quelconques, il suffit de répandre dessus quelques gouttes d’acide muriatique oxigéné, et on les voit disparoître presque sur-le-champ. Cependant il est certains fruits , tels que les prunes, dont les taches sont plus difficiles à s’effacer , et qui exigent une ou deux lessives intermédiaires; de grises ou rougeâtres qu’elles paroïssent dans le principe , elles prennent dans l’acide muriatique une belle couleur ci- tron , qui ne s’en ya point par le secours dela lessive qui suit l’immersion , mais bien par l’immersion qui suit la lessive.
Je ne passerai pas sous silence un deuxième moyen très - simple et singulièrement écono- mique, pour faire disparoître sur -le-champ toutes espèces de taches de fruits, telles que des groseilles, cerises , etc. ; il suffira d’im-
L]
158 BLANCHIMENT
biber d’eau la partie tachée, ensuite de brûler près et au-dessus d’elle une ou plusieurs allu- mettes par la partie souffrée. Le saz sulfureux qui s’en dégage, dissipe bientôt par son con- tact la tache qui déparoit le tissu.
Il est une espèce de tache indélébile , c’est celle de la sanguine et du noir de charbon, avec lesquelles les ourdisseurs marquent les tours des ourdisssoirs , pour connoître la lon- gueur des chaînes des toiles; ces sortes de marques, dont sont empreintes les toiles de distance en distance , bien loin de s’effacer, semblent en quelque sorte s’aviver dans l’a- cide muriatique oxigéné , malgré l’intermède des lessives.
CHAPITRE ZX VIT
Prix auxquels revient l’aune ou la livre de diverses marchandises en lin, chanvre ou coton , blanchies par l'acide muriatique oxigéné.
Auparavant de présenter le tableau des dépenses pour une quantité d’aunes ou de livres de marchandises en lin, chanvre ou coton à blanchir par l'acide muriatique, je vais d’abord indiquer le prix des matières
ropres à faire ladite liqueur odorante ou inodore , ainsi que j'en ai indiqué les compo- sitions. Les prix seront calculés d’après ceux auxquels ils revenoient rendus à Abbeville, en 1791:
DES TOILES» FILS, etc. 159
L’acide sulfurique de
Rouen, rectiñé pour l’u-
sage du commerce à 66
degrés , rendu audit Ab-
beville, coûtoit. ... . . . 115.laliv. engros. Le manganèse cristallisé
en aiguilles, tiré tout éplu-
ché de chez Pelletier, apo*
thicaire, rue Jacob, à
me = et 10 Se CI COL. Le muriate de soude
gris, sur le marché dudit
AbbeYT "NA Ep Sen TETE Le boisseau de charbon
pesant de cinq à six livres
selon la qualité du bois, 3 s. en détail. La potasse bleue de Dant-
zich , ou celle jaune et en
pierre, d'Yorck,'..."12"8. ‘et or0s. Le savon vert ou noir
AADDENIMERS ES, |. / .7. 06 S, ‘en détanl. Le savon blanc et mar-
bré de Marseille, pris à
Abbeville: L'une dar ls... en détail, La sachée de tourbe con-
tenant quatre mannes, . 8 Ss. en gros.
Maintenant je vais faire connoître ce qu’il en coûte pour faire deux tonneaux à simple équipage distillatoire , chacun, ou un seul à double équipage, pour l'acide muriatique inodore , comparés avec ce que coûtent deux tonneaux ou un seul , semblablement disposés pour acide muriatique odorant. |
360 BLANCHIMENT
Dépense pour deux tonneaux d'acide mu- riatique inodore , d’après les proportions indiquées.
Acide sulfurique, cinq livres et demie, 3 1. 6 d. Manganèse, deux livres et demie, 1 1.
Muriate de soude gris, huit livres, 8 s. Un boisseau de charbon de bois, hs de Une journée d’ouvrier, Ro Potasse , deux livres et demie, PEU le HORS T O T A LE L3 e L2 L2 e e 7 L. 1 s.6d,
Dépense pour deux tonneaux d'acide mu- riatique odorant, d’après les proportions indiquées.
Acide sulfurique , cinq livres et demie, 3 1. 6 d.
Manganèse , deux livres et demie, 154,
Muriate de soude gris, huit livres, 8 s.
Un boisseau de charbon de bois, SE
Une journée d’ouvrier , ie ©
Potasse , » » » FLO TA EE 4 Qu re JEL 115. 04.
Je vais indiquer actuellement ce qu’il en coûteroit pour la lessive ou plutôt le bouillon de deux pièces de toiles de soixante-douze aunes chacune, d’un fil courant deux aunes de longueur sur deux tiers de largeur à la livre , ou de soixante-douze liv. de fil de semblable qualité , tel qu’il se file le plus com- munémént en Picardie : je choisirai de pré- férence ces sortes de toiles , attendu qw’il est rare que celles d’une qualité de fl au-dessous, soient portées jusqu’au blanc bourgeoïs, que je suppose au surplus devoir être donné à celle qui est tenue ici en exemple, :
es
DE Sr. T-O:rÉRuS ss FMLS 1 EC. . O1
Les proportions pour une eau de lessive propre à tremper les soixante-douze aunes de toiles ci-dessus, ou bien les soixante-douze livres de fil qui y sont lancés, sont dix seaux d’eau de dix-huit pintes chacun, sur cinq livres environ de potasse, ce qui donne un peu plus d’un degré et demi sous zéro à la force de cette eau de lessive, composée, ainsi que je l’ai prescrit chapitre VIT, séparément et dans une petite chaudière couverte et por- tative.
Dépense pour un bouillon de lessive neuve propre à y passer soixante - ‘douze\ aunes de toile ou soixante-douze livres de fil de moyenne qualité.
Potasse, cinq livres, ci. 3 1. Tourbe , deux mannes FA 4 se
Il me reste à examiner en ce moment à com- bien va revenir le blanchiment desdites soi- xante-douze aunes de fil uni, ou des soixante- douze aunes de toile. J’ai dit que pour une toile moyenne, il faudroit.à peu près quatre immersions, dont deux environ en acide mu- riatique inodore, et deux, si on le croit plus convenable, en acide muriatique odorant, plus quatre lessives ; enfin qu’un tonneau pouvoit suflire pour soixante livresdefil, à la première immersion, soixante-douze à quatre-vingt, à la seconde. Je prendrai soixante-douze livres comme moyen terme entre la première et. dernière immersion, que je supposerai toutes
L
162. BLANCHIMENT
neuves ainsi que les eaux de lessives. Par-
tant : Deux tonneaux pour deux
premières immersions neuves
en acide muriatique inodore, 14 |. 5s. Deux tonneaux pour deux
autres 1mmersions neuves er
acide muriatique odorant, .. 11 3 Quatre lessives neuves, ou la
quantité de potasse nécessaire, 12 Deux sachées de tourbe, .. 16 Une journée pour lessive, 1
> GA 'E HDI SURU (OBS
Ce qui établit comme l'on voit la livre de fi de Picardie de seize onces à la livre à 10 sols 10 deniers ; quant à ceux de Flandres rouis à l’eau, le prix n’en reviendroit tout au plus qu’à 8 sols, parce qu’il leur faut une première immersion et une lessive de moins; ils ne perdent d’ailleurs comme il a été dit que dix- huit à vingt pour cént.
En appliquant donc ce calcul au blanchi- ment des toiles ordinaires bourgeoises dont la livre de fil fait deux aunes de longueur, . l’aune de semblable toile blanchie ne revien- droit qu’à 5 sols 5 déniers. |
Ainsi en établissant le fil de Picardie ou tout autre , roui sur l’herbe , à 12 sols la livre de marc ; celui de Flandre ou tout autre, roui à l'eau, à 10 sols l’un portant l’autre par rap-
ort aux diverses qualités, et les toiles de fil à 8 sols l’aune , qu’elles soient fines ou moyen- nes, l’on se trouvera encore fort honnêtement
DES -TOFLES, FILS, etc. 163
dédommagé de ses peines ; ce sont d’ailleurs les prix usités dans les blanchisseries les plus renommées de Lille, Beauvais , Saint-Quen- - tin, Senlis, Rouen, Rheims, etc. j’observerai néanmoins que dans ces différents prix ies apprêts ne sont pas comptés, c'est .un objet pour lestoiles de deux liards environ par aune pour le cylindrage à froid, et d’um sol pour le cylindrage à chaud , le pliage compris, etc. Ilest même des objets dont le prix de l’apprêt est la moitié de celui du blanc; ce sont ceux pour lesquels on demande une fermeté qui exige l’emploi de l’azur , de l’amidon, de la gomme ou autre substance susceptible de leur donner un certain corps qui plaît au consom.- mateur et, sous ce rapport , est favorable au débit. |
À lPégard du fil , c’est à-peu-près un sol par livre pour ce qui concerne l’apprêt qui lui est propre ; d’ailleurs c'est un arrangement parti- culier entre le blanchisseur et le marchand ou le fabricant. Quant au prix du blanchiment du fl retors, je conseille de prendre 2 sols par livre en sus, à raison de la plus srande difficulté qu’ils présentent et du plus de soins ou mains d'œuvre que ces sortes de filsexigent, ainsi que j'en ai fait la remarque,
En général les toiles demandent plusdesoins et donnent plus de difficultés que les fils, à raison de leur volume , de leur poids, de leur texture , et du blancégal qu’elles doivent avoir des deux côtés, tantsur les lisières qu’en toute autre partie de leur surface ; il est même à noter que les lisières, à raison de leur tissu serré par la pression du temple lorsque la toile
2
164 B z AN C:H% M EN T «
est sur le métier ; exigent quelquefois vers Île milieu du bianchimeñt un foulage où! un savonnage particulier à la main ( on employe de préférence le savon noir }, pour lesouvrir à l’action de l’acide ,‘sans quoi elles courroient le risque de conserver une teinte de ‘blane moins avancé que le reste du corps de la toile sur la largeur. Cette main d'œuvre peut ce- pendant n’avoir pas lieu, si lors du trempage de la toile et de sa macération , ainsi qu’à ses premières lessives, on'a eu l’attention defou- ler ou dégorger ces parties en conséquence de la fermeté que présente leur tissu.
En suivant ces diverses données , 1l devient donc facile d’estimer ce à quoi pourroïent reve-
-nir les fils pour batistes et linons , etc. et l’aune des ces toiles mêmes. Il ne s’agit au reste que de considérer pour cela le tableau des quan- tités de lessives et immersions que j'ai établies à leur sujet. Le fil de baptiste ordinaire étant susceptible , comme l’on sait, de courir six aunes à la livre sur une aune de lèze.!.
Après avoir vu quel pouvoit être lé prix de la livre de fil ou l’aune de toile de lin, je vais examiner présentement à combien reviendroit la livre de fil ou l’aune de toile tout coton, et pour celle-ci je choïsirai le fil propre à faire les garats les plus communs qui tirent deux aunes à la livre sur une aune de lèze ou lar- geur. J’ai annoncé que. chaque tonneau pou- voit baigner ou suflire à une immersion de quatre-vingt à quatre-vingt-:dix liv. de fil pour un preïñier travail, et cent liv. au deuxième ; je ne prendrai que quatre-vingt-dix pour terme moyen. J’ai ajouté qu'ilne falloit que trois 1m-
DES TOLLES;PAI ES, etc. 162
mersions au plus pour blanchir le coton, dont une en acide muriatique inodore et les deux autresen acide odoränt, plus trois lessives : je supposeraique l’acidetla lessive n'ont pas en- core servi, de même qu'il a été observé à l'égard des fils'et toiles'de lin ; ma toile sera censée de cent quatre-vinot aunes ou. deux morceaux de quatre-vingt-dix aunes chacun, et la quantité de fil sera d’après ce qui a été dit sur sa course , dé quatre-vingt-dix livres ; ainsi j'aurai : D À | Lu Une prem. immersion neuve 1 20! Bi d'acide muriatique iñodore , 7 l.xs. 6 di Deux autres immersions neu- 5 6) 11 ves d’acidemuriatiqueodorant 11: 82». Trois lessives neuves dans une en double dose par rapport au volume à lessiver. . ..*%97 155 o1is Trois sachées de’ tourbes à | cause des doubles lessives: 1 418» Une journée pour lessiver 1 »1 5;
Lena …, JE, 4: .G
Ce qui établit la livre de fil de coton à 75, 6 d. environ et la toile par conséquent à 3 s. 9 d. l’aune ; on observera que le coton étant plus veule ou spongieux et sujet à s'élever dans la chaudière au-dessus de l’eau par une suite, de la chaleur , il faut pour le ‘baïoner, près du double de lessive que pour le fil, par conséquent plus de feu dans la même propor- tion pour chauffer la lessive, en supposant toujours la même chaudière pour les fils de lin et de coton. Ce que l’on. dit ici à l'égard
4
166 “YBrANCEtTMENT
de la lessive a lieu en partie à l’ésard de l'acide muriatique , mais celui:ci pouvant s’employer un peu moins fort pour le coton que pour le fil, on a la liberté de l’étendre convenable- ment. D, 4 |
Si donc un blanchisseur suivant cette nou- velle méthode fixe le prix de son fl de coton à 8 s. 6 d.' Fa livre et la toile tout coton à 6 s. l’aune ‘quarrée de'toute espèce ide toile fine ou grossière, il pourra fort bien se retirer et le public n'aura point à se récrier ; attendu que les fils de caton-en:général et les mousse- lines pareillement demandent beaucoup de soin et d'attention par rapport à la délicatesse des tissus et au peu de solidité des fils dont la soie, comme l’on sait , tres-courte ne-permet en quelque sorte que de d’endormir sur la broche du rouet.
Reste maintenant à démontrer quel est le prix auquel l’on pourroit fixer le blanchiment d’une paire de bas, soit en fil de lin , soit en fil de coton. Je vais commencer par ceux en fil de lin uni, je n'aurai égard qu'aux bas d'hommes ; on pourra ensuite apprécier faci- lement ceux pour enfans , de même que tous autres articles de bonneterie faits sur le métier ou à l'aiguille. Je supposerai aussi qu’il faut par paire de bas d'hommes , une demi - livre de fil, par conséquent six hvres pour une douzaine de paires ; mon calcul s’étendra sur douze douzaines ou soixante-douze livres de fil; je dirai en outre qu'il faut une livre de savon vert pour les premierssavonnages de six «douzaines de paires de bas d'hommes , et une livre de. savon blanc pour le second et der-
DES TOILES, FILS, ete. 167
nier savonnage des mêmes six douzaines. En conséquence j'ajouterai à la somme précédem- ment portée pour le blanchiment pur et simple desdites soixante-douze livres de fil de lin dont on a vu le détail, le surplus en lessives, immer- sions et savons , etc que nécessitent les bas, ce qui pour les lessives se monte à deux et au- tant par les immersions , ainsi que je l’avois annoncé au chapitre X. Je mettrai donc en ligne de compte d’abord le prix du blanchi- ment pur et simple de soixante-dix livres de
ho ao sauimetaiioh at cd 208. 2058.
Plus deux lessives neuves. . . . 46 8 Plus deux immersions d’acide
muriatique odorant. : . . + . . . 11 3 Deux livres de savon vert pour
le premier savonnage. . . .. . . 16 Deux livres de savon blanc pour
le second savonnage. . . . . . + 1 4 Une demi-sachée de tourbes
pour chauffer les eaux de savons. 4 Une journée de femme pour
Géronmners.112u ia 81h cle (le 15
EEE
Le NP IST LL 1.
Ce qui donne 8 s..3 d. pour chaque paire de bas d'hommes en fil bis ou non écrue, et en prenant 12 s. pour cet article , je mets en fait que l’on trouvera encore peu de blanchis- seurs jaloux de les rendre d’un beau blanc de lait à ce prix, vu les difficultés qu'ils donnent , soit pour les retourner de temps à autre, soit pour les étirer et empêcher la maille, en se resserrant trop, de se rendre (PÉRSETER IE à
4
168 ‘©2BLANcCHIMENT l'acide muriatique , et si les bas sont à côtes ou à coins retournés, ce n’est pas être trop exigeant que de prendre 145. par paire, at- tendu les soins particuliers qu’exigent ces der- nières sortes de bas , dont les côtes ; dans la partie dont la maille est retournée; par leur tendances à se recoquiller , s’opposent ainsi à l’action de l’acide. + Quant aux bas de cadets et ceux de femmes qui jarretièrent sur le senouil ,'on'prendra 10 s. par paire, pour les autres bas de femmeset d’en- fañs ,.:6:s. les gants doivent suivre ce dernier prix, par rapport aux doigts plusserrés que dans tout le reste du tissuetqui exigent parcette raison qù’on les retourne de ternpsà'antre, si l’on veut un beau blanc bien égal.'A l’égard des mitaines on.se contentera de:5 s: la paire. Les articles semblables mêlés de:fil'et coton, doivent à peu de.chose près suivre les mêmes prix par rapport au fl de lin qui seul arrète le blanchiment”: 194: Reste à voir à présent à combien pourroit s’élèver le prix du blanchiment des mêmes objets en coton. Je vais prendre aussi pour comparaison des‘bas: de coton uüni'pour hom- mes, en partant de la supposition qu'il faut six onces de coton pour une paire de bas de $émblable grandeur , ce qui fera quatre livres et demie de coton par douzaïiné' dé paires de bas , ou auatre-vingst-dix livres de fil pour vinot-denx douZaïnes de paires. C’est sur cette totalité ‘que va s'établir la’ dépense. Je me contenterai d'ajouter à celle qui a été démon- trée ci-dessus pour quatre-vinst-dix livres de ‘fil de semblable qualité , ce qu’exigsent en sus
DES TOÉLES) FrLS, etc. 169
tant en lessives qu'immersions, étc les bas où autres pièces de bonneterie ou coton tra- vaillée au métier ou à l’aiguille. Cet excédent, comme je l’ai annoncé au chapitre X19 «est d’une demi- lessive et d’une immersion en acide muriatique odorant ; je compterar donc pour le blanchiment pur et simple de quatre- vinget-dix‘livres de fil, ainsi qu’il est repris plus haut; ci. + 4 1. 5,,-:035%1:58 sé Plus une demi-lessive én . A doublé dôsé» 4917, 9-ompiogs 5 14°10oup Plus une immersion en acide ee muriatiqueé/odorant. .11).*1 5:11 .6 Une sachée de tourbes pour |
double chauffe: de lessive: . ô Quatre livres de savon vert pour le premier sayonnage. . 1 120LS1T
Quatre livres de savon blanc pour le second et dernier sa-
vennage. s EPS > 8 E Se Nr Porrri + : : Üné sachée de tourbes pour - :
la chauffe des eaux de savons. 8: Deux journées de femme
"pour savonner:fci, "31 .N0 HR NES ..10
L'or. Ain so ig.non $.c247cl.0"40 58
D'où l’on voit que la dépense par paire de bas de coton uni pour homme , est de 4s. 3 d. environ, et en'établissant le prix.à 5. pour hommes et 4 s. pour. femmes, ou 4 5. 6 d. l’un portant l’autre , personne sans-doute n’y trouvera rien à dire. Les bas à côtes doi- vent cependant être exceptés , ils nécessitent un surhaussement de prix d'un'soi au moins
170 BLANCHIMENT
par chaque paire, les soins qu’ils exigent sont | les mêmes que ceux pour bas de fil de lin ou | de chanvre.” té&
Pour ce qui est des bonnets, an peut les mettre à deux sols six deniers , grands ou petits, forts ou foibles ; à l’égard des gants, on a la difficulté des doigts, on peutien porter le prix à trois sous par paire , et les mitaines, chaussons et'bas d’enfans , à deux sous.
Tels sont, en général, les divers articles que l’on a côoutume de blanchir dans les blan- chisseries proprement dites, et les curande- riés. Quant aux différens prix que j'ai as- signés pour le blanc de. chaque article , sans aucune espèce d’apprêt , ce sont ceux que j’ai cru devoir conseiller d’après ma propre expé- rience aux différentes personnes auxquelles je me suis fait un plaisir de montrer cette nouvelle et importante manière de blanchir; ils sont susceptibles de diminuer considérable- ment , en mettant à profit, ainsi qué je l’ai recommandé en son lieu, les lessives et im- mersions , que j'ai voulu considérerici comme neuves , afin qu’on ne puisse.pas me repro- cher d’avoir diminué la dépense , que j'ai au contraire portée à son plus haut point, ainsi qu'il sera aisé à tout entrepreneur de s’en con- vaincre. Si à ces premières économies de lessives et d’immersions et des autres objets qui en dépendent , l’on ajoute le parti que l'on peut tirer des vieilles lessives, comme je l’ai indiqué , soit des eaux d’immersions usées et hors de service , soit des résidus des cornues , flacons , etc. ainsi que j'en parlerai plus bas, il n’est pas douteux que tous ces
DES TOTLES, FI/LS,ielc. y
différens prix seront susceptibles d’être ré- duits considérablement , pour ne pas dire que la dépense pourroit être compensée par le bé- néfice qui reviendroit d’un emploi bien en- tendu de ces matières , qui jusqu'ici, onttou- jours été jetées comme étant de rebut et pro- pres à rien. bi |
LRU: EL LIT OO VEl
Blanchiment de la cire jaune ou vierse, des toiles de nankin, des bas ‘et' autres objets roussis er magasin; du linge piqué par l’humidité, et des fonds garancés des indiennes ou toiles peintes.
Le blanchiment de la cire jaune ou vierge est susceptible de se faire dans la liqueur odo- rante , aussi bien que dans celle inodore, à une seule et tout au plus à deux immersions, avec autant de fontes intermédiaires. Néan- moins il réussit «plus promptement avec l'a- cide muriatique odorant , en ce que la cire blanchit tant en dessus qu’en dessous , faci- lité qu’elle acquiert par sa propriété de nager et de présenter plus de surface tant au gaz qui s'élève au niveau de la liqueur et la blanchit en passant, qu’à celui.qui s'échappe au-dessus des rubans de cire, et qui , retenu par les couvercles des vaisseaux , est forcé d'agir sur la surface exposée à son action en tombant comme une espèce de rosce. Il faut au surplus que ces rubans soient très-minces.
Il est plus convenable cependant de nese
172 .MSB,L AIN C AI MÆNN:T | servir que de la vapeur de, l’acide muriatiquel oxigéné, ainsi que Berthollet l’annonce d’a-, rès l'épreuve de Landriäni. Cette dernière! méthode , ainsi que je l’ai expérimenté , est beaucoup plus efficace. Il suffit pour s’en convaincre d’exposer la cire jaune rapée ou! gratée en feuilles très-minces sur une cuvette | du tonneau pneumatique au-dessus du ni- veau de la liqueur. Je crois même que cette expérience pourroit fournir l'idée de la blan- chir ainsi dans des vases appropriés, garnis de différens étages de chassis, couverts de,toiless grossières autour ,\ et dans toute la hauteur du tonneau construit en conséquence, ou d’une chambre disposée et destinée à cet effet ; c’est- àa-dire que celle-ci seroit garnie de rayons ou* tablettes, ainsi disposées dans tous ses pour tours et sa hauteur , sur lesquelles la vapeur acide, renvoyée «directement en sortant du bec dela cornue ou du tuyau adapté au ballon ‘qui traverseroit àcet effet:la paroi de la cham- “bre , s’exerceroit ainsi fort librement et promptement , à l’instar: de l'acide sulfureux volatil sur les marchandises à soufrer ou blanchir par'ce moyen: J'ai remarqué d’aïil- leurs que la couche de cire dont étoient en- duits les bouts des tuvaux de plomb plongés dans le vase intermédiaire , lorsque je me servois de ces derniers, étoit atteinte d’un beau blanc dans toute son épaisseur , d’une “demi -ligne environ , et ce au bout de deux heures seulement d’exposition-à l’action de la vapeur. rs + Le vrai zankin se blanchit ou se décolore avec quelques difficultés. On commence par
BEST TOILE 54 27 RS, Fetc. _iyà
le mouiller et le tordre ;:ensuite on lui fait subir une première immersion , il blanchit déjà beaucoup par cette première opération, après l'avoir rincé convenablement, on lui donne une bonne eau de savon : elle est pré-. férée à la lessive, parce que celle ci fait reve- nir et remonter la couleur qui avoit disparu, on dégorge la pièce de nankin , et on lui fait subir une nouvelle immersion. La quantité en varie selon la nuance de la couleur, il est rare qu'il en faille plus de trois et deux eaux de savons intermédiaires, On finit par lui don- ner un bain d'acide sulfurique en apprêt, on la rince ensuite en grande eau, on la tord et fait sécher. L’on peut se servir indifférem- ment des deux acides , odorant ou inodore. Cependant celui-ci doit toujours être préféré sur-tout pour la première immersion , en ce qu'il détruit plus promptement et plus égale- ment cette espèce de couleur de chair propre au véritable nankin : quelqu’action néan- moins qu’exerce sur cette couleur l'acide muriatique oxigéné , je n'ai jamais pu l’am- mener à un blanc aussi beau que celui que sont susceptibles de recevoir les fils blancs et toiles de coton blanchis par ce procédé. Les bas ou autres objets blanchis selon l’an- cienne méthode , et’ qui ont roussi dans les magasins , aux endroits des plis ou appoin- tages , lorsqu'ils ne sont pas bien enveloppés ou que les parties ont été exposées à nud pour montre dans les boutiques ou magasins, ne demandent qu’une seule immersion sans savonnage ni lessive préliminaire. Les mar- ques à l'encre qu'ont coutume d’appliquer
174 B z A N°CH?t M:EN Tr
les marchands pour en reconnoître soit les! numéros, soit les prix ou qualités , dispa- | roissent en partie dans cette immersion , et : en totalité dans le bain d’acide sulfurique : qu'on lui fait subir, au sortir de l’immersion., On leur donne d’ailleurs tous les apprêts que j'ai détaillés, si le marchand ou le proprié- taire les a demandés.
Une propriété particulière de l'acide mu- riatique oxigéné , c’est de contribuer à faire disparoître les pigÂres noires qui se voyent sous le linge sale sur-tout lorsqu'elles provien- nent de la sueur ou de l'humidité ; les places plus sujettes à ces piqüres sont sur le dos et sous les aisselles. On commence par donner une lessive ou un bouillon, auquel on fait succèder une immersion , et on finit par un bain d’acide sulfurique; si fortes qu’elles soient , ces taches ne résistent pas à ces di- verses opérations.
Les taches d’eau-de-vie disparoïssent aussi par le même procédé.
Quant au fond garancé des toiles peintes ou imprimées , nommées indiennes , il s’en- lève facilement par l’un ou l’autre acide mu- riatique oxigéné , un seul bain suffit ordinai- rement ; pour plus de commodité, il est à propos de se servir de l'acide inodore , parce qu'on est plus à même de suivre et arrêter à temps l’immersion de la toile, quand, en la passant sur le moulinet, on en voit le fond suffisamment blanc et atteint. On peut se servir d’ailleurs avec avantage des dernières immersions en partie usées. Avant de faire cette immersion, on à soin de plonger la toile
DES TOILES, FILS, etc. 175
dans l’eau et de la tordre au point d’être seulement moite ou humide. Après l’im- mersion , on la rince bien et on la fait sé- cher à l’ombre ou au soleil, en tournant du côté de l’ombre la partie colorée.
On remarquera que les rouges foncés sont susceptibles de s’aviver ou roser un peu, les autres nuances à proportion ; il en seroit de même pour le blanchiment ordinaire, si la partie imprimée n'étoit toujours tournée du côté de l'herbe.
Je vais au surplus, entrer , à l’égard de ce senure de décoloration ou de blanchiment, dans quelques détails qui pourront être utiles aux personnes intéressées à en faire usage.
Les toiles bon teint (car celles petit teint sont trop difficiles à être traitées par cette mé- thode } destinées à être blanchies par l’acide muriatique oxigéné , doivent avoir leurs des- sins beaucoup plus chargés en couleur que celles destinées à être seulement soumises à l'action de l'air , afin que pendant que l’acide s'exerce sur le fond garancé sans mordant , son action qui se porte ainsi sur la partie garancée avec mordant, ne dé- truise sur cette dernière partie que la quantité de couleur excédente en quelque sorte à celle que doit conserver naturellement la toile pour produire son effet, et ne soit pas par con- séquent plus sensiblement altérée qu’elle ne lauroit été au sortir du blanchiment usité sur les prés. Cette précaution doit avoir lieu sur-tout à l’égard des couleurs violettes, noires et brunes ordinaires ; elles sont beaucoup plus
176 4 BL A:N;C HE MYENN T facilement dégradées que celles TOUSES OU roses et brunes foncées. |
Une première opération essentielle pour la conservation des couleurs , et qui contribue infiniment au dégarançage, c’est de donner. aux toiles un ou deux bouillons d’eau de son : on peut leur faire suivre un bouillon G’eau de savon. Si ces trois bouillons sont donnés comme il faut, le fond des toiles doit être éclairci au moins aux trois-quarts. Une ou deux immersions dans la liqueur doit enlever ensuite le peu qui en reste. Entre deux im- mersions , on doit avoir l'attention de faire subir aux marchandises une eau de son, cette eau doit être donnée après la dernière im- mersion ; elle a la propriété de réhausser ou relever le ton des couleurs qui auroient pu être lécèrement affoiblies.
Je me suis assuré plusieurs fois que, lorsque les bains préparatoires ont été bien propor- tionnés aux fonds à éclaircir , il est inutile de faire usage de la liqueur ; quelques jours de prés suffisent pour achever ensuite le blan- chiment.
Les proportions que je suivois pour le bain d’eau La son , étoient de trois onces et demi de son froment , et trois livres et demie d’eau | de rivière ; celles pour le savon étoient un demi-quarteron pour quatre à cinq livres. d’eau. Le poids de la marchandise étoit pour ces doses de dix gros. |
On peut au surplus, d’après la force des teintes et l’expérience acquise des essais par- . ticuliers , diminuer la force de la liqueur oxi- génée jusqu’au point convenable pour rassu-
rer |
DES TOILE, F I 'L6 ; elc. 177
rer sur la destruction trop sensible des parties qui doivent conserver leur éclat, mais alors on procède trop lentement , et le grand avan- tage de l’emploi de cette méthode, à l'égard de ces sortes de toiles, disparoît.
Toutefois dans un établissement considé- rable , et où les opérations de fabrication et de blanchiment se succèdent avec rapidité, il seroit peut-être plus lucratif de n’enlever qu'aux trois quarts le fond de la toile ga- rancée sans mordant , en lui faisant subir les bouillons d’eau de son , de savor et une im- mersion légère de la liqueur, ainsi qu’il vient d’être dit , et la soumettre ensuite à l’action de l’air , en l’exposant sur les prés. Cette ma- nière d’opérer paroîtroit préférable et ne se- roit pas moins expéditive , soit l'été soit l’hi- ver; dans le cas seulement où l’on seroit pressé de rendre les objets, on agiroit alors avec toutes les précautions ci-dessus indi- quées.
Afin de ne pas exposer les marchandises à une trop grande altération , il est plus con- venable de ne passer qu’une ou deux pièces à la fois , avec l'attention qu'elles soient du même degré de force dans les couleurs , afin que s’il faut arrêter subitement l'effet de la liqueur , on puisse le faire en quelque sorte à commandement ; Ce qui ne seroit point facile si, comme il se pratique lors du savon- nage , il y avoit huit à dix pièces attachées les unes au bout des autres. Il est aisé de voir que pendant qu’on en tireroit une , les autres restantpluslong- temps, seroientexposéesà être plus affoiblies dans la proportion an moins du
_
178 BiANCHIMEKT
plus long séjour qu’elles auroiert fait dans la liqueur. Ce n’est pas qu’on ne puisse parer à cet mconvénient , en plaçant au fend du ba- quet à immersion une champagne d’osier assez forte, que l’on enlèveroit promptement par le secours d’une poulie ou d’un mécanisme particulier , avec toutes les toiles, et au-dessus du bain, à l’instant qu’il seroït reconnu né- cessaire, pour de suite être jetées dans um réservoir d’eau ou portées à la rivière.
Il seroit bien à desirer que l’acide muria- tique oxigéné ne püt agir que sur la surface opposée aux dessins imprimés sur la toile On opéreroit à l'instar de Fair atmosphérique , sans craindre de détruire ou d’altérer aussi sensiblement les nuances, quelque foncées qu’elles soient. La difficulté du succès et la longueur du blanchiment , donneront peut- lieu, tôt outard, lieu à la découverte du moyen de fixer la couleur par des mordans particu- lie-s, sans le secours du garançage.
Il seroit bien à souhaiter pareillement que l’on püt trouver un procédé pour garantir d’une dégradation trop apparente les barres transversales rouges ou bleues et autres orne- mens en fil de couleur que l’on a coutume de tisser à chaque extrémité pareille , eu à cha- que angle des couvertures de coton. €e procédé seroit alors applicable aussi à la ga- rantie des barres transversales bleues ou rouges qui se tissent sur les pièces de toiles destinées pour serviettes, entre chacune de celles-ci , à chaque chef des mousselines, etc. le imeiïl- leur moyen , sans contredit, consisteroit à ne fabriquer le corps de l’un ou l’autre objet
DES TOELES, EILS;, etc. 179
qu'avec du fil blanc, on couronneroit en- suite les chefs à volonté avec des fils de couleur. Comme ces sortes de marchandises seroient susceptibles de se salir, soit par le pare- ment donné à leur chaîne, soit par les dif. férentes mains-d'œuvres qui succèdent au pré- cédent tissage, elles Seroient facilement net- toyées par un lavage ou savonnage appro- prié. L
Voici au surplus l’expédient dont j'ai cru pouvoir me servir pour préserver les barres dont il s’agit de toute altération trop sensible. A près deux bons bains de lessive donnés aux pièces, j'enduisois chacune des barres sur les deux faces d’une ou plusieurs couches de blanc de craie à l'huile, queje laissois sécher jus- qu'à ce qu’on püt wiamier les pièces ainsi en duites , sans crainte que les parties voisines n’en soient tachées. Je-:les soumettois alors à la liqueur , puis à une lessive légère et une eau de savon , etc. et. ce successivement jus- qu’à ce que le fond fût atteint comme il le devoit être. Après chaque lessive, j’avois soin de réparerou renouveller les couches, s’il en étoit besoin.
J'enlevois ensuite la couche de craie à Fhuile ou par un bon savonnage ou avec un léger bain d'acide sulfurique, selon: l’es- pêce de couleur de la barre, et le degré de tenacité dont se trouvoit encore doué l’enduit couché dessus. Si par événement la couleur de la barre étoit un peu affoiblie, _ele ne manquoit pas d’être réhaussée par un savonmage de son qui lui étoit donné après toute immersion faite. J'ai pensé que ce
M 2
189 BLrLANCHIMENT
moyen de réserve, que j'ai toujours employé avec un certain succès, pourroit êtré reçu avec quelqu’intérèt.
G.: HA PL Re Es AURA
Décoloration des indiennes ou toiles peintes et imprimées , et enlèvement de toutes es- pèces de teintures sur toiles ou fils avant ou aprés le tissage.
Toutes les couleurs des indiennes ou toiles imprimées en bon teint, sont détruites par l’un ou l’autre acide muriatique oxigéné , sans avoir recours aux lessives ou autres opéra- tions préliminaires ou intermédiaires .ci-des- sus énoncées; les seules couleurs bleues, jaunes et noires souffrent des exceptions Le rapport au bain d’acide sulfurique qui doit remplacer la lessive. Une seule immersion dans l’acide muriatique suffit pour détruire toutes autres couleurs, telles que les rouges et leurs dépendances , les jaunes, aurores, verds , etc.; mais pour les jaunes proprement dits, et les citrons avec lesquels on fait les verds, les bleus et les noires , il faut quel- ques fois, selon leur nuance , trois immer- sions et deux à trois bains d’acide sulfurique intermédiaires.
Cependant il ne faut pas croire que les co- tons rouges d’Andrinople, décolorés par l’a- cide muriatique oxigéné , deviennent parfai- tement blancs, il reste toujours dessus un
DES TOTLES,)FTLs, etc. 191
certain œil roux léger qui provient peut-être de la partie huileuse qui entre dans l’ap- prêt de cette teinture; cette empreinte de rousseur ne disparoît pas, malgré les réitéra-
“tions des lessives, immérsions et bains d’a- cide sulfurique.
Il est une chose non moins digne de remar- quer à l'égard de la couleur noire qui fait le trait ou le pourtour des dessins , c’est que si la mousseline ou toile claire et fine , sur laquelle étoient tracées les différentes fleurs que l’on a fait disparoître , est pliée sur elle -même en plusieurs doubles, ou posée sur un fond de couleur foncée , les traits effacés se montrent alors, suivant l'exposition de la toile, à certain coup de lumière, sous lapparence d’un léger poncé. L’on ne peut mieux comparer l’espèce de tracée que l’on apperçoit alors, qu’à la bro- derie des mousselines placées sur des transpa- rens ou fonds de couleur. Ce tracé vu à une certaine distance , en présente le même effet, et même vu de près, il est impossible de dire ce que o’est, attendu qu’il n’est visible que par un certain reflet du jour. Cependant toute la pièce paroît fort blanche et supérieurement atteinte. J’ai eu lieu de remarquer que ces effets n'avoient lieu sur - tout que par les traits des fleurs et dessins des anciennes in- diennes proprement dites , ou venant des Indes. Car dans les toiles imprimées dans nos manufactures, telles qu’à Paris, à Jouy, à Saint- Denis et à Beauvais, tous les traits des des- sins ont disparu complétement et à ma grande
surprise. Il faut donc que cette différence dans les résultats, tienne à la qualité des mor-
108 BLANCHIMENT dant plus ou moins huileux, -ou àla manièré de frapper et imprimer les planches. : Si tel toit l'effet du mordant avec lequel on fait les traits des dessins d’une pièce à im- primer , il seroît peut-êtré avantageux de -sup-* pléer ainsi aux broderies riches et si cou- teuses par cela même; dont sont couvertes les finés trnousselinesr: des Indes où celles de la Suisse, etc: , brodées à leur instar , dont les déssins Ine paroïssent dans toute leur beauté, qu'aütant, que lès étofies fines sont posées sur des-transparens de couleur foncée , qui en dé- tachent tous des traits: Cette manière de pro- duire un effet aussi riche, serait. des-plns simples, singulièrement solide et sur -tout des plus économiques. Je crois cependant devoir:ajouter qu'après bien des essais, je Suis parvenu ‘enfin à-faire disparoîre le mordant ; quelquefois par un bain d'acide sulfurique lun peu plus “fort que ceux ordinaires: d’autres fois par ün savon- nage-donréavant.et après le bain."Cet apprèt est irès- essentiel À savoir, afin de n'être »pas exposé:à ‘voir remonter, lors d'un nouveau garancage, les mêmes dessins sur æne toile décolorée qu'on:auroit soumise à l'empreinte d’un nouveau. Pour'éviter un semblable acci- dent , il‘est bon de s'informer des-propriétaires des pièces , par quelle méthode les toiles don- nées à réimprimer ont été blanchiesi; dans le cas où eltes l’auroient été par la nouvelle, xl seroit prudent alors de les passer préhiminai- rement à un bon bain d’acide sulfurique. Qüant'aux couleurs fausses'ou de'petit teint, appliquées sur les indiennes ou toiles peintes,
DES TOILES, FILS ,.etC. 1283
elles disparoïissent sur-le-champ et beaucoup plus promptement que celles de bon teint : une seule immersion dass l’acide muriatique oxigéné le plus foible, sans autre préparation, suffit pour les détruire, à la réserve toujours, ainsi qu’il vient d’être dit, du trait des fleurs, qui demande les précautions indiquées.
Parmi les couleurs jaunes de petit teint , il en est une cependant pour la composition de laquelle on emploie du sulfate de cuivre, sulfate de fer et de l’acétite de plomb, laquelle bien loin d’être détruite par lacide muriatique oxigéné , en est au contraire fixée. On ne peut parvenir à faire disparoître cette cou- leur, si on ne commence par lui donner un bon bain de savon , dans lequel on la frotte convenablement. Ce bain la dispose tellement a se détacher de dessus la toile, que l’immer- sion qu'elle subit ensuite dans l’acide muria- tique , achève de l’enlever.
Il est toutefois un fait digne de remarquer, c’est qu'après la décoloration des toiles teintes en brun ou noir sur-tout, et lorsque l’acide muriatique oxigéné s’est combiné avec la mar- chandise , il s'élève de la cuve un certai: gaz qui irrite et picote l’organe de la vue seu- lement, au point qu’ilest très-difficile de sup- porter long-temps son action, sans en être af- fecté jusqu’au versement des larmes (1). Cet
Gi) L'effet de ce gaz sur le corps humain ne sauroit étre mieux comparé qu'à celui que produsoit, le 22 brumaire au soir de fa présente année VIe de la République, le brouillard épais dont tout Paris.a ressenti plus ou moins l’iniluence ; celui-cise manifestoit, comme lonsait, prin- cipalement par une irritation à la gorge, un picotement
184 BLANCHIMENT
effet n’est cependant bien sensible dans ure cuve dans laquelle on a travaillé toute la journée , que dans la soirée ; d’où il suit que ce n’est qu’à la longue que l’acide agit sur les mordants qu’il a enlevés et avec lesquels il se combine'au point d’enf dégager ce gaz
articulier, susceptible alors, par sa quantité, d’irriter le sens de la vue. On peut éviter toute- fois ces inconvéniens en ayant la précaution de” ne mouliner ces pièces que sous un couvercle ou chassis de verre disposé exprès et à-peu- près tel que le représente la figure 1 et 2 de la planche Ï, ou bien en faisant usage de la cuve à chassis , représentée par la fig. 1 et 2 de la pl. IX. Il seroit important de connoître la nature et l’espèce de gaz dont il vient d’être paré.
À l'égard des toiles teintes avant ou après le tissage , en fil ou en coton, toutes les cou- leurs de petit ou faux teint, telles que les rouges, les bleues , les verds, couleur de chair, merde-d’oie , gris, noir, etc. disparoïssent en un instant et presque toujours dans une seule immersion , même certaines à une seule et sim- ple lessive ; mais pour l'ordinaire , on se con- tente d’une seule immersion sans lessive.
Il n’en est pas de même des couleurs de bon teint , telles que les bleus de cuve à froid, le rouge des Indes, celle cerise, brun foncé , etc. la couleur jaune de rouille, celle de citron,
aux yeux ot dans le nez, et un rhume de cerveau. Le paz muriatique oxigéné fait éprouver aussi les mêmes effets lorsqu’on le respire quelque tems , ( voyez le.chapitre VE où j'ai détaillé les différens accidens auxquels je me suis vu exposé. ) :
DES TOILES, FILS, etc. 185
appliquées tant sur fil que sur coton, etc. elles s’effacent bien plus difficilement; il faut quel- quefois une lessive entre deux immersions, selon la force de la nuance. Le bleu de cuve au surplus est la couleur la plus tenace. On observera en outre qu’il faut toujours finir par donner un bain d’acide sulfurique , surtout en ce qui concerne les couleurs jaunes de rouille, laquelle ne disparoît totalement que dans cette dernière liqueur.
A l’égard des toiles qui n’ont point été ga- rancées , et dont les dessins ont été imprimés à l'huile ; la première préparation à leur faire subir, c’est la lessive , c’est-à-dire un bouillon d’eau lixivielle, sans les rincer ou dégorger : on leur donne ensuite, toutes chaudes encore de lessive, un bon bain d’eau de savon, dans le- quel on les frotte fortement. La plupartdes cou- leurs s'enlèvent dès-lors en partie, ou achèvent leur destruction , soit par l’acide muriatique oxigéné, soit par l’acide sulfurique. Il est rare qu'il faille recommencer cette suite d'’opéra- tion ; beaucoup de ces sortes de couleurs dis- paroissent pour l'ordinaire au savonnage.
C’est sans doute ici le cas de faire remar- quer que cette propriéte de l’acide muriatique oxigéné , de détruire toutes les couleurs de bon ou petit teint , tant sur les toiles peintes que sur celles teintes avant ou après le tissage, peut faciliter à bien des personnes l’avantage de multiplier en quelque sorte leurs habille- mens, sans pour cela se mettre dans le cas de faire la dépense de nouvelles étoffes; car en faisant enlever les anciennes ou vieilles cou- leurs de tel ou tel habillement, dont les des-
186 BLANCHIMENT
sins ne sont plus de mode ou ne plaisent plus, et les envoyant ensuite dans telle ou telle ina- nufacture pour recevoir tel dessin d’un nou- veau goût , elles seront, par ce moyen aussi simple qu’à la portée d’un chacun , à même de suivre les modes à la piste pour chaque saison , si elles le jugent à propos ; elles en seront quittes toutefois pour les frais de la décoloration et de l’impression de nouveaux dessins, que l’on sait se payer dans les in- diennes à tant par aune pour telle ou telle couleur, plus ou moins brillante : d’où il suit que des entrepreneurs de toiles peintes, ou des marchands qui auront des fonds de ma- gasin dont les toiles ne sont pas susceptibles de vente, parce que les couleurs ou dessins n’en sont plus de mode , pourront pareïlle- ment et à peu de frais renouveler et accroître leurs spéculations. J’ajouterai même qu’il se- roit possible qu’on profitât de cette même pro- priété de l'acide muriatique oxigéné , de dé- truire les couleurs en faux et bon teint sur les toiles teintes, pour y tracer telle espèce de dessin que l’on désirera avec le pinceau, la plume, le stylet ou autre moyen, mais seu- lement en Camayeu et dans le genre des toiles imprimées à la réserve. J’ai essayé plusieurs fois d’esquisser différens dessins légers sur de semblables toiles, avec l’acide muriatique inodore principalement ; j'ai parfaitement réussi à obtenir des traits bien nets et fort déliés. Ce seroit peut-être un objet d’autant plus intéressant pour donner des teintes roses et autres conleurs à des toiles teintes à la ré- serve, que pour cette dernière méthode on
DÉS # OLLÆES, MIizSs ÿ etc. toy ne s'est encore guères exercé jusqu'ici que sur des bleus et quelquefois sur des merdes- d’oie ou olives , ou quelques autres couleurs lésères de ce genre.
. Il en seroit de même des dessins particuliers ou des choses que l’on pourroit imiter sur les étoffes rayées et dont les fils sont teinits avant le tissage, auxquellesil sera possible d'enlever ou chiner à volonté telle ou telle rayure.Je me suis occupé quelque fois de cet objet sur.des bas bleus et blancs et des toiles rayées.et qua- drillées, en secouant dessus légèrement de l'acide muriatique oxigéné. Ces: différentes gouttes d'acide ont jaspé ou sablé singulière- ment ces bas et ces toiles rayés. Toutes les marchandises , ainsi traitées et catinées , peu- vent être savonnées ou lessivées, sans danger de voir effacer les diverses bigarrures ou des- sins qu’on seroit parvenu à tracer dessus. Ce que je viens de dire.pour les:toiles teirites,trou- -ve aussi son application vis à vis de certains papiers teirits d’une seule couleur; peut-être mème parviendroit-on à imprimer à la plan- che-imprégnée de cet acide muriatique oxigéné combiné ou amalgamé de manière à pouvoir travailler aussi nettement qu’on le fait pour toutes lescouleursen usage dans les indienne- ries ou bonneteries. J’indiquerai plus bas une expérience qui vient à l’appuirde cette obser- vation. | HE
Je n’omettrai pas non plus de prévenir que l’acide muriatique oxigéné est des plus propres pour aviver les ‘dessins blancs reservés dans les toiles imprimées à la réserve. L'on saitcom- bien il est rare que les blancs sorterit nets,
158 BLANCHIMENT
soit par rapport à la réserve qui mal appliquée ou mal faite , laisse fiitrer un peu de couleur, soit par l’effet de l’acide suifurique dans lequel on les trempe pour achever de nettoyer cette même réserve , lorsqu'elle est faite avec de la terre à pipes, etc. Si la toile au sortir de la chaudière n’est pas bien dégorgée de sa cou- leur, celle-ci s'étend lépèrement sur le bleue qui est découvert Eu trempant donc la toile dans un bain d'acide muriatiqueoxigérné, après son immersion dans l'acide sulfurique pour détacher la réserve, non seulement la couleur en estavyivée, mais aussi le blanc réservé, qui est tranché net dans ses contours, en paroît beaucoup plus’ éclatant. 2 t:€ : =
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Decoloration de la soie et de la laine.
Lessoies teintes en couleursimple, telles que le bleu d'indigo , lillas, cramoisi et grises ; sont susceptibles de se décolorer et prendre en place la couleur jaune chamois , lorsqu'on: les trempe dans un bain d’acide muriatique oxi- géné , sans aucune lessive ou préparation pré- liminaire ou intermédiaire. Il en est de même de la soie blanche qui reçoit la même teinte jaune , si on l’expose à l’action de cet acide. Mais il est possible de ramener cette couleur jaune à celle blanche, en exposant lesdites soies à la vapeur du souffre ou de l’acide sul- fureux volatil; on a soin à cet cffet de les tenir humides, afin de faciliter avec égalité
DES TOILES, FILS, etc 189
l'action du gaz sulfureux; il faut aussi que les étoffes ne soient pas exposées trop près du souffre , parce que la chaleur de sa flamme, en séchant trop vîte, arrête l’effet de l'acide sulfureux , joint à ce qu’elle peut donner une teinte de rousseur. |
Les couleurs composées, comme les bruns, les violets, les verds, les mordorés , les noirs, se décolorent également et prennent une sem- blable teinte de jaune chamois ; mais cette décoloration s’opère pour l'ordinaire en deux immersions : d’abord à l’égard des couleurs brunes, violettes et puces, le bleu disparoît, reste seulement la nuance de rouge plus ou moins affoiblie. Il en est de même des verds et des mordorés dont le jaune commence à s’effacer ; il ne reste pour la première que le bleu , et la deuxième le rouge ; 1l faut toute fois que l’acide muriatique oxigéné employé pour cette dernière couleur ( la mordorée ) soit léger , sans quoi, en trempant ensuite la soie dans l’acide sulfurique , au lieu de de- venir rose, elle deviendroit aurore; car on notera qu'entre chaque immersion il est à- propos de se servir d’un bain d’acide sulfu- rique que l’on dégorge en grande eau, préala- blement à chacune desdites immersions. A l'égard des soies noires , la bruniture en dispa- roit la première , reste le fond bleu, si l’on s’enest servi, ou le fond du racinage, si c’est ce dernier qui a servi de pié.
Ce que je viens de dire touchant la soie, a lieu également à l'égard de la lairie teinte en gris, mordoré , verd et bleu de Saxe , verd pomme , racinage ou fauve , brun, jaune ci-
199 BLANCHIMENT
tron et bleu de cuve; toutes ces couleurs s’efi facent plus ou moins vite et prennentun jaune chamois, ainsi que la soie ; mais on ramène facilement cette dernière teinte au blanc pri- mitif, en l’exposant, comme il a été dit ci-des- sus , à l’action de l’acide sulfureux volatil. Il faut quelquefois deux immersions dans l’acide muriatique oxigéné, selon que les couleurs. sont foncées; il en est de même desexpositions à l'acide sulfureux , si la couleur chamoiïs ne disparoît à la première , elle se dissipe à la deuxième. |
Si l’on fait attention un instant à l’altération. que subissent les étoffes de laine et de soie exposées à l’action de l’air , on.ne tardera pas à reconnoître qu'ici l’oxigéne qui entre dans sa composition, agit sur les parties colorantes dont sont imprégnées les marchandises, prin- cipalement celles de faux ou petit teint, de la même manière que lors d’une immersion de ces étoftes dans un l‘quide qui en est en quel- que sorte saturé. La différence ne consiste que dans la célérité de l’effet qui a lieu dans ce dernier cas.
Cette couleur jaunätre due à l’action de l'oxigéne de l'air , se remarque spécialement sur les étoffes de laines grises tirées à poil, sux les bas drapés, ainsi que les tricots de la même couleur , à maille lâche, ou garnis de franges. Ce genre de fabrication et de tissu donne vraï- semblabiement plus de prise à l’oxigéne par la plus grande surface qu’il lui présente.
À l'égard des soies teintes, celles couleur rose et bleu de Saxe , ainsi que les zoires , faux teint, sont celles dont laltération est
DES TOILES, FILS, €tC. 291
plus sensible par leur simple exposition à l’air.
CHAT TER E.X NT Teinture par l’acide muriatique oxigéné.
J'ai peu de chose à dire sur les teintures auxquelles concourt l'acide muriatique oxi- aéné, après cellesnankin et jaune citron, dont j'ai eu occasion de parler dans le chapitre XV. Je traiterai ici de celle gris de lin, gris de souris , gris vineux, qui résulte d’une disso- lution de sulfate de cuivre dans laquelle on a plongé de la laine ou soie blanche ; si au sortir de ce bain on plonge l’une ou l’autre matière , en fil ou en étoffe, dans un bain d’acide muriatique oxigéné inodore ou odo- rant , on voit avec plaisir se développer insen- siblement une belle couleur grise tirant plus ou moins sur celle de lin , sur la lie de vin, la souris , le maure , etc. selon que la disso- lution de sulfate et le bain d’acide muriatique, étoient l’un et l’autre plus ou moins concen- trés. Il m'a paru que cette teinture étoit so- lide ; je ne me suis apperçu d'aucune altéra- tion dans sa nuance , après une exposition de plusieurs jours au soleil et un lavage à une forte eau de savon.
C’est peut-être ici le cas de parler d’une es- pèce de teinture plus ou moins noire ou grise, que j'ai vu pratiquer différentes fois avec succès dans les verreries où l’on employe de l'alkali minéral, soit en soude concassée, soit
\
192 BLANCHIMENT
en sel extrait ; je ne parle ici que de la soude d’Espagne , laquelle contient, comme chacun sait, une certaine quantité de muriate de sou- de, ce dont d’ailleurs on a une preuve toute particulière, au moment de la fusion du verre; lors de ce dernier travail sur-tout , il s’exhale des pots ou creusets, et lors du blanchi- ment de lafritte, pendant une demi-heure plus ou moins, une fumée épaisse et blanche d’a- cide muriatique dont l’odeur se manifeste dans ce moment au nez et à la gorge des ou- vriers , qui ne peuvent s'empêcher de tousser et d’éternuer ; sa présence se manifeste en outre par la rouille qui couvre en un instant toutes les cannes et autres outils de fer qui ‘se trouvent dans le voisinage des ouvreaur , que les ouvriers sont obligés d’éclaircir chaque fois qu'ils s’en servent. J'ai cru entrevoir dans la teinture, dont je vais dire un mot, unesuite d'autant plus marquée de l’action de l’acide muriatique oxigéné , qu’il s'emploie une quan- tité considérable de manganèse pour purifier le verre de ces établissemens ; elle est telle même que les cadmies des ouvreaux en sont arfaitement colorées en violet.
Voici au reste cette teinture telle que je l’ai vu pratiquer tant à la manufacture des glaces de Saint-Gobin , département de l'Aisne,
u’à celle de Tour-la-Ville , département de la Manche ; l’un de ces deux établissemens, (Saint-Gobain ) est alimenté en bois et n’use que du sel extrait de la soude d’Alicante ; l’autre ( Tour-la- Ville) brûle du charbon de terre et n’emploiïe que de la même soude en
nature. Les
DES TOILES, FILS, etc. 193
Les écheveaux de fil lessivés ou écrués pré- liminairement , puis rincés et séchés, on les met tremper dans une eau de rivière alunée ; bien imbibés de cette eau d’alun , on les jette avec force sur l’espèce de suie noirâtre fixée avec les vapeurs salines par les sozrcillers des ouvreaux qui se trouvent au-dessus du pot ou creuset placé dans l’intérieur du four. Après avoir bien jeté et rejeté les fils en tous les sens sur cette espèce de suie dont ils se chargent plus ou moins, on les détrempe ou rince dans la même eau d’alun, on les frappe de rechef contre les mêmes ouvreaux, jusqu'à ce qu'on les juge assez égaux ou foncés en couleur , on les rince enfin pour la der- nière fois dans cette même eau, où d’ailleurs ils se dégorsent de l’excédent de la suie et des sels dont ils se trouvent chargés; puis on les met sécher au soleil ou à l’ombre, n’im- porte, après les avoir tordus iésèrement. Cette couleur noire ou grise plus ou moins foncce que le fil a ainsi acquise , est singulièrement tenace ; j'ai des bas de fil ainsi teints depuis dix à douze ans, et qui ont été plus de qua- rante fois à la lessive, et se sont maintenus constamment dans leur nuance, sans avoir en quelque sorte subi de dégradation ; il est à remarquer que les toiles de fil ou de coton se teignent par le même procédé. Sans doute il seroit possible d’imiter cette teinture au profit de l’art. J’ai cherché à faire quelques essais qui m'ont réussi jusqu’à un certain point; en mettant de la suie de charbon de terre dans l’eau d'alun , y trempant et imbibant du hl que je nuançois en conséquence et que je
L._1
194 BiANCHIMENT
mettois ensuite ainsi coloré dans un bain d'acide muriatique oxigéné : je le retrempois ainsi plusieurs fois alternativement. Le fil à la fin à paru prendre une teinte égale, qui a fléchi très-légèrement au savon.
On peur aussi donner la même nuance de gris où noir au fil ou coton, en le faisant bouillir quelque temps dans une cértaine quantité de suie saline d’ouvreaux de ver- rerie, étendue ordinairement d’eau, et dans lequel mélange le fil est simplement tourné et pétri à différentes reprises , sans autre opé- ration préliminaire et subséquente, hormis celle du lavage ou rinçage, qui est toujours indispensable. Je me suis teint de cette ma- nière des bas de fil blanc en couleur grise de lin : cette nuance a päli un peu après plusieurs lessives réitérées. ;
CALOAUE TT RE BEAUTE
Diverses propriétés de l'acide muriatique- oxigéné.
La faculté de pouvoir, ainsi que je l’aian- noncé, enlever toutés sortes dé couleurs de dessus les toiles teintes , peintes ou imprimées, doit rendre la découverte de l’acide muriatique oxigéné très-précieuse aux entrepreneurs de papeterie qui peuvent mettre très-à profit la propriété de cette liqueur décolorante , pour se former des pâtes blanches avec des chiffons en couleur ; elle leur seroit un moyen de plus pour alimenter lesdites fabriques et leur éviter
DES TOILES, FILS, etc. 05
en quelque sorte un triage particulier. Ils pourront même étendre à ce sujet leurs spécu- lations du côté des étoupes , filasses , cables, cordes , voiles déchirées, etc. qu’ils seront à portée de blanchir aussi promptement et en aussi grande abondance qu’ils voudront, sans s'inquiéter de la rareté des peïlles ou loques ; et pourquoi ne feroit-il pas encore usage de la propriétée indiquée de l’acide muriatique oxigéné pour blanchir le papier écrit et de rebut, qu’ils pourront ensuite recoller s’il est nécessaire comme tout autre, et augmenter ainsi en un instant le produit et l’activité de leurs fabriques ? Ce dernier point leur sera d'autant plus aisé à saisir, qu’il ne s’agit que de tremper une seule fois les feuilles écrites dans l’acide muriatique oxigéné inodore, sur- tout pour la commodité du travail; à cette première opération qui se fait sur plusieurs feuilles assemblées | maïs disposées dans les baquets de manière que l'acide oxigéné en- toufre et pénètre chaque feuille suspendue dans la liqueur, et succède un bain d’acide sulfuri- que, ce dernier composé ainsi que celui dont j ai donné le degré pour les apprêts. Ce bain estessentiel, quelqu’effacée que puisse paroître l’encre au sortir de l’acide muriatique , pour faire précipiter le fer qui entre comme l’on sait en grande partie dans toutes lesencres. On a ensuite l’attention au sortir de-ce dernier bain de dégorger le papier de son acide sulfurique dans une eau claire et limpide , on le remet sé- cher après l’avoir collé , si toutes fois il en est nécessaire ; ceux qui l'ont été avant de subir ces opérations , n'en ont pas _ , Ou du- a"
196 Br AN CHEIM EXT
moins c’est très-rare, à moins qu'ils n’ayent resté trop long-temps dans l’eau à dégorser. Les papiers séchés reçoivent ensuite tous les derniers apprêts que l’on a coutume de donner à ceux qui proviennent directement de la fa- brique. Cette manière de blanchir les papiers écrits peut encore être de la plus grande uti- lité aux entrepreneurs en tous genres, aux négocians , etc. qui employent beaucoup de registres ; lorsque ces derniers sont anciens et inutiles, on pourroit, ainsi que je viens de l'indiquer , en effacer promptement l’écriture et les mettre dans le cas de faire des services nouveaux (1).
En réfléchissant sur la propriété de l’acide muriatique oxigéné d’enlever l'encre de dessus le papier, on voit dans l’action de cette li- queur une espèce d’analogie avec ce qui a lieu par suite de temps à l’égard des anciennes écritures. Il est à croire que dans ce dernier cas l'air, à raison de l’oxigéne qu’il contient, a agi semblablement que l’acide muriatique oxigéné, puisqu'elles en sont considérable- ment altérées et au point qu'un seul bain léger d'acide sulfurique suffit souvent pour les faire disparoître la plupart entièrement. Au surplus si ce bain n’étoit pas suffisant , elles ne résis- tent pas à une très-lésère immersion dans l'acide muriatique.
(1) Depuis ces essais j’ai eu occasion de m’exercer tant sur le blanchiment des pâtes de papiers que sur la décolora- tion des papiers écrits ou imprimés; je crois donc utile d’insérer à la fin de cet ouvrage la série des procédés parti- culiers dont j’ai fait spécialement usage, et que j’adressai aux différens comités de la Convention nationale, en
lan II de la République, :
DES TOÏLES, FILS; etc. 197
La même application peut se faire à l'égard de la neige et de la rosée : l’une et l’autre substance décolorent et jaunissent prompte- ment les cuirs dessouliers , pour peu que ceux- ci se trouvent éxposés à leur action; c’est une remarque qu'il est très-facile de faire à la suite d’une marche ou promenade sur la neige ou sur l’herbe imbibée de rosée.
C’est d’après les mêmes principes que dans les pays montueux du département de la Som- me , les gens de la campagne rouissent leurs lins en les exposant seulement dans l'hiver à l’action de la neige , de la rosée et des brouil. lards , sans leur donner d’autres préparations que de les retourner sur les prés ou jachères, de temps à autre, pendant les quinze ou vingt jours plus ou moins , que cette plante est ex- posée ainsi aux influences de l’air et de l’at- mosphère.
Le sulfate de soude en dissolution et résidu des vases distillatoires est quelquefois suffisant pour enlever ces sortes d’écritures anciennes et déja effacées par l’oxigéne de l’air atmos- phérique dans la longueur du temps.
Je ferai mention ici d’une observation que j'ai eu lieu de faire dans le cours de mes opé- rations sur le blanchiment des fils et toiles. Les eaux qui servent à rincer les fils unis, virés ettors , etc. au sortir des lessives', ne tar- dent pas à se couvrir , dans les baquets où doit se faire alors cerinçage, d’une espèce de mousse plus ou moins blanche, selon que le fil est lui-même plus où moins avancé en son blanc. Cette mousse qui, en s’élevant au niveau de l’eau, y est par fois épaisse me d’un
198 BLANCHIMENT
pouce, suivant la quantité de fil ou toile qu’on ÿ a rincés ou dégorgés, forme une excellente pâte propre à faire à l'instant du papier. On sent en effet qu’elle est d'autant mieux ana- logue à celles ordinaires formées par les chif- fons effilés dans les papeteries , qu’elle ne se trouve ici composé que d’un assemblage de filamens du fil ou de la toile, détachés par les lessives ou les immersions , mais principa- lement par les premières, et que le retordage fait sortir plus efficacement et promptement. Je puis certifier au surplus que les échantil- lons de papiers que j'ai essayé de faire avec ces mousses étoient très-beaux et très-fins ; les blanchisseurs pourroient donc mettre en ré- serve ces diverses mousses et en tirer parti auprès des entrepreneurs de papeterie ; Îles prix en varieroient nécessairement d’après la couleur et la qualité des pâtes.
Il en sera de même, c’est à-dire qu’on ne devra pas négliger de recueillir la partie des parois des vaisseaux ou baquets blanchis di- rectement par l’action de l'acide muriatique oxigéné , et qui devient par ce moyen à la longue d’un très-beau blanc. Cette substance ligneuse recueillie devient aussi très-propre à former du papier, lorsque préalablement elle a subi l’effet des maillets ou des cylindres et qu’elle est ensuite étendue d’eau convenable- ment, ainsi qu'il se pratique dans les papete- ries. On peut se procurer même en fort peu de temps une quantité considérable de cette pâte , il ne suffit que de disposer les bois dans les baquets ou tous autres vases destinés à cet objet, de manière qu'ils présentent alternati:
DES TOLLESS, ‘FE ILS Etc. 199
vement à l'acide et au sel des lessives inter- médiaires le plus de surface possible. Deux lessives et deux immersions sont suffisantes pour altérer le bois, en telle sorte qu’il peut être raclé avec avantage. Cette méthode très- économique, comme l’on voit peut, suppléer avec beaucoup de bénéfice au défaut de cer- taines pâtes , il en résultera de très-beau et bon papier , selon la finesse, 1e blanc et le mélange de la pâte avec celle provenant des chiffons. C’est ainsi que j’ai fabriqué les petits échantillons de papier que j’ai adressés dans le commencement de 1789, à administration du commerce , en lui annonçant cette mé- thode particulière , comme aussi celle de faire une espèce de papier gris avec le filet des aigrettes du roseau , dit vulgairement masse- d’eau. Au reste ces pâtes ne sont pas à reje- ter ; ne fussent-elles employées ou destinées seulement pour papier gris ou commun, ou pour cartons, elles contribueront toujours à une plus grande abondance de chiffons ou peilles fines que l’on réserveroit alors, si on croyoit ne pouvoir s’en dispenser absolument, pour la fabrication unique des papiers fins, à moins que l’on ne jugeât devoir mélanger ces diverses pâtes pour des sortes particulières.
De l'huile d’olive , exposée sur la dernière cuvette d’un tonneau, au gaz, ou à la vapeur de l’acide muriatique oxigéné filtré au tra- vers d’une eau chargée de potasse dans les proportions que j'ai indiquées , s’est changée en consistance de savon mol ou de graisse très-blanche , sans saveur, presque miscible à l’eau , ne l’étant point à l’esprit-de-vin et sur
N 4
260 BLANCHIMENT
lequel Pacide muriatique ordinaire et l’acide nitrique ne paroissent exercer aucune ac- tion sensible ; l’acide sulfurique rectifié le décompose seulement presqu'aussitôt versé , l’acide muriatique avec lequel l’huile s’est combinée s'exhale , et celui sulfurique change la couleur blanche et savonneuse de l’huile en une masse brune qui devient en très-peu de temps noirâtre. |
Cette expérience ne porteroit-elle pas à croire qu'il seroit possible de former une espèce de savon marin, sous forme molle ou dure , qui auroit la propriété de blanchir ? ce qu'il y a de certain, c’est que , d’après cette idée , j'ai essayé de combiner de l’huile d’olive avec de la potasse neutralisée en par- tie par l’acide muriatique oxigéné , et l’échan- tillon de fil que j'ai blanchi en le savonnant avec cette espèce de sayon m’a paru venir beaucoup plus blanc et bien plus. prompte- ment que par la méthode décrite plus haut. Cette nouvelle manière seroit infiniment utile sous tous les rapports.
Du cuivre rouge ou jaune , exposé, comme : l'huile de l’épreuve ci-dessus, à l’action du gaz acide oxigéné , est devenu d’abord noï- râtré, puis s’est chargé d’une forte pellicule sèche de verd-de-gris, tant en-dessus que dessous. Ce verd-de-gris étoit d’une très-belle nuance ; lavé et mis en pâte, il égale absolu- ment en couleur celle de ce beau verd anglais, sirecherchéetsiestimé, aveclequel onimprime les beaux papiers d'appartement, depuis quel- que temps à la mode. Il seroit possible d’obte- nir cette matière en grande quantité et à bas
DEÉS'TOILES; FIYS", Eelc. 201
prix, en disposant des ateliers en conséquence.
J'ai obtenu la même espèce de verd-de-gris en mettant une lame de cuivre dans les eaux provenant du résidu des vases distillatoires. J'ai eu occasion de remarquer à ce sujet que la liqueur s’est couverte par suite d’une pelli- cule verte semblable à ceile qui s'élève sur le lait que l’on fait bouillir.
L'eau imprégné du gaz n’a d'action sur le cuivre qu'à la longue, mais le gaz isolé agit à l’instant dessus l’un ou l’autre métal , rouge ou jaune.
Cette espècede verd-de: gris peut encore être employéeutilementdanslateinture,etsuppléer, à beaucoup d’égards , celui fait avec les rafles de raisin dans les départemens méridionaux.
De l’étain de vaisselle est dissout entière- ment par le gaz acide muriatique oxigéné , et prend une couleur grise.
De l’étain de mélac se dissout pareiïllement, mais prend une teinte blanchâtre ; c’est d’a- près cette expérience que nous avons fait observer que la soudure des tubes de plomb ne pouvoit résister long-temps à l’action du gaz ou de la liqueur qui en est imprégnée, et qu’il convenoit particulièrement, si l’on vou- loit se servir de tubes de ce métal, de les avoir coulés ou sans soudure (1).
Du plomb laminé n’a, pour ainsi dire , pas
(1) Comme l'acide muriatique oxigéné ou non, en expension , attaque et rouille promptement le cuivre, le fer et l’étain, autant qu'il est possible, on ne doit tenir dans l’atelier de distillation aucun vase ou outil fait de l’un ou l’autre de ces métaux , susceptible d’en être endommagé d’un instant à l’autre, .
202 BLANCHIMENT
changé de couleur ni d’état, il a seulement pris par-ci par-là une petite teinte brune. C'est en conséquence de cet essai que je me suis déterminé à substituer des allonges et des tuyaux ou tubes de plomb, aux allonges et tubes de verre, et à recommander des tonneaux pneumatiques en bois communs, ainsi que leurs cuvettes et baquets d’immer- sion garnis de plomb laminé.
De la litharge d’or reste sous forme sèche, et ne subit d’autre effet que de prendre une couleur violette.
Des adresses sur enveloppes de lettres ont disparu entièrement sans aucune trace ni alté- ration du papier ; c'est cette expérience, jointe à celle de l’erlèvement de l’encre en forme de marque, apposée par les marchands sur les
as, qui m'a déterminé à appliquer la ma- nière de blanchir le papier écrit dont j’ai fait mention dans ce chapitre.
La:cire rouge à cacheter , a pali en rosée et s’estréduite en uneespèce de pâte ou cire molle.
De l’indigo en grains, exposé comme les objets ci-dessus au gaz acide muriatique oxi- géné, change sa couleur bleu foncé pour celle jaune de feuille morte. Le goudron noir roussit seulement à sa surface. Il en est de même du crin et des plumes de couleur noire naturelle, elles sontdevenues les unes grises , les autres de couleur aurore. De la toile cirée verte , tachetée de noir, est devenue très- blanche et piquetée de taches brunes par places.
De lalkali végétal en liqueur, provenant d’une dissolution de potasse bleue , exposé
DES TOLLÉS, MIS ,Letc. ‘80
au simple contact de l’acide muriatique oxi- géné , a acquis la propriété de blanchir à l'instar d'une véritable eau de javelle ; _mais de jaune clair qu’étoit la dissolution de cette potasse, elle est devenue blanche et limpide ; le fond de la soucoupe étoit ta- pissé d'une infinité de cristaux fort blancs, enlames minces et brillantes et sèches comme du talc ou mica, et sous l’apparence d’au- tant de sect:ons de cristaux de sulfate de potasse dans toute la longueur des prismes , et garnies de leurs pyramides. Ces cristaux pouvoient avoir une ligne et demie de longueur sur une de largeur , et près d’un quart de ligne d’é- paisseur. Cette expérience et une autre citée dans le chapitre suivant , sembleroïent dé- montrer que la couleur violette de la lessive dite de javelle est , ainsi que l’a indiqué Ber- thollet, due plus particulièrement au man- ganèse dont la partie colorante est emportée avec le gaz qui s’en échappe.
De la dissolution de l’alkali minéral, extrait de la soude d’Alicante et de couleur am- brée, exposée de même que celle de l’alkali végétal , a acquis de même la propriété de blanchir, sans cependant se décolorer tout-à- fait , ni présenter aucune cristallisation.
De l’eau pure , exposée de la même manière, a obtenu la même propriété de blanchir , en conservant sa couleur naturelle sans donner lieu à aucune espèce d'observation qui pût jui être propre.
Ces trois liqueursdiverses , en s’imprégnant ainsi de gaz acide muriatique , sembleroient démontrer qu’il n’est pas absolument néces-
204 BLANCHIMENT,
saire d’âgiter l’eau des tonneaux pour y con- centrer le gaz. L'expérience des flacons tubu- lés intermédiaires ou de ceux mis à la suite l’un de lautre, et dans lesquels j'ai ob- tenu des eaux pures et colorées , jaunes , ver- “dâtres , par l’acide muriatique oxigéné muri- nant de dix à douze degrés de concentration, sembleroïent aussi indiquer que l’agitation de l’eau n’est pas un moyen de rigueur et de pre- ‘mière nécessité.
Du fil lesssivé, mais seulement humide ou légèrement mouillé d’eau lixivielle , exposé simplement à la vapeur ou au gaz acide oxigéné , a acquis la couleur rousse blanche, comme à une troisième immersion , et sans aucune espèce d’altération.
De latoile grossière, macérée plusieurs jours dans une légère eau de dissolution de sulfate de potasse , est devenue aux trois-quarts blan- che et bien également.
De la filasse, macérée de même , a obtenu encore une plus belle nuance de blanc.
De la filasse macérée plusieurs jours dans de la dissolution de potasse, à un degré sous zéro , et exposée, comme les objets ci-dessus, au gaz acide muriatique oxigéné , est devenue de la plus belle blancheur.
Tous ces différens objets n’ont subi aucune altération ; ilest vrai que dans la crainte que les gaz dontils se trouveroient imprégnés , ne les altérât par une suite de sa concentration, lors de leur dessication, j'ai eu bien soin de les laver auparavant à grande eau.
Ne peut-on pas inférer de ces diverses épreuves , qui au surplus ont toutes été faites
DES TOILES, FILS; etc 995
pendant l’hiver de 1790, combien il seroit vrai- semblablement avantageux de blanchir les fils et toiles par leur simple exposition à la vapeur de l’acide muriatique oxigéné ? pour cet effetil me semble que les divers objets , légèrement humides d’eau ou de lessive , devroient être suspendus dans une chambre bien close , telle que celle dont on se sert pour passer les étoffes au soufre et dans laquelle onintroduiroit l’ex- trémité des vaisseaux distillatoires qui appor- teroient le gaz seul, à fur et mesure qu’il.se développeroit. Une expérience de cette nature seroit fort délicate , et son succès importeroit beaucoup aux manufactures.
C MY APPAST:RSE SX X27 ER Possibilité de l'emploi des résidus.
Les résidus dont je vais indiquer la possi- bilité de les faire retourner au profit de l’art, sont , 1°. ceux des cornues , flacons et autres vases distillatoires ; 2°. ceux des immersions; 3°. ceux des lessives et savons ; 4. ceux des bains d’acide sulfurique. |
Les résidus des cornues , flacons ou autres vases distillatoires , se réduisent aux suivans: 1°. Le manganèse non décoloré , l’acide mu- riatique ordinaire et coloré par le manganèse, si l’on a employé de l’acide muriatique au lieu de muriate de soude; 2° du sulfate de soude, et un peu de muriate de soude non décom- posé, si l’on a employé ce dernier ; 3°. du sulfate de potasse , si l’on s’est servi de lessive
206 BLANCHIMENT
our éteindre l’odeur suffoquante du résidu de la dissolution , qui est toujours plus ou moins imprégné d'acide muriatique oxigéné.
Quoique j'aye réduit les proportions du manganèse d’environ un sixième sur la quantité qu'indique Berthollet, néanmoins elle n’est pas encore décolorée après l’opéra- tion , ou bien elle l’est seulement en quelques parties , encore très-lésèrement. En cet état, elle conserve encore assez de vertus, c’est-à- dire d’air vital, pour être mêlé d’un tiers en- viron avec du manganèse neuf et de même qualité. Cette propriété ne peut cependant s’obtenir de celui en masse ou en roche veiné de quartz, quoique bien épluché et purgé des parties étrangères ; celui cristallisé en aiguilles, tel que celui vendu par Lepel- letier, m'a seul produit cette différence aussi sensible. (1) Tout autre au contraire, c’est-à-dire celui enroche , rend ia distillation bien plus courtepar la moindre quantité de gaz quis’en échappe à proportion égale que celui ci- dessus , la liqueur en est d’ailleurs par cette raison beaucoup moins forte. Ce dernier manganèse en roche est en outre des plus durs , et des plus difficiles , pour ne pas dire fatisant, au pilage.
Le manganèse retiré de la cornue après sà première distillation non-seulementaconserve presque tout son brillant métallique , mais en- core il noircit les mains comme auparavant, il peut servir à épurer ou colorer le verre ; ïl est vrai qu’en cet état il paroît avoir augmenté
(1) Ce manganèse se tire de Hambourg dans le pays de Deux-Ponts
DBS TOILES, FILS; elc. 207
de volume. Le manganèse décomposé entière- ment se reconnoît à la couleur blanchâtre ou d’un pourpre pâle que lui a fait prendre un srand coup de feu. h 14
La dissolution du résidu des vases distilla- toires , étendue d’eau le soir après la distilla- tion, est retrouvée le lendemain, si on a eu l’attention de boucher ces mêmes vases, d’un beau rouge tirant sur le violet ou pourpre, selon que cette dissolution a été plus ou moins étendue ; mais cette couleur ne tarde pas à disparoître aussitôt qu’elle est exposée libre- ment à l’air ou qu’elle est mise sur le feu à évaporer. Dans l’un ou l’autre cas, en perdant sa couleur violette , cette dissolution prend une nuance tirant sur le verd pomme.
II est rare que la liqueur qui tient le résidu de la cornue ou flacon en dissolution, ne soit pas assez concentrée pour, après avoir été versée dans des vaisseaux destinés à les rece- voir en dépôt, que les cristaux de sulfate de soude, par exemple , ne s’y montrent en quan- tité , au bout d’un jour ou deux et par suite de temps ; mais ces cristaux plus ou moins gros se trouvent enveloppés de manganèse dont il faut les nettoyer. On y parvient aisément en mettant une petite quantité de ces résidus dans un seau ; On ÿ verse un peu d’eau propre, on remue aussitôt sens dessus dessous et très- promptement tout le marc, après quoi on verse sur-le-champ et avant que l’eau soit rassise au fond ou sur les cristaux , le man- ganèse qui nage dans cette eau au-dessus d’une cuve ou vaisseau quelconque pour recevoir avec l’eau le manganèse qui, par son propre
206 BLANCHIMENT
poids, tombe au fond. On réitère cinq à six fois la même manœuvre avec le plus de vitesse possible , pour que les cristaux se fondent moins et restent en même temps nets et trans- parens ; on la continue enfin jusqu’à ce qu’on ait Ôté tout le résidu.
On peut toutefois s’éviter cette peine du lavage , en transvasant avec précaution l’eau violette qui couvre le résidu des vases distil- latoires dans des vaisseaux de bois ou de plomb uniquement destinés à les recevoir ; alors les cristaux, qui ne tardent pas à se déposer et se former dans cette eau , sont nets et blancs comme ils doivent être : maïs après avoir dé- canté cette eau violette, il faut en verser d’or- dinaire dans les cornues ou flacons seulement ce qui y est resté pour en faciliter la sortie ; ce dernier avec l’eau est mis à part. Si l’on en veut retirer le manganèse pour le faire sup- pléer en partie à du neuf, ainsi que je l’ai annoncé, voici alors comment on peut s’y prendre : on lotionne à grande eau ce résidu et à différentes reprises , jusqu’à ce que l’eau nouvelle avec laquelle on le lave chaque fois, ne soit plus sensiblement salée ou acidulée; on fait sécher le résidu qui s’est déposé et on le mêle ensuite ayec le manganèse neuf dans les proportions indiquées. Si chacune des eaux de lavage conserve assez de saveur pour pouvoir être mêlée à l’eau violette à l'effet d’en obtenir les différents cristaux, soit par évaporation insensible à l'air, ou celle obtenue
ar le secours du feu , on a soin de les verser chaque fois dans le réservoir à ce destine : on observera seulement que si on a à faire éva- porer
DES TOILESÿ FILL:S ; elc. 209:
porer les eaux, elles ne peuvent l'être que dans des chaudières de plomb , tout autre mé- tal en cuivre ou en fer en seroit promptement dégradé. |
Les sulfates de soude et de potasse que l’on est dans le cas d’obtenir des eaux de lavage du marc des vases distillatoirs, n’a été jus- qu’à présent d'aucun usage dans les arts. Il est possible seulement, ainsi que je l’ai annoncé, de l’employer pour la décoloration de certains rubans et effacer les écritures sur le papier ou parchemin, comme aussi pour décaper les cuivres et fers des chaudronmiers , étc. La mé- decine emploie aussi l’un et l’autre sel purifié , mais il est douteux que Îles apothicaires les. achetassent, attendu la trop petite quantité qui peut leur être nécessaire et que ceux qu'ils délivrent selon les ordonnances des médecins: leur reviennent à très-bon compte, vu qu’ils les tirent pour l’ordinaire , sur-tout le sulfate de soude , des salines de la Loraine , etc.
Il seroit donc bien plus intéressant de pou- voir décomposer ces sels, pour en extraire les alkalis à nud qui serviroient alors à faire les lessives dontil a été parlé. Bertholletannonce dans le premier volume des Annales de Chi-. mie que plusieurs personnes lui ont confié differentes recettes ; il seroit bien à désirer que les auteurs de ces découvertes voulussent en gratifier le public. En attendant, je dirai ici qu'il est très-possible de décomposer ces sels neutres par le moyen du foie de souffre, et le muriate de soude par l’acide sulfurique et sur-tout par certaines chaux métalliques, celles de plomb sur-tout ; j'ai éprouvé avec.
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succès dès 1784, ce dernier moyen indiqué par Schelle. L’alkali que l’on est dans le cas deretirer par ces différentes méthodes est des plus purs, et traité convenablement il donne , ainsi que j’ai été dans le cas de m’en assurer, un verre aussi net et aussi beau que celui or- dinaire des glaces et cristaux (1). | Le deuxième résidu dont il seroit possible de tirer parti, est celui des immersions usées: l'air vital ou l’oxigéne étant exhalé, il ne reste plus dans la liqueur odorante que de l'acide muriatique étendu d’eau ; quant à celle _inodore, elle contient en outre du muriate de otasse. Ce sel, de même que les sels neutres, à base d’alkali fixe, est de quelqu’usage en médecine, mais on ne doit pas plus songer à le retirer que le sulfate de soude. On peut tou- tefois, comme pour ce dernier, chercher à le décomposer afin d’en extraire l’alkali fixe si le résultat peut en être avantageux. Je me con- tenterai de dire ici que ces eaux peuvent être employées efficacement pour faire du sel am- moniac. Les différents essais que j'ai faits à ce sujet en les combinant avec l’alkali volatil, soit des urines putréfiées , soit des végétaux en décomposition , m’en ont persuadé de plus
(1) Le comité de salut public s’est empressé de publier, en l’an If, les disers procédés pour décomposer le muriate de sonde, que lui avoient adressés les différens auteurs où inventeurs. Des établissemens peuvent donc être faits aujourd’hui avec avantage pour approvisionner le com- merce national d’un selalkaiin (/a soude), dont l’usage in- dispensable à différentes usines, teiles que les manufac- tures de glaces, savonnerie , teinturerie, blanchisserie , verrerie, etc., fait sortir annuellement plusieurs millions hors de France. |
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DÉS TOÏLES, Frs), etc. : ii
en plus. Enfin s’il en résultoit un avantage en réduisant ces eaux pures et sans potasse au degré convenable ou marchand , élles pour- roient servir pour la distillation tout ainsi que de l’acide muriatique en place du muriate de soude et de l’acide sulfurique, si mieux on ne préfère à faire du blanc de céruse, du verd- de-gris, etc. car j'ai fait l’ane et l’autre de ces combinaisons qui ont bien conservé leur ton de couleur employé en peinture , le verd- de - gris le seroit même utilement pour la teinture.
Je dirai enfin que je me suis servi quelques fois de ces eaux d'immersion d’acide muria- tiqueinodore pour faire des deuxièmes lessives aux toiles et fils. Cette eau en devenoit autant chargée que si la lessive étoit pure ; elles peu- vent être encore employées utilement pour donner la trempe ou faire la macération des marchandises ; je m'en suis également bien trouvé , comme aussi de m’en servir au lieu d’eau neuve des tonneaux , quand elle n’étoit pas colorée , telle qu'est celle des dernières immersions,
Une autre propriété, peut-être non moins essentielle, des eaux d’immersions usées, c'est celle de hâter et développer la végétation. D’après des essais répétés, je puis assurer qu'elles ont une propriété particulière, sur- tout pour le jardinage, j'en ai versé à diffé- rentes fois sur des choux-fleurs , du cerfenil, des pois , des choux, des porreaux , etc. tous ces divers lésumes non-seulement sont le- vés. plus vite que ceux semblables, arrosés simplement ayec l’eau de rivière, pc: encore
a
212 BLANCHIMENT
ont acquis le double de grosseur, quoique ré- partis sur la même planche et le même terrain.
Outre la faculté d’accélérer la végétation, ces eaux ont encore celle d’éloigner, à l’instant même de leur versement sur le terrain , les araignées , les fourmies , les vers , les limas et autres insectes de cette nature, les uns plus nuisibles que les autres aux différentes se- mences ou plantes confiées à la terre. Un jar- dinier voisin du laboratoire ou je faisois de Vacide muriatique pour blanchir , et à qui j'avois conseillé l’emploi de cette eau d’im- mersion usée, en avoit tellement senti l’avan- iage d’après sa propre expérience, qu'il de- mandoit comme une grâce de lui réserver ces eaux ; il se louoïit journellement des bons ef- ets de cette liqueur sur les plantes de son jardin.
Mais autant le peu d’acide muriatique oxi- géné, disséminé dans les eaux usées , est avan- tageux à la végétation, autant sous la forme de 2az ou vapeur il lui est nuisible; en un moment les plantes qui s’y trouvent exposées se flétris- sent et périssent , j'en ai vu l'expérience à di- versesfois sur des capucinesetmêmedes vignes, dont les feuilles n’ont pas tardé à se faner , et les tiges après avoir langui quelque temps, sont mortes en partie.
A l’égard dutroisième résidu dont les eaux des lessives font partie, je crois avoir dit au chapitre des lessives tout ce que l’on en pou- voit dire. J’ajouterai seulement ici que si on étoit à même de s’en défaire avec avantage, pour une salpétrière, ce seroit le cas, plutôt que de les réduire. Il y a lieu de croire ce-
DES TOrTLE=S,/#rxS, etc. 213
pendant qu'on pourroit restaurer les vieilles lessives jusqu’à un certain point, en les fai- sant bouillir long-tems avec dela chaux : celle- ci ayant la propriété de détruire les parties végétales qui l’encrassent et énervent la vertu des sels, produiroïit peut-être le même effet qu’un lessivage desdits sels en consistance de salins. | Voici au surplus, une manière économique de faire constamment servir les mêmes les- sives aux besoins des ménages, et que j'ai employée souvent avec le plus grand succès. Elle consiste tout simplement à remettre les cendres dont elles ont été extraites par les arrosemens sur les cendriers, dans les foyers de la maison, d’y laisser sécher les mêmes cendres et de les arroser ensuite avec de l’eau de lessive qui en est sortie, et mise en réserve à cet effet, et ce successivement jusqu'à ce que cette lessive ait été imbibée et réduite. La flamme du bois brûlé dans la cheminée et la chaleur de l’âtre , ne tardent pas à brûler les ordures ou crasses qui les avoient colorées, et bientôt les mêmes cendres sont de nouveau propres à rendre le même service qu’aupa- ravant. Cette opération qui demande, comme l’on voit, très-peu de soin, peut être in- fHiniment utile pour les lessives domestiques. Les eaux de savon de leur côté peuvent aussi ne pas être negligées , il seroit possible de les décomposer, soit avec les eaux qui ont servi aux bains sulfuriques, soit avec celles des immersions usées, ma's le meilleur em- ploi seroit pour le salpêtre, il s’agiroit pour lors de les réduire et calciner pour en retirer
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214 BLANCHIMENT
l'alkali. Dans le dernier cas il en seroit agi à-peu-près comme pour les lessives, c’est-à- dire que lorsque les eaux seront réduites à consistance d’extrait et sous forme presque sèche, en brûlant dans un feu à calciner l'huile combinée avec l’alkali, on obtiendra facilement le dernier, qui peut servir de nou- veau comme la potasse neuve pour les dis- tillations et les lessives ; c’est ce que j'ai eu occasion de vérifier. On notera en passant, que l’eau de savon quiest neuve, s'élève en écume au-dessus du vase lorsqu'elle bout, mais que lorsqu'elle a servi, elle perd cette propriété.
Quant aux bains sulfuriques qui composent le quatrième résidu, lorsqu'ils sont trop éten- dus d’eau, ce qui arrive à force d’y tremper des objets hümides, le plus court parti c’est d'y rajouter de l'acide, ou de les réduire ainsi que je l’ai dit à l’égard du sulfate de soude, etc. , s’il devenoit par suite de temps trop sale ou trop coloré. Pour cet effet on le concentre oudistille à un degré nécessaire pour s’en servir de nouveau, à l'instar de celui du commerce, ou bien au degré convenable, soit pour en fabriquer du sulfate d’alumine, en lui donnant par son mélange avec la terre alumineuse les apprêts nécessaires, soit pour en obtenir du sulfate ammoniacal, en les combinant avec l’alkali volatil des urines ou des vésétaux putréfiés.
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DES TOILES, FILS, etc. 216 EE —— ’ —<% CHAPITRE XXI V.
Blanchiment du lin et chanvre en filasses en fils et en toiles, par le secours de l'eau seulement.
Depuis long-temps j'avois remarqué que les. peilles ou chiffons de toiles grises ou bises, que l’on mettoit à fermenter pour obtenir le papier bulle, devenoient blancs jusqu’à un certain point à force d’être lavés ou trem- pés dans les piles ou sous les maillets, lors- qu'ils y étoient mis pour y être efhilochés et aflinés. Le lavage d’ailleurs devenant plus facile , à raison de la fermentation qui avoit ouvert les fils de la toile, et à raison de l’éfilochage qui, par les mouvemens en sens divers, qu'éprouvoient les fils de la toile, sous le cylindre ou maïillet, rendoit les parties co- lorées, non-seulement plus promptes à se dé- tacher, mais aussi à s'y dissoudre en quel- que sorte. J’essayai d’imiter cette fermentation et cette dissolution de Ja partie colorée du. fil et le lavage à grande eau. Je m'exerçai pee préférence sur de la filasse de lin. Je la is d’abord macérer dans l’eau pure de rivière mise dans un vase, jusqu'à ce que j’apperçus des bulles en grande quantité sur la surface de l’eau ; à cet indice je retournai cette fi- lasse , je reconnus dès lors avec plaisir qu’elle étoit devenue d’un jaune clair, de grise qu’elle étoit auparavant. J’ai rechangé d’eau, en la- yant la filasse, j'ai attendu de nouvelles bulles,
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516 BLANCHIMENT
j'ai relavé cette filasse. Au second lavage, j'ai vu différentes parties plus blanches les unes que les autres. Je me suis apperçu en même temps d’une quantité considérable de petites ordures grises et jaunâtres qui sé détachoient de dessus les brins de filasse; dès-lors je pris le parti de les laver en frottant: je ne fus pas peu surpris de voir cette quantité d’ordures augmenter , et la filasse en blanchir d'autant. Encouragé par le succès de ce lavage, j'ai replongé cette flasse dans de nouvelle eau que j'ai fait tiédir à une douce chaleur, pour achever et accélérer la dissolution des autres parties colorantes fixées sur le lin, lorsqw’il a été séché, au sortir de la ceuillette, sur le champ même. Je l'ai pressé ensuite dans l’eau, il en est résulté une nouvelle abondance de parties colorées extraites, et le lin a paru beaucoup plus beau. Je n’ai-päs poussé plus loin cet essai, attendu que cette filasse m'a paru assez nette et assez blanche, je doute même qu’elle le füt devenue davantage par cette méthode: car il ne paroiïssoit plus se détacher d’erdures. Quoiqu’elle parût blanche étant vue divisée, cependant en masse elle conservoit encore un petit œil tirant sur le jaune , qui avec un simple bain d’acide mu- riatique oxigéné, a disparu entièrement sans Vemploi des leéssives ou aucune autre suite de préparation particulière. Pas Cette expérience s’accorde parfaitement avec ce que l’on peut observer tous les jours sur des pièces de draps trouées que l’on passe au foulon. Afin d'empêcher ces trous de s’ag- grandir et d’endommager la pièce, l’on à
. DES TOILES'; °‘FELS,; etc. 217
soin de les boucher le plus ordinairement avec de la toile bise ou écrue. Je n’ai pas remarqué sans étonnement que les mêmes pièces de toiles bises, après avoir séjourné dans l’eau , deux à trois jours , en diverses re- prises , avec les draps auxquels elles sont fixées et que l’on met aïinsi désorger, soit dans l’eau de savon, soit dans leurs urines, ou de la terre grasse , étoient aussi blanches, que si elles avoient été passées à des.les- sives et déposées sur les prés alternativement pendant plusieurs mois, ou le temps con- ou pour le blanchiment ordinaire.
Ceci s’accorde encore avéc la méthode en usage chez les Indiens qui, d’après le rap- port des voyageurs., sans lessive et seule- ment par le secours des arrosemens et de l’évaporation au soleil et exposition à la rosée, ne blanchissent pas autrement leurs belles toiles, qui nous viennent par une suite de notre commerce avec ces peuples lointains.
Toutes ces diverses expériences viennent donc nous démontrer qu’il seroit très-possible de blanchir avec l’eau seule, si-non peut- être les toiles, au moins la filasse, et d’une manière expéditive comme on peut le pré- sumer. C’est aussi ce que vient, en quelque sorte, de mettre en pratique un particuher industrieux de la ville d'Amiens, nommé Brasle. Sans le connoître, non-plus que sa manière d'opérer, mais par le simple récit de sa découverte et qu’il blanchissoit, dans l’eau seule, le chanvre sur sa tige, je fus tenté d'en faire l’épreuve. En conséquence je mis à macérer dans l'eau, pendant une quinzaine
218 BLANCHIMENT
de jours environ, une certaine quantité de brins de chanvre cueillis depuis cinq à six mois, puis séchés seulement dans un grenier sans avoir subi de rouissage. Au bout de quinze jours les brins de chanvre avoient re- pris leur verdure originelle, c’est-à-dire celle qu'ils avoient au sorur du champ ; je les frot- tai beaucoup dans l’eau, la matière verte qui paroissoit dessus l’écorce de la chenevotte dis- parut et me découvrit de la filasse qui avait pour lors un œil assez beau, j’enlevai cette même filasse , je la mis tremper dans de l’eau nouvelle plusieurs jours de suite, où, après avoir eté frottée de nouveau, passé le temps d’une nouvelle immerssion, elle parut d’un très-beau blanc, et à-peu-près tel que celui qu’on peut donner aux fils traités sur les prés, selon la méthode ancienne, ou par celle nou- velle de l'acide muriatique oxigéné. Cette fi- lasse conservoit seulement un tant soit peu d’une teinte tirant sur le roux pâle ou roux blanc. |
Ces diverses essais nous prouvent donc combien il seroit important de perfectionner au moins le rouissage tant du chanve que du lin, sur-tout de cette dernière matière dans le département de la Somme et autres, où l’on ne la rouit que sur l'herbe; mais la cu- pidité qui ne consulte que le poids ct non la qualité, aura de la peine à abandonner cet usage. D’autre part le blanchisseur qui a cou- tume de ne blanchir qu’avec la chaux en lo- tion et pour ainsi dire en nature, ingrédient dont l’emploi lui est commandé en quelque sorte par son intérêt et par la couleur naire
DES TOILES, FILS, etc. 219
et si tenace du lin ainsi roui, seroit peut- être porté à ne pas abandonner cette pratique, puisque le bon marché que l'usage de cette chaux met dans le cas d'offrir , ( car les toiles s’y blanchissent à trois sols l’aune, n'importe quelle largeur) suffit pour lui attirer des pra- tiques qui l’abandonneroiïent peut-être, s’il venoit à employer une méthode , un peu plus couteuse à la vérité, mais cependant plus avan- tageuse à tous égards pour la marchandise et pour le propriétaire.
CHAPITRE: XX. V.
Blanchiment des papiers écrits ou imprimés ; et chiffons bis ou écrus, teints ou colorés.
Les procédés qu’on va lire sont extraits de différens mémoires adressés tant au comité du commerce de la Con- vention nationale qu'à la commission des subsistances et approvisionnemens, les, 24 frimaire, 13 pluviôse, 9, 14et
21 germinal de l’an IT de la République.
Blanchiment des vieux papiers imprimés ; pour pâte.
10. Faites bouillir un instant vos papiers imprimés dans une dissolution de soude aioui- séc de chaux (la soude de Verech est bonne).
2°, Frempez-les dans une eau de savon ( à la rigueur on peut se passer de cette immer- sion sans grand inconvénient) et lavez-les ensuite, puis effilez ou affinez sous les maïllets
ou cylindres de papeteries. :
220 BLANCHIMENT
Blanchiment des vieux papiers écrits, pour
pâte.
Trempez à froid vos papiers dans une eau aiguisée d’acide sulfurique , puis lavez-les au- paravant de les efhiler ou affiner. On peut se servir avec plus d'avantage d’eau acidulée, chaude.
Blanchiment des feuilles de papier impri- mées , sans dénaturer Le tissu desdites
jeuilles.
1°. Trempez à froid ou à chaud vos feuilles dans. une dissolution de soude aïguisée de chaux ; 2°. dans une eau de savou ; 3°. ran- gez vos feuilles lit par lit entre des toiles , de même que les papetiers rangent entre des feu- tres les feuilles au sortir de la forme ; 4°. pres- sez lesdites feuilles qui sortent blanches selon qu’elles étoient plus ou moins collées ou char- gées de noir d'imprimerie. Si dès cette première opération vos feuilles ne sortent pas blanches, vous les retrémpez une seconde ou même une troisième fois. Alors au sortir de la presse, ces feuilles ainsi blanchies sont propres, après le séchage, au service de lécriture ou de l’im- pression.
Blanchiment des feuilles de papier écrites , sans en dénaturer le tissu.
1°. Trempez à froid ou à chaud vos feuilles
dans une eau aiguisée d’acide sulfurique ; e. . e e LA r 2°, dans une eau d’acide muriatique oxigéne
DES TOILEHES,; <FLLIS; etc. 293
ces feuilles, au sortir dela presse etdu séchage, sont de suite propres à recevoir l’écriture.
Blanchiment des chiffons bis ou écrus , pour papier blanc.
1°. Faites effilocher vos chiffons bis et lavés après le trempage ou la macération prélimi- naire plus ou moins longue selon la nature des chiffons et la quantité de papier à fabriquer ; 2°. donnez -leur une lessive d’alkali végétal ou marin aiguisé de chaux ; 3°. passez-les dans Vacide muriatique oxigéné plus ou moins concentré par une lessive alkaline; 4°. faites affiner ensuite lesdites pâtes sous les maillets ou cylindres, elles peuvent dès lors remplacer avec avantage celles produites par les chiffons blancs.
Le blanc devient encore plus beau si, après la macération , vous faites cffilocher et affiner comme à l'ordinaire et soumettez vos pâtes seulement après l’affinage à une lessive, à une immersion et à un bain d'acide sulfuri- que, pour après leur dégorgage à la presse et le rinçage être de suite jetées dans la cuve.
Blanchiment des chiffons de toutes couleurs, de bon ou mauvais teint, pour papier
blanc. |
1°. Faites effiocher vos chiffons comme ci-dessus ; 2°. trempez-les dans l’acide mu- riatique oxigéné ainsi qu’il a été dit ; 3°. sila couleur est passée dès la première immersion, ce qui a lieu ordinairement, passez de suite ces pâtes effhilochées et blanchies dans une
222 BLANCHIMENT
eau aïguisée d’acide sulfurique ; 4°. affinez- les sous les maïllets ou cylindres après les avoir bien lavés. |
Si la couleur n’étoit pas suffisamment dis- parue dès la première immersion dans l’acide muriatique oxigéné (ce qui est très-rare}), donnez après cette première immersion une lessive alkaline , puis une deuxième immer- sion dans l’acide muriatique oxigéné , enfin trempez-les dans une eau aiguisée d’acide sul- furique froide ou chaude ( cette dernière est plus active et plus efficace) ; faites après cela affiner les pâtes sousles maillets ou cylindres.
Les couleurs rouges et bleues sont plus tena- ces : quant aux chiffons noirs , il suffit de les faire tremper, lorsque le tissu en est effiloché, 1°. dans une eau étendue d’acide sulfurique ; 20, dans une eau d’acide muriatique oxi- géné.
Si l’on avoit la certitude que les chiffons ayent été teints sur écru, en suivant la deuxième méthode décrite en larticle des chiffons bis ou écrus , on obtiendroit encore un blanc plus éclatant. IL est rare toutefois que les chiffons de couleur n’aient point été blanchis auparavant d’être soumis à la tein- ture.
Ces diverses manipulations se font assez promptement pour pouvoir blanchir sans peine trois milliers pesants au moins par jour, sans établir pour cela un ateliér bien extraordi- naire. |
Ces nouveaux moyens adoptés dans les circonstances présentes, contribueront beau-
coup à parer à la disette ou cherté des papiers
DES TOILES, FILS, etc. 923
ou chiffons. On ne peut indiquer positivement les doses des matières, à raison de la différence des cuves , des papiers et des couleurs , mais l'œil et l'ibiside les ont bientôt réglées ; ils présentent en outre dans leur application deux avantages précieux , les intérêts de la république , puisque d’une part il restera plus de linge à la disposition des hôpitaux pour charpies ou autres besoins quelconques, et de l’autre plus de chiffons de bonne qualité pour le papier monnoie ou de commerce, dont la pâte exige un tissu particulier pour soutenir les fatigues de la circulation.
CHAPITRE ZX ZX LE Récolte précieuse d'alkali végétal qu’on peut
espérer de l’incinération des marcs ou rafles de raisin (1).
Afin de montrer quelles ressources consi- dérables peut fournir cette matière négligée jusqu'ici, et dont on se sert dans quelques départemens en guise de mottes à brûler, et dans le plus grand nombre de vignobles , à faire du fumier ; je dirai seulement que, d’a- près des expériences directes, cinq cents li- vres de rafles desséchées après leur distillation
( on distille les rafles dans quelques pays pour
(1) Les détails dont on va prendre connoiïssance sont extraits d’un mémoire sur le parti avantageux qu’on peut tirer des marcs ou rafles de raisin séchés et brûlés, adressé, le 18 thermidor de l’an II, à la commission des approvisionnemens et à celle des armes et poudres.
294 BLANCHIMENT
en trer de l’eau-de-vie ) et brûlées ensui- te, m'ont donné constamment cent livres ou environ dé cendres , lesquelles lessivées avec exactitude , m'ont fourni dix livres d’al- kali fixe végétal ou de potasse, réduit en consistance de salin , d’une couleur brune noirâtre. | | Il est facile de voir quels approvisonnemens immenses il seroit possible de faire en salin chaque année dans les contrées où on nes’en sert pas comme engrais. Il suffiroit de recueil. lir les cendres des raîfles de raisin , brûlées, soit après leur foulage et la sortie du pressoir , soit lorsqu’on en a tiré les petits vins ou pi- quettes , soit enfin après leur distillation dans les endroits où elles servent à la composition des eaux de-vie. | Les rafles sont très-difficiles à brüler à cause du pépin qui s’en détache facilement. On peut cependant les brèler avec une cer- taine promptitude , au moyen d’un grillage d’un pouce ou demi-pouce de mailles, élevé au-dessus de l’aire ou âtre, de douze à quinze pouces. Les raïfles destinées à entretenir ce fourneau sont disposées tout autour, car en les séchant d'avance leur combustion se trouve accélérée d'autant. Les pépins qui tombent sous le grillage, sont replacés dessus de temps en temps avec une pelle de fer, on ne les y. reporte plus lorsqu'on s'apperçoit qu’ils sont rouges où charbonnés. On les retire alors de dessous le grillage pour les disperser ensuite près de là en tas. Ils achèvent ainsi de se consumer , en ayant soin de les remuer , afin de renouveler les surfaces, et de les exposer É à
DES TOLLES,-FILS, etc. ‘295
à un courant d’air qui achève de les conver- ür en cendres. Pius ces tas sont gros, plus vite et plus sûrement les pépins se -consu- ment, et plus riches en alkali se trouvent aussi les cendres; celles-ci au reste conservent long-temps leur chaleur. J'en ai vu quelque- fois qui étoient encore très-rouges , quoique brùlées depuis un mois, remuées souvent et exposées à l’air. Il est bon de dire que quel- que soin que l’on prenne pour faire brûler les pépins , il en reste néanmoins près d’un dixième non entièrement brûlé, que l’on parvient aisément à séparer à l’aide d’un crible , lorsqu'on veut faire usage des cen- dres ; on lés fait brüler ensuite ayec d’au- tres rafles , et on les jette sur des tas encore rouges ; là , ils achèvent de se consumer , sinon on les brûle séparément. J’ajouterai ici que la pluie n’endommage pas sensiblement les cendres de ces tas, si l’on a soin de les cou- vrir de rafles sèches ou légèrement humides. Brûlées en ce dernier état, lesrafles produisent une cendre disposée à se pelotonner ou s’a- srumeler en forme de pierres.
Dès qu'un grillage est au feu , on l’y en- tretient continuellement, en chargeant dessus des rafles sèches à la hauteur de six pouces environ a für et mesure que les autres tombent en cendres par-dessous. Lorsque le feu est bien allumé et soufflé par un bon vent, les rafles humides brülent presqu’aussi prompte- ment que les sèches.
Il est essentiel que les grillages soient pla- cés dans un lieu spacieux , bien aéré et hors des dangers du feu ; la rafle de raisin renvoie
F
226 BLANCHIMENT
en brûlant une fumée blanche et très-épaisse qui incommoderoit le voisinage.
Deux grillages de fil de fer de trois-quarts de pouce environ de mailles , sur douze pieds de longueur , et quatre et demi à cinq pieds de largeur , bien servis par un seul homme, peuvent brûler en un jour et par un bon vent cinq mille pesants de rafles sèches, qui donnent à peu près mille livres de cendres, et de la lixiviation de ces dernières on obtient cent à cent dix livres d’alkali végétal ou salin bien desséché. |
On peut aussi disposer les rafles de raisin en mottes que l’on met dessécher à l’air ou sous un hangard ; on les moule comme celles des tanneurs : après trois jours de hâle elles sont assez maniables pour être brûlées sur des barreaux d’un pouce carré , et distants environ d’un pouce l’un de l’autre, ce qui forme une espèce de fourneau qu’on peut établir en plein air ou sous une cheminée. Un fourneau de huit pieds de long sur vingt pouces de large et dix-huit de profondeur peut consumer par jour quatre milliers de mottes sèches,
esant chacune , l’une portant l’autre, une be et demie , et ayant de diamètre-cinq pouces sur un pouce et demi à dèux pouces d'épaisseur. Une femme ou unenfantde quinze ans peuvent fabriquer par jour quinze cents mottes sans se gêner. C’est ainsi que je me suis comporté, en messidor an 2, pour pouvoir fournir promptement du salin ou alkali végétal à une fabrique de salpêtre que je dirigeois cette année la dans le département de la Côte- d'Or.
DES TOILES, FILS, etc. 227
On remarquera au surplus qu’il est très-fa- cile de tirer parti du feu des mottes de rafles de raisins, soit celles qui brülent dans des fourneaux dressés exprès pour en avoir promp: tement la cendre, soit celles qu’on peut em- ployer sous des chaudières montées en consé- quence pour lessiver les cendres ou pour en réduire et dessécher Le salin.
Ce qu’il étoit essentiel de faire connoître, c’est qu'il est facile, par les moyens indiqués, de se procurer promptement et abondamment une récolte précieuse en alkali végétal , salin ou potasse, propre aux fabriques de salpêtres, ou autres arts qui en font usage.
CPP ACEF PIRE Q'RVTE
Fabrication des cendres gravelées avec les lies de vin (1).
Sous la hotte d’une cheminée de cuisine ou de boulangerie , et d’un jambage à l’au- tre , à la distance de dix-huit à vingt pouces de la muraille ou du contre-cœur , selon l’ou- verture du tuyau de la cheminée, on éta- blit un grillage formé de barreaux d’un pouce carré, et éloignés entre eux d’un pouce er demi environ. Ce grillage élevé au-dessus de lâtre de dix-huit pouces au moins, porte en avant un petit mur de l’épaisseur d’une bri- que et construit à claire-voie , ‘à-peu-près
(1) Cet extrait est tiré d’un mémoire remis le 22 ven- miaire an 2 aux comités de commerce et d’approvisionne- ments , et à la commission d'agriculture et des arts.
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220 BLANCHIMENTrT
comme les boulins d’un colombier. À ce mur ; on peut substituer un grillage semblable à celui du fond. Ce mur ou grillage peut avoir vinot-quatre pouces de hauteur.
L'intérieur de cette espèce de fourneau est donc rempli de lies de vin, pressées, sèches ou vertes ; ces dernières sont à préférer , puisque la gravelle qui en provient est beaucoup plus belle ; on met ensuite le feu aux pailles ou menus bois qui sont sous la lie. Le feu ne tarde pas à en pénétrer la masse, et dans moins d’un quart-d'heure , la flamme a bien- tôt gagné les couches supérieures, que l’on à soin de charger successivement de nouvelles lies à für et mesure que celles brûlées tom- bent , en s’affaissant sur le pavé de l’âtre. Celle tombée , et non entièrement consumée, qui est encore brune ou noirâtre dans sa fracture , est remise de suite sur le four- neau. Toutes fois on a soin de dégager de temps à autre la grille avec un crochet, afin de favoriser la combustion des différentes couches de lies.
Au lieu de brüler les lies dans un fourneau tel que je viens de l'indiquer , l’on peut, avec non moins d'avantage , se servir d’un four tout en maçonnerie , et construit en forme de tour crevse , au bas de laquelle on met quelques fasots que l’on allume, après avoir rempli de lies fraîches ; mêlées de sèches , ou seule- ment de celles fraîches, une partie de la ca- pacité de ce fourneau ; car les lies trop sèches sont trempées un jour d'avance, afin qu'elles soient sensiblement humides. On les jette ensuite successivement par le haut de la
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tour ; et on entretient ainsi le feu jusqu’à ce qu’on ait épuisé toutes les lies. On les laisse ainsi se consumer et se cuire pendant quel- ques jours , et lorsque le fourneau est froid , on les retire par une porte au bas de la tour.
Il est bon d’observer que ces sortes de fourneaux doivent être établis dans un en- droit spacieux , à cause des dangers du feu et de l’incommodité de la fumée qui est très- considérable.
La lie ainsi brülée , renvoie une flamme lé- oère, très-longue et nuancée de diverses cou- leurs. On peut s’en servir avec avantage sous des fourneaux en place de bois , ou mêlée avec lui.
Une barique ou pièce et demie de cendres gravelées, pesant net deux cent soixante livres environ, est le produit par jour ; avec un seul homme , de la combustion de six à sept ba- riques ou pièces de lies-de-vin bien dessé- chées dans un fourneau à grillage établi sous une cheminée, et dont les proportions sont en profondeur de vingt à vingt-quatre pouces sur dix-huit pouces de largeur , et huit pieds de longueur ; on les remplit quatre fois par jour, après en avoir chaque fois remué la lie par dessus et en face, avec une fourche de fer, et avec un crochet du côté de l’âtre ; c'est d’ailleurs le seul moyen de lempêcher de s’entasser trop, et de favoriser les courans d'air. Moyenvant quelqu'attention, on peut brüler ainsi de cinquante à soixante bariques en six jours, sans être obligé de passer la nuit. La même quantité est brûlée en trois jours et
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deux nuits dans le fourneau rond décrit ci- dessus , et dans la proportion de cinq pieds de diamètre.
La bonne cendre gravelée , celle qui pro- vient de lies rouges, contient au moins de soixante-dix à quatre-vingt livres de sel alkali végétal par quintal, lorsqu'elle a été bien soignée ; celle faite avec de la lie blanche, quoique pilée à la grosseur de la cendrée de plomb , ét dissoute à l’eau chaude, ne donne pas plus de quarante-cinq à cinquante livres d’alkali. En général lorsque la cendre a acquis au feu une couleur verte ou bleue, et qu’elle est légère ou sonore, elle est de bonne qualité ; mais il est rare de trouver une Fournée toute de la même couleur, il faut avoir soin dé rejeter celle qui est trop cuite ou brûlée, et qui ressemble en quelque sorte à des scories ou au mâchefer, par sa couleur noire et sa dureté. Non-seulement cette substance en cet état, est très-difficile à piler, mais même elle est infiniment terreusé, par consc- quent très-peu dissoluble. Les salpêtriers, les teinturiers, les blanchisseurs , les faïianciers, - Îes chamoiïseurs, les verriers et autres artistes qui recherchent cette matière saline , s’atta- chent spécialement à celle qui est tout-à-la- fois lésère, spongieuse et de couleur ver- dâtre et bleuâtre, ou qui dans sa fracture , ne laisse appercevoir aucune trace d’un commen- cement de vitrification , suite indubitable de la trop grande action du feu.
PES TOILES, FILS, etc. ‘951
CHAPITRE, X X VIRE Blanchiment de La laine.
Les étoffes mélangées de fil et laine, oulaine et coton étant aujourd’hui fort en vogue ,ilne sera peut-être pas indifférent aux personnes qui se livrent à ce genre de fabrication, de trouver ici réunie la manière , quoique bien connue, de blanchir, par les procédés ordi- naires (le désuintage et le soufrage), la laine qu'ils allient à ces diverses substances. Je parlerai d’abord des laïines pour grande dra- perie ou propres à la carde, puis de celles pour petite draperie ou propres ax peigne. (1)
Lines pour grande draperie. Pour l'ordi- naire ces sortes de laines, telles qu’elles se trouvent dans le commerce , ont déja éprouvé chez le cultivateur ou le négociant, un lavage ou dégraissage qui leur a fait perdre cinquante à soixante pour cent. Cependant celles expé- diées aux fabriques sont encore chargées d’une partie de cette graisse onctueuse qu'il importe de leur ôter. L'usage a démontré que la petite quantité de suin qui y reste éÿoit né- cessaire pour les préserver des vers, soit dans les transports, soit pendant que le fabri- cant la garde chez lui sans en disposer.
Le désuintage chez le fabricant s’opère com- munément de la manière suivante. À une
(y Ce que lon va lire est extraït, en grande partie, de différens mémoires de deux ci-devant inspecteurs des manufactures, les citoyens Ro/end-Laplatière et Allard,
P #
2592 BLANCHIMENT
quantité donnée d’eau versée dans une chau- dière ( par exemple , vingt-cinq seaux ) on en mêle cinq d’urine vieille et putréfiée, on donne à ce bain savonneux un bouillon ou deux. En cet état, il est propre à fondre le suin de la laine. Trois à quatre seaux de ce liquide sont alors versés dans un cuvier; on a soin que la chaleur en soit telle qu’on puisse y tenir la main , alors on y jette une vingtaine de livres de laine qu’on y laisse tremper un instant, on la remue ensuite continuellement avec un bâton pendant un quart-d’heure , après quoi on la sort et on la laisse égoutter quelques momens sur une claie placée au-dessus du cuvier, de telle manière que l’eau du baïn qui s'échappe de la laine puisse y retomber. On porte celle- ci à la rivière , et on la lave à plusieursgaux dans de grands paniers à claïire-vaie dans les- quels on la remue toujours avec de longs bâtons à rateau, jusqu’à ce que l’eau en sorte bien propre. En mème temps un autre ouvrier remet une nouvelle quantité de laine dans le cuvier pour recommencer la semblable opéra- tion du désuintage , etc.
Le désuinteur doit observer plusieurs choses essenticlles pendant l'opération, 1°. de res- taurer (1) de temps en temps le bain du cuvier et de la chaudière avec de l’urine, lorsqu'il s’apperçoit qu'il n’a plus le même degré de force, car il perd beaucoup de son activité, soit
(1) On recommande de restaurer , et non de renouveler le bain, parce que le suin, qui s’est dégagé des laines lavées, devient en quelqne sorte un levain qui dégage le suin des laines actuellement plongées dans le bain.
‘DES TOILES, FiLé, ete 2333
ar les divers changemens de laïne , soit par tion. 29, S'il croit l’urine neuve inu- tile , il doit faire chauffer le bain un peu plus qu'à l'ordinaire, il reprendra alors le degré de force nécessaire au lavage. 3°. Prendre bien garde que le degré de chaleur ne soit pas au-delà du point reconnu utile, un bain trop chaud durcit le suin au lieu de le fondre, comme la trop grande quantité d’urine al- tère la laine et la rudit beaucoup. 4°. Lors- qu’il s’apperçoit que l’eau du bain devient trop sale par les différens lavages, il faut procéder à un entier changement. On conçoit que ce travail exige un ouvrier fort intelligent, néanmoins l'habitude lui donne une grande facilité dans sa conduite. nor
On reconnoît que cette opération a bien réussi, lorsque la laine devient blanche, douce, élastique, ouverte, et qu’elle se dilate ou se gonfle au toucher , de dure, grasse et res- serrée qu’elle étoit auparavant. Les qualités qu’elle acquiert par le bain, justifient donc le besoin et l'utilité d’un second désuintage par suite duquel la laine perd encore de dix à douze pour cent. Cette dernière perte joimte à la première donne un déchet total d’en- viron soixante à soixante-dix par cent, c’est- à-dire que cent livres de laines en suin n’en produisent guères environ que trente à qua- rante livres bien nettes et propres à être mises en œuvre.
Laines pour petite draperie. Cette laine tirée du commerce et détrichée ou choisie par le fabricant, est remise avant ou après la tein- ture ( si elle y est destinée) aux peigneurs,
234 BLANCHIMENT
par paquets de six livres et demie environ. Cette quantité est d’abord lavée une première fois dans un baquet remplr d’eau chaude tirée d’une petite chaudière voisine dans la- quelle on a fait fondre deux livres à deux livres et demie de savon vert ou noir pour la susdite quantité de laïne qui, selon qu’elle est jugée sale , est bien pressée et désorgée ensuite au Crochet, puis mise à sécher au soleil ou au grand air. Avant de la peigner on lui donne encore un second bain semblable au premier. Ces deux bains suffisent pour lui ôter le suin qui lui reste dans le com- merce , et la débarrasser des saletés qui pour- roïent nuire à son peisnage.
Toutefois il est à remarquer que ces six livres et demie de laine ne sont lavées que par poignées et partie par partie. L'eau du baquet est renouvelée à proportion des lavages. Afin de bien détacher le suin et les autres malpro- pretés de la laine à laver on a établi aux deux iêtes du baquet un crochet fixe d’une part, et de l’autre un crochet à tourniquet et mani- velie, L’ouvrier, après avoir bien lavé et pressé avec ses mains les parties de laine , les entor- tille au crochet fixé et à celui mobile ou du tourniquet , ensuite tournant la manivelle de ce dernier et pressant alors avec la main sur toute la longueur comprise entre les deux cro- chets , il parvient à en exprimer l’eau sale qui entraîne avec elle toute la graisse qui s’est dé- tachée de la laine par une suite de cette forte pression. Après ce second lavage, on fait sé- cher la laine avec précaution pour éviter qu'elle se salisse.
DES TOILES, FILS, etc. 935
C’est dans cet état que la laine est peignée. On observe qu’elle soit alors un peu humide, afin de faciliter le prolongement de ses fila- mens, dont presque toujours , lorsque la laine a été bien désuintée, le peigneur doit former des barres ou traits de trois et quatre pieds de longueur. Il importe donc essentiellement que cette opération soit bien faite, non-seule- ment pour la bonté de la filature, maïs aussi pour la couleur et la fraîcheur de l’étoffe, qui dépendent, plus qu’on ne pense, de la per- fection du désuintage.
Dans beaucoup de fabriques , après le pei- gnage des laines et selon le genre d’étoffes auxquelles elles sont destinées, pour les dis- poser à une belle filature, on leur donne un troisième lavage dans le mème baquet, toujours avec de l’eau chaude savonneuse. On les fait ensuite sécher avec soin pour ne pas les salir ; en cet état la laine ést remise aux fileuses, sielle est destinée pour chaîne, mais celle pour trame est remise aux peigneurs, €t au sortir de leurs mains, elle estlavée, comme il a été dit, une quatrième fois. Cependant on n’observe ce quatrième et dernier lavage que pour les laines de première qualité, fabri- quées sur-tout en blanc, ou qui doivent re- cevoir des couleurs claires et très voyantes. :
La laine bien désuintée doit avoir les fila- mens tenus, \ongs, suivis et non-collés les uns aux autres, elle doit être en outre nerveuse, blanche et dégagée de tout corps étranger. La laine de Hollande a principalement cette der- nière qualité. Celle d'Angleterre a plus &e rudesse et est beaucoup plus sale. Celle d’Al-
236 BLANCHIMENT
lemagne est encore plus rude, mais elle est également longue, elle approche de celle de France qui est la plus inférieure en fait de laine longue ou propre au peigne.
On fixe le déchet de la laine de Hollande à un peu moins du quart, celle d'Angleterre à-peu-près au quart. Les laines d'Allemagne et du pays supportent un déchet plus consi- dérable encore , à raison de leur qualité in- férieure. Certaines laines du pays perdent plus d’un tiers.
Soufrage. On soufre les étoffes de laine, les bas ou les autres vêtemens de cette rature, que le travail, les apprêts où l’usage ont ter- nis ou rendus mal propres; on leur donne même par le procédé usité à cet effet, un blanc plus éclatant que n’est le blanc natu- rel de la laine, après les lavages et les dé- graissages ordinaires,
On commence ordinairement par le dégrais- sage. Pour l’opérer parfaitement, il faut des pi- lons fort légers , ceux des moulins ordinaires y sont peu propres. Lorsqu'on n’a pas un cou- rant d’eau pour les faire mouvoir, il sufät de deux chevrons de trois à quatre pouces d’é- quarrissage, formant un chassis de 15, 10 à 20 pouces de large, soutenus par des traverses, terminées au bas par une traverse un peu plus longue, plus forte et suspendue verticalement à une planche ou des perches posées entre les poutres du toit et formant ressort. On place dessous une auge de bois, et xn ouvrier en appuyant de la main fait jouer cette sorte de pilon dans l’auge avec une grande facilité,
en donnant de l’inclinaison à l’auge, elle fera
DES TOILES, FILS, etc. 237
Peffet de la pille, l’étoffe y tournera également.
On peut aussi faute de pareil mécanisme se servir ou du battoir, ou mieux encore du piétinage dans un lieu disposé à cet effet, ainsi qu’il a été recommandé à l'égard des toiles et fils.
Lorsque l’étoffe est bien dégraissée et dé- gorgée en rivière, on la sèche, on la grille, ou on la met en teinture si elle y est des- tinée; si au contraire elle est destinée au blanc blanchi, il convient qu’elle soit grillée avant le dégrais (1). Pour procéder au blancfin, on donne donc un léger foulon d’une seconde eau de savon, on y laisse tremper l’étoffe pen- dant quelque temps, on la lave bien, on conne une nouvelle eau d’un premier bain de savon, on la désorse en rivière, on la laisse égouter quelque temps sur le chevalet, c’est-à-dire une bonne heure, et on la met ainsi au soufre pendant cinq à six heures, douze et même vingt-quatre heures, selon que la pièce est plus ou moins volumineuse.
Au sortir du soufre on lave l’étoffe en rivière, on la met au blanc d’Espagne et en même temps au bleu, on délaye l’un et Vautre ensemble dans une eau claire ; on la met au soufre encore une fois , on lui donne une légère eau de savon, on la fait sé- cher, puis on la passe à la rame , à l’étendoir ou au corroi, et de-là à la calendre ou la presse, ou à l’un et à l’autre, suivant sana- ture,
(1) La méthode indiquée pour le grillage des mousse- lines, pourroit aussi être appliquée aux étoffes de laine dont le tissu est destiné à être ras.
236 BLANCHIMENT
Voici la manière dont on s'y prend pour passer ‘au lavage et au bleu une pièce de drap de quarante à quarante-denx aunes : dans une petite cuve d’eau claire, on verse, à l’excep- tion du marc, un seau de 7 à 8 livres de blanc d’Espagne en poudre ét délayé ; on pal- lie la cuve et on y fait passer la pièce sur le moulinet toujours rapidement, durant envi- ron un quart d'heure, on la lève ensuite sur le moulinet , on ajoute au bain un seau d’eau dans lequel on a délayé une once et demie du plus bel indigo ou de bleu de Prusse, pul- vérisé, tamisé et enfermé dans un nouet de toile , enfin on pallie et remue le bain, on y rabat le drap sur le champ en le tournant et retournant sur le moulinet. Ensuite on le table sur une serpillière, et on le porte à la lainerie, où on lui donne quatre traits de chardons in- valides, pour en coucher la laine, en obser- servant de l’arroser avec de l’eau de la cuve, et lorsqu'il est sec, on le bat avec des ba- guettes pour en chasser la poudre dont il s’est chargé dans le blanchissage.
Il est à propos d'observer que les mauvaises odeurs , de même que les mauvaises haleines , peuvent faire tourner le bain de bleu et de blanc dans lequel on trempe les draps blancs, du moins l'ai-je entendu dire par des fabri- cans renommés. Cela arrivant , on est obligé de replonger la pièce dans un bain d’eau chaude , pour enlever le blanc et le bleu qui s'y sont fixés par place, ou l’ont vergetée, et on recommence l’opération.
A l’ésard des chemisettes de laine, des fla- nelles ou autres étoffes à mettre sur la peau,
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DES TOILES, FILS, etc. 239
le soufre, ni le savon ne leur conviennent en aucune façon, il suffit de les dégraisser à l’eau de son et de bien les laver après en eau claire. La couleur n’y fait rien, il est question seulement de les rendreabsorbantes le plus pos- sible, à quoi le savon même ne peut que beau- coup nuire.
Souvent on préfère de laisser les bas sur leurs formes sans les laver ni les soufrer.
L'atelier où se fait l’opération du soufrage est tout uniment une chambre bien close dans laquelle, sur des perches de bois blanc mises en travers dans le haut, sont passées les étoffes par plis, pendantes jusqu’en bas, avec l’attention qu'elles ne touchent ni aux murs ni au plancher , et bien moins à du fer qui, s’oxidant par l’humidité et l’acide sul- fureux volatil du soufre en combustion, placé à terre sur un vase quelconque, les tacheroit immanquablement.
Au-lieu de passer les pièces sur des perches, il seroit, peut-être, préférable de les accrocher en Zigzag à ces mêmes perches par le moyen de clous à crochets qui y seroient fixés, et traverseroient soit les lisières , soit des anneaux ou rubans de fils attachés à celles-ci.
Il ne faut pas oublier non-plus de prévenir qu'on ne doit jamais déposer immédiatement sur le bois un drap blanc soufré , et non encore purgé de l’acide du soufre qui, dis- solvant les parties sommeuse ou résineuses du bois ne tarderoït pas à en tacher l’étoffe.
Non seulement le soufrage communique au drap une odeur désagréable , maïs il le rend encore âpre et dur au toucher. Ce n’est donc
240 BLANCHIMENT
qu'après le bain de savon, qu’on lui donne à la suite de cette opération, qu'il acquiert de la douceur, et d'autant plus, qu’ily esttrempé et travaillé plus, long-temps.
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CHMBLTRENE TE. Blanchiment de la soie.
Les mêmes raisons qui nous ont fait insérer dans le chapitre précédent le procédé pour blanchir la laine, ainsi que les tissus qui en sont formés en tout ou en partie, nous in- vitent pareillement à donner place ici aux
rocédés pour blanchir la soie. |
Il existe deux méthodes de blanchir la soie : par le décruage et sans le décruage (1). Je vais traiter de chacune , en commençant par celle du décruage et de la cuite.
On désomme et cuit la soie de la manière suivante : faites dissoudre dans de l’eau de rivière mise dans une chaudière sur le feu, du savon blanc de Marseille haché d’avance, à raison detrente livres par cent livres de soie, faites bouillir, rabattez la chaleur à l’eau froide , étouffez ou retirez le feu , mais entre- tenez le bain non-bouillant mais très-chaud, trempez-y alors les soies passées aux bâtons, laissez-les en cet état jusqu’à ce que leur bian- cheur et leur flexibilité annonce que la gomme dissoute est séparée ; lizez ou tournez la soie sur le lizoir, pour que les parties hors du bain
(1) J'aurai encore recours , ainsi que je l’ai fait pour le précédent chapitre, aux mémoires de Roland-Laplatière. trempené
DES TOILHSYy FES s etc. ‘dés
trempent à leur tour; puis chaque mateau ou réunion de plusieurs écheveaux, étant parfaite. ment désommé, tordez-les sur la cheville pour en bien exprimer le savon, dressez:les. etempochez les, par vingt-cinq à trente livres, dans des sacs de grosse toile.
Faites un nouveau bain composé et conduit comme le premier, jetez-y les sacs et faites bouillir pendant une heure et demie, re- muez les sacs de temps en temps, changez- les de place dans la chaudière. Le désom- mage et la cuite de la soie lui font éprouver un déchet sur le poids de vingt-cinq pour cent. |
Si l’on destine la soie à la teinture, on en fait le décruage et la cuite dans le même bain, qu'on fait bouillir pendant trois à quatre heures, et l’on y emploie une quantité de savon proportionnée à la finesse dela couleur , ou plutôt au fond de blanc qu'elle exige, vingt-cinq à trente liv. pour les couleurs ordi- paires, et jusqu'à 50 livres pour celles au sa- franum, le ponceau, cerise, etc.
Mais lorsqu'il est question de les faire pas- ser au blanc, et parconséquent de les sou- mettre au blanchiment, au sortir de la chau- dière, on porte les sacs à la rivière, on.les y ouvre, on laisse la soie étendue par cordes flottant dans l’eau , et on la lave.
On fait un nouveau bain de savon. très- léger , d’une livre et demie sur trente seaux d’eau, on y étend un peu de rotou avec un peu d'azur ou d’indigo, suivant la nature du bleu ou la nuance de la teinture qu’on veut donner à la soie. On remplit la chaudière , on
249 3B LA ùN CH EM ENT brasse le baïn, on le maïntient bien chaud, a. mais bouillant , et l’on y travaille la soie par mateaux sur des lizoirs, jusqu’à ce qu’elle ait pris uniforinément la teinte que l’on desire ; on la tord à sec, puis on l’étend sur des perches pour la faire séchier, ou on la met au soufroir. ‘ L. CR BAIL
Toutes les soïes employées au blanc, à la fabrication dé quelque étofe que ce soit, doivent être sonfrées, comme moyen de les blanchir plus parfaitement. Une livre et demie ou deux livres de soufre suffisent pour cent livres de soie. Au bout'de vingst-quatres heures on évente le souffroir, et l’on n’y entre que lorsque la Vapeur du soufre est dissipée. L'air qui y entre en été, suffit pour achever de sé- éher la soie, en hiver on le referme et l’on y met de la braise allumée, On connoit qu’elles ne sont pas suffisamment sèches, lorsqu’en les chevillant, elles se collent les-unes aux aiitfess in ss 3 | -:Si les ‘sotes blanches ou $oufrées ne se trouvent, pas assez azurées, On leur donne üne nouvelle teinte en 'eäu claire, la” plus écrue est la meilleure, ‘ét on les soufre une seconde fois, PART
All'ésard des soies destinées’ à fabriquer Îles blondès et les '#azes, dont l’une des qualités principales est la fermeté naturelle, elles ne doiverit être ni décruécs ni cuites, on Îles choisit les plus naturellement blanches, on les trémpe, on les lize ans un bain chaud d’eau pure ou de savon. Dans les premiers cas on lé$ tord, ensuite on les soufre. Les belles soïes de Nankin , qui sont d’un très-
DES TOILES, FILS; etc. 243 beau blanc ; n’ont pas besoin de cette opé- ration. |
Voici au surplus la méthode (1) publiée pa Rigaud en,1778, pour blanchir les soïes sans les décruer.. ÿj Wa ras à ds
On met la soie qu’on veut blanchir dans un bocal où l’on a versé dé l'esprit de vin de commerce en assez grande quantité pour qu'il surnage la soie, on a soin d’y ajouter aupa- ravaut une demi-once d’acide muriatique par livre d’esprit de vin. On bouche ensuite le bocal avec un parchemin mouilié et on l’ex- pose pendant douze heures au soleil, ou bien on le laisse pendant vingt-quatre heures à l'ombre et à une chaleur de quinze à vingt degrés. On retire ensuite la soie qu’on ex- prune, et on la remetpendant le même temps, au soleil ou à l’ombre, c’est-à dire, douze heures - au soleil, et vingt-quatre heures à lombre, toujours d’une chaleur de 15 à 10 degrés, dans un autre bocal bouché qui, ainsi que le précédent, contient de l’esprit de vin acidulé, comme pour la première ir:fu- sion. On retire de nouveau la soie, et après l'avoir exprimée , on la lave pendant quatre à cinq minutes dans de l'esprit de vin pur. On la met encore pendant vingt-quatre heures au soleil, trente-six heures à l'ombre, dans un troisième bocal contenant de l’esprit de vin pur, qu’on a soin de renouveler pendant
(1) Cette méthode diffère peu de celle publiée en 1703 , par Baumé; on peut consulter pour celie-ci le Journaî de Physique de la même année, et pour celle de Rigaud, la Gazette dx Commerce du 7 novembre 1778.
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044 BLANCH. DES TOILES , FILS, etc.
les intervalles, puis on la retire, onl’exprime, on la lave à deux ou trois reprises dans l’eau claire ;, qu’on renouvelle aïnsi à chaque lavage. Enfin on la fait sécher sur une guinde ou toute machine appropriée, sur laquelle on l’étend le plus fortement possible pour l’em- pêcher de se gripper. |
DR P'ÉUSRRER TT O D D ES
PULL AS NE OL Et
Les mêmes lettres dont. les figures sont cor- respondantes pour les plans, élévations ,
coupes et profils de chaque planche, signi-
Jient les mêmes choses. D PREMIÈRE.
Fc urES 16#2,10ef11. Plan, coupe, profil et dé- tail d’un appareil distilatoire tout monté et prêt à mar- cher, IL peut être. ou à simple ou à double équipage, ainsi que l’indiquent les figures. Chaque équipage est composé de deux fourneaux séparés, établis néanmoins sur le même bâti, de deux vases, distillatoires, d’un ton- neau pneumatique, et d’un baquet à immersion.
A. Bôti de charpente légère ; qui porte les fourneaux ou leur maçonnerie en brique ou. plâtre.
B.-Tuileau qui sert d’à tre aux cendriers C. des four- neaux. +
10: Lit d'argille sur mn est posé le tuileau.
LE: Planches ou douves de.tonneaux qui portent le, lit d’argille.
F. Vuide ou dépôt ‘durs dent on tient à sec dés mélanges de muriate de soude ‘et nranganèse ,' dosés"pour chaque vase distillatoire ; lorsqu’on'fait l’acide muriatique oxigéné par le muriate de :soûde ; au lieu d'employer directement l'acide muriatique ordinaire à vingt-cinq de- grés de concentration à l’aréomètre de Mossy.
Lie Porte de chacun de CES dépôts. | H, Sècheries, ce sont des espèces de cuvettes ocap-
Q 3
S46 rt TC LTFOR-— sules en tôle ; de forme, carrée, dans lesquelles on met Île
muriate de Soude à sécher , soit avant, soit Après son pilage ét tamisage.
I. Events ou cheminées par 0 où s Lee la fumée du [5e qui chauffe les vases distillatoires,
J. Tuyau de cnlluite du fourneau sous le! sécherie.
K. Capsule en tôle, quarrée ou cylindrique qui sup- porte les vases distillatoirestét le bain de sable sur lequel ils reposent. La capsule en calotte , ou. cylindrique , est préférable , là flamme Fembrasse mieux et sa forme exige
béaucoup moins ‘de ‘sable > 55 OU ÀS L. Porte du fourneau,:,2: ani 20Ù Su
M. Marche adossée ‘au pari des PRE , afin de pouvoir {s'élever assez hauf lors di vèrsémêrt dés mélan- ges dans les vases distillatoires, ou LpoRE toute autre opé« ration! sur les. fourneautts :::+ =; ens sr ons u:
N. Vase distillatoe) corrme, sal tabglures Où : {son allonge P ;' cette allonge peut’ètre en‘vérré ; ’&éparée de là cornué on tirée sur té séns même de! cet instrument, Torsque les ouvriera soufileurs sont:assez: adroits) pour |cela. Afin'd’éviter les acvidens’dé la’ casse , ‘on! peutila faire en grès; porcelainé | ôu miéux’eñcore! èn D _—
r r ; , F1
qu'est celle indiquéei par, la: figtres...,, 1; à
Q. Couche où bburrelet'de lut, in Yatlonge à la corne, Au. lièu.de-cornue, on. peüt,se.servir, vec encore plus d’avantage , de ballons ou flacons tubulés (voyez la planche, IX , figure 1 et 2) 3. je. pré ‘ère. ces derniers vases comme tte coûteux , plus communs ;, dune utilité plis *sénérale, et ‘surtout comme beau- coup plus commodes ; Q: tuyau de verre, de: près; de porcelaine: où;de; pli , ( ce dernier'ést préférer ).;1son :extrémité Q? s’adapte:à l’allonge set celle Q5-laisse.échap- <pens Sous forme dé:lbulles ;: l'acide: nuridtique 10 Jauk, le tonneau pueumatiques tort 9! 1rqÉmÈnize
KR; :Tonreau pneumatique ; posé sur son trépié S.
_ T. Arbre du moulinet ou agitateur ; ; U ses ailes ou bras 3 V Sa manivelle pour le” faire tourners ©"
"XX, PDiaphragmes ou fiuxfonds sous lesquels “se con-
D 8 : Pair or tm Es. 247
centre ou est absôrbé leigaz muristique oxigéné. Ts sont soutenus d’un côté; par:lesitalus propre aux douves duiton- neau , et de l’autre par. des-chevilles de bois Y..Ces faux- fonds, ainsi disposés , représentent autant;de cuvettes séparées. À
:
Z. Douille ou tuyau pour le passage du>gaz d’une cu- vette à l’autre. Son prolongement l’empèche de s'échapper de suite.dans la cuvette-supérieure. Le séjour forcé: du gaz dans la cuvette inférieure et l'agitation. fréquente, dut moulinet le-rendent de plus facile absorption par l’eau avec laquelle il est miscible jusqu’à un certain point,
&. Entonnoir de bois pour faciliter le :versemént de l’eau dans lé tonneau pneumatique, lorsque son couvercle
est fixé; chevillé et ses jointures bouchées avec des bandes de papier collé.
æ. Champelure ou robinet pour tirer des èssais de l’eai acidulée et en éonnoitre la force ou’ l'énergie par le se- cours desréactifs connus; de l’indiso ou de Lx cochenille , ainsi qu’il est dit au chapitre 14. Ce robinet peut être en verre ou en..plomb et aussi en cuivre ; mais ce deïnier doit être enduit d’une couche ou deux de céruse à l’huxle,, afin de ne pas être exposé à être rouillé ouwoxidé par la vapeur du gaz ; ou à tacher les diverses marchandises qui viendroient à le toucher, ou sur lesquelles il toruberoit quelques parcelles de la rouille ou verd-de-gris dont il seroit couvert.
b. Champelure de décharge dans les baquets d’immer- sion ; elles doivent être en bois et bouchées soit avec un bouchon de liége , soit avec une cheville tournée et gar- nie de filasse. Elles doivent en outre être fixées solide- ment au tonneau et bien garnies de lut gras à leur jonc-
tion tant en dedans que dehors la douve qu'elles traversent.
c. Tube de verre , de la grosseur de ceux à baromètre, c'est à-dire de deux à trois lignes d'ouverture. Il sert à indiquer soit la hauteur de la liqueur qui reste dans le tonneau , lorsquon a été dans le cas d’en tirer un certain volume pour des immersiôns particulières , soit le plus ou moins d’activité de la distillation par le plus ou moins de fréquence’ es oscillations de la liqueur. Cette dérnière indication devient sur-tout très-utile vers la fin dé lopé-
Q 4
-
248 dx: m'L'I 6 AT. Tr On
ration, lorsque la lenteur et la foiblesse avec laquelle s’échappent les bulles , permettentià peine de les enten- dre s’épanouir dans le tonneau ; en portant même l'oreille contre ses parois, : 5 1 ON ART
Ce tube est fixé au bas du tonneau , à un pouce près du fond. Sa jonction est bien 'mastiquée avec du ut gras tant en dedans.qu’en dehors: Son extrémité supérieure ‘est maintenue dans la cannelure d’un petit taquet de bois d , chevillé au tonneau. QE
é. Douille où conduit de deux pouces environ de saillie au dedans de chaque cuvette inférieure. Il ne laisse échap- per d’une cuvette à l’autre , que le gaz qui n’a pu s’in- corporer avec l’eau , soit parce que celle-ci en étoit en quelque sorte soulée , soit parce qu'il s’étoit amassé en trop grande quantité à la partie supérieure de la cuvette, et que lors du mouvement imprimé au moulinet à trop long intervalle, il n'a pu se combiner assez prompte- ment avec l’eau, de la cuvette inférieure et s’est dégagé dans celle supérieure. |
J. Tuyaux de plomb ou de grès; ils peuvent aussi être en bois: l’un traverse toutes les cuvettes, l’autre seulement celle supérieure. Ils servent à introduire sur le fond de chaque cuvette, soit la quantité de potasse con- venable pour fixer l’odeur de l’acide muriatique oxigéné , soit celle nécessaire pour faire la liqueur connue sous la dénomination de muriate oxigéné de potasse. Ces deux tuyaux sont bouchés pendant ia distillation avec un bou- chon de liége ; leur extrémité supérieure formée un peu en entonnoir , facilite leur suspension sur leur support ; ils doivent être bien garnis de lut gras à l’endroit de leur contact au diaphragme de la cuvette qu'ils traversent.
g. Couvercle du tonneau pneumatique ; il doit y être maintenu avec de bonnes chevilles en chêne et à tête ; ses joints sur son pourtour doivent être fermés avec des bandes de papier collé ; les jointures des planches qui le composent, quoiqu’avec rainures et languettes, sont aussi
.couvertes de semblable papier. Au moyen de ces pré- cautions , il ne s’exhale nulle odeur d'acide muriatique oxigéné. Afin même qu’il n’en sorte pas par, le petit jour qui existe entre la douille du couvercle et l’arbre du mous
D #8 PLAN EMR LES. 249
linet , celui-ci est enveloppé près de cet endroit, ou d’un eu de filasse , ou d’un petit cluffon de toile, imbibé
d’eau ordinaire ou. de potasse.
&. Entonnoir destiné à transvaser l’eau dont on doit remplir le tonneau pneumatique lors de chaque distil- lation, ou qui doit remplacer celle qui à pu être extraite
our des immersions particulières dans le cours, de la
distillation dosée en conséquence. Lorsque celle-ci est commencée , le trou de l’entonnoir est fermé avec un bouchon de liége.
k. Supports de l’allonge de la cornue ; ils posent sur le couvercle et embrassent l’extrémité supérieure du tuyau communiquant avec l'intérieur êt au fond du tonneau. Cette extrémité est disposée en entonnoir, 1°. pour recevoir le bec de l’allonge , 20. pour faciliter l’ap- plication du lut Ces deux parties qui composent ce sup- port sont assemblées avec deux fils de fer, ou de simpies cordes serrées autonr , ou bien avec des crochets.
z. Trou pour laisser échapper l’air contenu dans le tonneau , lorsqu'on le remplit d’eau.
Z. Baquet à immersion , monté sur ses roulettes J.
m. Tourniquet pour mouvoir les toiles dans la liqueur. n. Sa manivelle. | 0. Toile qui passe sur le tourniquet..
p+ Couvercle figuré ; il peut être composé ou d’une toile jetée dessus le baquet , après que la liqueur ya été transvasée ; où il est beaucoup plus solidement et agréa- blement établi avec deux chassis de bois légers, garnis de carreaux de verre, qui ouvrent sur les faces oppo- sées , et se ferment vers la partie supérieure du triangle qu’ils forment par leur jonction. Afin qu’au moment du transvasement de la liqueur du tonneau dans le baguet, l’odeur qu’elle renvoie ne soit pas incommode aux ou- vriers ; lorsqu'on a jugé à propos de ne pas l'éteindre, soit par une certaine dose de craie puivérisée et tami- sée (1), soit par celle d’une addition quelconque d’eau
(1) Un pain de craie dissout dans un seau d’eau suffit pour arrêter passablement l’odeur qui s'exhale d’un baquet à immersions, contenant douze cens pintes de Paris,
559 CNE M D, E: TAG TE
lésère de potasse (1) ; un de ces chassis-est percé conve- nablement pour laisser passer les 'champelures de dé- charge ; la partie du trou que icelles-ci‘ne bonchent pas, est fermée ensuite avec des parties de linge liées ensemble sur la champelure même, Pour éviter au surplus toute odeur des tuyaux communiquants du fond des baquéts à immersions aux champelures , des tonneaux pneumatiques pourrôient être facilement disposés au, dehors des pre- miers, et proourer l'avantage de faire remonter la liqueur du fond des baquets , au lieu de la verser par Le haut.
Figure 5: Plan à vue d'oiseau de la grille sur laquelle est placé le charbon a. qui chauffe les capsules des cor- nues. On peut les en approcher plus ou moins, en les élevant dessus une ou plusieurs briques. IL est aussi très-facile de les sortir hors du fourneau, au moyen du manche 6. lorsqu'on veut arrêter promptement la distil- lation pour une cause quelconque, ;
Figure 4. Flévation en perspective de cette grille.
Figure 54/Tôle qui sert de porte aux fourneaux.
Figure 6. Cette tôle ou porte vue de profil ; & poignée qui sert à ‘l'enlever ou la placer ; b , rebord à laide du- quel elle s’applique dans les joints que forment les briques supérieures du fourneau et qu’on a soin lors de la cons- truction de laisser ouverts exprès à cet effet.
Figure 7. Supports qui emboîitent Pextrémité supérieure du tuyau de plomb:qui doit recevoir Le bec de l’allonge de la cornue!, ou de celle-ci seulement, si le verrier l’a allongée et’couùdée en conséquente,
Figure 8. Elévation perspective de la caisse de tôle qui contient le mélanse de muriate desoude etde manganèse que l'on meët à sécher, commé'il à été dit ci-dessus , entre les fourneaux , sous la sècherie ,. pendant la distil- lation qui sé fait, pour la distillation suivante.
Figure. 9. Plan de ladite caisse. .
(1) Un seau d’eau de potasse pure marquant deux degrés suffit aus5i pour obtenir le même avantage sur pareil volume de liqueur,
D # & :Pvrs À NN Caux His. 231
- CAL 2. cer ë L c601% 1
P. PA JA N C “ E, el d. Figure 1°re. Mas PE: user à bouchons de verre sur les bocaux « flacons et autres vases qu on à intérêt de fermer en quelque. sorte, hermétiquement. RURTA
., A: Flacon à trois tubulures. .B Bouchons à a ppropsit pour. boucher la tubulure du milieu. € Espèce de vire brequin dont une éxtrémité D a som centre de mouve- ment dans la coulisse de bois E , et.l'autre extrémité E reçoit dâns un.œil G la tige H de la presse EL; dont les. .deux. mâchoires::J .K (-celle K.) est. à Lébsèes contiennent en respect, au moyen de la:vis L , et de son écrou à oreille ; la patte M du bouchon à user. La cou- lisse de bois n’est point fixée, elle doit obéir St descen- dre selon le travail du bouchon dans la tubulure ou le goulot du flacon qu if doit fermer.
Figures 2 et 3. Planet profil d’un baquet : à immersions pour, les fils et bas, de coton et autres pièces. de bonne- teriè. Si au lieu d'être ‘ronde * Ja forme de ce baquet étoit quarrée , les marchandises s'y trouveroient disposées d’une manière plus avantageuse. On peut placer, trois pamiers d’osier blanc ; l’un sur l’autre, ainsi qu’on le voit par da fisure & ; TM s’appuyent chacun sur les anses À des paniers inférieurs. B. Liasse ou pante d'écheveaux de fils étalés dans le bain. Îl ne faut pas en assembler ainsi plüs dé trois ou quatre sous la mêriée liasse, soit ‘Pour les soumettre plus converiablement à l’action de là liqueur ,-Soit pour les presser vu tordre à la ‘main au sortir du baquet , si-on croit pouvoir se dispenser de les tordrè à la cheville , ou les mettre sous la presse toutes ensemble,
Afin qu’ il ne tombe aucune ordure dans le baquet ; ou qéil ne s’en exhäle’ éucune ôdeur fatisuante pour'les ouvriers, on couvre le tout d’un drap où toile à ce desti- fée ; ou bien d’un cohvercle léger eñ' bois ;'cotrpé en deux parties pour en faciliter le maniement,
‘Figures 4 et:5:1 Plan et élévation d'use Sstibe cha dière portative ,; pour donner sur-le-champ les bouiilons de lessive aux fs bas et autres petits objets qu’on ne veut pas, ou qu'on n’a pas le temps de mettre, aveg les
252 E xrLiiCATrOos«
toiles ou autres grosses pièces ; dans une plus grande chaudière , soit à raison de leur ‘finesse, de leur petite quantité , de la promptitude de la commande, ou d'un essai particulier. tte 949 AR
a. Chaudière posée sur son trépié D, sous la hotte d’une cheminée ; & son couvercle ; on ne doit jämais né- gliger de le mettre , soit pour la vitesse de la chauffe de la lessive , soit pour. garantir les marchandises de lasuie qui est sujette à tomber du tuyau de cheminée, et produi- roit sur les pièces des tâches difficiles à disparoïtre, ainsi qu'il en a été parlé Chapitre XV. On peut brûler sous une semblable chaudière , du bois ou de la tourbe , comme
aussi du charbon de terre ; en construisant un grilen conséquence. | | |
d. Tour à l’aide duquel on enlève du bain de lessive les diverses marchandises disposées d’avance sur un pa- nier ou une champagne d’osier placée au fond de la chaudière. D: ES Nc
L -
Figure 6. Suspension, au moyen du tourniquet d, du panier contenant les objets sortis de la chaudière et s’y égouttans au-dessus, Afin que pendant cette opération il ne tombe pas d’ordure ni dans la lessive , ni sur les mar- chandises , il est à propos que sur la partie du tuyau de la cheminée , au-dessus de la chaudière , il soit placé une toile serrée ou un chassis de bois léger.
e. Panier ou champagne d’osier, couverte de marchan- dises. Cette champagne peut être aussi en fer garni de chiffons. Si on se sert de panier ou fond d’osier, celui-ci doit être dépouillé entièrement de son écorce, crainte des taches.
Les quatres cordes f, qui soutiennent le panier; se réunissent par couple de chaque côté vers le nœud g; et celles Z, qui se dévident sur le tourniquet, après avoir été arrêtées aux clous ou chevilles Z, de son arbre.
j. Chevilles entre lesquelles roulé le tourniquet ; Æ te- non fixé sur le rouleau , et qui empêche celui-ci , en tôur- nant, de s'échapper du trou-/, qui. lui sert de centre, à raison du frottement qu’il éprouve contre la planche ow SUPport 72;
Dæ 6 1 Pr 2 À Nicauxs Es. 255 #. Manivelle du tourniquet.
Figure 7. Rouléau pour plier les toiles en deux sur leur largeur , après qu’elles ont recu leurs apprêts.
a. Cordes dont une extrémité est attachée à l’anneau D, fixé au plafond ou à la poutre, et l’autre extrémité porte les deux tourillons € du rouleau de bois d.
e. Partie de la toile à plier en deux sur sa longueur.
f. Partie de la toile déjà pliée. Dans cette opération qui est très-prompte , on soutient la toile en la tenant d’une main par la partie f, et posant l’autre sur celle e, on a soin d'approcher les lisières l’une de l’autre ; en sou- levant un peu cette partie de la toile ainsi jointe , le poids de celle pliée attire bientôt celle qui est dans le moment de l’autre côté du rouleau. Une nouvelle portion se déve- loppe successivement et subit de suite la même manipu- lation.
Figures 8 et 9. Plan et profil de la machine pour plier les toiles à plis égaux , soit celles qui doivent l’être dans toute leur largeur ,.soit celles qui ont été pliées en deux, ainsi qu’il vient d’être dit.
a. Montants de fer placés vis-à-vis l’un de l’autre dans les trous D pratiqués sur les barres © fixées sur chagne
côté de la table d.
e. Baguettes de fer ou de bois , placées dans chaque pli de la toile , derrière les deux montants.
f. Autre baguette qui enlève du tas de toile g la partie qui doit être ramenée jusque par derrière les montants opposés au-dessus des baguettes. A fur et mesure que le pliage avance , on retire des plis les baguettes inférieures, pour s’en servir , ainsi qu'on vient de le voir. Par ce moyen une douzaine de baguettes peut faire le service. L'usage de ces baguettes et la régularité qu’elles procurent dans les plis, a fait nommer cette manière de plier, qui est très- expéditive, pliage à la baguette ; de même celle décrite en la figure 7 , a été nommé pliage au rouleau.
. Figure 10. Vue de profil, de la manière dont sont pliées ou roulées définitivement les toiles après le pliage à la baguette , afin d’être appointées. La forme ronde ;'qui
554 ŒE xirLriCATron
Jui est donnée , est maintenue par le secoursdes cordes plus ou moins fines a, selon la qualité de la; marchandise, Ces cordes, ficelles ou fils retors , en soie ou Jin, vont de la lisière inférieure à celle supérieure ; elles y sont ‘arrêtées avec un nœud que lon couvre ensuite d’une houppe D ée fil de couleur , soit en soie , soit en lin , "soit laussi en or , selon la beärité ét’la finesse du tissti ainsi plié. Les grosses pièces sont aussi appointées sur lie devant , conime indique ladettre, @x 1 sli
LOS 14 > (
Frioure 14, Pantes d’écheveaux de fil dedin ou de coton: La reumion de plusieurs , comme de cinq ou:six écheveanx sous une seule ficelle &, forme ce qu’on appelle une pante: On reconnoit par le nombre des nœuds D, faits à la suite Jun de Pautre ou sur chacun des bouts c; le marchand'à qui elle appartient. On'inscrit -en conséquerce sur le re: registre de réception lés signes distinctifs à côté du nom du propriétaire ou marchand ; on les reconnoît ainsi.facilez mevt lorsqu'il s’agit deles leur revdre.
À l'égard des autres marchandises, comme'toiles , bas} etc., on peut aussi les-distinsuer par un où plusieurs bouts de fils qu'on y coud, et sur lesquels on fait de imêmertel nombre de nœuds: que l’on juge à propos.-Cette manière de marquer les-marchandises me semble à préférer aux dif- férentes traces de crayons, sanguines , etc. qui.les tachent ou gâtent plus ou moins.
Figure 12. Manière de tordre l'écheveau sur Ja che- ville, pour en faire sortir l’eau , la lessive où telle autre li- ‘quéur dont ïl seroit imbu %’Comme Îa partie qui se trouve sur la cheville, ne sèche ou me s’égoutte pas autant que celle mitoyenne, ôn‘'a soin , en rouvrant l’échevau c, de le replacer de telle sorte que la partie qui étoît sur là cheville a, se trouve vers’le milieu et ‘s’égoutte à son tour, lors lun nouveau tors qui lui est dôriné dans fa cheville 8; après le second tors, le fil se ‘trouve pôur l'ordinaire suffisamment ésoutté , et on égalise les fils, ce qui se pratique avec la main passée dans l’écheveau ; que l’on secoue fortement en le tirant à soi, ou bien en se servant à cet effet du secours de la cheville même avec laquelle on l’a tordu.
#49 0
1
Figure 13. Manière de disposer, pour qils ne se
pEÆESs Pr À N c'Hf es. 255
mêlent pas trop, les écheveaux, sur-tout ceux de fils retors , rangés sous une pante et destinés, au lieu d’être chevillés, à passer sous les dents d’un pilon à me, pour être dégorgés ou de la liqueur dont ils sont :imprégnés, ou de la crasse dont ils sont pénétrés. Les quatre cordes ou chantennes a, l’empèchent de se mêler pendant le foulage. On se sert avec ayantage pour cette opération d’un baquet ou seau, selon la quantité que l’on a de marchandise ; dans l’un ou l’autre cas; on verse de l’eau dans le vase où les écheveaux, ou autres légères pièces que l’on a à préparer, y subissent de suite, ia foule du pilon (fig.14.) qu’un homme ou une femme peut faire mou- voir sans beaucoup de peine. Son usage exige néanmoins une certaine dextérité et intelligence de, la part de ceiui ou celle qui Pemploie, afin de pouvoir travailler prompte- ment et avec fruit. |
Figure 14. Pilon avec lequel on foule les fils retors ou autres petits objets qui. demandent à être dégorgés avec une certaine force ét à grande eau.
Figures 15 et 16. Plan et élévation d’un moussoir avec lequel on peut dégorger les pièces d’un tissu très- fin, des bas, des fils, etc. dans une cuvette ou seau.
a. Duits du moussoir entre lesquels se placent diffé- rentes parties demarchandises qui , battues et frottées l’ane contre l’autre par les mêmes chevilles , en laïssert échap- per les différents liquides dont elles sont successivement pénétrées pendant le cours du blanchunent.
b. Poignée double à l’aide de laquelle on imprime le mouvement au moussoir.
Le pilon décrit ci-dessus figure 14, ainsi que le mous- soir, sont fort en usage en Anpleterre , il n’est presque pas de ménage qui n’ait en sa possession l’une on j’autre machine , qui toutes les deux sont employées utilement , sur-tout pour Île savonnagé du linge fin. ;
H. Marche du pilon.
b. Masse de pilon en bois de hêtre et taillée sur deux faces opposées en gradins ouredeuts c, añn de pixucer lé- gèremeut la-marchandiseet la forcer de tourner plus aisé- ment. Ges redents doivent être arrondis sur les arrêtes.
256 Er X:-P-L:1 € A TÜT ON FE. NX C Hot UD
Figure 1°€. Plan à vue d’oiseau de la grande chardière à lessiver ou faire bouillir les toiles dans une eau Hixi- vielle.
Figure 2. Coupe de ladite chaudière sur la ligne A B. a. Rez-de-chaussée de l’atelier.
b. Massif de mäçonnerie dans lequel est scellée la chaudière c. d. Couvercle de bois formé de deux ou plusieurs parties.
e. Traverses qui passées sous les crampons f, fixés à la chaudière, maintiennent le couvercle et l’empêchent de s'élever par leffet de la vapeur , et forcent celle-ci de ré- agir sur les pièces de toile ou- autres objets placés à l'ouverture de la chaudière
g. Ceinture creuse en forme de gouttière, pratiquée et rapportée au tour de la chaudière ; elle est propre à évaporer, sans autre chaleur que celle que recoit la chau- dière, les vieilles eaux de lessive, réservées après tout l’usace qu'on en peut faire, mème celui de la macéra- tion des toiles, afin d’en retirer le salin.
À. Petite chaudière échauflée par la chaleur qui s’é- chappe de la grande chaudière avant de se rendre à la cheminée, elle tient en réserve de l’eau lixivielle pré- parée au degré de force converable. Elle y reçoit d’a- vance une température propre à ne pas arrèter sensible- ment le ‘bouillon de la grande chaudière, quand le be- soin exige qu’il en soit transvasé un certain supplément, ou que l’eau en soit renouvelée entièrement par une suite de sa coloration, ou de Îa perte de sa vertu dé- crassante. |
z. Robinet pour soutirer l’eau de la lessive pure, elle est conduite à la chaudière par un canal de fer blanc ou de bois, etc.
J. Tisar de la chaudière; au lieu de barreaux de fonte qui, à raison de la distance qui règne entr'eux, laissent tamiser un plus grand volume d’air pour la combustion du bois, et par là sont peu économiques ; l’on apré- féré ure voûte en brique, coupée par @es' évents de
largeur
Dig s PLANCHES. 257
largeur suffisante. Cette voûte en ménageant le bois, conserve aussi et renvoie plus de chaleur, à raison du massif qui sépare les évents, et du plus long séjour de la braise. Peut-être seroit-il possible de dépenser encore moins de bois en supprimant les évents. Au surplus, pour qu'ils soient moins sujets à être dégradés par la chûte des buches, il est à propos qu’ils soient garnis de barres de fer sur leurs arêtes.
Æk. Cendrier.
Z. Cheminée à hotte au-dessus de la gueule du fourneau ou tisar de la chaudière.
m. Rampe du tuyau de cette cheminée dans laquelle se dégagent la chaleur et fumée qui sortent du tisar
lorsqu'on l’ouvre, et qui se portent alors sous la petite chaudière. Æ
n. Escalier qui descend du rez-de-chaussée au tisar de la chaudière.
o. Autre escalier qui conduit sur la plate-forme P:
g. Registre pour gouverner la chaleur de la grande et de la petite chaudière.
r. Tuyau de cheminée.
Figure 3. Coupe de la figure 1, sur la ligne c, d. a. Rez-de-chaussée.
b. Massif dans lequel est scellée la chaudière.
c. Gueule du tisar de la grande chaudière.
d, Hotte de la cheminée.
e. Cendrier.
f Registre pour gouverner la chaleur de la petite chaudière.
e. Escalier qui monte du tisar au rez-de-chaussée de l'atelier.
À. Petit escalier qui conduit sur la plate-forme.
Figure 4. Potence mobile sur son axe, elle porte un cric à l’aide duquel on peut enlever hors de la chaudière la charge ou partie d’icelle en toiies ou autres marchan- dises qu’on y a mise pour houillir dans la lessive.
R
258 ÆExpPpLrzcCATErION a. Arbre de la potence. b. Pivot. c. Bras. d. Jambe de force.
e. Cric à double manivelle sur le tambour duquel s’é. croule une chaine f dont les trois ou quatre branches
s’'accrochent aux trois ou quatre chaines b, adaptées à:
la champagne de fer Z, envelopé de linges ou de ficelles, crainte de la rouille. L’entredeux des cercles concen-
triques qui forment cet instrument est aussi garni de
ficelles, afin que les différents objets plus ou moins petits ui sont placés dessus, ne passent au travers et puis- sent d’ailleurs y être disposés plus convenablement. Cette champagne chargée des divers objets qui ont recu le bouil- lon est ainsi transportée au dessus des cuviers, elle y achève de s’égoutter , après avoir été descendue et posée sur les traverses. | Figures 5, 6. et 7. Plan, coupe et élévation du four à calciner le salin, pour étre converti ensuite en potasse.
a. Escalier qui conduit sur le cul du four, où sont établies deux chaudières de fonte à , dans lesquelles est desséché le salin dont les eaux ont déjà été réduites à un certain degré de concentration dans la ceinture de la chaudière à lessive. ( Voyez figures 1 et 2.) Ces deux chaudières peuvent être destinées alternativement à des- sécher tout à fait le salin, pour de-là être jeté dans le four à calciner, puis à achever la réduction en consis- tance d’extrait, des eaux concentrées dans ladite ceinture. Xlles pourroient encore être disposées de manière que la flamme qu’elles recoivent du tisar du four, au para- vant de se rendre dans la hotte de la cheminée, échauf- fât une troisième chaudière en fonte, ou en cuivre et même en plomb, qui prépareroit d'autant , par une suite de l’évaporation des eaux qu’elle contiendrait, soit lixi- vielles, soit même celles savonneuses ( car ces dernières ont souvent besoin des mêmes préparations que les pre- mières, à l’effet d’en retirer le salin végétal ou minéral qu’elles recèlent), la concentration ou réduction de celles- ci, lorsqu'elles seroient transvasées dans l’une des deux chaudières de fonte ; faisant , à proprement dire, les fonc-
mn
Dr ss. P L'am Con E's. | 259
tions de réduisantes ou préparantes. Le versement de l’eau de la chaudière supérieure, dans l’eau de celle inférieure pourrait se faire goutte à goutte, afin de ne pas arrêter la réduction par le refroidissement subit .qu’ap- porteroit un trop grand volume d’eau versé tout-à-coup.
c. Conduit qni va du tisar d, sous les chaudières de fonte et y apporte un jet de flamme plus que suffisant; on le gouverne au moyen des registres. Comme ce con- duit est construit obliquement et que par cette raison il est plus difficile dans sa maçonnerie ; en élevarit la voûte du tisar, on fixe à l'endroit convenu un rouleau de bois sur lequel viennent s’appuyer tout au tour les briques que doivent former ce conduit. On sent bien que ce rouleau ne peut se retirer après la construction : aussi est-il des- tiné d’avance à être brûlé. Pour accélérer la combustion lors et pendant la recuisson du four, on y a pratiqué du côté du tisar un trou de tarriere de deux à trois pouces de diamètre. Ce rouleau pour être plus promptement con- sumé peut être en bois blanc ou tout autre de rebunt. La chaleur apportée par ce conduit, dont j’assure le bon effet d’après l’expérience que j’en ait faite, est reglée con- venablement au moyen d’un registre pratiqué au niveau du foyer du tisar particulier desdites chaudieres, dont il va être parlé. Il est fermé entièrement, lorsqu'il n’y a rien à faire dans les mêmes chaudières.
Si, lorsque le four à calciner n’est pas occupé, on avoit du salin à dessécher, la maçonnerie qui porte les chau- dières est construite de telle sorte qu’on peut les échauf- fer séparément au moyen du tisar placé entre deux.
d. Ouverture pratiquée sur la voûte du four par la- quelle on enfourne le salin desséché dans la chaudière de fonte.
e. Four à calciner. Afin que le salin se dégage aisé- ment du pourtour du four, dans l’angle duquel il s’at- tache promptement lors de sa fusion aqueuse, il'est bon qu’il soit garni d’une plaque de fer de quatre à cinq pouces de hauteur, sur un demi-pouce environ d’épaisseur. Par ce moyen la patte du rable abat avec plus de facilité le sahn qui s’y est attaché, et qu’il importe de ne pas y laisser s’encroûter non-plus que sur l’âtre du four.
R 2
260 ExrLiLtTCcCATION
f. Tisar, il est construit de même que celui de Î4 chaudière à lessive, les motifs et les principes sont les mêmes.
. Relai ou légère mâconnerie élevée entre le tisar et Vâätre du four, qui d’une part retient Les matières à cal- ciner, de l’autre s'oppose à la chüûte des charbons dans le four.
k. Auge de pierre ou de fonte dans laquelle on jette rouge le salin calciné et devenu potasse, lorsqu'on le sort du four. On l’y laisse refroidir auparavant de l’en- fermer dans des barriques, où il doit être foulé le plus “possible pour qu’il donne moins de prise à l'humidité qu’il aspire avec avidité.
i. Gueule du four, elle est armée de deux montants de fer J, portant à leur extrémité des fourches sur les- quelles repose un travers de la crémaillère £, entre les dents de laquelle chemine le rable avec lequel le sali- nier remue et renouvelle les surfaces du salin à calciner. Cette gueule doit aussi être garnie de son bouchoir en tôle avec lequel on contiént plus ou moins de temps la chaleur , ou on la laisse retomber à volonté sur l’âtre ou la matière, pendant le cours de la calcination.
Aulieu de perdre la chaleur qui s’exhale par la gueule du four, on pourroit avec beaucoup d’avantage la diriger en dedans du four même près de ladite gueule, par un tuyau montant soit sous les culs des chaudières de fonte, soit sous celles placées au-dessus comme préparantes. On ne doit négliger aucune des occasions qui se présentent pour tirer parti de la chaleur perdue jusqu'ici absolu- ment dans presque toutes les constructions de ce genre » faute de réflexions ou d'intelligence de la part des entre- preneurs ou des artistes qui dirigent leur établissement.
Figure 8. Partie de la chaîne qui s'écroule sur le tam- bour du cric de la figure 4, on doit remarquer qu’elle est construite d’après les mêmes principes des chainettes des barillets des montres de poche.
Figures 9, 10 et 11. Détails relatifs à la crémaillère du travers mis en avant la gueule du four à calciner.
a. Dents entre lesquelles chemine le rable du salinier.
D'E 5. P L'A/N CoHr-ESs. 2.61
b. Coude qui empêche le rable de vaciller à droite ou à gauche, une fois qu il est placé. sur les montants.
C: Crampons ou armatures qui reçoivent les montants: d. Massifs du four dans lequel ils sont logés.
e. Rable vu de côté.
f. Sa patte posée sur l’aire du four.
£. Son manche.
L. Sa poignée, elle doit être de bois, le fer est trop sujet à s’échauffer.
Z. Patte du rable, vue de fi:
Figure 12. Crochet à l’aide duquel on antébo’ où change de rable, lorsque ete est trop DÉS ét est disposé à plier. 103 iris 88h
a. Crochet.
b. Son manche.
Afin que le rabe glisse n mieux sur le travers et contre les dents de la crémaillère , on le frotte de temps. à autre
avec une couenne de lard ; clouée sur une petite palette de bois. |
Pranxeas RO V
Figure ire, Elévation d'un moulin propre : à ARS ou dégorger les toiles et auires espèces de marchandises plus où moins grossières et volumineuses ; il est mû par un cheval, son mécanisme toutefois peut être établi sur une chüte d’eau, il est aussi susceptible d’être mis en jeu par le secours du vent etc., en faisant les disposi- tions convenables pour les différents moteurs. | |
A. Arbre tournant du manége.
B. Bras de lévier auquel est attaché le cheval, C. Rouet. | LES D: Lanterne, | ge PUR
E. Arbre qui meten jeu les pilons E, par le secours des cames. ( Voyez figures 1 et 2, planche V.)
" .
F. Mortaises dans lesquelles passent les cames pour en-
& 5
262 Ex?1LtCATrON
lever les pilons. IL est bon que la partie touchée par les cames , soit garnie d’une lame ou roulette de cuivre.’
G. Mises entre lesquelles s’élèvent et retombent les pilons.
H. Coffre ou pile dans laquelle on met les toiles à dégorger. La figure présente l’intérieur d’une de ces piles, dont la devanture est arrachée. Une d'elles est plus grande que l’autre, par/rapport aux différentes largeurs des toiles. Les piles doivent être ordinairement en bois d’orme, et le pilon en bois de hêtre.
I. Trous placés à différentes hauteurs pour l’écoule- ment des eaux dégorgées.
J. Porte qu’on enlève et pose à volonté, au moyen des taquets; elle doit toujours être posée lorsque les pi- lons travaillent.
K. Conduit qui amène l’eau dans chaque pile. Un tuyau court et incliné sur chaque pile y déverse l’eau nécessaire.
L. Mentonnet qui empêche le pilon de descendre plus bas et de déchirer ses dents R, contre le fond de la pile.
M. Lévier ajusté sur une traverse N, placée derrière les montants ou jumelles O du moulin. A l’aide de la cheville P et de la corde Q, on enlève le pilon assez haut pour que les cames n’aient point d'action sur lui. Le pilon ainsi relevé et fixé on *emanie ou retire des toiles, selon qu’elles i’exigent,. |
Figures 2 et 3. Pompe aspirante qui fournit l’eau aux piles du moulin. La figure 2 la représente de profil, celle 3 la montre en face.
A. Extrémité de l’arbre qui met er jeu les pilons.
B. Prolongement de l’axe ou tourillon de cet arbre. Ce tourillon roule $nr un pallier de cuivre C ;'sa partie D est coudée en manivelle et fait mouvoir les tiges E E. Cette dernière est embranchée à la tige G du piston renfermé dans le corps de pompe H. |
I Tuyau qui apporte l’eau dans le réservoir J.
- K. Tuyau qui apporte l’e piles, à
au du réservoir dans les
€
D
p'E S PLANCHES. 263
P-r sue tete L'N:
Figure 1°. Elévation et profil du moulin à dégorger et décrasser les toiles.
A. Arbre tournant garni de ses cames B.
C. Mortaises dans lesquelles passent les cames pour enlever les pilons.
D. Moises dans lesquelles cheminent les pilons.
E. Boulons qui assemblent les parties latérales ou cloi- sons qui séparent les piles, aux montants ou Jumelles F.
G. Pilon reposant sur son mantonnet H.
I. Lévier pour ôter ou rendre le mouvementaux pilons. Les lignes de projection J, indiquent la figure que les léviers décrivent lorsque les pilons sont arrêtés. La corde K attachée au crochet L, les maintient dans cette position, celle M, fixée au même crochet, empêche le lévier de toucher au pilon pendant son travail. a à
N. Intérieur des piles.
O. Trous pour l'écoulement des eaux.
P. Porte des piles.
Q. Conduit qui amène l’eau dans les piles.
R. Table sur laquelle sont posées les toiles retirées des pilés ou prêtes à y ‘étre placées. bn
T. devanture derrière laquelle l’ouvrier qui manie les toiles, se place afin de ne pas être mouillé pendant cette opération. | |
Figure 2, A. Arbre tournant garni de ses cam-s B,
Leur réunion forme ce qu’on appelle un hérisson; la fi- gure montre la manière dont les cames sont disposées pour produire leurs effets alternatifs sur les pilons.
Figure 3. Plan du rouet fixé sur l’arbre du manège, il est développé dans cette figure de manière à faire con- noître tous les détails de sa construction.
Figure 4. Place de la lanterne qui met en jeu l’arbre qui lève les pilons.
A. Arbre tournant sur lequel est fixé solidement la
R 4
264 HE x P L-I,C À TI ON
lanterne. Boulons B qui en assemblent les deux tour- teaux C.
Figure 5. Manière de disposer les toiles dans la pile, lorsqu'on veut plus particulièrement travailler sur leur largeur.
Figure 6. Manière de placer ou ranger les toiles daus la pile , lorsqu'on veut au contraire les travailler sur leur lonsueur. |
PAHRME UN. CRUE TOUL :
Figures 1 et 2. Plan et profil de la machine à équar- ir et rouler les toiles après qu’elles ont recu les apprêts.
a. Theâtre sur lequel on pose les toiles. 8. Toile pliée par plis alternatifs.
c. Tendoir à mortaise en travers de. laquelle passe la toile, il est armé à l’une de ses extrémités, d’un cric d, au moyen duquel on donne à la toile là tension nécessaire pour qu’elle subisse un léger frottement contre ses arêtes arrondies lors de son passage. |
e. Traverses éloignées l’une de l’autre suffisamment pour que la toile, en passant alternativement dessus l'une et dessous l’autre., y éprouve un petit frottement contre leurs arêtes adoucies.
Jf. Autre tendoir à mortaise , qui traverse pereillement la toile avant d’arriver au cylindre de bois. Ce tourniquet est, comme le premier , armé à l’une de ses extrémités d’un cric g, pour tendre plus ou moins la toile. Comme en cet endroit sa tension est considérable, il a un lévier 2, adapté au cric, afin d’en faciliter la rotation.
© 2. Cylindre ou rouleau de bois, sur lequel on enroule la toile, et on la lisse plus où moins long-temps pour y retenir l’équarrissage qu’elle a reçu avant d’y arriver. L’ouvrier qui est placé en avant du rouleau , a soin à cet effet d’arranger et tirer les lisières de manière qu’elles s'appliquent à chaque tour sur celles de la partie de toile ; afin qu’elle ait dans toute sa longueur la même argeur.
_ .
-j: Frein mebile, sur une crémaillère £, qui, à vo-
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DE Ss PL Æ& N-CiLHLETr. 265
lonté , permet l'enlèvement du rouleau de son quarré , à l'effet d’en retirer la toile , et s’oppose aussi à son échap- pement, lorsqu'on roule la pièce. Sur toute la longueur du rouleau on pratique une rainure dans laquelle on fixe l'extrémité de la toile, à l’aide d’une baguette qui s’y loge, après en avoir été enveloppée. |
Z. Roulettes de cuivre, sur lesquelles tourne le cy- lindre de bois.
m. Quarré dans lequel s’emboîte l’extrémité quarrce de ce cylindre. n. Roue à l’arbre de laquelle est fixé ce quarré.
0. Lanterne ou pignon qui communique le mouvement à la roue et Le reçoit à son tour de la manivelle p , à la- quelle s'appliquent deux hommes ou-un seul , selon la tension et la vitesse que l’ou veut donner à la toile à équarrir, 3 | |
g+ Volant armé de boulets ou plaques de plomb, qui, par la force centrifuge qui leur estimprimée , concourent au soulagement de l’ouvrier qui meut la manivelle, en devenarit en outre en quelque sorte un magasin de force.
s, Bassine de tôle dans laquelle on met de la braise pour sécher les toiles qui ont besoin de l'être , ou de prendre un certain corps avant d’être enroulées sur le cylindre , sur léquel ‘élles conservent! le grain'qui leür est propre. dd: , SÉLTT 5 "HE 1
Figures 3 er 4. Plan, coupe et profil du fourneau en terre cuite ; fabriqué rue Mazarine , et dont il a été parlé au chapitre IT, | né Dr: , # Fr
a. Fourneau ; D ,. cendrier ; c;,.porte du cendriér.s d , foyer ; e , porte du foyer ; f, gril en terre cuite auquel on peut substituer tout autre gril en:fer; g, cheminée, k,; poignée ; pour transporter le-fourneau ; Z, la porte. Z ; bain de sable ;.z7 ; flacon tubulé contenant-le mélange à distiller ; au défaut de flacon, on peut.se servir de bai- lon tubulé , placé alors dans une capsule assortie .à sa forme ; z, goulot renversé , sur lequel s’adapte le tube de plomb qui conduit le gaz dans le tonneau pneumati- que; 0, tubulure pour verser l’acide sulfurique ou l'acide myriatique, suivant que l’on fait Ja distillation avec on
266 ÉxPLICATION
sans muriate de soude ; p , dez de pierre, ou plateau , sur lequel on élève le fourneau à volonté , soit pour préserver les planchers des accidens du feu, soit pour le placer à hauteur convenable par rapport au tonneau pneumatique.
Ces sortes de fourneaux sont ordinairement composés d’une seule pièce ; mais pour la facilité de leur transport et placement , lorsqu'ils sont construits dans de certaines dimensions , ils doivent être formés de plusieurs pièces se rapportant facilement les unes sur les autres, au moyen de repaires pratiqués dessus les parties joignantes aupara-
vant leur cuisson,
Afin d'empêcher la rupture ou lécartement des bords supérieurs du fourneau , soit par l'effet de la chaleur , soit par celui de la pression des: corps posés sur la capsule , on a soin de les: fretter près de cette partie , d’un fort fil de fer , ainsi que l’indique la lettre g.
Prancne VIlL
Figures 1 , 2.et 3. Plan à vue d’oisean , élévation et profil de la machine à calendrer ou cylindrer les toiles, soit à chaud , soit à froid.
A. Double manivelle qui communique le mouvement au pignon B. Cette. machine, ainsi que la précédente , peut facilement être mise en jeu , par le secours du mou- lin à foulon ou à dégorger, et de la même manière que la
ompe à eau , en reçoit son mouvement, c’est-à-dire , à l’aide d’une branche ou bielle, qui d’un côté s'applique à la manivelle de l’arbre du moulin, et de l’autre à celle de la machine. Il #’agit seulement’de disposer les atteliers en conséquence. Cë dernier engraine la roue de champ C ; sur l’axe de cellé-ci'est fixée la lanterne où pignon P, qui fait mouvoir la grande roue E , à laquelle est adapté le cylindte de cuivre jaune F ; lequel à son tour commu- nique son mouvement aux deux cylindres en bois de
noyer G. | H. Théâtre sur lequel se pose la toile I à cylindrer,
et qui a déjà recu tous ses autres apprêts ; ellés est pliée, comme sa figure le fait voir , en plis alternatifs, afin qte la course en soit plus aisée ; elle passe d’âbord entre les
D'& is: s A NICE Ss. 267
traverses alternant dessus et dessous, delà elle traverse la mortaise K du tendoir L , armé à l’une de ses extré- mités d’un cric M , pour tendre plus ou moins la toile, et en modérer en même temps la marche. Elle passe en- suite en arrière sous le cylindre de cuivre N , au-dessus de celui en bois de noyer , pour après revenir en avant sous celui supérieur , aussi en noyer, qu’elle enveloppe en passant par dessus et retombant en arrière O de la ma- chine , sur le rouleau P , et contre celui Q ; delà elle est ranosée par plis alternatifs sur le théâtre KR, et passe en- suite au pliage pour aussitôt être appointée , et recevoir ainsi sa dernière préparation , afin d’être marchande.
S. Vis de pression , à l’aide desquelles on rapproche ou recule le cylindre supérieur en bois, de celui de cuivre , selon qu’on veut plus ou moins écraser ou conser- ver le grain de la toile. |
T. Plaque de fonte qui chemine dans des coulisses pratiquées à cet effet dans des montants ou jumelles U , et appuyée sur le tourillon V du cylindre supérieur , sui- vant que les vis pressent sur la traverse X à laquelle est fixée ou .clouée cette plaque.
Figure 4. Vue du cylindre de cuivre, du côté qu’il est ouvert pour recevoir les barreaux de fer rouge, qui doivent l’échauffer.
A. Cylindres de bois auxquels celui de cuivre commu nique son mouvement ; au lieu de ceux en bois, on peut leur substituer des cylindres de carton , composés de la quantité de feuilles nécessaires pour remplir l’espace qui est déterminé entre les plateaux de cuivre ajustés à l’ex- trémité de leur axe ; elles sont fortement pressées par les plateaux qui, eux-mêmes , sont contenus dans leur posi- tion par de puissantes vis et écroux. Les cylindres de carton tournés proprement, donnent aux toiles fines un glacé qu’elles ne peuvent atteindre sous le cylindre en bois de noyer. Ils ont en outre l'avantage de ne point se déjeter, ainsi que ces derniers, qui de temps en temps doivent être passés sur le tour : ce qui à la fin diminue leur diamètre et les fait mettre hors de service.
Le tour sur lequel passent soit les cylindres de cuivre et de bois, soit ceux de çarton, doivent être çonstruits
268 E x px 1 C À Tr Ôa
de telle manière que l’ouvrier soit assuré de donner à chacun de ces instrumens un diamètre égal dans tonte sa longueur.
B. Cylindre de cuivre jaune. C. Collet sur lequel il roule comme sur un tourillon.
D. Ouverture de ce cylindre par laquelle on introduit avec une tenaille les barreaux de fonte on de fer rougis d'avance. Cette ouverture est ensuite fermée avec un bou- chon de tôle ; afin que la chaleur se dissipe moins.
U. Montants ou jumelles entre lesquelles roule le cy- Bindre de cuivre contre les plaques V.
Figure 5. Forme des barreaux de fonte avec lesquels on chauffe le cylindre , après qu’ils ont été préalablement rougis. On en met deux pour l'ordinaire et on les change communément toutes les heures , selon d’ailleurs le travail du cylindre et la fraîcheur des toiles qui ont passé dessus.
Le cylindrage à froid produit sur la marchandise à-peu- près et plus promptement le même effet que la calendre, pour la conservation du grain. |
P,zogta € n,x!,-NMMILICrE
Figures 1 ef 2. Plan et coupe d’un baquet particulier pour soumettre les toiles fines, comme mousselines , li- nons , etc. à l’action de l’acide muriatique oxigéné.
a. Chassis armé, des deux côtésopposés, de chevilles ou petites pointes de plomb b, dont l’axeest en fer , ou aussi de clous. de fer enduits de céruse, et bien enveloppés en outre de mêmes linges ou ficelles. Ces pointes servent à accrocher les susdites toiles en zigzag , ainsi que le dé- montrent ces figures, soit directement par les lisières.des pièces, soit par des boucles de passement qui y sont cousues. |
c. Anneaux de plomb coulés sur des anneaux de fer qu’ils enveloppent, ou de fer enduit de céruse, et en- tortillés de toile où filasse, crainte de la rouille. Les cordes e qu’on y attache viennent se rendre à une agraffe d, fixée à la corde f, laquelle, à laide d’une poulie g scellée au plancher, permet l'enlèvement ou. l'immersion du
a
N'E 6 2 na PR TeNREE"S. 269
chassis ; lorsque celui-ci est entièrement plongé dans la liqueur , on Ôte les cordes de dessus Pagraffe , et on couvre &e baquet afin qu’il n’ÿ tombe point d’ordure et qu’il n’en sorte aucune odeur désagréable pour les ouvriers.
Non-seulement on peut se servir de ce moyen pour plonger les toiles dans l’acide muriatique oxigéné, mais aussi dans l’eau de lessive, ou bien dans le bain d’acide sulfurique , etc.
Figures 3 et 4. Elévation et profil de la rame ou du métier à tendre les écheveaux de fil au sortir du blanchi- ment.
A. Montant percé, à hauteur commode d’après Pincli- paison qu'ils prennent sur leur appui, d’une suite de trous B disposés en zig zag.
C. Traverses dont les angles ou arêtes sont bieu ar rondis , sur lesquelles on passe les écheveaux de fil D, un à un; on éloigne plus ou moins ces traverses , selon les degrés de tension à donner aux fils, par le secours des chevilles de fer E passées dans les trous des montants.
Les fils préliminairement bien dégagés avec la main ou la cheville , lorsqu'ils sont placés sur l’une de ces traver- ses , y sont ensuite laissés pour achever de s’y sécher; on a toute fois l’attention de n’y placer que des écheveaux d’un même diamètre , afin que la tension soit égale dans toute la longueur du métier.
Si ces fils, au sortir du blanchiment, étoient tellement brouillés ou mêles , qu’il fût pour ainsi dire impossible de les redresser à la main ou à la cheville, sans en occa- sionner la casse, on parviendra facilement à les rétablir dans leur sens primitif, en les plongeant dans l’eau , et en les y secauant doucement avec le côté de la main ; cette opération au surplus peut se répéter , si l’on veut, à chaque immersion , pour peu que l’on appréhende que les fils ne soient trop difficiles à être débrouillés après leur entier blanchiment.
Les écheveaux de fils ainsi redressés et séchés, sont ensuite pliés par dixaine et vingtaine, ou par tout autre compte , selon l’usage du commerce; ou bien tressés et
270 E xrziiCATIOn
rangés par petites bottes dans des papiers de couleur , sui- vant leur qualité et la demande des marchands.
Figures 5, 6, 9 ef 10. Plan à vue d’oiseau , profil et détails d’une machine à tondre ou griller les mousse- lines, mousselinettes, et autres toiles et toileries dans lesquelles on recherche spécialement lPuni ou le ras du tissu , à l'instar des marchandises de ce genre, tirées
d'Angleterre.
A. Poteaux plantés dans un trou B pratique sur le pavé de l’atelier ; ils sont réunis par la traverse C, qui y est fixée à l’extrémité supérieure , par le moyen des hon- lons D. Ces poteaux peuvent s’enlever à volonté, afin de laisser aux ouvriers plus d'espace dans l’atelier. E Axe du rouleau placé entre chaque poteau ; le prolongement de cet axe ou tourillon est coudé en manivelle F , laquelle sert à tendre plus ou moins la toile , à laide du cric G. A chacun de ces rouleaux est cloué un bout de toile ou canevas H , qui sert à attacher ou coudre l’extrémité de la toile à griller I, avec l'aiguille ou verge de fer K. Un de ces rouleaux enroule la partie de toile grillée , tandis que l’autre en déroule une nouvelle, qui de suite est disposée et tendue pour subir la même opération. Chaque partie déroulée se nomme avalée.
L. Fer coudé avec lequel on grille la toile , en passant dessus sa surface , d’une lisière à l’autre et d’une traverse à l’autre , toutes fois avec célérité , légèreté et dextérité ; Ja partie méplate M, rougie préalablement, esthien essuyée à l'avance sur un torchon, afin de ne pas salir la pièce ni la graisser , ce qui dans ce dernier cas la mettroit en danger d’être brûlée. On promène ce fer deux à trois fois. sur la partie à griller, afin qu'il puisse y produire son effet d’une manière convenable ou uniforme.
Si la pièce doit être grillée des deux côtés, on la re- tourne de suite, en changeant les rouleaux bout par bout. La toile se trouve alors disposée convenablement pour être grillée sur l’autre surface. La couleur rousse qu’elle reçoit par cette main d’œuvre particulière ; ne doit point faire craindre pour son blanchiment , elle disparoit promptemnent.
Figures 7 et 8. À, Plaque de fonte, vue de face et de
DE Ss+8 LL A'NAC:H Eis. 271
champ , dont on se sert avec avantage pour catir soit Les duvets légers qui peuvent ou doivent refter sur certaines
ièces de toilerie , soit ceux tirés exprès et laissés à vo PE sur toutes autres espèces d’étoffes de coton , tels que velours , velverettes, futaines, couvertures , etc. On fait chauffer cette plaque au degré convenable pour repas- ser ces pièces , et un homme ou deux , suivant la pesan- teur de la plaque ou sa largeur , et aussi celle de létoffe , la promènent plus ou moins promptement sur la marchan- dise que le propriétaire destine à en recevoir le cati. L’attention de bien essuyer la plaque au sortir du four- neau auquel elle a été présentée, doit être la même que pour le grillage décrit ci-dessus. Afin de ne pas brûler les mains , on garnit de chiffon les poignées B de la plaque.
Figure 14. Brosse à court poil, avec laquelle on re- lève ie duvet de la mousse des toiles , soit celles à griller , Soit celles qui doivent seulement être caties.
Figures 11 , 12 et 13. Plan, élévation et profil d’une presse propre à sécher ou égoutter les toiles ou autres marchandises dont on veut hâter la dsssication , soit dans le cours des diverses opérations , soit après leur entier blanchiment. Cette presse peut aussi être, employée uti- lement pour donner une certaine main ; ou un coup- d'œil plus satisfaisant , lorsqu'elles sont pliées. On s’en sert encore avec avantage pour former des balles de toi- leries , etc. d’un moindre volume.
A. Plateau ou table de la presse sur laquelle sont rangées les marchandises. Cette table est creusée environ d’un pouce et a une pénte vers le bec ou goulet B , afin que les eaux qui s’échappent des pièces qui subissent la presse pour être égoutées , se rendent dans un seau mis à cet effet sous le bec.
C. Vis de pression ; elles descendent et montent entre les jumelles D , afin de laisser toute la surface de la table disponible pour les marchandises à égoutter ou presser.
P: A SRE Bic B'OTE JE
Æ igures 1 ef 2. Plan et coupe de l’appareil distillatoire dontalest parlé dans le chapitre. ;
272 Et xp "1 € AUTIT ON A, Fourneau double et à grille dormante.
B. Capsule de tôle , quarrée ou ronde et à rebords. plats, qui sont enlevés ou placés à volonté sur le four- neau.
C. Bain de sable qui entoure la capsule ; il doit tou- jours être très-sec , fin et égal.
D. Flacon cylindrique à deux tubulures , l’une au milieu E, pour recevoir le collet F du tube G commu- niquant au tonneau pneumatique , et l’autre sur l’épau- lement H , pour le versement de l’acide sulfurique , si on emploie le muriate de soude, ou si on n’en fait point usage , l'acide muriatique ordinaire ; etc. Au lieu d’un flacon cylindrique , on peut , ainsi que l'indique la figure 2, se servir avec avantage d’un ballon I, avec une tubu- lure sur le côté. Le choix au surplus, pour les personnes qui sont dans le cas de faire usage de ces sortes de vases , dépend en grande partie du talent des ouvriers attachés eux verreries qui les avoisinent. On peut se passer à la rigueur de la tubulure sur le côté de l’un ou l'autre de ces vaisseaux. On n’en parle ici, que par ce qu’elle donne une commodité de plus dans l'opération.
D'après ce qui vient d’être dit sur les ballons , il est facile de voir , à ceux qui jusqu'ici ,; en se conformant à ce qui est prescrit par le mémoire sur le blanchiment publié dans le tome 2 des annalles de Chimie , se sont servi de matras , dont le col se casse ordinairement tôt ou tard, au raz de la cheminée du dôme du fourneau que l’on y recommande , qu’ils peuvert désormais utiliser les mêmes ballons au profit de leur établissement.
J. Tisar du fourneau, ou porte du foyer.
Au lieu de ballons de verre , il seroit peut-être facile de se servir de ballons de plomb , chauffés par un bain- marie ou tout autre moyen qui ne mettroit pas ce vase en danger de fondre , si dans l'opération il ne se trouvoit pas intérieurement en contact avec le liquide qui y a été versé. Ce danger seroit à la vérité moins à craindre par l'emploi du manganèse et de lacide muriatique seuls ; mais ce vase auroit toujours l’inconvénient de ne pouvoir » comme le verre, laisser voir.ce qui se passe dans son
intérieur »
DES PLANCHES. 273
intérieur, ni s’il est bien nettoyé. Ces deux inconvéniens auxquels il n’y a guère moyen de parer ;, à moins de trou- ver celui de fixer un verre sur la partie supérieure , etc. mont empêché jusqu’ici de me servir de pareils vaisseaux , qu’il seroit cependant important de voir en usage pour
un pareil service. |
K. Cendrier. Il se ferme de même que le tisar avec dés’ portes à coulisses , à gonds, ou plus simplement , ainsi qu’il a été annoncé lors de l’explication du fourneau figuré en la plancse première.
G. Tuyau de plomb , d’un seul morceau , sans soudure et coulé en un seul jet , ou en plusieurs de rapports , comme le sont les canaux de fontaines dans des moules de cuivre; on peut aussi les couler d’un seul jet très- court, en leur donnant une épaisseur qui diminue par le tirage à la filière qu’on lui fait subir ensuite. Ces filières successives en ramenant son épaisseur à une ligne seule- ment , lui conservent néanmoins sa même ouverture de sept à huit lignes ; ces proportions sont très-convenables. Ce tuyau est fixé dans le tonneau de manière cependant à pouvoir être élevé et baissé librement dans la rainure L, pratiquée à cet effet au taquet qui l’assujettit de chaque côté dans sa direction , au moyen de chevilles de bois à tête M.
N. Autre tuyau figuré pour un second appareil , si on juge devoir l’établir au côté opposé à celui déjà formé , dans le cas où l’on desireroit ou un haut degré de con- centration du gaz muriatique oxiséné , ou une grande promptitude dans la composition du gaz, par rapport à des besvins pressans. |
O. Bras du moulinet ou de lagitateur; il peut être échancré sur les deux côtés. Cette forme agite davantage la liqueur et facilite plus l'absorption du gaz.
P. Douille qui traverse l’arbre Q du moulinet, Dans le cas où le tonneau seroit exécuté ainsi que le représente la figure et d’après l’explication donnée au chapitre, les douilles R indiquées ici , deviennent sans objet ainsi que les cuvettes , soit celles faites avec des douves S, soit celles fermés avec des cercles de tamis T. On ne les a Sgurées ici que pour faire connoître la manière de dispeser
s
274 ExPLICATIOKXK
Vune et l’autre espèce , lors de la préférence qu’on croi- roit devoir leur donner. Les traverses U des fonds V de ces sortes de cuvettes, placées sur des taquets fixés aux douves du tonneau , indiquent la manière dont elles doivent être retenues avec des chevilles de bois , à tête : pour ne pas être sujettes à s'élever ni se déranger à droite ou à gauche de la position dans laquelle elles ont été placées.
X. Couvercle du tonneau pneumatique.
Y. Trépié qui porte le tonneau,
Figure 3. Manière dont sont assemblés les cercles de tamis propre à former les cuvettes , tant à leurs extrémités ,
qu’on est contraint de fixer l’un sur l’autre , que sur la circonférence de leur fonds.
_a. Chevilles de bois à tête , celles en chêne sont à pré- férer. b. Extrémités des cercles de tamis, assemblées l’une
sur l’autre , et contenues de chaque côté dans le joint de leur ligature avec des coins de bois.
Figure 4. Manière dont sont assemblés les cercles qui maintiennent les petites douves du tour des cuvettes. Les cercles a sont retenus sans osier, et simplement par des agrafes b pratiquées dans l'épaisseur de leur bois; qui doit au surplus être dépouiilé de son écorce.
c. Douves ; elles peuvent être , ainsi que le fond des cuvettes , en bois de sapin gras.
a. Cordes agrafées , dont les bouts rentrent en dedans par une suite de leur assemblage.
Figure 5. Manière dont sont assemblées les barres transversales qui portent les cuvettes à douves.
a. Barre transversale. . b. Fonds de la cuvette.
c. Douves.
d. Cercles agrafés.
. e. Chevilles de bois qui fixent la traverse au fond de la euvette ; elles sont rivées en dedans avec un coin que
Dr SF REIN Ch s. ‘On
l’on enfonce dans la partie de la cheville qui effleure de ce côté-là.
f. Taquet attaché aux douves du tonneau avec des chevilles de bois.
g. Chevilles placées dessus et à côté de la barre, pour l'empêcher de se déranger en aucun sens.
Figure 5. Manière dont sont assemblées et mainte- nues les cuvettes bordées avec des cercles de tamis.
a. Cercle de tamis chevillé sur la circonférence du fonds desdites cuvettes ; à , têtes des chevilles qui maintiennent ce cercle.
c. Planches faisant partie du fonds et excédant de Î2 longueur nécessaire pour y être fixées à demeure sur le taquet ou support d.
Comme ces cercles de tamis sont sujets à ne pas joindre exactement la circonférence du fonds de la cuvette, on a soin de mastiquer les jointures avec du blanc de vi- trier , après avoir bouché les trop grands vides avec de la filasse enfoncée à force. Au lieu de mastic de vitrier, on peut, avec autant d’avantage , employer le brai sec ou le goudron , si on ne trouve pas de ce premier.
Figures 7 et 8. Vue d'oiseau et coupe du baquet à immersion pour les fils de lin, chanvre et çoton en éche-
veaux. Il est posé sur des roulettes a , pour la plus grande commodité du service.
A. Bâtons ou barres à angles arrondies, portés de
, . " . ’
chaque côté dans une cannelure ou mortaise B pratiquée sur la traverse C.
D. Echeveaux de fil, séparé ou rangé par paquets ou liasse de deux à trois seulement. On les change de po- sition une ou deux fois pendant l’immersion, afin que la partie qui pose sur la traverse puisse subir à son tour l’action de l'acide muriatique oxigéné.
E. Tuyau de plomb ou de bois par lequel on remplit de bas en haut le baquet. Si l'acide tomboit par-dessus les fils, ceux-ci seroient plutôt blanchis à leur partie su« périeure, qu’à toute autre, dans la longueur de l’éche- veau, Au-lieu d’un tuyau on en dispose plusieurs et d’un
5 2
276 EE xPLICATTIO“
diamètre assez grand pour que le baquet s’emplisse plus promptement.
F. Entonnoir par lequel s’écoule la liqueur du ton- neau pneumatique dans le baquet. À la rigueur on peut le supprimer, et disposer les champelures de telle sorte que, leur extrémité coudée s’introduise dans la partie débordante du tuyau, lequel au surplus doit toujours être fixé le long des parois intérieures du baquet, afin de ne pas gêner l'enlèvement et la pose du couvercle. -Ce dernier doit être composé de plusieurs parties ou chassis-de verres , ainsi qu’il a été disposé pour le baquet à tremper les toiles; il assure de cette sorte la facilité du maniement et la promptitude du service.
”_ G. Petite trape portant un chassis de verre, en forme de fenêtre, au travers de laquelle on voit ce qui se passe dans le baquet, ou que l’on ouvre pour se rendre de temps à autre un compte plus certain du changement de couleur des fils, sans être obligé de soulever les
couvercles.
Cette manière de disposer les écheveaux de fils dans l'acide muriatique oxigéné , est applicable pareillement à leur immersion dans lacide sulfurique. Lorsque l’une ou l’autre de ces liqueurs est usée et hors de service, on la retire facilement des vases qui la contienneut , soit à l’aide de siphons , soit par une champelure placée près du fonds.
‘Fisure 9. Coupe d’un baquet à immersion pour les toiles, auquel on a appliqué deux erochets pour dégor- ger par parties les pièces de toiles, sur-tout celles d’un gros volume , au sortir du bain. |
A. Montant qui s'adapte à volonsé sur deux face, opposées du baquet , au moyen des anses B , à charnières d’un côté, lesquelles sont retenhes de l’autre par des clavettes C, ou bien des deux côtés par des clavettes, au cas qu’elles soient nécessaires pour fixer les mêmes montans à d’autres baquets, et n'être pas exposé à les multiplier sans nécessité. L’extrémité de ces montans est contenue dans un trou disposé à cet effet dans le pavé de l'atelier.
LS
pus ss: P r'AER CR x any
D. Crochet fixe et à demeure.
E. Crochet mobile dans le montant, mais dont la par- tie F opposée, est fixée solidement par une plaque de fer G et les vis H, aux bras des leviers I assemblés en croix, pour faciliter la rotation dudit crochet mobile.
L'usage de cette croisée ou presse à crochets est ap- plicable lors du bain des pièces, soit dans l’acide mu- riatique oxigéné, soit dans celui sulfurique , soit dans les lessives chaudes , soit enfin lors des macérations des pièces dans les vieilles lessives, etc.
Figure 10. Tube de verre d’un diamètre plus ou moins grand et divisé en plusieurs parties égales nom- mées degrés. Il sert à faire connoître la force de Pacide muriatique oxigéné. Ce tube est facile à faire, La bou- teille longue et étroite, connue sous le nom de rouleau, et dont on coupe avec une lime fine la partie supérieure, peut être employée avec avantage. On doit préférer sur- tout celles formées du verre le plus blanc. Tout autre tube de verre d’un doigt au moins de diamètre, peut rendre le même service, on le ferme d’un côté avec un simple bouchon de liége.
Figure 11. Petite mesure de verre, de fer-blanc ou de plomb, ou de faïence, qui contient rase, la liqueur nécessaire pour former us des degrés tracés en dehors du tube avec le tranchant d’une pierre à fusil ou l'angle d’une lime. On commence par verser une de ces mesures, pleine de l’acide muriatique oxigéné que l’on veut éprou- ver, en observant qu’il faut ensuite plus ou moins de ces mêmes mesures pleines de bleu d’indigo, ou de teinture de cochenille etc., préparés comme il est dit au cha- pitre 14. La liqueur essayée, est jugée , d’après l’expé- rience acquise à cet égard, plus ou moins propre au blanchiment.
Fra de l'explication des Planches.
Co en
L'ÂocB dE :SYNONYMIQUE
Ds principaux termes chimiques CRE dans cet Ouvrage.
Ancienne nomencla- ture:
A CIDE marin, esprit de
| “sel.
Acidé
qué.
marin déflogisti-
Acide nitreux , eau forte.
Acide vitriolique, huile de vitricl.
Alkali volatil.
Alun. k
Blanc de plomb, céruse. Calciner, routller. Forasse.
Sel marin, sel de cuisine. Sel de Glauber.
SeZ de soude.
T'artre vitriolé. Verd-de-gris.
Vitriol verd, couperose verte.
Nouvelle zomencla- {ure.
Aises muriatique.
Acide muriatique oxigéné,
Acide nitrique.
À cide sulfurique.
Ammoniaque. Sulfate d’alumine. Acétite de plomb. Oxider.
Carbonate de potasse. Muriate de soude. Sulfate de potasse. Carbonate de soude. Sulfate de potasse.
Sulfate de cuivre,
Ë Sulfate de fer.
Fra de la Table synonymique.
TAB LE CD EE SUCRE E S
CONTENUS DANS CET OUVRAGE,
Ces PREMIER. Dz/ficultés que pré- sente , à des personnes non exercées , la méthode annoncée dans Le tome II
des Annales de Chimie. Pas. 5 Cuap. Il. Moyens substitués à ceux men- tionnés dans le chapitre précédent. 9 Cuap. III. Composition des Luis. 14 Cuap.IV. Disposition de l'appareil dis- tz/latoire. | 20 Cuar. V. Préparation des Matières. 39 Cuar. VI. Disrillation. 46 Cuar. VII. Des Lessives. 65 CHar. VIII. Préparation à donner aux diverses marchandises. 61 Cnar. IX. Des premières immersions. 94
Cuar. X, Quantité des lessives et immer- sions, tan! premières qu’intermédiaires. 106 Car. XI. Quantité de fils de lin et coton blanchis à chaque immersion, et couleurs que prennent ces substances. 112 Cuar. XII. Premiers appréts. 117 Cuar. XIII. Derniers appréts. 128 Cuar. XIV. Des liqueurs d’épreuve. 141 Cnar. XV. Moyens de remédier aux ac- cidens survenus dans le cours du blan- chiment. 147 Cuar. XVI. Manière de faire dispa- roîire les taches de rouille, de gau- dron , fruits, vin, etc. 136 Cuar. XVII. Prix auxquels revient l’aune
2$8o TaABzre Des CHArprrTerzs.,
ou la livre de diverses marchandises en lin, chanvre ou coton, blanchies ar l’acide muriatique oxigéné. Pag. Cuar. XVIII. Blanchiment de la cire Jaune O4 vierge, des toiles de nankin, des bas et autres objets roussis en ma-
gasin; du linge piqué par l'humidité ,
et des fonds garancés des indiennes ou toiles peintes.
Car, XIX. Décoloration des indiennes ou toiles peintes et imprimées, et enlè- vermentde toutes espèces de teinturessur toiles oufils, avant ou après le tissage.
Car. XX. Décoloration ae lasoieetlaine.
Cuar. XXI. Teinture par Ll’acide muria- tique oxigéné.
Cuar. XXII. Diverses propriétés de l’a- cide muriatique oxigéné.
Cuapr. XXIII. Possibiliié de l’emploi des TÉSIAUS.
Car. XXIV. Blanchiment du lin et chanvre en filasses, en fils et en toi- les , par le secours de l’eau seulement.
Char. XXV. Blanchiment des papiers écrits ou imprimés , et chiffons bis ou écrus , teints ou colorés.
Car. XXVI. Récolte précieuse d’alkali végétal qu’on peut espérer de l’inciné- ration des marcs ou rafles de raisin.
Cuar. XXVII. Fabrication des cendres gravelées avec les lies de vin.
Car. XX VIII. Blanchiment de La laine.
Cuar. XXIX. Blanchiment de la soie.
ExpzicATiron des Planches.
TAsrE synonymique.
Fix de la Table des Chapitres.
159
171
RS E RR 4 T 4. Pos 1, ligne 1, Schelle; lisez Scheeles
Page 4, ligne 16, mélangés ; lisez mélangées.
Page 5, ligne 2 de la note, explicative ; /sez synonimique.
Page 18, ligne 19, recouvert; Âsez recou- verte. |
Page 26, ligne 12, lut ; Zsez col.
Page 31, ligne 14, imbibé dans la lessive ; lisez trempé dans la lessive.
Page 46, ligne 7, communiquée ; lisez in- troduite.
Page 56, ligne 22, tubure ; Zsez tubulure.
Page 65 , ligne 11, formé ; /isez formée.
Page 78 , ligne 14, l’essence ; lisez l’écume:
Page 81, ligne 7, fondre; lisez s’oxider.
Page 86, ligne 30, beau; Zsez blanc.
Page 91, ligne 15, certaine huile, dont ; Zsez certaine huile, gomme ou résine dont.
Page 92, ligne 14, ses taches; /isez ces taches.
Page 99, ligne 35, les pans; Zsez les pantes.
Page 105, ligne 30, les savonner ; Zsez les serancer.
Page 109, ligne 26 , obtienne ; Zsez il obtient.
Page 112, ligne 21, inodere ; Zsez inodore.
Page 119) ligne 14, imprégné ; Zsez impré- onée. L
Page 191, ligne 1, formée; Zisez foncée.
Page 156, ligne 12, lesécrans; /sez les écrous.
Page 141, ligne 25, attérées; lisez altérées.
Page 155 , ligne 33, peut faire ; lisez pour faire.
Page 176, ligne 7, faire suivre; lisez faire subir
2062 UE R RAT
Page 105, ligne 19, en partie, ou achèvent ; 1sez en partie; on achève.
Page 186, ligne 8, sur le bleu | Zsez sur le
blanc. ” ; #
Page 195 , ligne 23 , la liqueur , et succède ; disez la liqueur , succède.
Page 198, ligne 4, mieux analogue; Zséz plus analogue. ;
Page 204, ligne 6, murinant ; Zsez marquant.
Page 2:6 ; ligne 34, Hambours ; /zsez Hom-
bourg. Ÿ
Page 217, ligne 8, soit dans l’eau de savon , soit dans leurs urines ; £sez soit de leur eau de savon, soît de leurs urines.
Page 919, ligne 24, de Verech; Zsez de
x Naredhe |
Page 252, article 6, vers le nœud gs; et celles À; lisez vers le nœud sg, à celle 4.
Page 255, l’article, à. Manche du pilon, et l’article. #, Masses du pilon , etc. doivent être placés avani l’article. Figures 15 et 16, etc.
Idem, a. Duits du moussoir; Lsez a. Vents du moussoir, |
Page 258, ligne 5 , s'écroule une chaine ; lisez s’enroule une chaîne.
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